DROUOT
samedi 20 juil. à : 14:00 (CEST)

Tableaux Modernes, Ecoles Bretonnes (Seconde Vacation)

Thierry - Lannon & Associés - +33298447844 - Email CVV

26, rue du Château 29200 Brest, France
Information Conditions de vente
Live
S'inscrire à la vente
295 résultats

Lot 271 - Albert CLOUARD (1866-1952) Les sirènes Circa 1905 / 1906 Huile sur toile, signée en bas à droite 81 x 65 cm EXPOSITIONS : Paris, Salon des Indépendants, 1906 Vente Atelier Albert Clouard. Rennes, 9 décembre 1990, n° 19 du catalogue. BIBLIOGRAPHIE : Bruno Belleil, Albert Clouard, Les derniers feux du symbolisme en Bretagne, Rennes, Ouest-France, 1992, reproduction page 99. PROVENANCE : Collection Particulière "On se souvient de la vente de l’atelier d’Albert Clouard (1866-1952) à Rennes en 1990 : on découvrait alors l’existence de ce peintre quasiment inconnu surnommé par Maurice Denis « le nabi clandestin » et une œuvre remarquable par ses sources d’inspiration bretonnes et sa technique, le situant entre symbolistes et nabis. Juriste d’origine rennaise devenu poète et critique littéraire, Clouard fréquente à Paris les milieux symbolistes et bretonnants. Il dessine depuis son adolescence et il se lance dans la peinture en autodidacte. À Perros-Guirec où il a ses habitudes, il rencontre en 1897 Maurice Denis qui devient son plus grand ami. Par son intermédiaire il fait la connaissance de Paul Sérusier dont il devient proche. Tous deux ne cesseront de l’encourager à peindre et à faire connaitre ses œuvres, bien que sans ambition et une tendance à vivre en reclus. Clouard trouve dans les paysages de Perros-Guirec et de ses environs le cadre idéal pour développer quantité de thèmes, entre légendaire et vie quotidienne. Ayant loué en 1903 une maisonnette sur le port de Ploumanach, il est familier du site du rocher du Squevel, l’un des fleurons de la côte de granit rose. Il l’utilise pour des évocations diverses comme une scène de baignade, une « Vierge des grèves », des sirènes tentant d’attirer des marins, ou des paysages. Ces rochers aux formes étonnantes constituent un cadre insolite pour une scène de baignade où le peintre aligne sept femmes nues jouant dans la mer ou se tenant sur les rochers (Les Baigneuses, collection particulière). Clouard reprend le thème et le site pour une représentation de sirènes. Il modifie la composition, en se plaçant au-dessus des rochers et des flots et en se concentrant sur la crique. Ce parti-pris lui permet d’éliminer l’horizon et le ciel et d’utiliser les masses rocheuses en haut et en bas comme un décor. Un bateau sous voile en haut à gauche contourne la pointe rocheuse pour répondre aux appels d’une naïade qui s’est lancée dans les flots et fait signe aux marins. De part et d’autre de la crique, deux groupes de deux femmes nues, des baigneuses, observent la scène et conversent. Ces présences peuvent faire penser que Clouard a voulu inverser le mythe traditionnel. La sirène n’attire pas les marins pour les conduire à leur perte, mais au contraire pour les sauver des méfaits de la civilisation. Cette crique et ces femmes symbolisent ainsi un paradis sur terre. Mais ce thème est aussi un prétexte pour décliner des nus dont ceux du premier plan rappellent Maurice Denis. Ce premier groupe lui permet aussi de guider le regard du spectateur suivant une diagonale du bas à droite vers le haut à gauche. Les masses rocheuses aux formes simplifiées sont peintes suivant un jeu presque uniforme de petites taches, sans effets de volume ou d’ombre. Le rendu de l’eau au premier plan fait penser à l’art des graveurs sur bois japonais par la juxtaposition de taches colorées cerclées du blanc de l’écume. Avec subtilité, Clouard utilise les reflets roses des rochers dans la mer pour relier les différentes parties de sa composition. On connait une petite étude préparatoire de format 34,5 par 25 cm (vente Rennes, Bretagne enchères, 7 décembre 2009, lot 117). La comparaison montre combien Clouard a travaillé sur la mise au point de sa composition, en particulier sur la disposition de la grande diagonale qui plastiquement correspond au thème symbolique de l’appel et de l’attirance. Depuis la découverte de l’œuvre en 1990, le livre de Bruno Belleil a permis de connaitre la riche et singulière personnalité d’Albert Clouard, talentueux « compagnon de route » des nabis comme le montre cette peinture." André Cariou

Estim. 30 000 - 50 000 EUR

Lot 278 - Henry MORET (1856-1913) L'Averse, côte de Bretagne, 1902 Huile sur toile, signée en bas à gauche Étiquettes d'exposition au revers 65 x 92 cm PROVENANCE : Collection particulière du Finistère (Succession) EXPOSITIONS : 1966, Parie, Galerie Durand-Ruel, 5 – 29 janvier 1966, Henry Moret, n° 28. 1994, Paris, Galerie l’Ergastère, 6 mai – 13 juillet 1994, Henry Moret, page 26, reproduction page 27. 2021, Quimper, musée des beaux-arts, 24 juin – 4 octobre 2021, Henry Moret 1856-1913, De Pont-Aven à l’impressionnisme en Bretagne, n° 65 reproduction page 133. BIBLIOGRAPHIE : Jean-Yves Rolland et Marie-Bénédicte Baranger, Henry Moret, Plomelin, Éditions Palantines, 2002, reproduction page 96. "L’œuvre d’Henry Moret (1850-1913), peintre majeur de l’Ecole de Pont-Aven, est aujourd’hui bien connue. Mais sa vie d’artiste conserve une part de mystère. C’était un solitaire maître de son temps. Ainsi quand Wladislaw Slewinski organise un dîner pour célébrer le retour de Paul Gauguin au Pouldu en 1894, Moret décline l’invitation et préfère aller travailler à Groix. On demeure toujours étonné de sa vie de paysagiste, sans cesse sur le motif de Houat à Ouessant. En 1894, il a choisi comme port d’attache Doëlan, plus vivant que Le Pouldu et il y revient après ses longues pérégrinations pour reprendre à la peinture dans son atelier les dessins et gouaches pris sur le vif. Cela lui apporte une certaine stabilité et cela correspond à un moment où la célèbre galerie Durand-Ruel, celle des temps héroïques de l’impressionnisme, a décidé de lui acheter ses toiles et de valoriser son travail dans des expositions. Moret, alors âgé de 44 ans, peut mener une vie qui lui convient : Doëlan c’est aussi, et peut-être avant tout, la chasse, la pêche et les parties de cartes au bistrot avec ses amis du coin. On ignore presque tout de sa vie itinérante et de ses choix qui font qu’on le retrouve au fil des ans un temps à Ouessant puis le mois suivant à Douarnenez ou à Groix. Il connait parfaitement les côtes bretonnes et choisit peut-être en fonction des saisons et des activités, comme le brûlage le goémon. Cela dépend sans doute aussi des possibilités d’hébergement et des relations sur place. Il y a ainsi des lieux « privilégiés » où il vient et revient travailler. Raguénez en Névez en fait partie, au moins depuis 1896. Le site, proche de Port-Manech, est aisément accessible en bateau depuis Doëlan pour éviter le long détour par Pont-Aven. Peindre depuis l’île de Raguénez est intéressant pour le peintre car il y a l’île au premier plan, puis la mer et enfin en arrière-plan la côte proche. L’averse, côte de Bretagne fait partie d’une série de quatre peintures montrant la maison de la famille Marrec, les fermiers de l’île. Peut-être Moret a logé dans cette ferme car, dans ses toiles, il représente sous différents angles cette maison qui devient l’élément majeur de la composition. Et il semble familier des gens comme en témoignent les sujets de deux peintures. Dans L’averse côte de Bretagne, on voit un homme et deux femmes, l’une à la coiffe rouge, l’autre blanche, observant l’état de la mer et une grosse averse dans le ciel. Le pêcheur attend que le temps s’apaise et a provisoirement abandonné ses deux casiers, ses rames et son gréement dans l’attente de rejoindre son canot à l’abri en contrebas pour partir en pêche. On retrouve ces trois personnes, l’homme et les deux femmes aux coiffes de couleurs différentes dans une autre peinture Gros temps à Raguénez (vente Sotheby’s, Londres, 29 juin 1994, lot 148) où ils observent au plus près les vagues qui déferlent, sans doute dans l’attente de l’arrivée du goémon d’épave. Contrairement à la peinture L’Île de Raguénez, Bretagne (Washington, National Gallery of Art) où la maison est présentée sous un grand soleil avec une mer apaisée dans un cadre presque idyllique, Moret exprime dans L’averse côte de Bretagne une grande tension qui contribue symboliquement à traduire l’attente de ces gens devant la violence des éléments. Le premier plan de la toile est construit à partir d’une relation entre un vert assez soutenu et un rose. Cela caractérise l’art de Moret depuis qu’il s’est approprié les principes du synthétisme pontavénien au contact de Gauguin. Les lignes affirmées du sol au milieu à gauche et de la maison fixent le regard du spectateur. Toute la partie haute et vers la droite sont peintes différemment pour traduire les effets atmosphériques éphémères. Peindre la pluie ou une averse est sans doute l’une des choses les plus difficiles pour un paysagiste. Une telle scène et un tel paysage paraissent simples au premier regard, mais au fil de l’observation on s’aperçoit comment Moret joue habilement sur quelques éléments pour guider le regard comme les tas de goémon au mili

Estim. 80 000 - 120 000 EUR

Lot 281 - Henry MORET (1856-1913) Deux bretonnes sur les falaises à Moëlan (circa 1898) Huile sur toile, signée en bas à gauche 53,5 x 65 cm Un certificat d'authenticité de Monsieur Jean-Yves Rolland sera remis à l'acquéreur. L’œuvre sera incluse dans le catalogue raisonné de l’artiste en préparation. PROVENANCE : Collection privée, acquis en 2019 chez Doyle Auctions, New York EXPOSITIONS : - Musée des Beaux-Arts de Quimper "Henry Moret 1856-1913 : De Pont-Aven à l'impressionnisme en Bretagne", du 24 juin au 4 octobre 2021 : notre tableau est illustré page 121 et en 4ème de couverture du catalogue d'exposition En cette fin du XIXème siècle, la peinture de Moret connaît une forme d'épanouissement qui se concrétise par la création d'un petit nombre de chefs-d'œuvre exerçant une fascination inégalée. Cette toile rayonnante illustre à la perfection le subtil équilibre que le peintre avait su bâtir entre l'expérience synthétiste de l'école de Pont-Aven et les recherches sensorielles des grands artistes impressionnistes. La fermeté de la composition avec les étalements bien cadencés de la couleur est modulée par le travail du pinceau qui virevolte sur toute la surface. Depuis le premier plan éclairé d'une herbe verte orangée jusqu'au rosissement des falaises, le peintre joue des vertiges de la couleur qui culminent avec les bleus profonds de l'océan ou plus tendres du ciel. La touche, morcelée et parfois juxtaposée en batônnets, exalte le plaisir de la sensation: par sa virtuosité, Moret, nous invite à ressentir le bruissement léger du vent qui vient caresser ce bord de côte ensoleillé. Légèrement décentrées, deux jeunes paysannes semblent absorbées par leurs travaux de couture. Ce motif ravive habilement le souvenir de Paul Gauguin dont on connaît de nombreux exemples bretons mêlant activités domestiques et déploiement de paysages flamboyants. Il ajoute beaucoup au charme de cette œuvre lumineuse en humanisant une nature âpre. En artiste de premier plan, Henry Moret domine le monde de l'après Gauguin, insufflant dans ses peintures bretonnes l'énergie visuelle des grands impressionnistes (Monet, Pissarro,...) tout en affirmant une recherche de fermeté formelle héritée de l'école de Pont-Aven.

Estim. 80 000 - 100 000 EUR

Lot 301 - Ferdinand Loyen DU PUIGAUDEAU (1864-1930) Fête foraine à Pont-Aven" (1900) Huile sur toile signée et datée en bas à gauche 50 x 65 cm Provenance : - Collection privée France, acquis en 1997 chez Sotheby's New York - Collection Hilde Gerst, New York, acquis en 2007 chez Christie's New York - Collection particulière, France, acquis en 2012 aux Etats-Unis - Collection particulière, Bretagne, depuis lors Exposition : - "Les peintres de Pont-Aven autour de Gauguin", Château de Malmaison, Rueil-Malmaison, du 12 janvier au 8 avril 2013, illustré page 71 du catalogue d'exposition Parmi les artistes qui ont forgé la renommée de l'Ecole de Pont-Aven, Fernand Loyen du Puigaudeau occupe une place originale et précieuse, celle d'un peintre qui a porté à son apogée les leçons du luminisme. Proche de Paul Gauguin dès 1886, il est pressenti pour l'accompagner en 1887 avec Charles Laval à Panama mais, retenu par les obligations du service militaire, il ne peut se libérer. Toujours proche de Gauguin lors de l'invention du Synthétisme en 1888, Puigaudeau a su se libérer de son influence et développer une vision indépendante en approfondissant un goût très sûr pour les effets chromatiques du spectre solaire. Plusieurs séjours importants à Pont-Aven, notamment entre 1895 et 1898, lui ont permis de s'intéresser aux rassemblements festifs qui animaient la ville. En décrivant les fêtes foraines aves leurs manèges et les lanternes magiques, Puigaudeau s'est fait le chantre de l'allégresse qui s'emparait de toute une partie des habitants. Avec cette grande composition, le peintre sublime la joyeuse animation de la place en y insufflant une vibration chromatique parfaitement accordée. La touche, extraordinairement mobile, semble balancer entre l'Impressionnisme et le Divisionnisme tout en valorisant l'éclat des coiffes, du feuillage ou des grandes installations des manèges. Omniprésente, la lumière se déploie sur toute la surface de la toile et trouve une magnifique application dans le traitement du sol en terre battue où dominent les jaune-orangé constellés de taches blanches ou bleues. Dès 1897, Edgar Degas avait compris l'originalité du peintre en lui achetant une œuvre à sujet breton et festif, un feu d'artifice. En travaillant peu d'années après à ce grand sujet d'une fête foraine, Puigaudeau concluait ce cycle breton en peignant un de ses chefs-d'œuvre.

Estim. 20 000 - 30 000 EUR