DROUOT
mercredi 19 juin à : 14:30 (CEST)

Bibliothèque Jean Bourdel

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7, rond-point des Champs Elysées 75008 Paris, France
Exposition des lots
vendredi 14 juin - 11:00/18:00, Artcurial, Paris
samedi 15 juin - 11:00/18:00, Artcurial, Paris
lundi 17 juin - 11:00/18:00, Artcurial, Paris
mardi 18 juin - 11:00/18:00, Artcurial, Paris
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165 résultats

Lot 1 - André ALCIAT. Livret des Emblemes mis en rime francoyse ク presente a mon seigneur Ladmiral de France. In-8, veau estampé à froid avec multiples encadrements de filets ou petits bois juxtaposés et fleuron central, dos à 5 nerfs ( Reliure de l’époque). Adams, Rawles et Saunders, F.005 // Bechtel, 11/A-70 // Brun, 107 // Brunet, I-148 // Fairfax Murray, 8 // USTC, 1056. (124f.) / A-P8, Q4 / car. goth. / 110 x 161 mm. Première édition latine-française publiée par Wechel en 1536. L’auteur, jurisconsulte italien (1492-1550), professa le droit en France et en Italie, fixant son choix d’après les conseils de son avarice, qui n’avait d’égale que son intempérance (Larousse). Il laissa une trace dans l’histoire du droit en étant l’un des premiers à éclairer l’étude de cette science au moyen de l’histoire, des langues et de la littérature antiques. Il reste également célèbre pour ses emblemata qui connurent de très nombreuses éditions. L’ouvrage fut d’abord publié en latin en 1522, puis connut quelques rééditions avant d’être publié en français en 1536. On y trouve 113 emblèmes avec, pour chacun d’eux, une illustration gravée sur bois, un quatrain en latin imprimé en caractères ronds et la traduction française imprimée en caractères gothiques. Les bois sont pour la plupart une interprétation libre de ceux de l’édition d’Augsbourg (1531), et sont en partie attribués à Mercure Jollat. Il existe deux tirages à la date de 1536, qui ne diffèrent que par le titre et dont le corps d’ouvrage est identique. Les bibliographes ne s’accordent pas sur la préséance de l’un ou l’autre. Notre exemplaire a la date imprimée en majuscules et en minuscules, remarque de premier tirage selon Adams et de second tirage selon Bechtel. Reliure anciennement restaurée. Mouillures dans la marge latérale des 8 premiers feuillets. Les gravures et le texte ont souvent déchargé sur le feuillet en regard et les décharges ont été un peu redessinées à l’encre sur 8 feuillets; par ailleurs, on a masqué les parties honteusessur 11 feuillets. Provenance: Édouard Rahir (V, 1937, n° 1206).

Estim. 1 000 - 1 500 EUR

Lot 2 - [Guillaume ALEXIS]. Les faintises du monde. Plaquette in-8, maroquin citron avec médaillon central doré, dos à 5 nerfs orné de fleurettes répétées, dentelle intérieure, tranches dorées ( Trautz-Bauzonnet). Baudrier, XI-34 // Bechtel, 19/A-135 // Brunet, II-1757 // De Backer, 203 // Tchemerzine-Scheler, I-64b. (19f. sur 20, le dernier blanc manquant ici) / A8, B4, C8 / 24 longues lignes, car. goth. / 84 x 130 mm. Rarissime édition de l’un des poèmes les plus connus d’Alexis. Il est parfois attribué à tort à Pierre Gringore. Guillaume Alexis, moine bénédictin de la seconde moitié du XVe siècle, semble avoir été le «bon moine» de l’abbaye de Lyre, dans le diocèse d’Évreux, puis prieur de Bussy (Bucy-le-Roi). Son poème est consacré aux tromperies (faintises) que sont les apparences des choses et des êtres (Bechtel). Alexis y décrit d’innombrables situations où hommes et femmes ne sont que le reflet de leur être véritable: Autant la femme comme lomme Lune semble porter figure Destre femme tresque devote Que pour mieux courir la luxure Contrefait ainsi la bigote Tchemerzine cite la première édition en 1486 ou 1488 à Paris et décrit ensuite quatorze éditions publiées à Paris, Lyon, Rouen et Angoulême, jusqu’à la nôtre publiée vers 1520. Toutes ces éditions sont très rares. Bechtel indique, pour cette édition, un seul exemplaire connu, le nôtre. Nous n’avons pu mettre en doute cette assertion. Exemplaire très finement relié par Trautz-Bauzonnet. La marge supérieure a été très habilement restaurée sur l’ensemble du volume. Provenance: Baron Léopold Double (ex-libris, 24-27 mars 1863, n° 95), Ambroise Firmin-Didot (ex-libris) et Hector De Backer (I, 17-20 février 1926, n° 203).

Estim. 3 500 - 4 500 EUR

Lot 3 - [Guillaume ALEXIS]. Le grant blason de faulces amours. Plaquette in-8 à toutes marges, maroquin rouge, triple filet en encadrement avec larges écoinçons aux petits fers, dos à 5 nerfs très joliment orné aux petits fers, dentelle intérieure ( Bauzonnet-Trautz). Pas dans Bechtel (13/A-81 et s.) // Tchemerzine-Scheler, I-31. (16f.) / a-b8 / 25 lignes, car. goth. / 148 x 205 mm. Le Blason des fausses amours ou Grant blason de faulces amours est l’ouvrage le plus connu de Guillaume Alexis. Il existe plusieurs versions de ce poème, version longue ou version courte. C’est ici une version courte composée de 58 strophes de 12 vers, chacune fondée sur deux seules rimes. Le poème est précédé d’un feuillet portant le titre avec une grotesque mais ce titre est refait et, faute de comparaison, nous ne pouvons certifier qu’il était ainsi à l’origine. Guillaume Alexis, moine bénédictin de la seconde moitié du XVe siècle, semble avoir été le «bon moine» de l’abbaye de Lyre, dans le diocèse d’Évreux, puis prieur de Bussy (Bucy-le-Roi). Bechtel cite neuf éditions imprimées en caractères gothiques entre 1486 et 1534 et indique que l’on compte trente-cinq éditions anciennes de ce poème avant le XVIIIe siècle. Celle que nous présentons lui a échappé, comme elle a échappé à toutes les bibliographies, sauf peut-être à Tchemerzine qui cite une édition qui semble lui correspondre et qu’il indique sortie sans doute des presses lyonnaises à la fin du XVe siècle. Il ne l’a manifestement pas vue et cite un exemplaire relié par Trautz-Bauzonnet, peut-être le nôtre. Les fiches de catalogue des collections Benzon et Noilly, dont provient cet exemplaire, se répétaient et donnaient cette très rare édition probablement publiée à Lyon vers 1497. Premier feuillet en fac-similé, réparations marginales à plusieurs feuillets dont une angulaire plus importante. Provenance: Edmund-Ernst Benzon (21-23 avril 1875, n° 125) et Jules Noilly (ex-libris, 15-20 mars 1886, n° 189).

Estim. 6 000 - 8 000 EUR

Lot 4 - Fauste ANDRELIN. Les faictz et gestes de tresreverēd pere en dieu monsieur le legat trãslatez de latin en frãcoys par maistre Jehan divri bachelier en medecine selon le texte de Fauste andrelin. Plaquette petit in-8, maroquin janséniste rouge vif, dos à 5 nerfs, dentelle intérieure, tranches dorées ( Trautz-Bauzonnet). Bechtel, 26/A-187 // Brunet, I-275, II-775 // Fairfax Murray, I-127. (12f.) / a8-b4 / 26 lignes, car. goth. / 86 x 130 mm. Seconde édition de la traduction de Jean Divry d’un poème élégiaque en l’honneur du cardinal Georges d’Amboise. L’auteur, Fausto Andrelini, est né à Forli en Romagne au milieu du XVe siècle et est mort à Paris en 1518. Poète latin de son état, il fut couronné à Rome à l’âge de vingt-deux ans pour ses poésies intitulées Amours. Il vint à Paris en 1488, y enseigna la littérature ancienne et les belles-lettres et reçut le titre de poète du roi et de la reine (Louis XII et Anne de Bretagne). Ses poésies latines jouirent d’une grande notoriété à son époque. Les faits et gestes de très révérend père en Dieu monseigneur le légat sont un poème: A la louenge du tresnoble legat George damboyse de paix mediateur Et de Rouen archevesque et prelat Quon tient en france second guvernateur Le cardinal Georges d’Amboise, légat du Saint-Siège, en même temps que premier ministre de Louis XII, sut administrer sans augmenter les impôts et opéra de grandes réformes, prit des mesures contre la vénalité des charges et mit de l’ordre dans les finances. Il crut pouvoir succéder au pape Alexandre VI mais fut trompé par le cardinal de La Rovère qui se fit élire à sa place. Brunet date la première édition de ce poème vers 1509. Nous pensons qu’il fut publié plutôt vers 1508, la première traduction par Jean Divry datant du 20 mai 1508. La seconde édition de la traduction, que nous présentons ici, n’est pas datée et a dû être publiée en 1508 ou 1509. Elle ne contient pas le texte latin mais elle est, selon Brunet, plus rare que la première. Jean Divry, natif d’Heliencourt dans le Beauvaisis vers 1472, fut à la fois médecin, poète et traducteur d’œuvres de son temps. Les armes du cardinal d’Amboise sont imprimées au dernier feuillet. Exemplaire finement relié par Trautz-Bauzonnet. Provenance: Comte Raoul de Lignerolles (étiquette de la vente II, 5-17

Estim. 2 000 - 3 000 EUR

Lot 5 - [BAUDOUIN de FLANDRES]. Les Nobles prouesses et vaillances de baudoyn conte de flandres. et de Ferrant filz au roy de Portingal qui apres fut conte de flandres. Item aulcunes croniques du roy Phelippe en son viuãt roy de frãce et de ses quatre filz. Item aussi du roy sainct Loys et de son filz Jehan tristan… In-4, maroquin janséniste vert, dos à 6 nerfs, dentelle intérieure, tranches dorées ( Leichton Brewer). Baudrier, XII-108 // Bechtel, 57/B-64 // Brunet, I-706 // Fairfax Murray, 25 // USTC, 79154. (48f.) / a-m4 / 41 longues lignes, car. goth. / 170 x 245 mm. Septième édition en caractères gothiques signalée par Bechtel. Mise en prose d’un poème antérieur dont l’auteur nous est resté inconnu. Il conte l’histoire de Baudouin IX, comte de Flandres, qui épousa un diable, fut remis dans le droit chemin par un ermite, participa ensuite à la Croisade et resta prisonnier des infidèles pendant 25 ans. Il revint ensuite en Flandre où sa fille Jeanne, épouse de Ferrand du Portugal, le fit mettre à mort. Curieuse histoire romancée du véritable Baudouin IX, comte de Flandres, qui devint empereur de Constantinople en 1204 et fut tué en 1206. Un bois à mi-page représentant l’auteur offrant son livre, un bois à pleine page représentant Baudouin et sa femme diabolique, 75 illustrations dans le texte, dont 15 répétées, et nombreuses lettrines de différentes tailles. Exemplaire probablement cité par Brunet en mar. v. mais avec 2ff. raccommodés… Seul exemplaire répertorié par USTC. Reliure passée, réparation marginale au titre et à un feuillet avec pertes de texte reprises à l’encre, réparations marginales sans atteinte au texte à de nombreux autres feuillets. Provenance: Fairfax Murray (étiquette, n° 25).

Estim. 10 000 - 12 000 EUR

Lot 6 - [BAUDOUIN DE FLANDRES]. LHystoire et cronicque du noble et vaillant Baudouyn conte de Flandres lequel espousa le dyable. Petit in-4, maroquin bleu marine, triple filet avec supra-libris armorié de la bibliothèque de Mello au centre, dos à 5 nerfs joliment orné aux petits fers, dentelle intérieure, tranches dorées sur marbrure ( Trautz-Bauzonnet). Bechtel, 57/B-65 // Brunet, I-7076 // Fairfax Murray, 26 // Hain, 2707 // USTC, 79155. (66f.) / A8, B4, C8, D-E4, F-G8, H-L4, M6 / 38 longues lignes, car. goth. / 130 x 187 mm. Huitième édition en caractères gothiques signalée par Bechtel. Mise en prose d’un poème antérieur dont l’auteur nous est resté inconnu. Il conte l’histoire de Baudouin IX, comte de Flandres, qui épousa un diable, fut remis dans le droit chemin par un ermite, participa ensuite à la Croisade et resta prisonnier des infidèles pendant vingt-cinq ans. Il revint ensuite en Flandre où sa fille Jeanne, épouse de Ferrand du Portugal, le fit mettre à mort. Curieuse histoire romancée du véritable Baudouin IX, comte de Flandres, qui devint empereur de Constantinople en 1204 et fut tué en 1206. Édition abondamment illustrée avec un grand bois sur le titre représentant Baudouyn et le dyable, sa future femme, à cheval dans une forêt, un autre grand bois au dernier feuillet représentant le Jugement dernier, 54 bois dans le texte, dont 13 répétés, la marque de l’imprimeur au verso du dernier feuillet et de nombreuses lettrines. Très bel exemplaire relié par Trautz-Bauzonnet aux armes du baron Seillière. USTC ne répertorie qu’un exemplaire en mains privées et aucun dans les bibliothèques publiques. Réparations angulaires au titre et à 3 feuillets. Provenance: Nicolas Yemeniz (9 mai 1867, n° 2339), baron Achille Seillière (supra-libris, absent des ventes de 1887, 1890 et 1893) et Fairfax Murray (étiquette, n° 26).

Estim. 12 000 - 15 000 EUR

Lot 7 - [BAYART]. La Tresioyeuse plaisante & recreative hystoire composee par le loyal serviteur des faiz, gestes, triumphes et prouesses du bon chevalier sans paour et sans reprouche le gentil seigneur de Bayart… In-4, maroquin rouge, supra-libris armorié de la bibliothèque de Mello au centre des plats, dos à 5 nerfs, dentelle intérieure, tranches dorées sur marbrure ( Trautz-Bauzonnet). Bechtel, 57/B-69 // Brunet, III-182 // USTC, 31387. (4f.)-XCVIII / A4, A-Z4, ク4,?2 / 39 longues lignes, car. goth. / 171 x 242 mm. Édition originale rare de l’histoire de Bayard, chevalier sans peur et sans reproche dont l’épopée est telle qu’elle figure au rang des personnages légendaires qui ont fait l’histoire de France. Il existe deux versions de l’histoire de cet illustre personnage. L’une écrite par Champier qui fut publiée pour la première fois en 1525 à Lyon, l’autre anonyme dont c’est ici la première publication. Elle est la meilleure et la plus recherchée. L’auteur en est maintenant connu en la personne de Jacques de Mailles, l’un des secrétaires de Bayard. Cette honnête biographie contient des comptes-rendus des batailles auxquelles Bayard participa, notamment celle de Marignan. Cette relation de la vie de Bayard ne sera publiée à nouveau que près de cent ans plus tard, en 1616. Titre en rouge et noir, armes de France au verso et lettrines dans le texte. Très bel exemplaire malgré de petits chocs aux coins supérieurs de la reliure et de très habiles restaurations aux 2 premiers et 2 derniers feuillets. Provenance: Baron Achille Seillière (supra-libris, 28 février - 4 mars 1887, n° 105).

Estim. 6 000 - 8 000 EUR

Lot 8 - [Laurens BELIN ou Jean MAROT]. La Vray disant advocate des Dames. Plaquette petit in-8, maroquin violine à long grain, triple filet en encadrement avec fleurons romantiques aux angles et chiffre AA au centre des plats, dos lisse avec le titre en long, tranches dorées ( Reliure du début du XIXe siècle). Bechtel, 59/B-80 // Brunet, V-1382, Supplément II-934 // Fairfax Murray, 612 // Harrisse, 254 // Renouard, ICP, IV-339 // Tchemerzine-Scheler, IV-557 // USTC, 53738. (16f.) / A-B8 / 26 lignes, car. goth. / 85 x 125 mm. Seconde ou troisième édition de cet ouvrage consacré à la défense, louange et victoire de l’honneur des dames. Il contient un prologue de deux pages puis, au verso du feuillet A2, commence le poème qui s’achève au feuillet B8 et est suivi d’un acrostiche. Tchemerzine cite la première édition vers 1530, tandis que Bechtel la situe vers 1525. Celle que nous présentons, seconde pour Tchemerzine et troisième pour Bechtel, contient l’acrostiche où le nom Laurens Belin apparaît. Ces éditions se distinguent également par le titre avec, pour la première, un bois représentant une femme tenant un vase accompagnée d’un homme et, pour la seconde, une femme debout et un couple allongé dans un lit. Tchemerzine indique l’édition publiée chez Lotrian mais elle fut, en réalité, publiée chez Guillaume de Bossozel d’après les matériaux utilisés, bois, lettrines et caractères. La pièce fut fortement revendiquée par Clément Marot pour son père Jean Marot: Répondez moi. Pourquoy, en vos devis Blasmez vous tant feu mon père honoré Que vostre sexe a tant bien décoré Au livre dit des Dames l’Advocate Elle fut imprimée dans le cinquième volume des œuvres des trois Marot publiées par Lenglet du Fresnoy (La Haye, 1731) mais c’était avant la découverte de l’acrostiche par Brunet qui en fait état dans son Manuel. On ne sait finalement qui, de Jean Marot ou de Laurens Belin, est le véritable auteur, Belin ayant pu être simplement l’éditeur de l’ouvrage. Fairfax Murray indique que ce serait ici le seul exemplaire connu. Tchemerzine cite, à tort, un second exemplaire décrit par Harrisse dans les Excerpta Colombiniana qui est en réalité un exemplaire de l’édition originale. On a relié dans l’exemplaire 40 feuillets blancs, sans doute pour épaissir le volume et avoir la place de mettre le titre au dos. Reliure anciennement reteintée. Feuillets abîmés et restaurés dans la marge latérale, cette marge parfois un peu courte atteignant les marginalia imprimés. Provenance: Adolphe Audenet (chiffre et ex-libris, 11 mars 1841, n° 1098) et Fairfax Murray (étiquette, n° 612).

Estim. 2 000 - 3 000 EUR

Lot 9 - BEUFVES DANTHONNE nouvellement imprime a Paris. Petit in-folio, maroquin vert, triple filet, dos à 5 nerfs joliment orné, dentelle intérieure, tête dorée ( Reliure du XIXe siècle). Bechtel, 106/B-417 // Brunet, I-835 // Fairfax Murray, 35 // Renouard, ICP, I // USTC, 39048. (122f.) / A-T6, U8 / 43 lignes sur deux colonnes, car. goth. / 167 x 247 mm. Seconde édition et première avec une datecertaine de ce roman contant les aventures de Beuves d’Anthonne et de la belle Josienne. Il existe des versions italiennes des aventures de Buovo d’Antona ou anglaises de Sir Bevis of Hampton, sans que l’on soit sûr de son pays d’origine. Le roman daterait de la première moitié du XIVe siècle et serait l’œuvre d’un Florentin ou d’un Toscan. D’autres voient son origine en Angleterre. L’action de ce roman est antérieure à Charlemagne. Le héros descend de l’empereur Constantin et il est le bisaïeul de Milon d’Anglante, père du fameux Roland, dont les aventures ont été contées par l’Arioste. La première édition de ce roman de chevalerie fut publiée par Vérard entre 1499 et 1503. Cette seconde version est la première datée. Elle est illustrée d’un grand bois occupant le titre montant le chevalier Beuves d’Anthonne à cheval à la tête de ses troupes, un bois au verso avec l’auteur devant un lutrin portant un livre, un autre grand bois au verso du dernier feuillet représentant la belle Josienne menacée par la mort dans un jardin et de nombreuses lettrines. Couleur de la reliure inégalement passée, coiffe supérieure manquante et petites éraflures sans gravité. 2 feuillets plus courts de marge (G3-G4), taches à plusieurs feuillets. Provenance: Fairfax Murray (étiquette, n° 35).

Estim. 3 500 - 4 500 EUR

Lot 10 - Jehan BOUCHET. Lamoureux transy sãs espoir nouvellement imprime a Paris. vii. Plaquette in-4, maroquin rouge vif, triple filet, dos à 5 nerfs orné à la grotesque, dentelle intérieure, tranches dorées ( Niedrée). Bechtel, 84/B-280 // Brunet, I-1154 // Renouard, ICP, III-34 // Renouard, 474 // Rothschild, IV-2826 // Tchemerzine-Scheler, II-10 // USTC, 89959. (34f.) / A4, B8, C-E4, F6, G4 / 40 lignes sur deux colonnes, car. goth. / 122 x 182 mm. Seconde édition d’après Tchemerzine et quatrième selon Bechtel, du second ouvrage de Jean Bouchet. Elle est de toute manière d’une insigne rareté. Procureur à Poitiers, Jean Bouchet (1476-1557) fut un auteur très prolifique dont les œuvres furent très appréciées de ses contemporains. Il fut ami de Rabelais et protégé de Louis de La Trémoille dont il était le poète officiel (Bechtel). Il est le premier poète qui se soit astreint, dans la plupart de ses vers, au mélange alternatif des rimes masculines et féminines. Son Amoureux transy est un mélange de prose et de poésie dans lequel il traite divers sujets, d’amour bien sûr, mais également d’une complainte d’une femme dessus le cercueil de son mary, d’une lettre d’un certain M.D. à une demoiselle qui avoit promis le prendre en mariage, d’une autre lettre d’une fiancée à son fiancé, de l’amoureux transi parti faire la guerre à Naples, d’un dialogue où l’auteur fait intervenir le roi, l’église, le prince, de l’amoureux transi venant demander grâce et miséricorde à la vierge Marie… L’ouvrage se termine par l’amoureux transy faisant la cronicque du feu roi Charles Huytieme de ce nom, puis par des Épitaphes d’ung lieutenãt en Poitou qui trespassa durãt le proces de son office lã mil. v cēs et deux. La première édition fut publiée chez Vérard vers 1507. Tchemerzine et Brunet décrivent ensuite celle que nous présentons. Elle est également donnée seconde édition dans l’ Inventaire chronologique des éditions parisiennes du XVIe siècle dans lequel elle est datée de 1521 en raison de la marque de l’imprimeur Jehan Janot au dernier feuillet, marque reproduite par Renouard (n° 474). L’édition citée par Bechtel comme étant la seconde publiée chez Trepperel est datée par lui entre 1512 et 1525. Il est probable qu’elle fut publiée entre 1522 et 1525, après celle que nous présentons. Titre en rouge et noir et 19 bois dans le texte dont 7 répétés. Les bois sont de grande taille (3) ou de taille plus réduites (9). Le titre représente une femme et un homme dans un jardin, l’homme tendant une lettre à la femme. Minimes frottements aux charnières. Exemplaire court dans la marge supérieure, dernier feuillet restauré. Provenance: Alfred-Henry Huth (ex-libris, I, 15-24 novembre 1911, n° 857) et timbre sec de la librairie Gancia sur une garde.

Estim. 5 000 - 7 000 EUR

Lot 11 - Jehan BOUCHET. Le Panegyric du Chevallier sans reproche. In-8, maroquin rouge, triple filet, dos à 5 nerfs joliment orné, dentelle intérieure, tranches dorées ( Capé). Bechtel, 91/B-321 // Brunet, I-1158 // De Backer, 253 // Tchemerzine-Scheler, II-49 // USTC, 8402. 214 f. mal chiffrés (18f.)-CXCVI / [ ]4 (dont un blanc), +8, A6, B-Z8, Aa6, Bb8, Cc6 / 32 longues lignes, car. goth. / 131 x 188 mm. Première édition très rare de cet éloge en vers et en prose du chevalier Louis II de La Trémoille (1460-1525) et récit des guerres d’Italie auxquelles il participa jusqu’au désastre de Pavie où il périt glorieusement. Ses contemporains l’avaient surnommé le chevalier sans reproche. Il avait servi sous quatre rois, s’illustrant aux batailles de Fornoue, d’Agnadel et de Marignan. Jean Bouchet (1476-1557) fut procureur à Poitiers, mais assuma aussi une carrière littéraire et ses œuvres furent très appréciées de ses contemporains. Il fut ami de Rabelais et le protégé de Louis de La Trémoille. L’édition est illustrée d’un beau titre gravé avec encadrement, sur les côtés et dans la partie supérieure, de bois rectangulaires à fond criblé à décors de vases, fleurs, statuaire et motifs foliacés avec marque de l’imprimeur, au verso un très beau bois représentant Louis II de La Trémoille entouré de blasons. Réparations aux 3 premiers feuillets. Provenance: Alfred-Henry Huth (ex-libris, I, 15-24 novembre 1911, n° 862) et timbre sec de la librairie Gancia sur une garde.

Estim. 2 500 - 3 500 EUR

Lot 12 - [Jean BOUCHET] S’ensuyt le temple de bonne renõmée & repos des hommes et fēmes illustres trouve par le Traverseur de voyes perilleuses en plorãt le tresregrette deces du feu prīce de Thalemont unicque fils du Chevalier et Prince sãs reproche… Petit in-4, maroquin rouge, triple filet, dos à 5 nerfs joliment orné, dentelle intérieure, tranches dorées sur marbrure ( Trautz-Bauzonnet). Bechtel, 93-B332 // Brunet, I-1155 // Tchemerzine-Scheler, II-19 // USTC, 63160. (4f.)-LXVIIIf. / +4, A-R4 / 38 lignes, car. goth. / 180 x 120 mm. Ami de Rabelais et protégé par Louis de La Trémoille dont il fut le poète officiel, Jean Bouchet (1476-1557), procureur à Poitiers, fut un auteur très prolifique. Son Temple de bonne renommée fait l’éloge de Charles, prince de Talmont, fils de Louis II de La Trémoille et mort à la bataille de Marignan. Il y reprend l’histoire des grands hommes et femmes célèbres… et [y] mélange un peu tous les sujets: on trouve même un chapitre intitulé «Tabernacle des arts et sciences» où il fait l’éloge de la langue française. C’est aux dires de Bechtel un des livres les plus rares de Bouchet. Seconde ou troisième édition, aussi rare que la première qui fut publiée en 1516 chez Galliot du Pré. Les seconde et troisième éditions furent publiées concomitamment chez Jean Trepperel-Jehan Jehannot et chez Alain Lotrian. L’édition semble très proche de celle citée par Bechtel sous la référence B-332 qui donne la même collation mais quelques différences sont néanmoins à noter: différences dans l’orthographe du titre, le colophon au 4ème feuillet et 3 figures sur bois au lieu de 2. Titre en rouge et noir et 3 bois gravés, le premier sur le titre représentant un homme agenouillé priant devant un autel sous la surveillance d’un ange, le second au verso montrant le roi chassant au faucon et le troisième au verso du 4ème feuillet représentant l’auteur offrant son livre au roi. Sans que nous puissions l’affirmer et malgré les différences que nous avons notées plus haut avec l’exemplaire décrit par Bechtel, il s’agit très probablement de la même édition dont, toujours selon Bechtel, on ne semble connaître que deux exemplaires, celui de Firmin-Didot relié par Capé et celui de Rahir, le nôtre, relié par Trautz-Bauzonnet. Réparation à un angle. Provenance: Alfred-Henry Huth (ex-libris, I, 15-24 novembre 1911, n° 860), Édouard Rahir (ex-libris, II, 6-8 mai 1931, n° 429) et Fairfax Murray (sans numéro, grande étiquette From the library of Ch. Fairfax Murray).

Estim. 10 000 - 12 000 EUR

Lot 13 - [Simon BOUGOUINC]. Lespinette du ieune prince Conquerant Le royaulme de bonne renommee Nouvellement Imprime a Paris. Cum privilegio. In-folio, maroquin citron, grand décor à entrelacs mosaïqués de veau noir de style Renaissance, dos à 5 nerfs orné de même, doublure de maroquin vert prairie avec large dentelle aux petits fers et ex-libris armorié de la bibliothèque de Mello au centre, doubles gardes, tranches dorées sur marbrure ( Niedrée-1844). Bechtel, 96/B-355 // Brunet, II-1062 // Cioranescu, 4534 // Fairfax Murray, 61 // Macfarlane, 90 // Tchemerzine-Scheler, II-437 // USTC, 8325. (124f.) / a-v6, x4 / 43 lignes sur 2 colonnes, car. goth. / 190 x 269 mm. Édition originale fort rare d’un dialogue composé de près de 20.000 vers, la plupart de dix syllabes. L’auteur, Simon Bougouinc ou Bougoinc, poète et prosateur français du XVIe siècle, fut valet de chambre du roi Louis XII. Il traduisit plusieurs traités de Lucien, composa des pièces de théâtre et cette poésie allégorique qu’il signa au dernier feuillet par un acrostiche intitulé Le nom de l’auteur en manière de supplication où les premières lettres se lisent verticalement Symon Bougouync. Le poème conte la rencontre de l’auteur avec un jeune prince pris par le mal d’amour. S’ensuit un long parcours semé d’aventures au cours desquelles sont abordés de multiples sujets dont l’amour et la vertu bien sûr, mais également des conseils de vie et d’éducation. Ils se rendent au chevet du père du prince qui, mourant, donne des conseils à son fils sur la société et la répartition des pouvoirs entre la noblesse, le clergé et les laboureurs (travailleurs). Puis leurs pas les mènent au Verger du monde où ils rencontrent la jeunesse et la folie avant de s’embarquer sur un navire, passent la mer périlleuse où est le lieu du salut et trouvent sur le bord de la mer un ermite nommé le père des vertus et un page nommé bonne compagnie. Sans entrer dans les détails, l’aventure continue plus loin avec la conquête de la ville de noblesse par le prince et le duc de brave amour, le couronnement du prince qui devient roi du royaume de bonne renommée et le couronnement de la reine nommée la dame de bon gouvernement ou Raison. L’ouvrage est abondamment illustré de gravures sur bois dont le titre avec une grande grotesque, 45 figures dans le texte, dont 15 prennent la largeur de la page et 30 plus petites, de nombreuses lettrines et la marque de l’imprimeur au dernier feuillet. Superbe exemplaire finement relié par Niedrée, relieur parisien qui obtint en 1844 une médaille d’argent le récompensant pour des reliures dans le style de la Renaissance… (d’) une telle exactitude de dessin… (qu’elles) surpassent les plus riches reliures des superbes bibliothèques de Henri II, du cardinal deFarnerie, de Henri III, de Grolier et de Thou. Petits frottements à une charnière et à 2 endroits du dos avec épidermures, une tache au second plat. 2 feuillets (f2-f5) plus courts dans la marge inférieure de 7 mm. Provenance: Armand Bertin (ex-libris, absent de la vente de 1854), baron Achille Seillière (supra-libris, II, 5-14 mai 1890, n° 449) et Fairfax Murray (étiquette, n° 61).

Estim. 20 000 - 25 000 EUR

Lot 14 - [Simon BOUGOUINC]. Lhomme iuste & lhomme mondain, Nouvellement compose et imprime a Paris. In-8, maroquin rouge, triple filet, dos à 5 nerfs joliment orné, roulette intérieure, tranches dorées ( Reliure du XVIIIe siècle). Bechtel, 97/B-357 // Brunet, III-296 // Fairfax Murray, 61 // Macfarlane 88 // USTC, 26139. (229f. sur 230, le dernier blanc manquant ici) / a-z6, ク6, Þ6, A-M6, N8 / 39 lignes sur 2 colonnes, car. goth. / 147 x 201 mm. Première édition très rare de cet immense poème moral de 36.000 vers à 82 personnages, qui paraphrase Bien avisé, mal avisé (pièce morale du moyen-âge mettant en scène le bien et le mal) et rapporte le Jugement Dernier d’un juste et d’un mondain (Bechtel). Simon Bougouinc, valet de chambre de Louis XII, est l’auteur de pièces de théâtre et d’ouvrages de poésie. Pour lui la morale siège au-dessus de l’amour et l’Amant reste fidèle au-delà du tombeau (Bechtel). Lettre grotesque au titre imprimé en lettres rondes, bois au second feuillet représentant l’auteur rédigeant son ouvrage et marque de l’imprimeur au dernier feuillet. Brunet signale l’ouvrage comme très rare et précise que les exemplaires existants sont souvent incomplets. Petite éraflure au premier plat. Titre taché avec trace d’écriture en partie effacée, petit trou et petit manque marginal, taches au second feuillet, traits d’encre dans les marges de 3 feuillets, dernier feuillet taché avec réparations marginales et inscriptions manuscrites. Provenance: inscription manuscrite au dernier feuillet avec in fine appartient à hautefort.

Estim. 2 500 - 3 500 EUR

Lot 15 - Charles BOURDIGNÉ. La Legende ioyeuse maistre Pierre Faifeu Cõtenante plusieurs singularitez ク veritez, La gēntilesse ク subtilite de son esprit avecques les passetēps quil a faitz en ce monde / comme vous pourrez veoir en lysant les chappitres cy dedens cõtenuz, Avecqs Une epistre envoyee des champs Helysees… Petit in-4, maroquin bleu nuit, sur les plats doubles filets s’entrecroisant formant un double encadrement avec petits fleurons aux angles, dos à 5 nerfs orné, dentelle intérieure, tranches dorées sur marbrure ( Bauzonnet-Trautz). Bechtel, 96/B-353 // Brunet, I-1177, II-139 // USTC, 94531. LIV (mal chiffré LV) / a-n4, o2 / 35 lignes, car. goth. / 121 x 186 mm. Édition originale très rare de ce recueil de quarante-neuf contes populaires en vers. L’auteur, frère du chroniqueur Jean de Bourdigné, était prêtre à Angers, mais prêtre à la manière de Rabelais (Larousse). Ses dates sont inconnues mais le colophon nous indique qu’il vivait en 1531; Fin des faitz & dictz ioyeulx de Maistre pierre faifeu mis & redigez par messire Charles bordigne prestre le premier iour de mars lan mil. ccccc. xxxi. Bourdigné est le premier versificateur français, après Saint-Gelais, qui ait alterné assez régulièrement les rimes féminines et les rimes masculines. L’œuvre est une production plaisante qui rappelle les Repues franches de Villon. Elle relate les tours d’espièglerie de maître Pierre Faifeu qui ne vit que d’expédients où se mêlent la farce et l’escroquerie. L’ouvrage fut publié pour la première fois à Angers en 1531-1532 et non en 1526 comme l’indique Brunet qui ne vit pas le colophon et se laissa abuser par le feuillet de titre, orné d’un encadrement sur lequel se lirait la date de 1526. Ces facéties furent réimprimées par Coustelier dans la Collection des anciens poètes français au début du XVIIIe siècle . Le titre est orné d’un bel encadrement architectural avec putti, vasques, piliers, feuilles d’acanthe, fontaines. Au verso du titre un poème adressé au lecteur: Ballade aux lysans. Cet ouvrage est très rare. L’USTC ne recense que l’exemplaire de la BnF. Très bel exemplaire finement relié par Bauzonnet-Trautz. Réparations à 4 feuillets (i4, l3, m4, n4) avec pour 3 d’entre eux des décharges de colle de couleur un peu orangée. Provenance: Comte Wlgrin Taillefer (cachet sur le titre) et Ambroise Firmin-Didot (ex-libris, 6-15 juin 1878, n° 208).

Estim. 4 000 - 6 000 EUR

Lot 16 - [Jehan BOUTILLIER]. Somme Rural tresutile en toutes cours de praticqs : proces et manieres de playdoiries. Corrige p[ar] trescientificq psõne maistre Jehã ds degres docteur en chm droit additionne de plusieurs loix & decretz aisicõme chascun pourra veoir cy apres. LXIX. In-8, vélin à recouvrements, dos lisse avec le titre calligraphié à l’encre ( Reliure moderne). Bechtel, 99/B-372 // Brunet, I-1187 // Renouard, ICP, III-1149. (300f. avec pagination fantaisiste) / a6, e4, i4, a-f4, g8, h-r4, s8, t-z4, ク4, A8, B-I4, K-L6, M-Q4, R8, S-V4, AA-VV4, AAA4, BBB6 / 40 lignes sur 2 colonnes, car. goth. / 126 x 182 mm. Rare édition de cet ouvrage de jurisprudence, sorte de code des usages […] d’une partie du nord de la France et de la Flandre (Tournoisis, Vermandois, Hainaut), voire au-delà (Bechtel). L’auteur, célèbre jurisconsulte français de la seconde moitié du XIVe siècle, fut d’abord bailli à Mortagne puis conseiller pensionnaire à Tournay, sorte de fonctionnaire chargé de rapporter toutes les affaires litigieuses et d’en faire des extraits. Leur connaissance des lois et du droit donnait une haute autorité à leur parole. Il devint ensuite lieutenant du grand bailli à Tournay. Le rôle que joua Jean Boutillier dans les diverses magistratures fut d’asseoir le pouvoir judiciaire royal au détriment du droit des seigneurs et de celui de l’église. Sa Somme rurale, un des premiers ouvrages de notre jurisprudence, est l’un des plus importants selon Cujas qui l’avait qualifié d’ Optimus liber. Le mot rural ne signifie pas ici que l’ouvrage traite du droit rural mais qu’il fut composé à la campagne. Il traite de multiples sujets et problèmes fondés sur des décisions de justice tant civiles que pénales. La Somme rurale fut publiée pour la première fois en 1479 à Bruges et connut de très nombreuses éditions en français et en flamand. Celle que nous présentons est datée par Brunet vers 1525, mais Renouard dans l’ Inventaire chronologique des éditions parisiennes du XVIe siècle la situe un peu plus tard, vers 1527, d’après la marque et l’encadrement. Titre en rouge et noir dans un bel encadrement gravé sur bois de type architectural avec dans la partie inférieure une curieuse vignette à plusieurs personnages représentant, probablement, un voleur puni de décapitation avec les différents acteurs de ce drame. Le chiffre romain LXIX sur le titre correspond au nombre de cahiers qu’il faut au volume. Marque de l’imprimeur à un feuillet (I4) et un feuillet (P1) plus large que les autres, replié, avec au verso un grand bois représentant l’ arbre de consanguinité qui indique les impossibilités d’union entre parents. On trouve le schéma du même arbre au feuillet P4 et le volume contient également plusieurs lettrines à motifs foliacés. Inversion de feuillets au cahier L, feuillets brunis, trou au feuillet M4 avec pertes de quelques lettres.

Estim. 1 200 - 1 800 EUR

Lot 17 - [Honoré BOUVET]. Larbre des batailles. Nouvellement imprime a Paris. Petit in-4 non rogné, veau glacé bleu, triple filet, dos à 4 nerfs orné aux petits fers dans le goût du XVIIIe siècle, roulette intérieure, tranches dorées ( Reliure du XIXe siècle). Barbier, I-265 // Bechtel, 100/B-379 // Brunet, I-379 // Renouard, ICP, I-1505-32 // USTC, 55520. (108 f.) / A4, B-Q6, R-S4, T6 / 38 longues lignes, car. goth. / 122 x 186 mm. Nouvelle édition de cet ouvrage qui est à la fois une histoire universelle des batailles depuis l’Antiquité et une sorte de traité sur les droits de la guerre, sur les droits et devoirs des personnes selon leur condition: roi, prince, baron, pèlerin, bourgeois, vassal, moine, serf, étranger…, les droits d’emprisonnement, les règles des batailles en champ clos… L’auteur, longtemps appelé Bonet ou Bonour par les bibliographes […], était prieur de Selonnet et docteur en droit (Bechtel). La première édition, non datée, fut publiée en 1477 selon Van Praet et Brunet. L’ouvrage connut un grand succès et fut maintes fois réédité. Celle que nous présentons est la cinquième édition en caractères gothiques. Elle est ornée d’un grand bois sur le titre représentant le siège d’une ville par une troupe de soldats sous le commandement du roi et de nombreuses lettres historiées dans le texte. Quelques frottements à la reliure, feuillets parfois un peu brunis le long de la marge latérale, rares taches marginales sans gravité, petit manque dans la marge intérieure du feuillet T5. Provenance: Jacques Richard (cachet sur le titre et au feuillet B1) et Henri de La Broise (ex-libris, avec cote n° 682).

Estim. 2 500 - 3 500 EUR

Lot 18 - Sébastian BRANDT. La nef des folz du monde. In-folio, maroquin vert lierre, triple filet, dos à 5 nerfs orné de même, dentelle intérieure ( Koehler). Bechtel, 101/B-383 // BMC, VIII-178 // Brunet, I-1206 // Fairfax Murray, 66 // Hain, I-3754. (6f.)-CXIX-(3f.) / a6, b8, c-x6 / 42 lignes sur 2 colonnes, car. goth. / 195 x 263 mm / titre réglé à l’encre rouge. Première édition française incunable extrêmement rare et précieuse de cet ouvrage qui connut un succès prodigieux. L’ouvrage, tout d’abord rédigé en langue allemande et publié en 1494, fut translaté en latin par Jacques Locher, translation ensuite revue par Brandt puis traduite en langue française par Pierre Rivière. L’auteur, jurisconsulte et poète, est né à Strasbourg en 1458. Il fit ses études dans la ville de Bâle, y fut successivement bachelier, licencié, docteur en droit, professeur puis, en 1492, doyen de la faculté. Il revint ensuite dans sa ville natale pour y professer la jurisprudence, s’adonna également à l'étude des lettres et devint une des gloires et une des lumières de cette ville où il s’éteignit en 1521. Son œuvre maîtresse, La Nef des fous, est un poème satirique dans lequel il cherche la cause et les sources de la folie. Par fous, l’auteur entend surtout les pécheurs et, pour lui, les ramener à la sagesse signifie les ramener à Dieu. Aussi passe-t-il tous les vices en revue et invite-t-il tous les vicieux à entrer dans son vaisseau. On y trouve des avares, des luxurieux, des procéduriers, des danseurs, des bibliophiles enragés…, tous cinglant au hasard depuis le pays de Cocagne, buvant et chantant sur des mers inconnues. L’aventure sur la nef est d’autant plus folle que celle-ci a été construite par des fous, que la proue occupe la place de la poupe, que le gouvernail est renversé, qu’on a mis le capitaine à fond de cale et le cuisinier sur le grand mat. L’ouvrage est abondamment illustré de gravures sur bois copiées sur l’édition de Bâle de 1494, dont un grand bois sur le titre, répété au feuillet 115, et 115 gravures plus petites montrant toutes sortes de fous, hommes ou femmes figurant toutes les classes de la société, tous affublés de costumes de fous de cour avec capuchon aux longues oreilles d’âne et grelots. Le dernier feuillet, recto blanc, porte au verso la marque de l’imprimeur qui est, semble-t-il, souvent absente. Taches noires au second plat, petites usures aux coins, réparations importantes dans la marge latérale de 4 feuillets (titre, n6, 2 derniers feuillets), réparation angulaire au feuillet k6, feuillet v2 rogné dans la marge latérale avec perte d’une lettre. Provenance: Jacques Richard (cachet aux feuillets a2 et b1: Ex Bibliotheca J. Richard D.M.), Charles Butler (étiquette From the collection of Charles Butler, I, 5-12 avril 1911, n° 212) et Lucien Gougy (I, 5-8 mars 1934, n° 23).

Estim. 25 000 - 30 000 EUR

Lot 19 - [Jacques de BUGNIN] Le cõge pris du siecle seculier. Plaquette in-16, chagrin bleu nuit joliment orné avec roulettes et filets droits en encadrement, dos à 5 nerfs très joliment orné, roulette intérieure, tranches dorées ( Reliure de la première moitié du XIXe siècle). Bechtel, 170/C-540 // Brunet, II-223 // Fairfax Murray, I-70 // USTC, 79159. (20f.) / A-B8, C4 (avec erreur dans les signatures) / 27 lignes, car. goth. / 80 x 124 mm. Très rare édition de ce traité de morale religieuse et pratique rédigé sous forme de maximes. L’auteur, Jacques de Bugnin, se nomme dans le prologue. Natif de Lausanne, il fut, en 1462, chapelain de la cathédrale de cette ville et curé de Saint-Martin en Vaud. Il accomplit un pèlerinage à Rome en 1476 puis adopta l’ordre des Bernardins et se retira dans l’abbaye cistercienne de Tamié en Savoie. Son Congé pris du siècle séculier est un long poème d’une forme très curieuse. Il est divisé en 19 parties, une pour chaque lettre de l’alphabet (sauf pour le I et le J qui ne forment qu’une partie et sans les lettres K, U, W, X, Y et Z). Les vers dans chaque partie commencent la plupart du temps par la lettre à laquelle ils sont attachés. L’ouvrage dut paraître pour la première fois vers 1500 et Brunet décrit six éditions, toutes très rares, en les distinguant par le nombre de pages ou le nombre de lignes. Aucune de celles-ci ne correspond à notre édition qui n’est citée que par Fairfax Murray qui possédait cet exemplaire et par Bechtel qui reprend les indications de ce dernier. Il est très probablement le seul exemplaire connu; c’est en tout cas le seul référencépar l’USTC. Le volume est orné sur le titre d’un joli bois représentant une scène d’exorcisme avec plusieurs personnages autour d’un lit, un prêtre tenant le calice et, dans le lit, une femme d’où s’échappe le Diable. L’encre a un peu bavé sur 3 feuillets mais les vers sont tout à fait lisibles (C1v, C2r et C3v). Provenance: Fairfax Murray (étiquette, n° 70).

Estim. 3 500 - 4 500 EUR

Lot 20 - Le CAQUET DES BÕNES CHAMBERIERES declarant aucunes finesses dont elles Usent Vers leurs maistres et maistresses. Imprimé nouvellement par le commandemēt de leur secretaire maistre Pierre babillet. Plaquette in-4, maroquin rouge, triple filet, dos à 5 nerfs orné à la grotesque, dentelle intérieure, tranches dorées ( Bauzonnet-Trautz). Pas dans Bechtel (47/B-1 et s.) ni Brunet (I-1568-1764) // Renouard, 759 // Rothschild, III-2318. (8f.) / A-B4 / 27 lignes, car. goth. / 88 x 132 mm. Édition inconnue à Bechtel, ainsi qu’à Brunet (qui décrit un exemplaire qui semble correspondre au nôtre mais donne un nombre de lignes par page différent), Fairfax Murray et Tchemerzine. Très rare édition non répertoriée par les bibliographies de cette facétie en vers sur les chambrières, et très probablement le seul exemplaire connu. Elle se compose de 8 feuillets non chiffrés. Au premier feuillet figure le titre dans la partie supérieure avec une vignette à mi-page représentant Maistre Pierre Babillet à qui l’on offre un livre. Le texte commence au verso de ce premier feuillet Chãberieres veuillez moy pardõner si ie pretēdz descouvrir vos finesses et s’achève au recto du 8e feuillet (B4) A dieu ie te dis Guillemette, feuillet au verso duquel figure une marque S M attribuée par Renouard et Rothschild à Sulpice Mérenget, libraire parisien qui officia rue Saint-Jacques de 1538 (1531?) à 1548. L’exemplaire porte au premier contreplat l’ex-libris du baron de Ruble. Il a figuré dans la vente de sa bibliothèque sous le numéro 153 et serait, selon la fiche descriptive, le seul exemplaire connu. Cette fiche ne donne pas d’indication de date mais Émile Picot, in Le Monologue dramatique dans l’ancien théâtre français (1886, p. 20), indique, à l’examen de cet exemplaire, la date approximative de 1530. L’édition a été en réalité imprimée quelques années plus tard puisqu’elle possède la marque de Sulpice Mérenget mais elle ne peut être postérieure à 1550. En effet, à partir de cette date, les éditions se complètent d’une seconde facétie que l’on peut dater d’après son titre: Pronostication sur les mariez et femmes veufues pour l’an mil cinq cens et cinquante. Il faut probablement dater notre édition vers 1540. Nous n’avons trouvé aucun renseignement sur le dénommé Pierre Babillet, pseudonyme vraisemblablement inspiré du «babillage», et toutes les notices bibliographiques qui font référence à d’autres éditions de ce texte le classent à Caquet des bonnes chambrières, classement que nous avons adopté. 2 petites épidermures sur les coupes. Provenance: Léon Cailhava (I, 21 octobre 1845, n° 313) et baron Joseph de Ruble (29 mai-3 juin 1899, n° 153).

Estim. 8 000 - 10 000 EUR

Lot 21 - Les CENT NOUVELLES. Sensuyvēt les cēt nouvelles cõtenant cent hystoires ou nouveaulx cõptes plaisans a deviser en toutes bonnes compaignies par maniere de ioyeusete. In-8, maroquin janséniste brun, dos à 5 nerfs, filets intérieurs, tranches dorées sur marbrure ( M. Lortic). Baudrier, X-39 // Bechtel, 543/N-78 // Brunet, I-1735 // Tchemerzine-Scheler, IV-72 // USTC, 49827. (136f.) / a-r8 / 40 lignes, car. goth. / 123 x 185 mm. Première édition publiée chez Arnoullet, à Lyon, vers 1530. Il en publiera une seconde en 1532 qui diffère par le titre de celle que nous présentons. Ouvrage, faussement attribué à Antoine de La Salle, qui fut composé à la demande de Philippe Le Bon, duc de Bourgogne vers 1462 par un écrivain de cour, peut-être Philippe Pot. C’est un recueil d’histoires gaillardes et plaisantes où se retrouvent abondance de ripailles, joutes amoureuses, feintes et jeux de mots qui forment une suite au Decameron de Boccace et annonce les contes du XVIe siècle (Bechtel). Titre en rouge et noir avec un grand bois représentant un lettré (l’auteur) lisant un livre avec des auditeurs placés derrière lui, un bois à pleine page au dernier feuillet représentant le roi entouré de six personnages et 38 figures gravées sur bois dans le texte, en réalité 14 figures dont 8 plusieurs fois répétées, et nombreuses lettrines. L’exemplaire porte une annotation manuscrite au crayon de Jean Bourdel au verso du feuillet de garde: Edition sans date (vers 1525). J’ai comparé ce livre page à page à l’édition Arnoullet 1532: Sauf le bois de tête et la mention finale, tout est identique. Cette édition est certainement la première: les bois sont bien meilleurs, les lettres et caractères d’imprimerie sont nets. Dans l’édition de 1532, bois écrasés, lettres floues, typographie barbouillée. Petit trou au feuillet Q6 avec perte de 3 lettres. Provenance: Édouard Rahir (II, 6-8 mai 1931, n° 443) et Fairfax Murray (sans numéro, étiquette From the library of Ch. Fairfax Murray) .

Estim. 10 000 - 12 000 EUR

Lot 22 - [Jacobus de CESSOLIS]. Le Ieu des eschez moralise nouvellement imprime a Paris. In-folio, maroquin vert, triple filet avec supra-libris de la bibliothèque de Mello, dos à 5 nerfs orné de filets et fleurons dorés, doublure de maroquin rouge vif orné avec grand décor au filet doré de style Renaissance, doubles gardes, tranches dorées ( Chambolle-Duru / Marius Michel). Bechtel, 397/J-137 // Brunet, III-480 // Fairfax Murray, 629 // Macfarlane, 72 // Rothschild, II-1506 // Tchemerzine-Scheler, V-206 // USTC, 26056. (4f.)-CII / a4, b-s6 / 34 lignes sur 2 colonnes, car. goth. / 185 x 267 mm. Première édition française très rare d’un texte attribué à Jacques de Cessoles et paru en latin à Utrecht en 1473. L’auteur, religieux français né à Cessoles en Picardie, dont il prit le nom, vécut au XIIIe siècle. Dans son Jeu des échecs moralisé, il cherche à tirer de la marche des pièces des règles de conduite à l’usage de tous les états (Larousse). On ne connaît pas le traducteur, mais la traduction est généralement attribuée à Jean de Vignay ou Vigny. Le Jeu des échecs moralisé s’achève au feuillet l5. Il est suivi d’ ung livre qui consone fort à la matière précédente: un livre sur l’ordre de chevalerie, puis, au feuillet p5, du roman Mélibée et Prudence, roman moral de Christine de Pisan qui parut pour la première fois vers 1480 et dont c’est ici la seconde parution. L’illustration se compose d’une grande grotesque pour le titre et de 4 bois dont un très beau au verso du titre représentant un roi et une reine jouant aux échecs dans un cadre à douze compartiments où sont représentés divers personnages, le laboureur, le maréchal, le dépensier, le chevalier, le juge… Un grand bois (b4v) représente le Christ crucifié entouré de Dieu et des évangélistes, bois extrait de la Bible de Vérard et répété au feuillet p4v, et un bois plus petit à la fin du Jeu des échecs moralisé représentant une femme soldat et un homme armé d’une massue, bois qui avait été utilisé pour une autre publication de Vérard: le Chevalier Délibéré. Macfarlane décrit un autre bois au feuillet p4v mais Fairfax Murray, dans la longue fiche descriptive qu’il a faite de notre exemplaire, indique qu’il a consulté l’exemplaire du British Museum sur lequel Macfarlane a rédigé sa fiche et que le feuillet p4v est probablement un fac-similé. Cette erreur de Macfarlane dans la description de l’illustration du feuillet p4v est confortée par la fiche rédigée par Picot dans le catalogue Rothschild qui décrit un exemplaire identique au nôtre. Très rare édition. L’USTC en recense six exemplaires dans des bibliothèques publiques. Pâle décoloration du dos et des bords des plats. Inversion des 3e et 4e feuillets et très habiles restaurations angulaires aux 20 premiers feuillets n'affectant pas le texte, seule la gravure au verso du titre ayant été un peu reprise à l’encre. Très bel exemplaire relié aux armes du baron Seillière avec son supra-libris de la bibliothèque de Mello. Provenance: Baron Achille Seillière (supra-libris, I, 5-14 mai 1890, n° 135) et Fairfax Murray (étiquette, n° 629).

Estim. 10 000 - 12 000 EUR

Lot 23 - Symphorien CHAMPIER et Robert de BALSAT. La nef des princes et des batailles de noblesse avec aultres enseignemens utilz & profitables a toutes manieres de gens pour congnoistre a bienvivre & mourir dediques et envoyes a divers prelas ク seigneurs… In-folio, maroquin vert sapin, plats ornés dans le genre Du Seuil, dos à 6 nerfs finement orné aux petits fers, dentelle intérieure, tranches dorées sur marbrure ( Bauzonnet-Trautz). Baudrier, XII-56 // Bechtel, 49/B-17 // Brunet, I-1769 // Fairfax Murray, 83 // USTC, 11002. 66f. (mal chiffrés LXV) / a-l6 / 40 ou 41 longues lignes parfois sur 2 colonnes, car. goth. / 159 x 240 mm. Première et rare édition de l’un des livres les plus curieux de Champier, publié à Lyon en 1502. Symphorien Champier, célèbre médecin et historien français, est né en 1471 (1472?) à Saint-Symphorien-le-Loise et mort vers 1540. Ayant fait ses humanités à Paris, il s’adonna à l’étude des Belles-Lettres puis de la médecine et fut reçu docteur à l’âge de vingt ans. Il exerça son art à Lyon et produisit dans le même temps, en 1503, un ouvrage, La Nef des dames vertueuses qui lui valut l’admiration de ses contemporaines qui se précipitaient en foule sur son passage. Il épousa une cousine de Bayard, Marguerite Du Terrail puis, en 1509, suivit comme médecin le duc Antoine de Lorraine qui s’en allait rejoindre Louis XII parti conquérir le Milanais. Il se signala à la bataille d’Agnedel, suivit son protecteur à Nancy, repassa les Alpes, se distingua à la bataille de Marignan où il fut créé chevalier de Saint-Georges aux éperons d’or. Revenu en France, il se fixa à Lyon où il exerça la médecine, rédigea des ouvrages de belles lettres, s’occupa des affaires municipales de la ville où il créa le collège de la Trinité, fonda le collège de médecine, etc. Les noms des deux auteurs sont indiqués dans le titre et l’ouvrage est souvent référencé à Balsat, premier nommé audit titre, mais nous avons préféré en donner la paternité à Symphorien Champier, Balsat n’ayant rédigé ici que la Nef des batailles qui occupe les feuillets 54 à 63 et Champier étant l’auteur du reste du volume. La Nef des Princes est, selon Potier (in Catalogue J. Renard, n° 269), une espèce de macédoine entremêlée de français et de latin où l’on trouve de tout, moralités, joyeusetés et beaucoup d’érudition… On y trouve, entre autres, le Testament de ung vieil prince, le Doctrinal des princes, La Fleur des princes, le Dyalogue de noblesse, la Declaracion du ciel et du monde et des merveilles de la terre, la Malice des femmes, le Doctrinal du père de famille, les Enseignemens utiles a tous les peres de famille, le Regime d’ung serviteur, etc. C’est, ainsi que l’écrit Bechtel, mises bout à bout, toutes les connaissances nécessaires à la fonction de prince, mais l’ouvrage, comme on le devine, dépasse largement ce cadre. L’ouvrage est abondamment illustré de bois gravés de différentes tailles et sur les sujets les plus divers et les plus curieux. Au total, 42 bois gravés dont 7 répétés. On remarquera plus spécialement le titre avec une nef à bord de laquelle se trouvent un roi, une reine, un prince et un autre roi tenant une lyre (David?), et une curieuse représentation du monde avec les noms des pays placés sur un grand disque. Fairfax Murray et Potier, via la notice du catalogue Ruble (n° 83), font remarquer que quatre gravures sur métal, dites interrasiles ou à la manière éraillée qui avaient été employées par Numeister pour deux éditions qu’il a données des Méditations de Turrecremata, ont été à nouveau utilisées ici (f. XIX, XXV, XXX marqué XXXIII et LIII). Très bel exemplaire malgré 2 minimes éraflures au second plat et une tache au titre. Provenance: Baron Joseph de Ruble (ex-libris, 28 mai-3 juin 1899, n° 83) et Fairfax Murray (étiquette, n° 83).

Estim. 15 000 - 20 000 EUR

Lot 24 - [Symphorien CHAMPIER]. Les gestes ensemble la Vie du preux Chevalier Bayard avec sa genealogie Comparaisons aux anciēs preux chevaliers Gentilz Israelitiques et chrestiens. Oraisons lamentations et Epitaphes dudit chevalier Bayard. Contenant plusieurs Victoires des roys de France Charles.Viii. Loys.vii ク Francois premier de ce nom tant es Italles que autres regions et pays. In-8, veau fauve, double filet, dos à 5 nerfs orné, tranches dorées sur marbrure ( Reliure du XVIIIe siècle). Bechtel, 125/C-142 // Brunet, I-1774 // Renouard, ICP, III-792 // Rothschild, II-1505 // USTC, 49952. (78f.) / A-J8, K6 / 31 longues lignes, car. goth. / 122 x 189 mm. Nouvelle édition (troisième, quatrième ou cinquième) de cette version romanesque de la vie du chevalier Bayard due à Symphorien Champier, célèbre médecin et historien français, né en 1471 (1472?) à Saint-Symphorien-le-Loise et mort vers 1540, que nous avons présenté au numéro précédent et qui eut lui-même une destinée des plus romanesques, exerça la médecine à Lyon, épousa une cousine de Bayard et suivit comme médecin le duc de Lorraine qui allait combattre en Italie, s’illustra à Marignan, s’occupa à son retour des affaires municipales de la ville de Lyon… Son histoire de Bayard est, comme nous l’avons dit, plus romanesque que celle rédigée par Jacques de Mailles. Elle eut cependant beaucoup de succès. Publiée pour la première fois en 1524, elle connut cinq éditions en 1525, dont trois non datées, ce qui rend incertain l’ordre de leur publication. La nôtre est probablement la troisième ou la quatrième. Elle contient in fine une partie en latin Compēdiola illustrissimi Bayardi vita: una cum panegyricis epitaphis, anecdotes sur la vie de Bayard accompagnées d’épitaphes par Nicolas de Quarcet et Symphorien Champier. Elle est illustrée de 6 bois dans le texte représentant des villes, batailles, assaut de château, soldatesque, et de nombreuses lettrines. Reliure anciennement restaurée avec taches et défauts, charnières en partie fendues, épidermures, inscription manuscrite illisible sur le premier plat. Provenance: Baron Sosthène de La Roche Lacarelle (ex-libris, 30 avril-4 mai 1888, n° 491) et Paul Couturier de Royas (ex-libris).

Estim. 3 000 - 4 000 EUR

Lot 25 - Alain CHARTIER. Les fais maistre alain charetier. 2 parties en un volume in-folio, veau granité avec armes au centre des plats, dos à 5 nerfs avec chiffre répété ( Reliure du XVIIe siècle). Bechtel, 136/C-271 // BMC, VIII-142 // Brunet, I-1812 // CIBN, I-C-269 // Delisle, Chantilly, 415 // Macfarlane 109 // Olivier, pl. 1706 // Tchemerzine-Scheler, II-281 // USTC, 71014. I. (66f.) / a-b8, c6, d8, e-k6 (le dernier blanc) / II. (68f.), A-B8, C6, D8, E6, F8, G-K6 / 40 lignes sur 2 colonnes, car. goth. / 188 x 260 mm. Très rare troisième édition des œuvres d’Alain Chartier. Les bibliographies ne font référence qu’à une seule édition antérieure datée 1489 mais le Catalogue des Incunables de la Bibliothèque Nationale en décrit une seconde qui aurait été publiée vers 1494. Alain Chartier, écrivain français, est né dans la région de Bayeux vers 1385. D’origine noble, il fit ses études à l’Université de Paris. Il fut clerc, notaire et secrétaire de la maison de Charles VII. Écrivain politique, moraliste et poète, il fut chargé de diverses missions diplomatiques dont celle, en 1428, de négocier le mariage de Marguerite d’Écosse, âgée de quatre ans, avec le futur Louis XI. Certains affirment qu’il fut archidiacre de Paris ou conseiller au Parlement de Paris, sans que l’on puisse en avoir la certitude, mais il jouit d’une grande considération à la Cour. Il fut l’auteur d’œuvres morales, d’œuvres patriotiques et d’œuvres poétiques d’où ressortent son âme noble et grande, cœur plein de foi religieuse et d’amour pour son pays (Larousse). L’édition se compose de deux parties: la première contient les œuvres en prose, Le Curial, Le Quadrilogue invectif, La genealogie de l’extraction des roys, La declaration de la ditte genealogie… et la seconde les œuvres poétiques telles que La Belle dame sans mercy, La Pastourelle de Gransson, Le Breviaire des nobles, Le Debat de resveillematin, des complaintes, des ballades… L’édition est illustrée d’une grande grotesque au titre du tome I, d’un grand bois au verso du titre représentant dans la partie supérieure un groupe de cinq personnages officiels, dans la partie médiane le greffe, le procureur, le receveur et le clerc et des étudiants dans la partie inférieure. Au feuillet a2 un grand bois montrant un homme allongé sur un lit, une femme et un homme aux côtés du lit, ce bois repris sur le premier feuillet de la seconde partie, et enfin un tableau généalogique des rois de France au dernier feuillet de la première partie. Le volume porte la marque de Vérard au dernier feuillet. Cette édition a été décrite par Bechtel qui la date, à tort sans doute, de 1490. Notre exemplaire est en tous points conforme (texte, illustrations, colophon) à la description donnée par Macfarlane (n° 109): le premier feuillet de la première partie présente une grande grotesque reproduite par lui (n° 9) avec le titre Les fais maistre alain Chartier sur une seule ligne, présentation différente de celle donnée par Tchemerzine qui reproduit une autre grotesque avec le titre sur 3 lignes. La bibliothèque du château de Chantilly possède deux exemplaires de cette édition, l’un sur vélin et l’autre sur papier ordinaire et, dans la longue notice consacrée à ces deux ouvrages rédigée par Léopold Delisle dans Le Cabinet des livres imprimés antérieurs au milieu du XVIe siècle, celui-ci indique des différences entre les deux exemplaires en précisant que l’exemplaire sur vélin a dû très certainement être imprimé avant l’exemplaire sur papier, ce dernier ayant fait l’objet de plusieurs corrections. Notre exemplaire possède toutes les remarques (sauf une) de premier tirage relevées dans le catalogue de Chantilly, que ce soit du point de vue du texte, de l’illustration ou du colophon. Seul le titre diffère totalement de l’exemplaire de Chantilly mais ce titre est celui décrit par Macfarlane et nous pensons qu’il a dû être imprimé avant celui reproduit par Tchemerzine, les éditions postérieures reprenant ce dernier. Delisle indique ensuite que la BnF possède deux exemplaires, l’un sur papier en premier état et l’autre sur vélin en second état, que l’exemplaire de la Bibliothèque Mazarine est en second état et celui du British Museum est en premier état. L’exemplaire que nous présentons est un des très rares avec de nombreuses remarques du premier état. Exemplaire aux armes de Jean Du Bouchet (1599-1684), conseiller du Roi en ses Conseils, maître d’hôtel ordinaire du Roi, historiographe et premier gendarme de France, fait chevalier de Saint-Michel en 1637. Le dos de la reliure porte un chiffre répété qui, sans que nous puissions l’affirmer, doit être celui de Jean Du Bouchet. Le dos porte aussi en petit la mention PARIS ajoutée postérieurement. Reliure

Estim. 10 000 - 12 000 EUR

Lot 26 - [Alain CHARTIER]. La belle Dame sans mercy. Plaquette petit in-8, maroquin rouge joliment orné avec triple filet, écoinçons aux petits fers et rose dans un médaillon orné de même, dos à 5 nerfs finement orné, dentelle intérieure, tranches dorées ( Bauzonnet-Trautz). Bechtel, 135/C-263 // Brunet, I-1814 // Fairfax Murray, II-633 // Renouard, ICEP, III-462-1697 // Tchemerzine-Scheler, II-314 // USTC, 73209. (16f.) / a-b8 / 28 lignes, car. goth. / 79 x 121 mm. Quatrième édition citée par Brunet et Tchemerzine et sixième édition citée par Bechtel. Écrivain politique, moraliste et poète, que nous avons présenté dans le numéro précédent, âme noble et grande, Alain Chartier trouvait dans l’art poétique une distraction, un délassement dans lequel il essaya de renouveler le thème de la galanterie. La Belle dame sans mercy conte l’histoire d’un amant qui meurt du refus que lui oppose la femme qu’il aime. Le poème de 800 vers groupés en strophes de huit octosyllabes sur trois rimes fit scandale et fut sujet à discussion pendant près d’un siècle (Bechtel). L’ouvrage fit polémique, certains lecteurs protestant contre cette représentation féminine si contraire à l’idéal de l’amour courtois. On médit sur Alain Chartier, insinuant qu’il avait écrit son ouvrage par dépit d’avoir été rebuté et pour détourner les autres [de] la joie qu’il n’avait pas su mériter. Cette querelle connut une réponse sous la forme d’un autre poème de Chartier intitulé La Belle dame qui eut mercy. Tchemerzine décrit quatre éditions et Bechtel en donne six, sans que l’un ou l’autre puisse donner une date à l’une d’elles. Elles auraient été publiées entre 1489 et 1529 et ne se distinguent que par le nombre de pages ou la gravure sur le titre. Cette édition ne semble connue que par l’exemplaire que nous présentons provenant de la collection Fairfax Murray. Celui-ci la pensait publiée chez Lotrian vers 1530. L’ICEP et Bechtel ne font référence qu’à cet exemplaire et donnent quant à eux l’édition publiée chez Hubert vers 1529. Quant à l’USTC, il n’en recense qu’un seul «perdu». Il semble évident que cet exemplaire est le nôtre. Le bois sur le titre représente un homme et une femme dialoguant, avec le cadre du bois coupé dans sa partie latérale droite. Ravissant exemplaire très finement relié par Bauzonnet-Trautz. Très petite usure à une coupe inférieure (1 cm). Pâles taches au dernier feuillet. Provenance: Fairfax Murray (étiquette, n° 633).

Estim. 2 500 - 3 500 EUR

Lot 27 - Alain CHARTIER [Achille CAULIER]. Cy cõmence lospital damours. Plaquette in-8, maroquin rouge, triple filet en bordure des plats et large encadrement droit formé de deux doubles filets s’entrecroisant dans les milieux, les champs entre eux ornés aux petits fers de filets, fleurs, cercles, points…, dos à 5 nerfs finement orné aux petits fers, dentelle intérieure, tranches dorées ( Thibaron - Dor. Wampflug). Bechtel, 369/H-58 // Brunet, III-345 // CIBN, I-C-282 // Tchemerzine-Scheler, II-276. (34f.) / a-c8, d10 / 20 à 22 lignes, car. goth. / 130 x 189 mm. Seconde édition et première en caractères gothiques de ce poème attribué par les bibliographies anciennes à Alain Chartier, parce que publiée dans ses œuvres, et aujourd’hui référencée sous le nom de son véritable auteur, Achille Caulier, prêtre originaire de Tournai à qui l’on doit deux autres œuvres, La Cruelle femme en amour et Lay en l’onneur de la Vierge Marie. L’Hôpital d’amour est une sorte de réponse à La Belle dame sans mercy d’Alain Chartier. Le poète tombe amoureux d’une dame qui se montre inflexible à son amour. Il rentre chez lui et, en songe, il parcourt le chemin de trop-dure-responce, semé d’embûches et de cadavres dans lesquels il reconnaît des amants malheureux, Philis, Héro et Léandre, Narcisse, Pyrame et Thisbé…, puis arrive à l’hôpital d’amours où il est accueilli par la portière Bel Accueil, l’infirmière Courtoisie, etc. qui lui font prendre une drogue. Il revient alors vers sa dame et obtient ung franc baiser. Il visite ensuite le cimetière d’Amours, y reconnaît les tombes de Tristan, Lancelot… et même d’Alain Chartier… puis, après quelques autres péripéties, obtient de sa dame un autre baiser et s’éveille. L’attribution à Alain Chartier est d’autant plus contestable que le poète dit l’avoir rencontré mort dans le cimetière d’amours. Le nom du véritable auteur se devine dans l’acrostiche des premiers vers des 6 premières strophes formant le nom ACILLE. L’édition originale fut publiée à Lyon entre 1489 et 1492. Elle fut suivie par l’édition que nous présentons qui fut publiée dans la même ville chez Gaspar Ortuin vers 1490, datation faite d’après l’usure des caractères. Une grande lettrine au titre et un curieux bois au verso représentant Cupidon, les yeux bandés, dardant ses flèches vers une foule d’hommes et de femmes de toutes conditions, au fond Pyrame, Thisbé et la lionne sont embrochés sur une pique. Superbe exemplaire dans une fine reliure de Thibaron dorée par Wampflug qui travailla avec Lortic avant de s’établir à son compte en 1855. Un choc à la coupe supérieure du second plat. Gravure sur bois en partie coloriée anciennement et en partie effacée. Provenance: Léon Cailhava(21 octobre 1845, n° 303), Nicolas Yemeniz(n° 1626) en maroquin citron, puis Étienne-Marie Bancel dans sa reliure actuelle (ex-libris, 8 mai 1882, n° 240).

Estim. 5 000 - 6 000 EUR

Lot 28 - [CHRISTINE de PISAN]. Sensuit lepistre de Othea deesse de prudēce moralisee en laquelle sont cõtenus plusieurs bons et notables enseignemens pour toutes personnes Voulans ensuivir les vertues et fuir les vices… Plaquette petit in-4, maroquin vert lierre, triple filet à froid, dos à 6 nerfs, dentelle intérieure, tranches dorées ( Bauzonnet-Trautz). Bechtel, 142/C-316 // Brunet, Supplément I-259 // Tchemerzine-Scheler, V-205. (33f. sur 34, le dernier blanc manquant ici) / A4, B8, C4, D8, E4, F6 / 40 lignes sur 2 colonnes, car. goth. / 128 x 188 mm. Troisième édition et seconde sous ce titre, le texte ayant été publié auparavant dans Les Cent histoires de Troye. Née en 1363 à Venise et morte vers 1431, Christine de Pisan vint en France à l’âge de cinq ans lorsque son père prit la charge de secrétaire du roi Charles V. Mariée à l’âge de quinze ans, elle vécut au milieu des fastes de la Cour, mais le décès de son père et celui du roi, son protecteur, l’obligèrent à gagner sa vie. Veuve à vingt-cinq ans et mère de trois enfants, elle entreprit une carrière littéraire pour subvenir à ses besoins et composa de nombreux ouvrages en prose et en vers. Elle rédigea à la demande du duc de Bourgogne une Vie de Charles V qui est sans doute le meilleur de ses ouvrages dont de nombreux ne furent publiés qu’à partir du XIXe siècle. Elle est une des premières femmes à avoir vécu de sa plume. L’Épître de Othea déesse de prudence… fut publiée pour la première fois vers 1500 dans le volume intitulé Les Cent hystoires de Troye. Furent publiées ensuite deux éditions séparées, une première rouennaise que Bechtel date entre 1507 et 1518 et celle que nous présentons, parisienne, que l’on peut dater entre 1518 et 1520. Cette édition est répertoriée par Brunet, Tchemerzine et Bechtel et ces trois éminents bibliographes ne citent que cet exemplaire. Titre en rouge et noir avec une grande lettrine et un bois représentant Othea deesse et le messager, un bois au feuillet A2 représentant un couple et annonçant le début de l’ouvrage et 2 petits bois au verso du dernier feuillet F5. Quelques titres en début de volume sont imprimés à l’encre rouge. Nous n’avons trouvé aucun autre exemplaire dans les grandes collections privées et les principales bibliothèques publiques et il semble que ce soit ici le seul exemplaire connu. Bel exemplaire malgré une petite fente en haut d’un mors. Provenance: Ambroise Firmin-Didot (6-15 juin 1878,n° 140) et Édouard Moura (3-8 décembre 1923, n° 211) puis vente à Paris le 14 juin 1950.

Estim. 5 000 - 6 000 EUR

Lot 29 - [Jean de CLAUSO]. La complainte de france. Lacteur. Loyaulx frãcoys : faictes vostre devoir… Plaquette in-4, maroquin bleu, filet doré sur les plats, dos lisse avec le titre en long, dentelle intérieure, tranches dorées ( Lloyd, Wallis & Lloyd). Baudrier, X-309 // Bechtel, 161/C-461 // Brunet, II-90-196 // Cioranescu, 6696 // Fairfax Murray 96 // USTC, 79163. (12f.) / A-C4 / 34 ou 35 lignes, car. goth. / 135 x 188 mm. Édition très rare de cette pièce en vers à l’intention des enfants de François Ier qui furent livrés en otages aux Espagnols, en 1526, en garantie du traité de Madrid. Après le désastre de Pavie en 1525, François Ier fut emmené captif à Madrid où, pour obtenir la liberté, il signa le traité du même nom par lequel il renonçait à la suzeraineté sur la Flandre et l’Artois et cédait entièrement le duché de Bourgogne, la vicomté d’Auxerre, le Charolais,… soit un quart de la France. Ses fils servirent de gage au respect de ce traité. Le nom de l’auteur, Jean de Clauso, se devine en plusieurs endroits, d’abord dans la gravure qui orne le titre où ses initiales sont inscrites sur le flanc d’un bureau, ensuite les mêmes initiales J.D.C. dans la dédicace à la mère du roi, Louise de Savoie qui assura la régence, et enfin au dernier feuillet dans un acrostiche où son nom apparaît en entier. Cet auteur semble n’avoir publié que ce petit opuscule. Le premier feuillet est illustré d’un beau bois gravé qui est reproduit par Baudrier pour l’édition lyonnaise: dans sa bibliothèque, l’auteur assis à sa table s’adresse à la France, placée debout devant lui. Cette dernière porte une robe semée de lys et est entourée d’une bannière où l’on peut lire l’inscription latine Audite obsecro universi populi et videte dolorem meum tremorum primo que l’on peut traduire par Écoutez, j’en supplie tout le peuple, et voyez ma douleur et mon tremblement. Bechtel signale une édition publiée à Toulouse qui correspond à la nôtre. Il donne un autre exemplaire à la BnF qui ne contient que 8 feuillets mais qui, après vérification, est incomplet du cahier B. Pour notre part, nous n’avons trouvé aucun autre exemplaire et Fairfax Murray, à qui cet exemplaire a appartenu, pensait qu’il était sans doute unique. L’USTC ne recense qu’un exemplaire en mains privées. Premier feuillet sali avec restaurations angulaires, taches à plusieurs feuillets avec fantômes d'écriture manuscrite ancienne. Provenance: Fairfax Murray (étiquette, n° 96) et ex-libris ancien à l’encre sur le titre AEgidii Giannini.

Estim. 2 000 - 3 000 EUR

Lot 30 - Philippe de COMMINES. Cronique & hystoire… contenant les choses advenues durant le regne du Roy Loys Xie tant en France Bourgongne Flandres Arthois Angleterre q Espaigne et lieux circonvoisins Nouvellement imprime a Paris. In-4, veau brun, mention Estiene dans un médaillon sur le premier plat et Despinay sur le second, dos à 6 nerfs orné ( Reliure du XVIIe siècle), chemise demi-chagrin marron et étui modernes. Bechtel, 158/C-443 // Brunet, II-188 // Fairfax Murray, 101 // Tchemerzine-Scheler, II-450 // USTC, 30904. (116f.) / A-S6, T-V4 / 42 longues lignes, car. goth. / 179 x 264 mm. Rare première édition des six premiers livres de la Chronique de Philippe de Commines, seigneur d’Argenton. Né en 1445 dans une famille de hauts fonctionnaires bourguignons, conseiller de Charles le Téméraire, Philippe de Commines s’attacha ensuite à Louis XI, devint ministre et fut employé par lui à de nombreuses négociations politiques. Après la mort de Louis XI, en 1483, il fut membre du Conseil pendant la régence d’Anne de Beaujeu, favorisa les intrigues du duc d’Orléans, fut emprisonné dans une cage de fer à Loches pendant huit mois, puis servit à nouveau sous Charles VIII mais sans retrouver le pouvoir et l’influence qu’il avait sous Louis XI. Dans ses mémoires, Commines se montre historien de premier ordre. Ses jugements sont impartiaux et sa relation est fidèle, mais les trahisons, les crimes même, loin d’exciter son indignation sont rapportés par lui froidement, sans emphase, envisagés comme des moyens de succès et jugés par leurs résultats seulement et en dehors de toute considération morale (Larousse). Les mémoires de Commines contiennent huit livres. Ce sont ici les six premiers qui sont publiés pour la première fois. Ils sont consacrés à l’affrontement entre Louis XI et Charles de Bourgogne et s’arrêtent à la mort de Louis XI. L’édition est ornée d’un beau titre gravé de style architectural avec colonnes, putti, médaillons… avec au verso les armes de France soutenues par deux anges, lettrines dans le texte et marque de l’imprimeur au dernier feuillet. Le titre porte, collé en son centre, une pièce rectangulaire de papier avec gravure sur bois destinée sans doute à masquer une signature. Reliure restaurée anciennement, fortement épidermée, titre un peu rogné, restauré dans la partie supérieure par un papier collé au dos. Taches à 3 feuillets (encre) et un point de rouille au feuillet V1. Provenance: Estiene Despinay (ou d’Espinay) dont le nom figure sur la reliure et sur lequel nos recherches sont demeurées vaines.

Estim. 3 000 - 4 000 EUR

Lot 31 - [Philippe de COMMINES]. Cronique & hystoire… contenant les choses advenues durant le regne du Roy Loys Unziesme tant en France Bourgõgne Flandres Arthois Angleterre que Espaigne et lieux circonvoisins. Nouvellemenr reveue et corrigee Avec plusieurs notables mis en marge… – Philippe de COMMINES. Croniques du Roy Charles huytiesme de ce nõ que Dieu absoille cõtenãt la Verite des faictz et gestes dignes de mémoire dudict seigneur quil feist en son voiage de Naples et de la conqueste dudit royaulme de Naples ク pays adiacens Et de son triumphãt et Victorieux retour en son royaume de Frãce… Paris et Poitiers, Enguillebert de Marnef, 25 septembre 1528. 2 ouvrages en un volume in-folio, maroquin taupe, fin encadrement quadrilobé formé d’un filet doré serti de deux filets à froid avec fleurons d’angle, au centre large motif doré losangé aux petits fers, dos à 6 nerfs orné, dentelle intérieure, tranches dorées ( Capé). Bechtel, 159/C-446 / 160/C-454 // Brunet, II-189-190 // Tchemerzine-Scheler, II-452-455 // USTC, 39054 et 8405. I. (4f.)-CVI / A4, B-S6, T4 / II. (4f.)-LX / aa4, A-K6 / 44 et 43 longues lignes, car. goth. / 176 x 261 mm. Troisième édition de la Cronique et histoire… de Loys Unziesme et première édition des Chroniques du Roy Charles huytiesme. Philippe de Commines, grand homme d’État aux côtés de Louis XI, avait rédigé ses mémoires en deux parties. La première qu’il composa de 1490 à 1493 est entièrement consacrée à la vie politique sous Louis XI et constitue les livres I à VI. Les livres VII et VIII qu’il rédigea de 1495 à 1498 sont consacrés à la première expédition en Italie où il avait suivi le roi Charles VIII et où il s’illustra courageusement auprès de lui à la bataille de Fornoue. Ses mémoires s’achèvent par la mort du roi en 1498. Ses chroniques rencontrèrent immédiatement un vif succès parce qu’elles sont impartiales, qu’elles sont l’information précise d’un témoin oculaire [et que] le souci d’expliquer le réel l’a amené à faire œuvre aussi de moraliste et de politique, usant fréquemment de la digression, donnant un portrait pessimiste des princes et des hommes, fixant, avant Machiavel, les règles de la réussite politique ( En français dans le texte, n° 38). Les six premiers livres connurent deux éditions publiées en 1524, le 26 avril et le 7 septembre, puis trois éditions furent publiées en 1525, l’une en janvier, l’autre le 15 février et celle que nous présentons le 11 septembre. Il faut en réalité regarder cette dernière comme la véritable troisième édition, l’année à l’époque commençant au mois de mars, les mois de janvier et février étant donc placés après le mois de septembre. Ce n’est que trente ans plus tard, après un édit de Charles IX daté de 1562, que l’année débuta au 1er janvier. L’illustration se compose, pour le premier ouvrage, d’un encadrement de titre semblable à celui de l’édition originale de 1524, de la même figure au verso représentant les armes de France soutenues par deux anges et de la marque de l’imprimeur au dernier feuillet; pour le second volume d’un grand et beau titre illustré de style architectural montrant des scènes agricoles ou de chasse, avec marque de l’imprimeur, d’un grand bois armorié au feuillet aa4 et de 7 bois dans le texte dont un répété, ainsi que de lettrines. Bel exemplaire réglé joliment relié par Capé. Petits frottements sans gravité à la reliure. Titre du premier volume un peu coupé dans la partie supérieure.

Estim. 6 000 - 8 000 EUR

Lot 32 - La COMPLAINCTE DOULOUREUSE DE LAME DÃPNEE. Plaquette petit in-8, maroquin rouge à long grain, double filet en encadrement, chiffre AA au centre des plats, dos lisse orné de même avec le titre en long, roulette intérieure, tête dorée ( Purgold). Bechtel, 162/C-473 // Brunet, II-199. (16f.) / A-B8 / 27 lignes, car. goth. / 87 x 133 mm. Nouvelle édition de la Complainte douloureuse de l’âme damnée. Cette complainte semble appartenir au XVe siècle. C’est un dialogue versifié entre une âme damnée, Dieu, le diable et les parents d’un malade. Les dix derniers vers donnent l’acrostiche de Rouge Belot, qui paraîtrait être l’auteur, mais ce dernier se serait, selon Rothschild, approprié une composition plus ancienne, y ajoutant la conclusion de l’acteur. La plus ancienne édition aurait été publiée à Paris chez Du Pré vers 1486. Cette pièce fut souvent réimprimée. Bechtel en donne onze éditions séparées, dont aucune n’est datée. Parmi elles, cinq sont incunables et les autres sont toutes publiées avant 1525. Celle que nous présentons a été donnée par les successeurs de Jean Trepperel, entre 1512 et 1525. Un bois sur le titre représentant une femme debout tenant un enfant avec un personnage allongé derrière elle. L’édition semble avoir échappé aux bibliographes à l’exception de Brunet et Bechtel qui ne citent que cet exemplaire. Il est manifestement d’une très grande rareté. Bel exemplaire finement relié par Purgold. Minime usure à 2 coins. 2 feuillets plus courts dans la marge latérale ont été mis à la taille. Provenance: Adolphe Audenet (ex-libris, II, 11 mars 1841, n° 694), Charles Nodier (ex-libris, 27 avril 1844, n° 337) et Nicolas Yemeniz (ex-libris, 9 mai 1867, n° 1639).

Estim. 2 500 - 3 500 EUR

Lot 33 - Les CONTENANCES DE LA TABLE. Plaquette in-4, maroquin rouge orné d’un médaillon central doré formé de pampres de vigne, dos à 6 nerfs, dentelle intérieure, tranches dorées ( Trautz-Bauzonnet). Baudrier, XI-483 // Bechtel, 177/C-604 // Brunet, II-244 // Vicaire, Gastronomie, 208 // USTC, 70145. (4f.) / [ ]4 / 30 lignes, car. goth. / 133 x 186 mm. Très rare édition lyonnaise de l’un des premiers manuels de civilité. Plaquette à l’usage des enfants sur la manière de se bien comporter à table: Enfant qui veult estre courtoys Et a toutes gens agreable Et principalement a table Garde ces regles en francoys L’auteur, resté anonyme, pourrait, d’après Brunet, être le même que celui de La doctrine du pere au filz, Le doctrinal des nouveaux mariez, Le doctrinal des filles et La voye de Paradis. Composé de 37 quatrains suivis d’une ballade de 28 vers engageant les enfants à Prier Dieu pour les trespassez, cette amusante civilité prodigue de nombreux conseils d’hygiène et de bonne tenue: couper soigneux ses ongles & oster lordure, laver ses mains plusieurs fois par jour troys foys a tout le moins, attendre avant de s’asseoir à table que le maître de maison l’ait autorisé, ne pas se servir en premier et modérément car qui trop en prend il est villain, laisser de la viande aux autres convives, ne pas trop boire de vin Par trop boire est il deshonneste / Et si en as mal en ta teste / Et puys apres honte et vergoigne, ne pas parler la bouche pleine, etc. Cinquième édition citée par Bechtel. Vicaire en recense neuf dont aucune n’est datée. Elles sont toutes très rares. Celle-ci se reconnaît aux deux grosses croix de Malte sur le titre et à la marque de Pierre Mareschal et Barnabé Chaussard, imprimeurs associés à Lyon de 1493 à 1515 (marque 2bis brisée selon la classification de Baudrier). Cette marque a été brisée dans la bordure droite en 1503 permettant ainsi la datation de certaines productions de ces imprimeurs. Notre édition a donc été publiée entre 1503 et 1515. Bechtel la situe vers 1503, soit immédiatement après la cassure de la marque, ce que semble confirmer l’emploi, sur le titre, de la lettrine L en blanc sur fond noir. Baudrier précise en effet que cette lettrine fut utilisée dans les premiers temps de l’association, puis remplacée par un L en noir sur fond blanc. Très bel exemplaire dans une fine et élégante reliure de Trautz-Bauzonnet. Une annotation ancienne à l’encre sur le titre, partiellement effacée. Exemplaire anciennement lavé sans excès avec des traces de mouillures anciennes, les marges ont été très habilement restaurées. Provenance: Baron Léopold Double (ex-libris, 24-27 mars 1863, n° 89) et Ambroise Firmin-Didot (ex-libris, 6-15 juin 1878, n° 219).

Estim. 12 000 - 15 000 EUR

Lot 34 - Guillaume COQUILLART. Sensuyuent les droitz Nouveaulx avec le Debat des dames et des armes Lēqueste entre la simple et la rusee avec son playdoye Et le monologue coqllart avec plusieurs autres choses fort ioyeuses. Petit in-4, maroquin rouge, triple filet, dos lisse très joliment orné, roulette intérieure, tranches dorées ( Reliure du XVIIIe siècle). Bechtel, 181/C-637 // Brunet, II-263 // Le Petit, 12 // Tchemerzine-Scheler, II-505// USTC, 57796. (88f.) / aa-bb4, A-U4 / 32 lignes, car. goth. / 114 x 173 mm. Édition originale ou seconde édition selon les bibliographies. Il serait le seul exemplaire connu avec celui de la BnF. Guillaume Coquillart, né à Reims vers 1450, est mort en 1510. Il fit ses études à Paris et devint un avocat reconnu pour son savoir et son expérience, mais, désabusé par cette ville où il connut les perfidies de l’amour et l’injustice et la partialité des grands, il revint dans sa ville natale où il remplit la charge d’official, c’est-à-dire de juge ecclésiastique. Ses poésies peignent à grands traits les mœurs relâchées de son siècle ou sont de petits poèmes renfermant des malices innocentes et des railleries sans amertume. Les Droits nouveaux sont une suite de petites pièces plus ou moins licencieuses sur les sujets de l’amour et des droits des femmes et hommes vis-à-vis de leur conjoint ou amant. On trouve ainsi une Complainte de Eco qui ne peut iouyr de ses amours, le droit de savoir si on doit laisser ieunes filles & femmes en friche par faulte destre labourées, le droit si le mary bat sa femme elle se doit revencher, à savoir si ieune fēme peult cõtraidre sõ mary a avoir nourrices de peur de ses tetins… Le volume contient également un playdoye et enqueste entre la simple et la rusée, contestation juridique relative à un homme que chacune d’elles prétend avoir pour amant. Cette première édition, très rare, avait été donné par Brunet comme datant de 1493, mais Trepperel étant mort en 1511 et l’édition ayant été publiée par sa veuve, il est certain que l’édition date au moins de 1512. Bechtel cite une autre édition, in-4 de 36 feuillets, qui aurait précédé celle-ci, mais Le Petit, dans son ouvrage sur les éditions originales françaises, démontre parfaitement que cette édition en 36 feuillets fut publiée après la nôtre. Titre en rouge et noir avec deux blasons dont un reproduit les armes de J. Godart qui fut chanoine et grand chantre de Notre-Dame de Reims. Au verso du titre, blason avec les lys de France. Le cahier bb est tiré sur un papier plus fort, un peu jaune, particularité non signalée dans les catalogues Cigongne et Firmin-Didot. Nous l’avons comparé à l’exemplaire conservé à Chantilly et il présente des différences dans la finesse des caractères et dans la lettrine; nous pensons qu’il a été refait, sans doute au XVIIIe siècle, époque de sa reliure. Ceci n’ôte rien à la rareté de l’exemplaire. Provenance: Armand Bernard Cigongne (ex-libris,catalogue de sa bibliothèque, n° 582) et Ambroise Firmin-Didot (ex-libris,6-15 juin 1878, n° 165).

Estim. 6 000 - 8 000 EUR

Lot 35 - Guillaume CRÉTIN. Chãtz royaulx, oraisons : & aultres petitz Traictez… Petit in-4, basane tête-de-nègre estampée à froid avec décor à froid dans le genre Du Seuil, dos 3 doubles nerfs orné à froid ( Reliure de l’époque restaurée). Bechtel, 198/C-895 // Brunet, II-421 // De Backer, I-190 // Ruble, 137 // USTC, 73218. (4f.)-CXXXV-(1f.) / a4, A-H4, I8, K-P4, Q8, R-X4, AA-LL4 / 33 lignes, car. goth. / 122 x 184 mm. Seconde édition de ce recueil de textes poétiques composés à la demande de François Ier. Guillaume Crétin, poète de Cour, débuta sa carrière comme ecclésiastique. Il fut tout d’abord trésorier puis chanoine de la Sainte-Chapelle à Paris. Il devint ensuite historiographe de François Ier et rédigea à sa demande ses Chants royaux, recueil de tous ses poèmes dans lequel on trouve, pêle-mêle, des ballades, des oraisons, des complaintes, de nombreuses épîtres à Charles VIII, à Louis XII, au duc de Valois, à François Ier…, et également un débat des deux dames sur le passetemps des chiens & oyseaux, un plaidoye de lamant doloreux, une invective contre les gens darmes francoys… À l’aise aussi dans l’épître et l’épigramme, Guillaume Crétin influença Lemaire de Belges et même C. Marot […] il manifestait, comme beaucoup d’autres dans son siècle, un grand idéalisme de la vertu (Bechtel) mais fut tourné en ridicule par Rabelais sous le nom de Romina Grobis dans son Pantagruel. Trois éditions de ces Chants royaux furent publiées, dont une datée 1527 chez Galliot Du Pré. La nôtre comportant des corrections par rapport au texte de 1527 doit être considérée comme la seconde ou la troisième en dépit des notices de Brunet, De Backer et Ruble. Titre en rouge et noir, grand bois au verso avec l’auteur offrant son livre à François Ier et marque de l’imprimeur au dernier feuillet. La reliure a fait anciennement l’objet de restaurations et peut-être de modifications. L’exemplaire a dû être lavé sans trop d’excès, des traces de mouillures subsistent à plusieurs pages et l’exemplaire a été replacé dans sa reliure dont nous ne pouvons affirmer que c’est celle d’origine. Mouillures au titre et à plusieurs feuillets, réparation au titre avec petit manque de papier.

Estim. 2 000 - 3 000 EUR

Lot 36 - Les CRONIQS DU TRESCHRESTIEN ク TRES VICTORIEUX LOYS DE VALOYS feu roy de frãce q absolue Unziesme de ce nõ avecqs plusieurs aultres advētures advenues tãt en ce royaulme de France cõme es pays Voisins depuis lan mil quatre cens.lv.iusques en lan mil quatre cēs quatrevingtz & trois Inclusivemēt… In-folio, veau tabac, dos à 6 nerfs orné ( Reliure du XVIIIe siècle). Bechtel, 147/C-344 // Brunet, Supplément I-260// BMC, VIII-289 // CIBN, C-319 / Hain, II-5005 // USTC, 70104. (73f. sur 74, le dernier blanc manquant ici) / a-e8, f-i6, k10 / 44 lignes sur 2 colonnes, car. goth. / 192 x 272 mm. Édition originale de la Chronique de Louis XI, dite Chronique scandaleuse. Relatant principalement les faits de l’histoire de France sous le règne de Louis XI de 1461 à 1483, cette chronique porte le nom de scandaleuse parce qu’elle fait mention de tout ce qu’a fait le roi Louis XI et récite des choses qui ne sont pas trop à son avantage. Cette appellation de scandaleuse apparaît dans l’édition de 1611 où l’auteur est présenté comme greffier de l’Hostel de Ville de Paris. Quant à l’auteur de cette chronique, les différentes éditions le présentent comme anonyme jusqu’à la publication par Gilles Corrozet des Trésors des histoires de France en 1583, dans lesquels il attribue la paternité du texte à Jean de Troye, attribution reprise l’année suivante par La Croix Du Maine dans sa Bibliothèque française. Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que la Chronique scandaleuse trouva son véritable auteur en la personne de Jean de Roye dont le journal fut publié par Bernard de Mandrot en 1894-1896, journal qui n’est autre que la chronique dont nous parlons. Ce Jean de Roye (1425-1495?) fut notaire du Châtelet de Paris, secrétaire du duc Jean II de Bourbon et concierge de l’hôtel de Bourbon à Paris. Cette première édition de la Chronique scandaleuse donne le texte complet que l’on connaît d’après deux manuscrits conservés à la BnF. La partie allant de 1461 à 1479 est très développée et semble avoir été écrite au jour le jour, tandis que celle lui succédant, de 1479 à 1483, est plus sommaire et semble avoir été ajoutée en un seul bloc. Bel exemplaire grand de marge. Le titre porte une annotation manuscrite ancienne Ancienne édition de la Chronique dite Scandaleuse du Roy Louis XI par Jean de Troyes Greffier de Lhostel de Ville de Paris. Traces de restaurations anciennes, charnières et dos frottés avec manques. Petites taches au titre, brunissures à 2 feuillets (C6, C7), un trou de ver à 18 feuillets (A7 à C8).

Estim. 5 000 - 6 000 EUR

Lot 37 - [Eloy DAMERVAL]. Sensuit la grãt dyablerie Qui traicte cõment sathan fait demõstrance a Lucifer de tous les maulx que les mõdains font selon leurs estatz vacations et mestiers. Et comment il les tire a dpnation… Petit in-4, maroquin janséniste rouge, dos à 5 nerfs, roulette et filets intérieurs, tranches dorées sur marbrure ( Chambolle-Duru). Bechtel, 204/D-26 // Brunet, II-478 // Fairfax Murray, 600 // Tchemerzine-Scheler, II-720 // USTC, 83461. (150f.) / A6, b-e4-8, f4, g-o4-8, p4, q-z4-8, ク4, A4, B8 / 40 lignes sur 2 colonnes, car. goth. / 130 x 190 mm. Très rare seconde ou troisième édition de ce poème théologique faisant le tour des vices humains, une édition contemporaine de celle-ci ayant également été publiée chez Le Noir. On sait peu de choses d’Eloy Damerval, dont on apprend qu’il est l’auteur de ce texte par la table de la première édition. Chantre à la Cour de Savoie, puis attaché à Charles d’Orléans au château de Blois, il était, en 1483, maître des enfants de chœur de Sainte-Croix à Orléans. La Grande diablerie est son œuvre la plus célèbre. Composé d’un prologue en 8 chapitres et de deux livres en 260 chapitres que suit la conclusion finale de l’acteur, ce dialogue comique entre Satan et Lucifer compte plus de 22.000 vers. Satan, plein d’expérience, y expose à un jeune Lucifer naïf les travers et les faiblesses des hommes et des femmes et les moyens de les tenter: Jay mille millions de trappes Et de trebuchetz Lucifer Pour les faire cheoir en enfer Le monde la chair et les dyables Nuyt et jour ce ne sont pas fables. L’intention de Damerval est de défier les hommes de tomber en ces pièges, mais il ne se défend pas, se réclamant d’Esope, d’une certaine prétention littéraire, Come Esopes en ung beau mettre / Se dit bien qui est panthamettre: Et ne se faut esmerveiller Si jay voulu pour resveiller Les entendemens des lisans Oser souvent des motz plaisans Et de termes assez joyeulx Affin destre mains ennuyeulx Car les rimes entrelardees Des motz joyeulx sont regardees Comunement plus voulentiers… On notera d’ailleurs, dans le chapitre 68, une mention de François Villon qui est probablement l’une des plus anciennes références littéraires au poète: Maistre Francoys Villon jadis / Clerc expert en faictz et en ditz / Comme fort nouveau quil estoit / Et a farcer se delectoit / Fist a Paris son testament. Cette œuvre a paru pour la première fois chez Michel Le Noir vers 1508. C’est de la table de cette première édition que l’on tire le nom de l’auteur: De maistre Eloy d’Amerval (…) / Cy s’ensuyt (…) la Dyablerie… Ces vers ne sont pas repris dans notre édition qui mentionne uniquement le prénom de l’auteur au début du prologue et à la toute fin du volume: Prier aussi le createur / Pour moy Eloy le pauvre acteur. Titre en rouge et noir orné d’une grande lettrine et d’un grand bois représentant cinq diables dont l’un prend de longues notes, un grand bois au colophon (f.A6v) imprimé en rouge et noir représentant 6 diables, et un bois plus petit en noir montrant Dieu apparaissant à l’auteur (f. b1r). Les feuillets A2v et A5r sont imprimés en rouge et noir, 47 petites lettrines à fond criblé. L’édition est extrêmement rare. On en recense quatre ou cinq exemplaires: un à la Bibliothèque Mazarine, un à la Kongelige Bibliotek de Copenhague, l’exemplaire Soleinne, l’exemplaire Yemeniz (n° 1702)/Firmin-Didot (n° 174) et celui-ci. Les exemplaires Soleinne et Yemeniz/Firmin-Didot, tous deux reliés en veau ancien, sont peut-être les mêmes. Bel exemplaire malgré un petit manque en haut d’un mors et léger choc à une coupe du premier plat. Cahiers v et x inversés, une annotation ancienne à l’encre (f. B7v), restauration angulaire à 4 feuillets (A1, c1, y4 et ク1) et restauration avec atteinte à quelques lettres (f. l2). Provenance: Fairfax Murray (étiquette, n° 600).

Estim. 6 000 - 8 000 EUR

Lot 38 - Le DEBAT DE LA DAME ET DE LESCUYER NOUVELLEMENT FAICT. Plaquette petit in-4, maroquin janséniste chocolat, dos à 5 nerfs, dentelle intérieure, tranches dorées ( Duru et Chambolle, 1862). Bechtel, 55/B-55 // Brunet, II-545 // GW, 03724 // Renouard, 1074 // Rothschild, I-466 // USTC, 766394. (11f. sur 12, le dernier blanc manquant ici) / a-b6 / 30 lignes (sauf b4 en 29), car. goth. / 132 x 187 mm. Très rare édition de ce poème attribuable à Henri Baude, poète français né à Moulins vers 1430, mort vers 1495. Contemporain de Villon, Baude est l’auteur de moralités satiriques et de poésies écrites dans un style vif, primesautier, assaisonné de sel gaulois, dans une manière pittoresque, malicieusement naïve et souvent sarcastique (Larousse). Le Debat de la dame et de l’escuyer est un long dialogue poétique entre un écuyer et la dame dont il est amoureux et qu’il tente de convertir à son amour. Ce poème de 67 strophes de huit vers fut également publié sous le titre La Complainte de lescuyer à la dame. Le nom de l’auteur se laissait deviner à un vers du poème (23ème ligne du f. B4), dans lequel la version initiale manuscrite On nous respont laissez buissoner Baude a été remplacée par la version imprimée On nous respont laissez huchier sans fraude. Cette particularité avait été relevée par Montaiglon. Elle fut contestée par certains, dont Bechtel, mais à ce jour rien de significatif ne nous indique que cette pièce n’a pas été écrite par ce poète. On connaît deux éditions de ce Débat, la nôtre et une autre publiée chez Jehan Lambert, toutes deux non datées. Elles sont évidemment très rares toutes les deux. Celle que nous présentons porte la marque de Jehan Trepperel au premier feuillet reproduite par Renouard (n° 1074). L’exemplaire provient des bibliothèques La Roche Lacarelle et Lignerolles. Une note au crayon de Jean Bourdel indique que l’exemplaire provenant de ces bibliothèques aurait appartenu auparavant à Armand Bertin et à Félix Solar (n° 1082) et que la reliure aurait été modifiée entre Solar et La Roche Lacarelle. D’après nos recherches, l’exemplaire Bertin-Solar était relié en maroquin rouge de Koelher et qualifié de bel exemplaire dans la vente Solar. Nous ne voyons pas pourquoi La Roche Lacarelle l’aurait fait à nouveau relier dans une reliure janséniste de Duru et Chambolle. En tout état de cause, nous n’avons pas trouvé d’autre exemplaire que les deux décrits ci-dessus, hors l’exemplaire de la Bibliothèque du Congrès à Washington référencé par l’USTC. Tous ces éléments en font une édition d’une extrême rareté. Très bel exemplaire. Provenance: Baron Sosthène de La Roche Lacarelle (ex-libris, 30 avril 1888, n° 148) et comte Raoul de Lignerolles (II, 5-17 mars 1894, n° 860). Le dernier feuillet blanc porte un fantôme d’ex-dono à Anne de Dreux mais ce feuillet provient visiblement d’un autre volume et a été réemployé.

Estim. 5 000 - 7 000 EUR

Lot 39 - Le DEBAT DU VIEULX ET DU JEUNE : Nouvellement īprime. Plaquette petit in-4, maroquin janséniste rouge, dos à 5 nerfs, roulette et filets intérieurs, tranches dorées ( Chambolle-Duru). Bechtel, 213/D-103 // Brunet, II-550. (8f.) / A-B4/ 26 lignes, car. goth. / 89 x 127 mm. Troisième édition de cette pièce en vers sur les dangers de l’amour. Les deux éditions précédant celle-ci sont incunables, sans lieu, ni nom, ni date. Notre édition, qui ne porte aucune marque d’imprimeur mais est la première à mentionner un lieu, est illustrée de 3 bois: sur le titre un fauconnier et son valet et, au verso du titre, un grand bois représentant une jeune femme faisant face à un roi assis sur son trône devant une assemblée d’hommes. Le troisième bois, au verso du dernier feuillet, représente un jeune homme parlant à une femme à la fenêtre d’un château. Savoureux dialogue au sujet de l’amour entre un vieux plein d’expérience et un jeune qu’il tente de mettre en garde: Je suis le povre vieulx et casse Damours pour servir longuement Sans y avoir rien amasse Que regret, angoisse et tourment… Au jeune qui lui demande d’où il vient, le vieux rétorque: Tout droit du service d’amours / A peu que le cueur ne me fent / Tant y ay eu de maulvais tours / (…) / Ma jeunesse y ait laissee… Il le prévient contre ce monde futile où le dernier est le mieulx venu et où l’on n’a aucun repos: Je le scay car jay faict loffice / Se ne ty trouve bien propice / Lon te tiendra pis que Varlet / Car il ny fault pas estre rice / Le beau y efface le let… Le jeune, s’étonnant alors que le vieux voyant cela ne soit pas parti, s’attire cette réponse: Esperance de jour en jour / Me trompa / (…) / Je y ay fait tout mon povoir / Mais les plus rouges y sont prins… Ce poème est à ne pas confondre avec Le Debat du jeune et du vieulx amoureux, attribué à Hugues de Blosseville. Plaquette sur l’amour courtois de toute rareté. Notre exemplaire est le seul cité par Bechtel. Nous n’en avons pas trouvé d’autre. Très bel exemplaire malgré une petite restauration angulaire à un feuillet. Provenance: Comte Raoul de Lignerolles (II, 5-16 mars 1894, n° 1110).

Estim. 3 000 - 4 000 EUR

Lot 40 - Les DEMANDES DAMOURS Avec les Responses ioyeuses. Plaquette petit in-8, maroquin bleu nuit, triple filet, dos à 5 nerfs orné à la grotesque, dentelle intérieure, tranches dorées ( Bauzonnet-Trautz). Barbier, I-874 // Pas dans Baudrier // Bechtel, 219/D-151 // Brunet, Supplément I-359 // Fairfax Murray, 118 // Gultlingen, VI-121 // Tchemerzine-Scheler, II-309c // USTC, 38715. (12f.) / A8, B4 / 22 longues lignes, car. goth. / 82 x 134 mm. Très rare plaquette consacrée à l’amour courtois. Cet ouvrage, dont il existe de nombreuses éditions dès 1490, est la mise par écrit d’un jeu aristocratique courtois appelé «jeu du roy qui ne meurt». Il est composé de questions-réponses en prose que s’échangent l’Amant et la Dame: Je vous demande. Qui est lennemy mortel qui le chastel peult grever. Response. Eslongner. Le texte a longtemps été attribué à tort à Alain Chartier. Aucune des éditions répertoriées par Bechtel n’est datée. Celle que nous présentons comporte le titre en caractères romains et la suite en caractères gothiques et est illustrée d’un beau bois sur le titre représentant un homme tenant une fleur face à un groupe de jeunes femmes. Elle est donnée par l’imprimeur-libraire Jacques Moderne, dit également (Le) Grand Jacques, établi à Lyon avant 1523 et spécialisé dans l’édition musicale, imprimeur-libraire qui a échappé à Baudrier. Cette plaquette est très rare. Notre exemplaire est cité par Brunet, serait le seul connu d’après Fairfax Murray et toutes les bibliographies ne se réfèrent qu’à celui-ci. C’est aussi le seul cité par l’USTC. Bel exemplaire entièrement réglé à l’encre rouge. Marge supérieure refaite à l’ensemble du volume, la marge inférieure n’a, en revanche, pas été touchée et présente tous les témoins. Provenance: Fairfax Murray (sans étiquette, n° 118) et très probablement Adolphe Audenet (catalogue de 1839, n° 508, décrit comme relié en maroquin bleu avec grand nombre de témoins en bas des marges, très court du haut).

Estim. 4 000 - 6 000 EUR

Lot 41 - Le proces des deulx amãs plaidyant en la court de Cupido la grace de leur dame… Plaquette in-16, veau marron, les plats entièrement ornés à froid de pièces rectangulaires répétées à motifs de fleurs, dragons, soleils…, sur le premier plat encadrement doré formé du nom de l’auteur et du titre de l’ouvrage, dos à 4 nerfs orné à froid, tranches ciselées (Reliure de la fin du XIXe ou du début du XXe siècle). Bechtel, 225/D-201 // Brunet, Supplément I-380 // Fairfax Murray, 120 // Harrisse, 68 // USTC, 72667. (15f. sur 16, le dernier, peut-être blanc, manquant ici) / a-b8 / 22 ou 23 lignes / 93 x 130 mm. Rarissime édition de ce dialogue en vers et en prose entre l’auteur, la dame, Cupidon et les deux amants. L’auteur est plus connu pour son poème Le Roussier des dames,sive le pelerin damours qui parut à Lyon vers 1530, mais on est en peine de trouver des éléments biographiques sur lui. Le petit opuscule que nous présentons est d’une insigne rareté. Il est orné d’un joli bois gravé sur le titre représentant l’auteur et un jeune chevalier. Il en a été fait une description par Bechtel d’après l’exemplaire Lignerolles passé ensuite chez Pichon puis chez Maus. Harrisse fait lui aussi une description assez complète dans son ouvrage Excerpta Colombiniana, dans lequel il reproduit le titre et les premiers vers de l’ouvrage. Les deux exemplaires décrits contiennent un feuillet b8 illustré d’un bois gravé. Notre exemplaire est conforme à la description de l’exemplaire Lignerolles et présente deux différences avec l’exemplaire de Fernand Colomb, le premier au titre avec le mot grace pour gra, la seconde dans un vers placé au feuillet a3: Dont se ie dis mon advis de telz femmes pour Dont ie dis mon admis de tels femmes. D’autre part, notre exemplaire ne contient pas le feuillet b8, feuillet que Fairfax Murray pensait probablement blanc mais qui pourrait être un feuillet imprimé que l’on aurait supprimé. Enfin, l’exemplaire, relié vers 1900 nous semble-t-il, porte au premier contreplat un petit chiffre doré que nous n’avons pas identifié, l’étiquette de Fairfax Murray et un ex-libris Biblioteca Colombina qui semble être une reproduction d’un cachet. On sait que la bibliothèque considérable de Fernand Colomb, fils de Christophe Colomb, comptait plus de 15.000 volumes et qu’une grande partie des ouvrages disparut au cours du temps, victime de la négligence, de la détérioration ou du vol. À notre sens, cette édition est différente par quelques lettres typographiques de l’exemplaire Lignerolles. Il provient peut-être anciennement de la bibliothèque de Fernand Colomb, raison pour laquelle on aurait supprimé le dernier feuillet sur lequel Fernand Colomb avait l’habitude de noter le lieu où il avait fait l’acquisition de son ouvrage. Si ce raisonnement était admis, il est probable alors que le dernier feuillet comportait un bois gravé identique à celui de l’exemplaire Lignerolles. Il n’en reste pas moins que ce petit bijou est d’une extrême rareté, l’USTC ne recensant que celui de la BnF. Provenance: Fernand Colomb (?) (ex-libris moderne, Biblioteca Colombina), Fairfax Murray (étiquette, n° 120) et chiffre entrelacé CE (non identifié).

Estim. 5 000 - 6 000 EUR

Lot 42 - [Jean DIVRY]. Les estrenes des Filles de Paris. Plaquette petit in-4, maroquin aubergine à long grain, double filet doré en encadrement avec fleurons d’angles, chiffre doré AA au centre des plats, dos lisse avec le titre en long et des fleurons dorés en tête et en queue, tranches dorées ( Reliure du XIXe siècle). Pas dans Bechtel (236/D296). (4f.) / A4 / 28 lignes / 82 x 126 mm. Rarissime édition de ces conseils aux jeunes filles, peut-être le seul exemplaire connu. Jean Divry, né vers 1472, en Beauvaisis, fut médecin et poète. On lui doit plusieurs ouvrages publiés dans les premières années du XVIe siècle, tant de poésie que de médecine, dont Les Secretz et loix de mariage, ainsi que plusieurs traductions du latin au français. Ces Etrennes des Filles de Paris sont une suite de conseils et d’adages en forme de distiques, sur la tenue et les attitudes que se doivent d’observer les jeunes filles: Filles pompeuses & bragardes Sont estimees pour cognardes… Ainsi l’auteur les enjoint-il à toujours tenir les yeux baissés, ne pas médire, rester sobre à table, prier souvent, etc, autant pour éviter tout débordement que pour échapper au jugement des autres: Fille qui soigneusement se farde / Devient facilement paillarde, Fille en dance ク bancquetz hardie / Se monstre folle ク estourdie, etc. Ces conseils sont suivis de deux rondeaux légers. De toute rareté, cette édition n’est référencée ni par Brunet, ni par Bechtel et semble avoir échappé à tous les bibliographes. Ces derniers citent une seule édition pour ce titre, publiée à Paris vers 1530, également en 4 feuillets et à 28 lignes, mais qui présente quelques différences avec la nôtre: le titre Estrennescomporte deux n et la pièce est signée in fine par l’anagramme Riand Jhe vy, pour Jehan d’Ivry. Cette signature finale est absente de notre édition. La notice du catalogue Audenet la qualifie d’édition originale, sans d’ailleurs l’attribuer à un auteur. L’exemplaire conservé à Chantilly comporte l’anagramme final mais présente d’autres différences et constitue donc une troisième édition de la même pièce. L’exemplaire de la BnF (RES. YE-1387) comporte également l’anagramme in fine. Il nous paraît très probable que notre édition ait été publiée à Paris juste avant celles comportant le nom de l’auteur en anagramme. Au moment de la reliure, on a fait suivre cette très mince plaquette de nombreux feuillets blancs (42f.), pour épaissir le volume et permettre de frapper le titre au dos. Bel exemplaire exempt de restaurations et dans une fine reliure de la première moitié du XIXe siècle. Petites décolorations en bordure des plats. Marge latérale des feuillets légèrement effrangée sur 2,5 cm et marge supérieure un peu coupée en biseau. Provenance: Adolphe Audenet (chiffre doré, 2 avril 1839, n° 315).

Estim. 2 000 - 2 500 EUR

Lot 43 - Le DOCTRINAL DES BONS SERVITEURS. Plaquette petit in-4, maroquin janséniste rouge vif, dos à 5 nerfs, roulettes et filets intérieurs, tranches dorées ( Chambolle-Duru). Bechtel, 240/D-336 // Brunet, II-781 // USTC, 79167. (4f.) / [ ]4 / 26 lignes avec les interlignes, car. goth. / 86 x 132 mm. Troisième édition de ces suites de règles que les serviteurs doivent respecter vis-à-vis de leurs maîtres s’ils veulent être de bons serviteurs. Ces règles édictées sous forme de 28 stances de quatre vers de huit syllabes concernent l’obéissance, le respect des maîtres, de Dieu, l’honnêteté, mais aussi la conduite à table ou autres circonstances de la vie. Certaines strophes concernent le respect et l’obéissance aux règles religieuses. L’ouvrage se termine par cette strophe: Servans celuy qui gardera Et vouldra dedans son cœur mettre Ces regles tous biens il aura Ainsi devient le Varlet maistre Brunet et Bechtel décrivent quatre éditions dont la première est incunable, à Paris, vers 1490-1495 et les trois autres postérieures à 1520. Celle que nous présentons fut publiée à Paris vers 1510 selon Fairfax Murray et vers 1530 selon Bechtel. Elle est ornée sur le titre d’un bois représentant un maître et sa servante sur fond de paysage et au verso du dernier feuillet d’un autre bois gravé représentant le Christ au milieu des docteurs de la loi selon Fairfax Murray, un maître et ses serviteurs selon la notice de l’exemplaire Lignerolles. Très bel exemplaire finement relié par Chambolle-Duru. Provenance: Fairfax Murray (étiquette, n° 130).

Estim. 3 000 - 4 000 EUR

Lot 44 - Le DOCTRINAL DES FEMMES MARIEES. Plaquette in-4, maroquin rouge, triple filet, dos à 5 nerfs joliment orné aux petits fers, dentelle intérieure, tranches dorées ( Trautz-Bauzonnet). Pas dans Baudrier // Bechtel, 241/D-338 // Brunet, II-783 // Claudin, III, 441 // Fairfax Murray, 128 // GW, 8593 // USTC, 79166. (6f.) / a6 / 20 lignes, car. goth. / 121 x 180 mm. Très rare édition originale ou seconde édition incunable de ces conseils en vers aux femmes mariées. Cette pièce versifiée est composée de 45 stances de quatre vers. C’est une suite d’injonctions à la vertu qui commence par l’obéissance au mari: Femme qui es en mariage / A ton seul mary tabandonne / car q[ui] son corps a plusieurs dõne / Jamais il nest tenu pour saige. Claudin, dans son Histoire de l’imprimerie, détaille ainsi ces productions populaires et naïves: Le mot cru n’y était point ménagé, mais on n’y prêtait pas attention. On faisait des équivoques pleines de gros sel gaulois qui charmaient le vulgaire et nous offrent une peinture assez exacte des divers degrés de l’échelle sociale d’alors (III-442). Ainsi, au fil de ces stances, entre autres incitations à prier Dieu, trouve-t-on de sages mises en garde telles que: Femme oublie le cours de Venus Qui nest que peche & luxure Et pense que par ceste ordure Mains sont apute fin venus Femme regarde la folie Que Dido commist pour Enee Par sa luxure fut brulee Et en enfer arse フ bruye Cette plaquette a été imprimée par Pierre Pincerne, imprimeur lyonnais entre 1485 et 1494 sous le nom de Pierre Bouttellier, dont les productions sont encore assez mal connues mais qui publia plusieurs de ces petites plaquettes populaires. Celle-ci a été imprimée vers 1488, date d’utilisation par cet atelier du grand L initial ornant le titre. Une autre édition en quatre feuillets fut donnée vers la même année à Besançon, sans qu’on puisse déterminer laquelle précéda l’autre. Notre édition est illustrée sur le titre d’un grand L grotesque (71 x 36 mm) présentant deux visages (initiale «a» de cet atelier suivant la classification de la Staatsbibliothek de Berlin, utilisée en 1487 et 1488) et d’un bois au verso du titre représentant une femme devant deux hommes, l'un âgé et l’autre jeune. Le verso du dernier feuillet est blanc. Cette édition est d’une très grande rareté. Brunet mentionne un exemplaire Bruyères-Chalabre (vente en 1833, n° 520), dont Fairfax Murray suppose que c’est le même que celui que nous présentons. Rien ne permet de confirmer cette affirmation, l’exemplaire Chalabre étant à l’époque décrit comme relié en demi-maroquin bleu, ni de l’infirmer, l’exemplaire ayant pu être relié à nouveau par Trautz-Bauzonnet entre les ventes Bruyères-Chalabre et Yemeniz. Très bel exemplaire finement relié par Trautz-Bauzonnet. L’exemplaire a été parfaitement établi, bien naturellement lavé et l'encre est un peu pâle à deux ou trois strophes. Les 3 premiers feuillets présentent une petite restauration dans la marge extérieure. Provenance: Nicolas Yemeniz (ex-libris, 9 mai 1867, n° 1663), comte Raoul de Lignerolles (II, 5-17 mars 1894, n° 1117, daté «vers 1525») et Fairfax Murray (étiquette, n° 128).

Estim. 6 000 - 8 000 EUR

Lot 45 - Le DOCTRINAL DES FILLES. Plaquette petit in-4, maroquin citron, triple filet, dos à 5 nerfs joliment orné de petits fers dorés, dentelle intérieure, tranches dorées ( Trautz-Bauzonnet). Non cité par Bechtel (241 et suivantes), ni Brunet (II-781). (4f.) / []4 / 24 ou 26 lignes, car. goth. / 86 x 130 mm. Rarissime et peut-être unique exemplaire d’une édition non référencée par les bibliographies. Le Doctrinal des filles est une œuvre du XIVe siècle. En 1391, le poète anglais Chancer s’en inspira pour son How the Goode Wif taught hir doughter. Elle a été souvent publiée aux XVe et XVIe siècles, avec quelques variantes, sous les titres de Doctrinal des filles a marier, Doctrinal des filles à elles très utile, Doctrinal des filles pour apprendre a estre bien saiges, ou encore Doctrinal des filles utile et proffitable. Composée de 34 quatrains en octosyllabes, cette pièce prodigue aux jeunes filles conseils de vertu et de comportement: Fille ne soies point oyseuse Et delaissez plaisance vaine Car oysivete loyseulx maine A perdicion langoureuse (…) Fille ne prestez vostre bouche En lieu secret a nul quil soit Car qui ung baiser doulx recoit Voulentiers du surplus saproche. A la fin de cette litanie de mises en garde, on trouve, mis en vers également, Les X cõmandemens de la loy et Les cinq commandemens de saincte esglise. Bechtel décrit treize éditions gothiques sous les différents titres donnés ci-dessus, dont cinq incunables, recension qu’il suppose incomplète. En effet, aucune ne correspond à la nôtre qui lui a échappé. Notre édition est illustrée d’un bois sur le titre représentant une jeune femme tenant un vase. Toutes les éditions de ce Doctrinal sont très rares. Cet exemplaire provient de la bibliothèque du comte de Lignerolles. Dans le catalogue de sa vente, il est mentionné que l’exemplaire venait auparavant de celle de Charles Nodier, dont l’ex-libris a été conservé, mais il a été relié depuis. En effet, le catalogue Nodier décrit un exemplaire relié en maroquin rouge de Koehler, «charmant exemplaire de M. Audenet». Le catalogue Audenet décrit quant à lui un exemplaire en maroquin rouge de Closs. Il serait donc l’exemplaire Audenet-Nodier avant de passer chez Lignerolles, mais les changements de reliure et la concision des notices de l’époque ne nous permettent pas de le confirmer. Très bel exemplaire entièrement réglé à l’encre rouge dans une fine reliure de Trautz-Bauzonnet. Provenance: Adolphe Audenet (? 2 avril 1839, n° 201), Charles Nodier (? ex-libris, catalogue de 1844, n° 323) et comte Raoul de Lignerolles (II, 5-17 mars 1894, n° 1119).

Estim. 3 000 - 4 000 EUR

Lot 46 - Le DOCTRINAL DES FILLES POUR APPRENDRE A ESTRE BIĒ SAIGES. Plaquette petit in-4, maroquin janséniste citron, dos à 5 nerfs, dentelle intérieure, tranches dorées ( Cuzin). Bechtel, 242/D353 // Brunet, Supplément I-411 // Fairfax Murray, 129-374 // USTC, 38719. (4f.) / A4 / 22 lignes, car. goth. / 88 x 125 mm. Édition très rare de ce poème donnant des conseils aux jeunes filles sur la conduite qu’elles devraient avoir dans la vie. Nous avons longuement décrit dans la notice précédente cette œuvre du XIVe siècle qui inspira Chancer et dont il existe maintes éditions sous des appellations légèrement différentes: Doctrinal des filles, Doctrinal des filles a marier, Doctrinal des filles à elles très utile, Doctrinal des filles pour apprendre a estre bien saiges, ou encore Doctrinal des filles utile et proffitable… Toutes ces éditions sont rares et ne sont connues qu’à quelques exemplaires. Elles contiennent toutes le poème de 34 quatrains de 8 syllabes et certaines d’entre elles s’achèvent par Les X commandemens de la loy en 20 vers et les commandemens de saincte esglise en 10 vers. L’édition que nous présentons a dû être imprimée à Lyon ou à Genève vers 1525-1530. Elle est inconnue à Baudrier. La comparaison de cet exemplaire avec le précédent (n°45 de cette vente) nous a fait constater quelques différences dans certains vers. Ainsi nous relevons dans notre édition: Fille pour faire bon tresor Craīte ayez devãt les vieulx Pour: Fille pour faire bon tresor Craīte ayez devant vos yeux Ou encore Fille ne preste vostre bouche En secret a nully qui soit Pour: Fille ne prestez vostre bouche En lieu secret a nul quil soit Notre édition ne contient pas les commandements de la loi ni ceux de l’église. Elle est ornée, au premier feuillet, d’un bois représentant une jeune fille tenant un bouquet de fleurs et, au dernier feuillet, de 2 petits bois juxtaposés représentant chacun une sibylle. Fairfax Murray, auquel cet exemplaire a appartenu, indique dans sa notice que ces deux derniers bois ont été déjà utilisés pour une autre édition qui aurait été publiée à Genève, chez Köln, vers 1525 et dont il fait la description sous le numéros 374 de son catalogue: Merveilles advenir en cestuy vingt et sis. revelle par les dieux... Cette dernière édition n’est connue qu’à un seul exemplaire qui appartient aujourd’hui à la bibliothèque Bourdel et que nous présenterons dans la troisième partie. Très bel exemplaire de cette rareté bibliophilique. Marge supérieure un peu rognée sur le titre. Provenance: Fairfax Murray (étiquette, n° 129) et Henri Bordes (ex-libris).

Estim. 3 000 - 4 000 EUR

Lot 47 - [Bertrand DU GUESCLIN]. Bertrand du Guesclin. Les prouesses et vaillãces du preux フ vaillãt chevalier Bertrand du Guesclin. Jadis connestable de France. Petit in-4, maroquin rouge, triple filet, dos à 5 nerfs joliment orné, date 1529 en pied, doublure de maroquin rouge orné d’un double filet doré et d’un encadrement intérieur formé d’une roulette et de doubles filets dorés, doubles gardes, tranches dorées sur marbrure ( Thibaron-Joly). Baudrier, X-58 // Bechtel, 248/D-409 // BnF, BP16-104381 // Brunet, II-869. (78f.) / a-I8, K6 (en majuscule ou minuscule) / 35 longues lignes, car. goth. / 128 x 189 mm. Troisième édition de ce roman de chevalerie contant la vie de l’un des plus grands hommes de guerre du moyen-âge. On ne peut résumer en quelques lignes la vie de ce seigneur breton (vers 1314-1380) qui combattit maintes fois au service de la France contre les Anglais et fut nommé connétable en 1360. Sa vaillance et son courage en firent un personnage à la fois historique et légendaire. La vie de ce fameux chef de compagnies qui délivra la France des compagnies et des Anglais a été chantée, c’est-à-dire gâtée et obscurcie, dans une sorte d’épopée chevaleresque que l’on composa probablement pour ranimer l’esprit militaire de la noblesse (Michelet). La première édition fut publiée à Lyon en 1486 et une seconde parut à Paris en 1521. Celle que nous présentons fut ensuite imprimée à Lyon en 1529. Titre en rouge et noir, un grand bois sur le titre représentant Du Guesclin à cheval menant sa troupe vers une ville, et 5 bois plus petits dans le texte, nombreuses lettrines. Nous n’avons trouvé aucune marque de provenance sur cet exemplaire et nos recherches sont demeurées vaines sur ce sujet. Par ailleurs, nous n’avons connaissance que de très peu d’exemplaires et pensons l’édition très rare. L’exemplaire de la BnF est incomplet des 9 premiers feuillets. Très bel exemplaire.

Estim. 5 000 - 6 000 EUR

Lot 48 - [Perrinet DU PIN]. La conqueste de Grece Faicte par le trespreux & redoubte en chevalerie Philippe de madien Aultremēt dit le chevalier a lesparvier blãc Hystoire moult recreative et delectable. Nouvellement Imprime a Paris. Petit in-folio, maroquin rouge, triple filet à froid, dos à nerfs orné de même, dentelle intérieure, tranches dorées sur témoins ( Noulhac). Bechtel, 603/P-126 // Brunet, II-226 // USTC, 55596. (4f.)-CXIIII / +4, A-T6 / 43 lignes sur 2 colonnes, car. goth. / 178 x 247 mm. Édition originale très rare de ce roman de chevalerie qui eut également une autre édition non datée chez Jehan Bonfons qui officia dans la seconde moitié du XVIe siècle. On sait très peu de choses sur son auteur. Né à La Rochelle dans la première moitié du XVe siècle, Perrinet Dupin ou Du Pin a vraisemblablement séjourné à la Cour de Savoie entre 1458 et 1482. Il fut nommé par la duchesse Yolande secrétaire ducal dans les années 1470, avec sans doute la mission de rédiger une histoire des comtes et du premier duc de Savoie. Il a laissé de cette époque une Chronique du Comte rouge qui relate l’histoire d’Amédée VII, comte de Savoie. Avant cette période savoyarde, Perrinet Du Pin avait composé, en 1448, ce roman de chevalerie intitulé La Conqueste de Grece faicte par le trespreux et redoubte en chevalerie Philippe de Madien, qu’il avait dédié à la duchesse de Lusignan, épouse du duc Louis. Il est illustré d’un très beau bois gravé sur le titre représentant le chevalier Philippe de Madien en armure, sur un cheval caparaçonné, partant à la conquête de la Grèce, des armes de France au verso du titre, d’un bois représentant l’auteur à son pupitre, de 8 bois dans le texte illustrant le roman et de la marque de l’imprimeur au dernier feuillet. Superbe exemplaire de ce très rare roman de chevalerie dont nous n’avons pas trouvé d’exemplaires dans les collections privées classiques, sauf un chez Firmin-Didot cité par Bechtel. Minimes piqûres aux 2 premiers feuillets et quelques pâles auréoles anciennes.

Estim. 12 000 - 15 000 EUR

Lot 49 - [Gratien DU PONT]. Les Controversses des Sexes Masculin et Femenin. In-folio, maroquin camel, triple filet, dos à 5 nerfs orné de filets dorés, dentelle intérieure, tranches dorées sur marbrure ( Bauzonnet). Bechtel 251/D-428 // Brunet, II-251 // Fairfax Murray, 133 // USTC, 12870. (24f.)-CLXXIXf.-(1f.) mal paginés / C-CCC8, a-c8, d6 (+1f.), e8 (+1f.), f-x8, y6-z6 / 38 ou 39 lignes, parfois sur 2 colonnes, car. goth. / 174 x 247 mm. Première édition rare de cet ouvrage en faveur de l’autorité masculine et contre la femme libérée. Gratien Du Pont, sieur de Drusac, est un poète de la première moitié du XVIe siècle qui vécut à Toulouse, y fut lieutenant général de la sénéchaussée et membre du Parlement. Il mourut avant 1545. La publication des Controverses des sexes masculin et féminin fut, paraît-il, inspirée par sa séparation douloureuse d’avec sa femme. Cet ouvrage profondément misogyne tente de dénigrer les femmes. Dans le premier livre, l’auteur doute qu’elles aient été créées, comme l’homme, à l’image de Dieu. Dans le second, il déconseille le mariage. Dans le troisième, il rapporte des cas historiques relatés par les auteurs sacrés ou profanes, les poèmes, épitres ou ballades dans lesquels la femme apparaît dans les mauvais rôles ou qui font apparaître ses vices ou ses crimes, tous bons arguments pour asseoir l’autorité masculine. C’est le seul ouvrage composé par Gratien Du Pont et ce n’est pas la qualité poétique de son auteur, que Viollet-Le-Duc qualifie de médiocre, qui le rendit célèbre, mais la polémique qu’il entraîna entre les partisans de l’autorité masculine et ceux de l’émancipation de la femme. Parmi ceux qui s’élevèrent contre cet ouvrage, on peut citer Symphorien Champier, Charles Fontaine, Charles de Sainte-Marthe, Arnault de Laborie et surtout Étienne Dolet contre lequel Du Pont obtint du Parlement de Toulouse l’interdiction pour ce dernier d’entrer dans la ville de Toulouse. L’ouvrage est curieusement illustré. Il comporte un titre avec encadrement architectural, portique, colonnes, fronton et putti, au milieu duquel une seconde gravure avec la devise Loqui ad mensuram optimum: «Pour une meilleure mesure». Cet encadrement est repris six fois dans le volume avec, dans les milieux, soit du texte (1) soit des gravures (5) représentant: l’auteur endormi dans un paysage que vient inspirer un vieillard symbolisant le sexe masculin; un convoi transportant Dame Fortune; une armée en marche; une assemblée de femmes venues s’en prendre à l’auteur et défendre Cupidon… Un dernier grand bois représente un échiquier portant les noms des vices des femmes répartis sur les cases. L’illustration se complète de 6 petites vignettes figurant des assaillants menant un groupe de gens veufs ou maries, ieunes et gaillardz et plusieurs muguetteurs fort vieillardz, de nombreuses lettrines et de la marque de l’imprimeur au dernier feuillet. On note enfin un curieux acrostiche au feuillet L1 et suivants où l’on peut lire le proverbe Femme folle est et follie et toujours folliera. La collation de cette édition est très complexe car il y a des erreurs dans la foliotation et dans les signatures. L’exemplaire est bien complet de tous ses feuillets et des feuillets supplémentaires (pages 26/27 et 31/34). Bel exemplaire malgré une tache au second plat et le titre un peu court de marges. Inscription manuscrite ancienne sur le titre en partie effacée, taches d’encre violette affectant la marge inférieure de plusieurs feuillets sur 2 à 3 mm de hauteur et 1 mm de largeur. Provenance: Henri Bordes (ex-libris, son Catalogue d’un choix de livres faisant partie de la bibliothèque d’un amateur bordelais, 1872, n° 153, pas dans la vente de 1911).

Estim. 5 000 - 6 000 EUR

Lot 50 - Jehan DU PRÉ. Le Palais des nobles Dames auql a treze parcelles ou chambres principales : en chascune desquelles sont declarees plusieurs histoires tant grecques hebraicques latines que francoyses. Ensemble fictions & couleurs poeticques cõcernans les Vertus et louãges des Dames. In-8, maroquin rouge, triple filet, dos à 5 nerfs joliment orné, doublure du même maroquin avec filets, roulettes et écoinçons aux petits fers, doubles gardes, tranches dorées sur marbrure ( Chambolle Duru). Bechtel, 251/D-431 // Brunet, II-899 // Rothschild, IV-2862 // USTC, 29407. (128f.) / a-o8, p6, q10 / 28 lignes, car. goth. / 120 x 182 mm. Édition originale de ce poème destiné à la réhabilitation de l’honneur féminin. On sait peu de choses sur Jehan Du Pré. Gentilhomme du Quercy, il assista, en qualité d’homme d’armes du grand écuyer de Genouillac, à la bataille de Pavie qui vit la défaite de la France et François Ier fait prisonnier, ce qui déboucha sur le traité de Madrid et la perte d’un quart de la France. Du Pré fut blessé et dépouillé à Pavie et, comme il l’écrivit dans un poème qu’il adressa à la reine Marguerite de Navarre, il ne dut son secours qu’à Louise de Savoie, mère de François Ier: Tant dommageable que suit devant Pavie Sans son secours ie ne tiendroys pas vie Car lors estant deffaict et indigent Suiz refreschi d’une somme d’argent Dans son poème Palais des nobles dames, Jehan Du Pré déplore la mort de cette princesse qui décéda en 1531, ce qui nous indique qu’il fut rédigé après cette date. L’auteur utilise le même artifice que celui employé par Gratien Du Pont dans ses Controverses des sexes masculin et féminin lorsque ce dernier voulut dénigrer la cause féminine, mais dans un but opposé car Du Pré écrit ici son ouvrage à la gloire des femmes. C’est pendant un songe qu’il rencontre Noblesse féminine. Elle le conduit dans son palais dont il visite les treize pièces et où il rencontre successivement les femmes ou déesses qui se sont illustrées par leur science, leur chasteté, leur fidélité, leur fécondité… L’ouvrage se termine par une pièce poétique intitulée: Dialogue nõ moīs utile que delectable: Auquel sont introduitz les dieux Jupiter et Cupido disputans de leurs puissances: et par fin ung Antidote et remede pour obvier aux dangiers amoureux., signée d’Hugues Salel. Plusieurs des pièces de la première partie sont suivies de la signature Lelas et certains comme Lachèvre ont cru reconnaître en Hugues Salel le véritable auteur du Palais des nobles Dames. Nous préférons pour notre part l’opinion exprimée dans le catalogue Rothschild qui voit dans Hugues Salel l’imprimeur du Palais des nobles Dames. Titre en rouge et noir, grand bois au verso représentant Noblesse féminine accueillant l’auteur devant son palais, un grand bois répété montrant le jardin du palais et 12 petits bois figurant des femmes célèbres. La seconde partie contient un encadrement de titre formé de petits bois juxtaposés, un grand bois représentant Hugues Salel qui va être frappé d’une flèche par Cupidon et une grande lettrine historiée. Ces bois sont grossièrement exécutés mais d’un grand et beau caractère de dessin (Viollet-Le-Duc). Petit frottement en haut d’un mors. Feuillets a1, a2, q2 à q10 restaurés et en partie réemmargés. Très bel exemplaire réglé à l’encre rouge dans une fine reliure doublée de Chambolle-Duru. Provenance: Édouard Rahir (II, 6-8 mai 1931, n° 496).

Estim. 10 000 - 12 000 EUR

Lot 51 - Antoine DU SAIX. Lesperon de discipline pour inciter les humains aux bõnes lettres : stimuler a doctrine animer a sciēce inviter a touttes bõnes œuvres Vertueuses et moralles par consequēt pour les faire coheritiers de Jesuchrist expressemēt les nobles et genereux Lourdement forge ク rudemēt lime - La Secoude partie de Lesperon de discipline [...] 2 parties en un volume in-8, basane brune estampée à froid de motifs architecturaux rectangulaires juxtaposés couvrant les plats, dos à 3 nerfs ( Reliure de l’époque). Bechtel, 252/D-435 // Brunet, II-919 // Rothschild, I-515 // USTC, 11067. I. (122f.) / a-b4, c6, d-q8, r4 // II. (104 f.) / A-N8 / 34 lignes, car. goth. / 129 x 193 mm. Édition originale de ce traité d’éducation et de discipline rédigé par un parfait représentant de l’homme cultivé de son époque. Né à Bourg-en-Bresse en 1504 ou 1505 (décédé en 1579), Antoine Du Saix fut précepteur, aumônier du duc de Savoie puis nommé chanoine de l’église de Bourg en 1541. Homme d’église, bon diplomate et fin lettré, il se lia aux esprits distingués de son temps et s’adonna également à la poésie. Lesperon de discipline est son ouvrage le plus important. Riche de plus de dix mille vers, il est une sorte de traité encyclopédique et un système complet d’éducation qui entend signaler tout ce qui peut favoriser la croissance de beaux enfants (Bechtel). Y sont traités de multiples sujets en commençant par les bienfaits de la théologie, le respect des lois, l’amour des lettres… mais également l’instruction des pères pour procréer, nourrir et bien instituer leurs enfants, l’allaitement des femmes, que les enfants ne soyent trop delicatemēt nourriz ny sumptueusement vestuz, qu’ils ne doisvent boire vin, que la correction des enfants doist plus par dousceur estre temperee que executee par rigueur, si lon doist enseigner enfants aux maisons privees ou les envoyer aux escolles publicqs… Bref, un traité d’éducation encore actuel. Chaque partie contient un titre en rouge et noir avec l’écu de la Savoie. Toutes les pages de texte sont placées dans des encadrements formés de bois gravés rectangulaires avec variantes où l’on rencontre parfois le nom de l’auteur. Ces encadrements, dans le goût de Geoffroy Tory, portent parfois aussi le nom de Girardières, famille noble de la Bresse, qui est peut-être le nom du graveur comme le suggère la notice de Rothschild. Bel exemplaire dans sa reliure d’origine. Reliure anciennement restaurée, petit manque à un nerf, coins usés. Taches marginales à 2 feuillets et mouillures dans la marge inférieure de 9 feuillets.

Estim. 2 000 - 2 500 EUR

Lot 52 - EPISTRE DU BON FRERE QUI REND LES ARMES DAMOURS a sa seur damoyselle en Syonnoys. Et le dit des pays. Plaquette petit in-8, maroquin janséniste rouge, dos à 5 nerfs, dentelle intérieure, tranches dorées ( Trautz-Bauzonnet). Bechtel, 267/E-147 // Brunet, Supplément II-455 // USTC, 53688. (8f.) // A8 / 28 lignes, car. goth. / 89 x 135 mm. Unique édition de cette complainte versifiée, l’un des trois exemplaires connus Composé de 263 vers en décasyllabes, ce long poème est le chant désespéré d’un bon frère qui, las de souffrir d’amour, choisit de ne plus s’y consacrer: Que tay ie faict; en quoy ay ie failly Mon cueur, ou langue, ont ilz point defailly, Je scay que non… Convaincu des dangers de l’amour: Pour ung que en ce trouveres contentz / En cognoistres mille de malcontentz, il cherche à en prévenir ses amis et si, pour preuve de ce qu’il dit, il convoque les grandes figures féminines bibliques (Jezabel, Dalila et Jael), il n’en a qu’après l’objet de son propre amour: Lon tient la femme si dangereuse beste Que qui la hante nen revient sans tempeste Lon dict quelle est plaine de iniquite Inconstance et de fallacite. Quoy que lon die, ne vouldrois faire blasme (…) Si Bocace, Petrarque lon descript (…) Quant à moy: ia ne plainctz ni mesdictz Si non de toy ou diriges mes dictz L’éditeur, resté anonyme, a choisi de faire suivre cette complainte courtoise par une pièce d’un tout autre registre. Le Dit des pays, qui commence au verso du feuillet A6, est une facétieuse composition de 92 vers en octosyllabes sur les charmes de tous les pays. S’y entremêlent dans une langue savoureuse et gentiment grivoise, voire ordurière, les spécialités culinaires et industries locales avec les qualités supposées des habitants de tous ces lieux. Nous reproduisons ci-dessous un sobre extrait de ce poème et nous interdisons de retranscrire ce que la censure aurait condamné: Les bons pastes sont a Paris Ordes trippes a sainct Denis (…) A londres escarlates fines Et bons draps vermeilz malines (…) A bourges sont les fourteresses A saint quantin les grosses fesse (…) Le bon sel est a Salins Femmes bien faictes a prouvins… L’ Epistre du bon frère n’est connue que par cette édition gothique, dont seules la BnF (RES. YE-3972) et la Biblioteca Capitular Y Colombina de Séville possèdent un autre exemplaire. C’est sur l’exemplaire de la BnF qu’Anatole de Montaiglon a pu en faire la réimpression en 1855 dans son Recueil de poésies françoises des XVe et XVIe siècles (t. XI, p.207 et s.). Très bel exemplaire de cette rareté bibliographique. 3 angles habilement restaurés. Provenance: Comte Raoul de Lignerolles (II, 5-17 mars 1894, n° 1125) et baron Jérôme Pichon (I, 3-14 mai 1897, n° 784).

Estim. 3 000 - 4 000 EUR

Lot 54 - [Michel d’AMBOISE]. Les Epistres veneriennes de Lesclave Fortune prive de la court Damours nouvellement faictes & composees par luy… In-8, maroquin janséniste vert bouteille, dos à 5 nerfs, dentelle intérieure, tranches dorées ( Ch. De Samblanx 1917). Barbier, II-165 // Brunet,I-225 // De Backer, I-256. (2 f.)-CLII f. / (2 f.)-A-T8 / 93 x 157 mm. Seconde édition parue deux ans après l’édition originale publiée à Paris chez Lotrian. Elle est très rare et aussi recherchée que la première (De Backer). Fils naturel, mais reconnu, de Charles d’Amboise, amiral de France, lieutenant-général du roi en Lombardie, Michel d’Amboise naquit à Naples vers 1500. Orphelin de père à l’âge de 11 ans, il fut élevé avec son frère Georges, accompagna ce dernier à la bataille de Pavie où Georges trouva la mort, fut recueilli par sa tante Catherine d’Amboise, se brouilla avec elle et s’adonna avec passion à la poésie. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et fut loué par ses contemporains. Ses ouvrages sont rares. Les Epistres veneriennes contiennent 30 epistres veneriennes, Les fantasies dudict esclave, les complaintes, regretz et epitaphes, Avec [34] Rondeaulx & cinq balades damours, soit toutes les œuvres qui avaient paru au jour de l’édition. Bel exemplaire malgré le dos passé. Le catalogue De Backer précisait que le dernier cahier était plus court dans la marge latérale. Il manque effectivement 1 mm. Dernier feuillet restauré, petite mouillure ancienne dans la marge supérieure d’une vingtaine de feuillets et annotations anciennes sur les gardes. Provenance: Hector De Backer (I, 17-20 février 1926, n° 256).

Estim. 1 500 - 2 000 EUR

Lot 55 - Michel d’AMBOISE. Le Secret d’Amours ou sont contenues plusieurs lettres tant en rithme qu’en prose, fort recreative a tous Amans… – [François HABERT]. Le Livre des visions fantastiques du Banny de lyesse, natif d’Yssouldun en Berry, ou sont contenues les amours infortunées de deux amans… Paris, Les Angeliers, 1542.– François HABERT. La Nouvelle Venus, par laquelle est entendue pudique Amour… Paris, L’Angelier, s. d. (1547) – Janus OLIVIER. La Pandore… Nouvellement traduicte… par Guillaume Michel de Tours. Paris, Les Angeliers, 1542. – Olivier de MAGNY. Hymne sur la naissance de Madame Marguerite de France… Paris, Les Angeliers, 1553. 5 ouvrages en un volume in-8, veau marron, décor dans le genre Du Seuil avec double encadrement de triples filets à froid et lys dorés aux angles, fleurons à froid au centre, dos à 5 nerfs orné de filets à froid et de fleurettes à froid et dorées ( Reliure de l’époque). Brunet, I-223 / III-3-4 / IV-181 // Quérard, II-455. I. (80 f.) / a-k8. II. LXXIX f.-(1 f.) / A-K8. III. (28 f.) / A-G4. IV. LXIII f.- (1 f.) / A-H8. V. (34 f.) / a-h4-i2 / 100 x 163 mm. Rare réunion de cinq ouvrages de poésie publiés chez les frères Angelier entre 1542 et 1553. Édition originale du Secret d’amours de Michel d’Amboise, de La Nouvelle Venus de François Habert, de l’ Hymne sur la naissance de Madame Marguerite de France d’ Olivier de Magny, de la traduction de La Pandore de Janus Olivier et seconde édition du Livre des visions fantastiques de François Habert. Le Secret d’amours, donné par De Backer comme rarissime, contient des lettres galantes en prose et en vers, des rondeaux, ballades et épigrammes. Le Livre des visions fantastiques, contant les amours infortunées de deux amants, est suivi de diverses pièces poétiques de François Habert, une Oraison à Jésus Christ, une Églogue sur la mort d’Erasme, des discours divers… La Nouvelle Vénus est chaste et son amour est tout spirituel. La Pandore laisse supposer que les femmes sont la boîte de Pandore d’où sont sortis tous les maux de ce monde et enfin l’ouvrage d’Olivier de Magny s’entend lui-même par son titre. Les quatre premiers ouvrages portent la marque des Angeliers aux premiers et derniers feuillets et le cinquième volume offre un bel encadrement de titre architectural à enroulements. Bel exemplaire dans une séduisante reliure de l’époque. Reliure anciennement restaurée. Début de fente à une charnière et quelques taches sur les plats.

Estim. 2 500 - 3 500 EUR

Lot 59 - Jean-Antoine de BAÏF. Les Amours. In-8, maroquin citron, triple filet, dos à 5 nerfs joliment orné, dentelle intérieure, tranches dorées, étui ( Honnelaître). Brunet, I-612 // Tchemerzine-Scheler, I-239. 103 / a-f8, g4 / 100 x 161 mm. Édition originale rare. Fils naturel de Lazare de Baïf, Jean-Antoine de Baïf, né à venise en 1532, fit partie de la Pléïade réunie autour de Ronsard qui fut son condisciple chez Jean Dorat. Inventif, il explora la langue française, l’entremêlant de mots grecs, latins et de langues mortes, en tentant d’introduire dans la poésie française la cadence des vers antiques et une orthographe phonétique détachée de l’étymologie. Ses innovations, qui allèrent jusqu’à l’invention d’un nouvel alphabet, n’eurent pas le succès auquel il aspirait, mais ne furent pas inutiles aux progrès de la langue française à l’époque. Il fonda la première société littéraire de France en 1571 et mourut en 1589, laissant derrière lui de nombreux ouvrages (poèmes, passe-temps, jeux, tragédie, comédie, etc.). C’est âgé d’à peine vingt ans qu’il fait paraître ses Amours, deuxième ouvrage publié après Le Ravissement d’Europe, paru la même année chez le même éditeur. Auparavant, il avait donné quelques traductions ou publié quelques vers et distiques inclus dans des Odes de Ronsard (1550). Composé de deux livres réunissant des sonnets et chansons au mètre varié, ce recueil des Amours chante la passion du poète pour la belle Méline; il prendra par la suite le titre d’ Amours de Méline. Très bel exemplaire, lavé, et finement établi par Honnelaître. Restauration atteignant quelques lettres au feuillet G3.

Estim. 3 500 - 4 500 EUR

Lot 61 - Jean-Antoine de BAÏF. Les Mimes, enseignemens et proverbes… In-12, maroquin rouge, triple filet, dos à 5 nerfs orné de même, roulette intérieure dorée, tranches dorées ( Niedrée). Brunet, I-612 // Tchemerzine-Scheler, I-296. (8 f.)-108 f.-(1 f.)-56 f. / ã6, a-i12, *4 (le 4e manquant ici), A-D12, E8 / 66 x 131 mm. Troisième édition, en partie originale. Les Mimes, enseignemens et proverbes avaient paru pour la première fois chez Lucas Breyer en 1576 et ne contenaient alors que le premier livre. Le même éditeur donna en 1581 une seconde édition augmentée d’un second livre. Ce n’est qu’avec cette troisième édition, parue seize ans plus tard, de manière posthume, chez Mamert Patisson, que le texte des Mimes fut enfin complet, avec l’ajout des troisième et quatrième livres en originale. Elle est illustrée de deux portraits gravés sur bois, dont l’un manque souvent, comme c’est le cas ici (f. *4). Les Mimes,ouvrage le plus remarquable de Baïf selon Viollet-Le-Duc, sont des fables et proverbes formant une règle de conduite pour tous les états de la vie. D’après Jules Le Petit (p.90), ce sont des pensées ingénieuses et souvent profondes, d’une tournure originale, sans pédanterie… Bel exemplaire relié dans la première moitié du XIXe siècle, avec des soulignements anciens à l’encre et au crayon. Les deux feuillets Au lecteur ont été reliés en tête. Manque le second portrait de Baïf, absent de la plupart des exemplaires. Dos un peu passé. Marge supérieure du titre refaite sans atteinte au texte, petit trou au texte du feuillet B4, trou restauré sans atteinte aux feuillets E7 et E8. Provenance: Gerbinot (? ex-libris manuscrit ancien sur le titre), Château de Rosny (étiquette, La Solitude, n° 3309) et Alfred Lindeboom (ex-libris). 1000

Estim. 1 000 - 1 500 EUR

Lot 62 - Remy BELLEAU. La Bergerie…, divisée en une premiere & seconde Iournee. – La seconde Iournée de la Bergerie. Ibid, id, 1572. 2 parties en un volume petit in-8, maroquin janséniste vert lierre, dos à 5 nerfs, roulette et filets intérieurs, tranches dorées, étui ( Aussourd). Brunet, I-752 // Tchemerzine-Scheler, I-543-544. (4 f.)-106 f.-(2 f.) / 108 f. (mal chiffrés 110) // ã4, A-N8, O4 / a-n8, o4 / 94 x 167 mm. Seconde édition en partie originale. Remy Belleau (1528-1577) fut l’un des membres les plus admirés de la Pléiade. Secrétaire de Charles de Lorraine, à qui est dédiée La Bergerie, et précepteur de son fils, il resta toute sa vie attaché à ce dernier, dans la maison duquel il s’éteignit. Viollet-Le-Duc décrit ses compositions comme pures, gracieuses, élégantes, la plupart spirituelles même, tout en leur reprochant un manque d’inattendu. Dans La Bergerie, annonciatrice du genre pastoral français, Belleau entremêle vers et prose sur les modèles italiens de l’ Arcadie de Sannazar et de l’ Amato de Boccace. Il y intercale également des pièces diverses composées dans sa jeunesse. La Bergerie parut pour la première fois en 1565. Dans cette seconde édition, Belleau ajoute une seconde journée entièrement inédite. Chaque Journée possède une page de titre et une foliotation propres, mais elles doivent bien se trouver réunies. Bel exemplaire malgré le dos passé. Très petit manque en tête du feuillet l4.

Estim. 2 000 - 3 000 EUR

Lot 71 - Artus DÉSIRÉ. Les Combatz du fidelle chrestien, dit papiste, contre l’infidelle apostat antipapiste…, le tout composé par Artus Désiré. In-16, veau blond, double filet, dos à 4 nerfs orné ( Reliure de la première moitié du XIXe siècle). Baudrier, IV-384 // Brunet, II-628 // Cioranescu, 7586. 166 f. (mal chiffrés 165) / A-V8, X6 / 68 x 112 mm. Nouvelle édition. Né vers 1510 et mort en 1579, Artus Désiré, prêtre normand, passa ses loisirs, sinon sa vie, à écrire contre le calvinisme, convaincu qu’il était que la religion catholique était en péril. Son ardeur proche du fanatisme le porta même à conspirer contre sa patrie en appelant Philippe II roi d’Espagne au secours de la religion catholique française, ce qui lui valut une amende et cinq années d’enfermement dans un couvent de chartreux. Les Combatz du fidèlle chrétien, dit papiste contre l’infidèle apostat antipapiste est un dialogue de plus de 7.000 lignes rimées entre le papiste et l’antipapiste au milieu duquel viennent se placer nombre de citations des Écritures et des pères de l’église. La première parution de ce texte fut publiée en 1550 à Rouen chez Robert et Jehan Du Gort. Plusieurs éditions sont citées par Brunet et Cioranescu. Celle-ci serait la quatrième. Elle varie de la première en ce que le mot antipapiste a remplacé le mot d’origine priapiste. Elle est ornée de 27 petits bois gravés dans le texte. Dos passé. Exemplaire court de marges avec atteinte aux marginalia imprimés, quelques feuillets tachés.

Estim. 400 - 500 EUR

Lot 75 - Philippes DESPORTES. Les Premières œuvres. In-4, vélin crème, dos à 4 nerfs avec inscription à l’encre brune, tranches jaspées rouges ( Reliure de l’époque). Brunet, II-647 // Cioranescu, 7771 // Tchemerzine-Scheler, II-876. (4 f.)-198 f.-(2 f.) / *4, A-Z4, Aa-Zz4, AA-DD4 / 145 x 223 mm. Édition originale rare que l’on trouve à l’adresse de Robert Estienne ou de Robert Le Mangnier. Fort d’une éducation solide, faite d’études classiques et d’une grande érudition, Philippe Desportes (1545-1606), issu d’un milieu bourgeois de la ville de Chartres, gravit les échelons et, de simple abbé, devint, par la seule puissance de son talent, lecteur du roi Henri III, conseiller d’État, possesseur d’une foule d’abbayes et à la tête d’une fortune de plus de dix mille écus de revenus. Écrivain bien plus correct et plus pur que Ronsard, […] les œuvres de Desportes doivent nécessairement faire partie de toute bibliothèque poétique (Viollet-Le-Duc). Les Premières œuvres contiennent «Les Amours de Diane», «Les Amours d’Hippolyte», «Cléonice», «Derniers amours de Philippe Desportes», «Élégies», «Imitations de l’Arioste», «Diverses amours» et autres «Œuvres meslees». Bel exemplaire dans sa reliure du temps. Plats un peu voilés. Une petite tache brune à 7 feuillets semblant correspondre à une brûlure de papier provoquée par de la cire de bougie, 2 annotations manuscrites marginales.

Estim. 2 500 - 3 500 EUR

Lot 79 - Joachim DU BELLAY. Les Œuvres françoises. 8 parties en un fort volume in-8, vélin à recouvrements anciennement doré, tranches dorées ( Reliure de l'époque). Brunet, I-749 // Cioranescu, 8280 // Tchemerzine-Scheler, III-75 (12 f.) / a8, b4 // I. 40 f. / A-E8 // II. 80 f. / A-K8 // III. 96 f. / A-M8 // IV. 88 f. / A-L8 // V. 60 f. / A-G8, H4// VI. 64 f. / A-H8 // VII. 80 f. / A-K8 // VIII. 72 f. / A-I8 / 107 x 165 mm Troisième édition des œuvres de Joachim Du Bellay. Elle est une réunion factice d’œuvres déjà publiées chez Federic Morel et réunies sous un titre général. Elle est formée des huit parties suivantes: La Defense et illustration de la langue françoise. – L’Olive et autres œuvres poétiques. – Recueil de poésie présenté à… Madame Marguerite. – Deux livres de l’Enéide… – Divers poèmes. – Les Regrets et autres œuvres poétiques. – Divers jeux rustiques et autres œuvres poétiques. – Epithalame sur le mariage de… Philibert Emanuel duc de Savoie… Ces parties possèdent toutes un titre séparé à l’adresse de Morel et à la date de 1568 sauf pour la Defense et illustration de la langue françoise qui est à la date de 1569. Elles sont à pagination séparée. Ces huit parties sont précédées d’un titre général à l’adresse de Federic Morel, daté 1569, suivi de 11 feuillets pour le privilège, la dédicace et la table. Exemplaire réglé dans un vélin du temps qui s’est fripé et dont l’or est effacé. Quelques annotations manuscrites anciennes et quelques passages soulignés.

Estim. 2 500 - 3 500 EUR

Lot 80 - Joachim DU BELLAY. [Œuvres diverses]. 13 ouvrages reliés en un volume in-4, veau marron, filet doré, dos lisse orné de même ( Reliure de l’époque). Tchemerzine-Scheler, III-40 à 73 / 157 x 227 mm. Ensemble d’œuvres de Joachim Du Bellay publiées chez Federic Morel dans les années 1560, et reliées en un volume dans une reliure du temps. Nous décrivons ci-dessous les œuvres que contient le volumeavec le détail pour chacune d’elles: - Les Regrets et autres œuvres poetiques. 1559. Seconde édition. (4 f.)-46 f. / A-M4, N2. Tchemerzine-Scheler, III-52. - Le Premier livre des antiquitez de Rome… 1562. Seconde édition. 13 f.-(1 f.) / a-b4, c6. Tchemerzine-Scheler, III-51. - Divers jeux rustiques… Paris, Morel, 1560. Troisième édition. (76f.) / A-T4. Tchemerzine-Scheler, III-56. - Discours au Roy sur la Trefve de l’an M.D.LV. 1559. Seconde édition. (6 f.) / A6. Tchemerzine-Scheler, III-65. - Hymne au roy sur le prinse de Calais… 1559. Troisième édition. (6 f.) / A6. Tchemerzine-Scheler, III-61. - Epithalame sur le mariage de très illustre Prince Philibert Emanuel, duc de Savoye… 1561. Troisième édition. (24 f.) / A-F4. Tchemerzine-Scheler, III-66. - Tumulus Henrici secundi gallorum regis christianiss. 1561. Seconde édition. (12 f.) sur 14 / A-C4. Tchemerzine-Scheler, III-68. - La Monomachie de David et de Goliath… 1561. Seconde édition. 49f.-(1 f.) / A-L4, M6. Tchemerzine-Scheler, III-71. - Les Deux livres de l’Enéide de Vergile, le quatrieme, et sixieme. 1561. Seconde édition. 64 f. / A-Q4. Tchemerzine-Scheler, III-49. - La Defense et illustration de la langue francoise… 1561. Cinquième édition. 38 f.-(2f.) / A-K4. Tchemerzine-Scheler, III-40. - L’Olive, et autres œuvres poetiques. 1561. Cinquième édition. (76 f.) / a-t4. Tchemerzine-Scheler, III-43. - Recueil de poesie presente a tres illustre princesse Madame Marguerite sœur unique du Roy… 1561. Troisième édition. 38 f.-(2 f.) / A-K4. Tchemerzine-Scheler, III-47. - Ode sur la naissance du petit duc de Beaumont, fils de Monseigneur de Vandosme Roy de Navarre. 1561. Édition originale. (14 f.) / A-B4, C6. Tchemerzine-Scheler, III-73. Rare réunion d’œuvres diverses qu’un amateur de l’époque a fait relier en un volume, et qu’il a complétée, en hommage au poète, de la plaquette suivante: G. AUBERT DE POICTIERS. Élégie sur le Trespas de feu Joach. Du-Bellay. Paris, Federic Morel, 1561. (4 f.) / A4. Le texte du Tumulus Henrici secundi est bien complet mais il devrait comprendre 2 feuillets supplémentaires qui manquent ici. D’autre part, Tchemerzine annonce 2 feuillets non chiffrés pour la Monomachie, comme dans l’édition précédente, mais Scheler indique que le texte est bien complet de l’ Ode à Phoebus et que ces deux feuillets ne font sans doute pas partie de l’édition. Enfin, selon Scheler, L’Olive et Divers jeux rustiques ne sont pas deux éditions séparées mais une seule. Veau écaillé avec restaurations anciennes, décoloration partielle et début de fente à une charnière.

Estim. 7 000 - 9 000 EUR

Lot 83 - Jacques GRÉVIN. L’Olimpe… Ensemble les autres euvres Poëtiques dudict Auteur. In-8, maroquin vert lierre, triple filet, dos à 5 nerfs joliment orné, dentelle intérieure, tranches dorées sur marbrure ( Bauzonnet). De Backer, 340 // Tchemerzine-Scheler, III-495. (8 f.)-216 / A-O8, P4 / 99 x 165 mm. Édition originale de l’ouvrage le plus rare de Jacques Grévin. Né à Clermont en Beauvaisis en 1538, Jacques Grévin étudia la médecine à Paris. Il se lia avec Ronsard, qui l’admirait, mais Grévin, calviniste, prit parti pour ses coreligionnaires dans la querelle qui opposa les ministres protestants de Genève à Ronsard et ainsi la religion les sépara. Attaché à Marguerite de France, fille de François Ier et duchesse de Savoie, il la suivit à la cour de Turin en qualité de médecin, conseiller et surintendant des finances. Il y mourut en 1570 à l’âge de trente-et-un ans. Auteur de théâtre, il composa également des poésies amoureuses, notamment pour une jeune femme qu’il nomme Olympe, généralement identifiée comme Nicole Estienne, nièce de Robert Estienne et plus tard épouse du médecin Jean Liébault. L’Olimpe est sans doute l’ouvrage le plus recherché de Grévin. Superbe exemplaire malgré une légère décoloration en bordure d’un plat. Provenance: A. Veissant (ex-libris, 20 décembre 1855, n° 496), baron Sosthène de La Roche Lacarelle (ex-libris, 30 avril-5 mai 1888, n° 208) et Henri Bordes (ex-libris).

Estim. 8 000 - 12 000 EUR

Lot 89 - Amadis JAMYN. Les Œuvres poétiques… In-4, vélin doré à recouvrements, fleuron azuré au centre des plats, dos lisse avec roulettes et filets dorés, tranches dorées, chemise et étui modernes de demi-maroquin rouge ( Reliure de l'époque). De Backer, 405 // Tchemerzine-Scheler, III, 739. (4 f.)-307-(5 f.)- / *4, a-z4, A-Z4, Aa-Zz4, AA-II4 / 152 x 245 mm. Édition originale rare. Poète français né à Chaource en Champagne vers 1540 et mort en 1593, Amadis Jamyn eut comme maîtres Dorat et Turnèbe qui lui donnèrent une solide éducation et comme condisciple Ronsard qui se prit d’affection pour lui et le fit nommer secrétaire de la chambre de Charles IX. Il cultiva la poésie et se fit un nom dans les lettres. À la mort de Charles IX, il se retira dans sa ville natale où il mourut jeune. Ce volume dont l’édition fut partagée entre Robert Le Mangnier et Mamert Patisson est divisé en cinq livres: Ce qui s’adresse à leurs Maiestez, Orianne, Callirée, Artemis et Meslanges. C’est une réunion de sonnets, chansons, odes, épîtres, élégies, etc., imprimée en caractères italiques et ornée de bandeaux, lettrines et fleurons. Superbe exemplaire en vélin doré de l’époque, réglé et grand de marges. Restauration ancienne en pied du dos et du second plat. Manque marginal à un feuillet dû à la taille initiale de la feuille, tache à un feuillet (Bb1). Provenance: Charles Bourdin (ex-libris manuscrit daté 1683) .

Estim. 8 000 - 12 000 EUR

Lot 90 - Amadis JAMYN. Les Œuvres poétiques. Reveües, corrigees & augmentees en ceste derniere impression. – Le Second volume des œuvres… Ibid., Félix Le Mangnier, 1584. 2 volumes in-12, chagrin bleu canard, double filet à froid, dos à 4 nerfs orné de même avec fleurons dorés, roulette intérieure, tranches dorées ( Reliure du XIXe siècle). Brunet, III-497 // Cioranescu, 11774, 11775 // De Backer, 406/407 // Tchemerzine-Scheler, III-740,741. I. (4 f.)-309-(11 f.) / *4, A-Z12, a-c12, d8 / 73 x 132 mm. // II. (6 f.) le dernier blanc manquant ici-176 (mal chiffré 182)-(4 f.) / ā6, A-P12 / 70 x 126 mm. Troisième édition, en partie originale, pour les Œuvres poétiques, et originale pour Le Second volume des œuvres. Bien que publiées à cinq ans de distance, toutes les bibliographies consultées indiquent qu’il faut réunir ces deux éditions pour faire un exemplaire complet des œuvres d’Amadis Jamyn. Le second volume n’a pas été réimprimé et il est donc plus rare de le rencontrer. On trouve des exemplaires du premier volume à l’adresse de Mamert Patisson ou de Le Mangnier. Il est donc probable qu’ils se soient partagé l’édition. Le second volume offre une particularité. Le feuillet 129 est un titre général au Discours de la philosophie à passicharis et à Rodanthe qui correspond à la description qu’en a faite De Backer. Il est suivi par un feuillet qui contient le privilège au recto et un sonnet introduisant les Discours philosophiques au verso. Ce feuillet n’a pas de signature et est ajouté au cahier L. Les volumes ont une petite différence de taille que le relieur a habilement homogénéisée à la reliure. Taches d’encre à 4 feuillets dans le premier volume, quelques passages soulignés anciennement, titre du second volume réparé et petites restaurations marginales à quelques feuillets. Provenance: Prosper Blanchemain (ex-libris, catalogue Maggs Bibliothèque d’un humaniste, 1937, n° 251).

Estim. 2 500 - 3 500 EUR

Lot 91 - Louise LABÉ. Euvres de Louïze Labé lionnoise. Revues & corrigees par ladite Dame. In-8, maroquin marron, les plats entièrement ornés d’un décor de style Renaissance formé d’arabesques au filet doré et de pièces de maroquin mosaïquées rouges, noires et citron, réservant au centre un médaillon évidé, listel de maroquin rouge en encadrement avec motifs angulaires à fond criblé, dos à 5 nerfs orné de même, coupes ornées de filets dorés brisés, triples filets intérieurs, tranches dorées, étui ( Gruel). Brunet, III-708 // Cartier, Tournes, 335 // Tchemerzine-Scheler, III-781. 173-(1 f.) / a-l8 / 93 x 146 mm. Seconde édition parue un an après l’originale et toute aussi rare. Louise Charly, dite Labé et surnommé la belle Cordière, en raison de la profession de son époux, naquit à Lyon vers 1525 et fut, dans les milieux littéraires, l’une des femmes les plus célèbres de son temps. Elle avait reçu de son père une éducation très complète, avait appris le grec et le latin, excellait dans la musique et brillait à l’escrime et l’équitation. Habillée en homme et sous le nom de Capitaine Loys, elle aurait suivi à seize ans les troupes envoyées par François Ier en Roussillon et pris part au siège de Perpignan sous les ordres du futur Henri II. Mariée, elle se consacra à la littérature et réunit autour d’elle une société élégante de poètes et d’artistes qui tous louèrent ses dons et ses mérites. Elle mourut en 1566. Cette édition est la réimpression textuelle de l’originale de 1555, parue chez le même éditeur et seules les fautes y ont été corrigées. Plus soignée et mieux imprimée que la précédente, elle présente néanmoins trois petites erreurs de pagination. Le titre est orné d’un grand encadrement d’arabesque en cul-de-lampe gravé sur bois. Un grand fleuron losangé, 4 bandeaux et 6 lettrines sur bois viennent compléter l’ornementation. Le Débat de Folie & d’amour, en prose, est imprimé en caractères ronds tandis que les élégies et sonnets sont en italiques. Splendide exemplaire dans une éclatante reliure de Gruel. Petite restauration angulaire à 4 feuillets (g5-8) et de minimes en tête de quelques autres. 8000

Estim. 8 000 - 12 000 EUR

Lot 92 - Louise LABÉ. Euvres…, du debat de Folie & d’Amour. Petit in-8, maroquin bordeaux avec grand décor aux petits fers formé d’un encadrement avec écoinçons et d’un large fleuron central relié à l’encadrement par de fins filets au pointillé, dos à 5 nerfs joliment orné, dentelle intérieure, tranches dorées sur marbrure, étui ( Bauzonnet-Trautz). Brunet, III-709 // Tchemerzine-Scheler, III-782. 87 f. (sur 88, le dernier très certainement blanc manquant ici) / A-L8 / 68 x 111 mm. Quatrième édition publiée un an après l’originale et d’une grande rareté. Les Œuvres de Louise Labé parurent pour la première fois à Lyon, chez Jean de Tournes en 1555 et furent suivies, l’année suivante, d’une réimpression chez le même éditeur, avec les quelques fautes de l’originale corrigées. La même année parut également une édition que Brunet qualifie de contrefaçon et à laquelle il manque une ode en grec. L’édition que nous présentons parut à Rouen, toujours en 1556. Elle est, d’après Brunet, non moins rare que celle de 1555, dont elle paraît être une copie. Toutes ces éditions sont très rares. Trois éditions des Œuvres de Louise Charly, imprimées de son vivant, sont d’une telle rareté qu’elles peuvent être considérées comme introuvables (Viollet-Le-Duc). Cet ouvrage est composé du Debat de Folie et d’Amour, dialogue en prose imprimé en lettres rondes qui fait intervenir l’Amour, la Folie, Jupiter, Apollon, Vénus et Mercure. Le Débat est suivi d’ Élégies et de Sonnets imprimés en italiques et d’une dernière partie intitulée Escriz de divers poëtes, à la louenge de Loyse Labé Lionnoize qui contient diverses pièces en grec, latin, français et italien. Ravissant exemplaire dans une fine reliure de Bauzonnet-Trautz. Restauration à la page de titre.

Estim. 7 000 - 9 000 EUR

Lot 93 - Étienne de LA BOÉTIE. Vers François de feu Estienne De La Boetie… Plaquette petit in-4, maroquin bordeaux, triple filet, dos à deux nerfs orné avec le titre en long, dentelle intérieure, tranches dorées ( Godillot). De Backer, 326 // Tchemerzine-Scheler, III-784 // USTC, 29152. 19 f. / A-E4 (le dernier blanc) / 100x 162 mm. Édition originale, rarissime à la date de 1571. Étienne de La Boétie eut une vie brève mais nous laissa des poésies et son Discours de la servitude volontaire, l’un des chefs-d’œuvre de la littérature française. Né en 1530 à Sarlat, orphelin très jeune, il fut mis au collège de Bordeaux où il reçut une solide éducation. Nommé en 1552 conseiller au Parlement de Bordeaux, il se lia avec Montaigne qui faisait partie alors de la Cour des Aides de Périgueux et ce dernier témoignera dans ses Essais de la touchante amitié qui lia les deux hommes. Il entreprit une carrière littéraire dans le même temps qu’il exerçait son activité juridique, traduisit Xénophon, Plutarque, puis composa son œuvre la plus célèbre, son Discours… en protestation contre la tyrannie des rois. Il contracta une maladie très jeune et s’éteignit en 1563, à l’âge de trente-trois ans, dans les bras de Montaigne. Ce rare volume de poésies fut publié par Montaigne en hommage à La Boétie pour faire suite à la Mesnagerie de Xenophon dont il s’était fait également l’éditeur la même année. Les Vers François de La Boétie sont précédés d’une épître de Montaigne à M. de Foix, ambassadeur à Venise (f.2-4) dans laquelle il rappelle le souvenir du cher disparu et son souhait de publier ses écrits dans la crainte qu’ils disparaissent: i’ai prins party qu’il seroit bien plus excusable à luy, d’avoir ensevely avec soy tant derares faveurs du ciel, qu’il ne seroit à moy d’ensevelir encore la cognoissance qu’il m’en avait donnée. [J’ai] recueilly tout ce que i’ai trouvé d’entier parmy ses brouillars & papiers épars çà & là, le iouët du vent et de ses estudes… Ce recueil de vers de La Boétie s’ouvre par une longue adresse à son épouse Marguerite de Carle, dans laquelle il se défend de jamais vouloir faire de traduction: Si mal i’escris n’ayant prins de personne A nul qu’à moy le blasme ie n’en donne Si i’ai honneur à cela que i’invente De cest honneur tout mien ie me contente Mais pour elle et puisqu’elle le souhaite, il traduira le chant de Bradamant de l’Arioste: Mais à ce coup par ton commandement Ie t’ay tourné le deuil de Bradamant [… ] Ie tournerois pour toy non pas des vers Mais bien ie croy tout le monde à l’envers [… ] Pour obeïr à un clin de tes yeux Ie tournerois dessus dessoubs les cieux… Suivent ledit Chant XXXII des plaintes de Bradamant, une chanson et 24 sonnets. L’ensemble est en décasyllabes, sauf les sonnets composés en alexandrins. Les exemplaires à la date de 1571 sont très rares. L’éditeur fit imprimer l’année suivante un nouveau titre, à la date de 1572, afin de joindre ce volume de vers à La Mesnagerie de Xenophon qu’il venait de publier. L’USTC ne recense que trois exemplaires conservés dans les institutions. Très bel exemplaire malgré de minimes restaurations marginales.

Estim. 15 000 - 20 000 EUR

Lot 97 - Jean de LA TAILLE. Le Blason des pierres precieuses contenant leurs vertuz & proprietez. Plaquette petit in-4, demi-basane noire, dos à 4 nerfs orné ( Reliure du XIXe siècle). Brunet, III-869 // Cioranescu, 12701. 18 f.-(2 f.) / A-E4 / 130 x 188 mm. Édition originale. Né à Bondaroy vers 1540, Jean de La Taille se destinait à la magistrature avant de s’enthousiasmer pour la poésie à la lecture de Ronsard et Du Bellay. Il mourut vers 1608, laissant derrière lui divers ouvrages de poésie, de théâtre et d’histoire. L’ouvrage se compose d’une première partie en prose, imprimée en caractères ronds, dans laquelle l’auteur décrit toutes les pierres précieuses (couleur, aspect, dureté, etc.), ainsi que leurs vertus supposées: c’est un cas merveilleux […] qu’aujourd’huy la plus part de France ne fait cas des pierres précieuses […] sans qu’on les daigne admirer pour les vertus excellentes que Dieu pour notre usage leur a départies… Cette première partie est suivie de poèmes sur le même thème et d’épigrammes diverses, imprimés en italiques. Le Blason des pierres précieuses parut deux fois chez Lucas Breyer en 1574, une fois à la suite de La Géomance abrégée avec un titre propre, l’autre fois dans cette édition séparée. Celle-ci est illustrée de deux bois in fine l’un représentant l’auteur et l’autre ses armes: un lion avec sa devise In utrun[m] que paratus. Fente en pied d’un mors. Titre plus court de 3 mm dans la marge latérale. Provenance: Anatole Basseville (ex-libris).

Estim. 700 - 900 EUR

Lot 98 - Jean et Jacques de LA TAILLE. La Famine, ou les Gabeonites… – Saul le Furieux… Ibid, id, 1572. – Daire… Ibid., id., 1573. – Alexandre. Ibid., id., 1573. – La Manière de faire des vers en francois, comme en Grec & en Latin. Ibid., id., 1573. 5 ouvrages en 2 volumes in-8, veau marbré, armes au centre des plats, dos lisses ornés à la grotesque, tranches rouges ( Reliure du XVIIIe siècle). Olivier, 1719-1 // Tchemerzine-Scheler, IV-89a-90b et s., 92-93. I. 173 f.-(3 f.) / A-Y8 (le dernier blanc) /// II. 80 f. / A-K8 // 36 f. / A-D8, E4 (le dernier blanc) // 32 f. / A-D8 (le dernier blanc) // 22 f.-(2 f.) / A-C8 (le dernier blanc). Réunion des œuvres des frères Jean et Jacques de La Taille. Seconde édition de La Famine et édition originale de Saul le Furieux de Jean de La Taille. Les trois œuvres de Jacques de La Taille sont en édition originale. Dans une longue note ajoutée aux notices consacrées par Tchemerzine à ces éditions, Lucien Scheler précise que, si l’on peut les trouver séparément, il est souhaitable de voir ces différentes œuvres réunies ainsi que l’éditeur l’avait prévu. On trouve en effet, au verso du titre de “ La Famine”, le détail (…) de ce que l’on peut considérer comme une tentative d’édition collective des œuvres des deux frères (Scheler). Sont réunies ainsi dans cette collection quatre pièces de théâtre de Jean de La Taille, La Famine, Les Corrivaus, Le Negromant et Saul Le furieux, ainsi que des pièces de poésie, hymnes, élégies, épitaphes, etc., une Remontrance pour le Roy, et deux tragédies de son frère Jacques, Daire et Alexandre auquel on doit également une Manière de faire les vers. Toutes ces œuvres, sauf la dernière, sont en vers. Portrait de Jean de La Taille gravé sur bois à la fin du premier volume et grand médaillon avec sa devise gravé sur bois répété plusieurs fois. Exemplaire aux armes de Louis-César de La Baume Le Blanc, duc de La Vallière, pair de France, gouverneur du Bourbonnais, grand fauconnier de France. Reliure frottée avec deux débuts de fente, un coin anciennement restauré. Une mouillure angulaire affectant le dernier tiers du second volume. Provenance: Duc de La Vallière (armes, I, décembre 1783, n° 2976), baron Sosthène de La Roche Lacarelle (ex-libris, 30 avril-5 mai 1888, n° 294) et docteur Lucien-Graux (ex-libris). 2 cotes anciennes à l’encre et cachet ancien de la Bibliothèque Mazarine sur tous les titres et à l’avant-dernier feuillet du second volume.

Estim. 300 - 500 EUR

Lot 100 - [Guillaume de LORRIS et Jean de MEUNG]. Le Rommant de la Rose nouvellement Revueu et corrige oultre les precedentes Impressions. Petit in-8, maroquin rouge avec médaillon floral aux petits fers sur les plats, dos à 5 nerfs orné, doublure de maroquin bleu canard ornée d’une guirlande florale avec roses en encadrement, doubles gardes, tranches dorées sur marbrure ( Cuzin-Maillard dor.). Brunet, III-1174 // Tchemerzine-Scheler, IV-229. (8 f.)-CCCIIIf.-(1 f.) / [ ]8, a-z8, &8,?8, A-Z8, aa-bb8, cc4 / 86 x 137 mm. Première édition en lettres rondes de cet incontournable roman dont il y eut maintes éditions gothiques auparavant. Commencé vers 1230 par Guillaume de Lorris, le roman fut interrompu au vers 4028 (ou 4058) et poursuivi ensuite par Jean de Meung vers 1270. La première partie de Lorris est une quête initiatique courtoise, mais allégorisée contant l’histoire d’un jeune héros qui, à la vue du reflet d’une rose dans la fontaine de Narcisse, est frappé par les flèches de l’amour et de son initiation amoureuse semée d’embûches et d’espoir. La seconde partie de Meung est une réflexion philosophique sur les rapports entre l’homme et la nature, sur la fonction du désir et du plaisir, sur la création et la procréation ( En français dans le texte, n° 18), au travers d’une suite de péripéties au bout desquelles le héros finira par cueillir sa rose. C’est l’œuvre la plus célèbre du Moyen-Âge. L’édition est illustrée de 51 petites vignettes gravées sur bois dont certaines répétées. Elle est particulièrement soignée et très recherchée. Superbe exemplaire en maroquin doublé de Cuzin avec une dorure parfaitement adaptée de Maillard.

Estim. 4 000 - 6 000 EUR