Jean-Léon GÉRÔME (1824-1904). L.A.S. à « Mon cher Marc ? » [la notice jointe extraite d'un catalogue de Pierre Bérès, indique curieusement que le destinataire est Claude Monet]. 4 pp. in-8, à son chiffre. Paris, 15 mars 1869. Petite déchirure au pli. Superbe lettre entièrement consacrée à l'enseignement de l'art. Il lui adresse les renseignements demandés relatifs au cours de dessin publié sous sa direction, et lui explique le cheminement des choses. « J'avais été nommé membre de la commission formée par Mr le Préfet de la Seine et cette commission avait été chargée de la réorganisation des Ecoles municipales de dessin de la ville de Paris []. En effet, j'ai remarqué partout un abus de moyens qui nuisent à l'aspect général du modèle, qui surtout troublent l'élève à cause de la complication du travail, et de l'abus des demi-teintes, et qui ne lui apprennent rien que d'inutile au lieu de le forcer à s'occuper d'une seule chose sérieuse, celle qui est la base de tout, la construction [] ». Depuis qu'il enseigne, il a remarqué que les élèves s'attachent trop au détail et pas à la masse, et qu'ainsi rien n'est dans de bonnes proportions « ni comme grandeur, ni comme valeur, que le mouvement est faux, que l'ensemble est mauvais, qu'il est nécessaire de recommencer et que voilà du temps perdu ». Il explique que « les maîtres ont toujours procédé d'une façon contraire, c'est à dire du simple au composé et la raison est que dans les masses bien établies, bien en proportion, bien dans les grandes lignes, bien en rapport entre elles les détails viennent se placer on pourrait dire d'eux-mêmes sans efforts, naturellement, et avec l'importance qu'ils ont toujours subordonnés à l'effet général. J'ai donc pensé qu'un cours de dessin traité simplement d'après les plus belles choses anciennes et modernes serait un ouvrage utile [] ».