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Arts du monde

Au top ten des enchères, les arts premiers ne sont pas les derniers. Qu’on les appelle art du monde, arts tribal ou arts tribaux, ces trésors d’Arts d'Afrique, d'Amérique et d'Océanie vendus aux enchères ont fasciné les collectionneurs d’André Breton à Pablo Picasso, de Pierre Vérité à Jacques Kerchache, lequel a contribué à faire entrer au Louvre en 2000 les productions de ces peuples jugés « sans écriture et sans histoire » en préfiguration de l’ouverture du musée du Quai Branly à Paris.
« Les chefs-d’œuvre du monde entier naissent libres et égaux », disait cet amateur au sujet de ces objets magiques venus des quatre coins du globe : d’Afrique (Côte d'ivoire, République du Congo, République démocratique du Congo, Nigeria, Angola, Burkina-Faso, Gabon, Madagascar …), d’Océanie (Papouasie Nouvelle-Guinée, Îles Marquise, Îles Cook, Îles Salomon, Nouvelle-Zélande, Polynésie …) des Amériques (Taïnos des Iles Caraïbes, Inuits du golfe de l’Alaska) et d’Insulinde (Bornéo, Indonésie …).
S’ils ont acquis tardivement le rang d’œuvres d’art, les arts premiers provoquent depuis 2000 le feu (sacré) des enchères en ligne, qu’il s’agisse de masques Dogon, de statues Fang ou de figures de reliquaires Mbulu Ngulu Kota ; de pendentifs Maori ou de sculptures Eskimo…
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Lots recommandés

Statue, Fang, Gabon Bois Hauteur: 36,5 cm Provenance: Charles Ratton, Paris Collection André Derain, Paris Sidney Burney, Londres Collection Arthur S Rothenberg, New York Sotheby's, New York, 20 janvier 1982, n° 242 Douglas Drake, New York Collection privée, Hawaii Bonham's, New York, 12 novembre 2014, n° 299 Collection Seymour Lazar, Palm Springs Transmis par descendance Lempertz, Bruxelles, 1 février 2023, n° 30 Collection Richard Vinatier (inv. n° 546) Ce témoin archaïque de la statuaire des Fang méridionaux dénote, dans la singularité de son expression sculpturale, toute l'individualité de son auteur. Destinée à évoquer symboliquement les ancêtres - ici probablement un chef de lignage - cette effigie eyema byeri avait pour fonction de protéger les reliques des défunts importants du clan (cf. Perrois, Fang, 2006, p. 25). Elle se distingue par la facture particulièrement expressive de la tête. L'impact de la face « en coeur », aux traits resserrés sous le haut front bombé, est accentué par l'ampleur des yeux autrefois signifiés par des plaques circulaires de cuivre, et dont la présence demeure dans les traces de la résine qui servait à les fixer. Ce trait anatomique est pertinent au regard d'un ensemble d'oeuvres anciennes des Fang, notamment de la région Okak/Mekè/Betsi (Rio Muni et Nord Gabon). Cette particularité est probablement à mettre en rapport avec la symbolique du regard des statues d'ancêtres, doté de clairvoyance magique. La tête se distingue également par l'interprétation de la coiffe à crête axiale (nlo-ô-ngo), dont le sculpteur a singulièrement amplifié la forme des chignons latéraux, pour venir servir d'écrin au visage. Associant ancienneté, originalité de la composition et équilibre subtil des volumes, cette statue illustre l'individualité et la maîtrise d'un artiste Fang, dont le talent était au service de la survie des communautés.

Estim. 20 000 - 30 000 EUR

Statue Luba Shankadi République Démocratique du Congo Bois XIXème siècle Hauteur: 48,5 cm Provenance: Collection William W. Brill, New York Collection John et Nicole Dintenfass, New York Collection Fily Keita, Los Angeles Collection Richard Vinatier, Avignon (inv. n°568) Bibliographie: Catalogue de l'exposition « Tribal & Textile Art XIII/2007, New York, 2007 », New York, 2007 Descriptif: Anaelle Dechaud -Sagesse, prestance, et dignité se dégagent de cette effigie, incarnant un idéal sacré de pouvoir, de beauté et de spiritualité. Le cou épais et cylindrique, soutient la tête en forme de demi-sphère. Encadré de deux oreilles au pavillon circulaire, le visage aux traits serrés typiquement Luba présente des yeux en amande ourlés, un court nez épaté une petite bouche en léger relief. La coiffure particulièrement sophistiquée est ordonnée, incisée de huit rangées de tresses. A la douceur de la rotondité du visage, à la finesse, la délicatesse de ses traits s'oppose l'angularité rigoureuse du corps épousant la forme d'un cylindre parfait. La rigoureuse géométrie accentuée par le traitement épannelé des épaules en angle droit. Les bras collés au buste, légèrement pliés, sont prolongés par des mains aux doigts minutieusement dessinés, encadrant la zone ombilicale légèrement renflée. Les ornements corporels sont délicatement agencés: un ensemble de scarifications losangées finement gravées parcourt l'abdomen; le bassin présente une double ligne de chéloïdes horizontales en relief, le motif étant repris au niveau du bas ventre sous la forme de trois lignes parallèles continues. Le bas du dos est marqué d'une rangée de chéloïdes ovales et d'une ligne en bourrelets convergeant vers le fessier rebondi. La figure repose sur de courtes mais puissantes jambes fléchies aux mollets galbés, prolongées de pieds dont les orteils dessinés témoignent du souci de réalisme. La représentation féminine, prédominante dans l'art Luba, renvoie au rôle majeur de la femme dans la société sur les plans religieux et politiques notamment. Garantes des bizila, les secrets et interdits royaux, occupant des fonctions de haute responsabilité à la cour, leurs corps étaient réputés assez puissants pour accueillir les entités spirituelles bavidye, les ornements corporels facilitant la communication avec ces êtres de l'au-delà. L'exaltation de la féminité dans la statuaire Luba affirme cette autorité sacrée et ce pouvoir à la fois terrestre et spirituel. Cet idéal ici représenté tant physiquement - poitrine ferme et tendue, parties génitales bien dessinées, que symboliquement - coiffure, scarifications. Selon François Neyt (In Tawba, The Rising of a New Moon: A Century of Tabwa Art, Evan M. Maurer, Allen F. Robert,1985), les motifs sacrificatoires losangés de la statuaire Tabwa voisine, des Luba, proches de ceux revêtant et magnifiant ici l'abdomen, évoquaient les symboliques sacrées de la rencontre de la lune, du cycle continu de la vie, de la fertilité. Les motifs les plus complexes de scarifications corporelles se retrouvent dans l'aire Luba et ses peuples avoisinants. L'enveloppe corporelle reflet des qualités morales et spirituelles, resplendit par et à travers la richesse des ornements corporels, tels que la coiffure et les scarifications, également et intrinsèquement liés aux notions de mémoire et d'identité. Les scarifications constituent une narration et une mémoire inscrite dans la chair, évoluant avec le temps et l'expérience, offrant un lien tangible entre passé, présent et futur. Cette forme d'écriture corporelle encode l'histoire personnelle de chaque individu et transmet des messages et des significations évolutifs. Mary Nooter Roberts précise que dans l'art Luba, les statues reproduisent « fidèlement les motifs de scarification qui étaient appliqués pour la première fois sur la peau lors des rites d'initiation des jeunes filles avant le mariage et qui étaient renouvelés et complétés tout au long de la vie d'une femme. » (Memory: Luba art and the making of history, 1996) L'oeuvre d'un atelier individuel sur les rives du lac Kisale Cet objet appartient à un corpus restreint d'oeuvres conservées au sein des collections de l'Africa Museum de Tervuren (N° d'inventaire EO.0.0.3701 et EO.0.0.16658-3). Issues du même atelier - voire du même artiste, elles furent récoltées dans la région du Haut-Lomami, sur les bords du lac Kisale, durant une mission scientifique commandée par le roi Léopold II et menée au Katanga sous la direction de Charles Lemaire, entre 1899 et 1905. Le premier exemplaire, très proche stylistiquement, présente les mêmes scarifications abdominales en losanges quadrillés, la même expression faciale et une coiffe similaire à rangs multiples. La seconde oeuvre référencée est masculine, mais également comparable dans la composition des volumes et le traitement - quasi identique, des

Estim. 40 000 - 60 000 EUR

Couvercle de coupe Hogon Dogon Mali Dimensions: 54.5 x 23 x 25 cm Provenance: Collection privée, France Collection Christine Valluet, France Galerie Schoffel de Fabry, France Ce couvercle de coupe cérémonielle provenant du Nord-Ouest du Plateau de Bandiagara, dans la région centrée sur Fombori et la Douenza, appartient à un corpus rare et restreint de coupes surmontées d'une figure équestre, nommées communément coupe à Hogon. Le Hogon, éminent responsable religieux, personnage investit de puissance et de pouvoirs, était rare. Destinées à contenir la nourriture partagée lors de son investiture et des grandes cérémonies. Cet objet sacré, dont seulement une vingtaine existantes sont référencées, intimement lié à la personne du Hogon ou ôgô, cet homme devenu aux yeux de sa communauté grand prêtre du Lêwe (ou Lèbè), souverain spirituel et « ancêtre vivant » désigné par ses semblables en raison de son aînesse. De cette coupe, ne demeure que le couvercle finement gravé, de motifs en chevrons symboliques, relatifs à l'eau, source de fertilité de la terre « Desservant des cultes agraires, sa nature est celle de la Terre, féminine lorsqu'elle est fertile, masculine lorsque, durant les longues semaines qui précèdent l'hivernage, elle n'est qu'aridité ». Le sommet animé d'un homme à cheval, élancé, le bras brandissant une lance disparue. Les Djennenké, immigrés sur le plateau de Bandiagara vers 1475, furent sans doute à l'origine de l'adoption du cheval maure, le seul à s'être acclimaté au rude environnement de la savane soudanaise et surtout à avoir résisté au trypanosome. Mode de transport privilégié par les Dogons autochtones ayant inspiré les sculpteurs de la falaise qui ont gravé son image dans tous les matériaux, à des époques différentes, dans des styles et sur des supports très variés. L'animal incarne le Nommo, fils de dieu, sacrifié et ressuscité, descendu sur terre dans une arche (Paudrat, J.-L., Dogon, Paris, 1994, p. 72) (aduno koro) en compagnie des huit ancêtres primordiaux de l'humanité. Il est souvent représenté avec son cavalier, le Hogon, « grand prêtre naturel des esprits ancestraux [...] autrefois son pouvoir était absolu comme grand chef politicien, justicier et religieux. » (Desplagnes, L., Le Plateau Central Nigérien, Paris, 1907, p. 314). Un large consensus est depuis réuni pour faire de ce Hogon le cavalier représenté sur le couvercle de la coupe étudiée ici et son utilisateur exclusif, en particulier lors de cérémonies impliquant un partage d'aliments. L'image du cavalier est associée à la puissance du Hogon et à ses pouvoirs. Au grand classicisme de cette oeuvre répond le détail singulier du cavalier levant son bras gauche, et la patine sombre et huileuse, témoin de son archaïsme. De multiples réparations indigènes et notamment à l'arrière au niveau de la queue de l'animal, révèlent la volonté de préserver des outrages du temps cette coupe sacré afin de la transmettre aux descendants. Ce type de coupe n'est pas unique mais, rare, Tristan Tzara et Michel Périnet en collectionnaient. La richesse de son décor où les chevrons se mélangent aux lignes d'eau et autres motifs traditionnels, le parfait équilibre de la composition, et la précision du trait sont sublimés par une patine profonde, luisante et veloutée 1Légende complète: « Récipient porté par un quadrupède et fermé par un couvercle taillé dans la même pièce de bois que la monture et le cavalier qui le décorent. » in Level, A. et Clouzot, H., Sculptures africaines et océaniennes. Colonies françaises et Congo belge, Paris, 1923, p. 21, pl. XIX

Estim. 15 000 - 30 000 EUR

Statue, Fang, Gabon Bois Hauteur: 45 cm Provenance: Collection René Marteaux, Belgique Transmis par descendance Sotheby's, Londres, 26 mars 1990, n° 128 Collection privée américaine Collection Richard Vinatier, Avignon (inv. n° 429) Texte de Monsieur Louis Perrois et Monsieur Bernard De Grunne Fang, l'un des fleurons mythiques de l'art tribal, la statuaire de l'Afrique équatoriale, l'habilité technique et le sens de l'agencement équilibré des formes, semblent être l'apanage de quelques groupes et non du bloc Pahouin tout entier.Ils représentaient le premier ancêtre de la lignée familiale dont on conserve les reliques en vue du culte. Les Nzaman comme les Betsi, des vallées de l'Ogoué et de l'Okano sont des fang des tribus du sud Gabonais, très proche du style Waï. La disparition du style Fang à partir de la période 1930/1940 du fait en partie des religions révélées, anéantissent les croyances ancestrales des Fangs et en même temps s'acharne à détruire tous les objets rituels anciens et en particulier les statues d'ancêtres. C'est derrière le lit du chef de famille et de la fratrie qu'étaient discrètement installé le reliquaire du Byeri, coffre reliquaire comprenant les ossements et des cranes, dessus ce reliquaire une statue en pied, masculine ou féminine, mais quelques fois également par une tête en bois, ils protégeaient les reliques du lignage des ancêtres. Le reliquaire est une figure qui fixe l'identité, qui incarne, la fratrie. En somme, il est la figuration matérielle d'un égrégore. Dans l'ésotérisme, il s'agirait d'une force qui aurait besoin d'être constamment alimentée par ses membres au travers de rituels établis et définis, en ce sens, il est une forme d'inconscient collectif. Quoi qu'il en soit, le reliquaire, réceptacle de reliques - souvent d'un membre hautement méritant de la famille - incarne le clan lui-même et maintient, garantit son unité. Les cranes étaient ceux d'homme en pleine force de l'âge et non pas ceux de vieillards, ils étaient considérés comme la force vitale des individus. Par la suite elles étaient montrées aux initiés, le père de famille invoquait les ancêtres pour favoriser la chance, la richesse et la fécondité des femmes. Très belle figure de reliquaire féminine ayant une profonde intériorisation, les yeux plissés, le nez droit, figure en forme de coeur au front bombé. Très belle coiffe à trois coques et sangle sur le front, elle comporte de petits clous tapissier délimitant chacune d'elles et comportant deux trous de fixations certainement pour des plumes de Touraco, les oreilles reprenant la forme des coques. La bouche prognathe, présente quelques prises sur les lèvres. Menton indépendant, le corps longiligne aux seins séparés présente de belles formes, les bras coudés, aux mains revenant sur le ventre au-dessus du nombril proéminent, le tronc renflé au niveau de ce dernier. Les jambes puissantes, aux cuisses trapues en positions assises aux pieds marqués, trou au niveau de l'assise permettant de fixer un bois pour le reliquaire. L'arrière présente une délimitation des omoplates ainsi que celle de la colonne, l'ensemble présente une grande sérénité et une grande élégance. Patine noire profonde, luisante par endroit, démontrant un très ancien usage. *(Reprise dans ce texte de certains écrits de Mr Louis Perrois dans son livre exceptionnel « Fan Gabon, ORSTOM 1972 « A partir du paragraphe 11 styles des fans du sud).

Estim. 50 000 - 70 000 EUR

Remarquable ensemble de boiseries ottomanes de Damas comprenant des panneaux épigraphiés de la Hamziyya de al-Busiri, datés 1760-61 Rare ensemble de plusieurs éléments de panneaux de revêtement intérieur en bois sculpté, stuqué de gesso en léger relief, peint en polychromie, doré et vernis selon la technique 'ajami. Les panneaux sont richement ornés de bouquets floraux, vases, vues d'architectures, cartouches polylobés, volutes, arabesques, palmettes et motifs abstraits, sur fond coloré. L'ensemble comprend 11 éléments architecturaux, dont la partie supérieure d'un mihrab à muqarnas, et 22 panneaux calligraphiés en écriture nasta'liq contenant les quinze premiers couplets du poème al-Qasida al-Hamziyya de al-Busiri, le dernier panneau daté 1174H/1760-61. L'ensemble de boiseries est vendu en l'état ; accidents, usures, éclats de peinture, manques de peinture et de bois. Certains éléments avec des ferrures et charnières. Il manque quelques mots et quelques versets dans l'inscription. Empire ottoman, Syrie, Damas, daté 1760-61 Provenance : - Collection du Colonel Antoine-Pierre Manhès (1878-1943), puis par successions. Détail des éléments de boiseries : 1-3. Trois portes à double vantaux, chaque vantail étant composé de trois panneaux enserrés dans leurs montants, sommés d'un fronton arrondi à décor d'arabesques de palmettes en relief. Dans leurs encadrements de lambris verticaux ornés d'arabesques dans des cartouches polylobés à fond vert foncé, et de nœuds ottomans sur fond rouge grenat, entourant un linteau cintré à décor d'enroulements de tiges florales sur fond jaune. Les vantaux de la première porte sont ornés de motifs étoilés en relief sur des montants non peints, ceux de la deuxième ornés de petits monuments ottomans et de bouquets floraux jaillissant d'un vase, et ceux de la troisième décorés de mandorles garnies de fleurs. Avec charnières et anneaux. Dim : 210 x 112 cm env. ; Dim. vantail : 125,5 x 29,5 cm ; Dim. ouverture : 126 x 60 cm 4-5. Deux encadrements de boiseries du même décor que les trois portes précédentes, l'un était à l'origine un encadrement de porte dont il manque les vantaux et les ferrures, l'autre servait de devant de niche dont il manque les étagères. Dim. : 209 x 111 cm et 209 x 112 cm 6. Encadrement de niche à fronton arrondi, avec son caisson de niche muni de deux étagères, dont le fond est peint de semis de fleurettes dans des mandorles. Dim. niche à caisson : 163 x 81 cm 7. Encadrement de niche à fronton arrondi, comprenant seulement la façade et la partie antérieure des deux étagères, surmonté d'un linteau cintré, le tout monté sur un panneau moderne. Dim. de la niche : 154 x 72,5 cm ; linteau : 26,5 x 81 cm 8-9. Deux grands panneaux verticaux composés de plusieurs planches de bois, à décor de bouquets floraux dans des vases posés sur des tables, inscrits dans des cartouches polylobés, et de rinceaux floraux. Chaque panneau est enserré dans des montants modernes. Dim. : 276 x 66 cm et 276 x 55 cm 10. Longue poutre à décor de motifs géométriques en relief composés d'une imbrication de losanges en pointe de diamant peints de motifs étoilés et de carrés, bordée sur un côté d'une frise festonnée. Long. : 288,5 cm ; Larg. : 23 cm 11. Partie supérieure d'un mihrab à muqarnas formé d'une niche trilobée ceinturée d'un rebord torsadé, inscrite dans une structure rectangulaire peinte de rangées de fleurons. L'intérieur est composé d'éléments de muqarnas et de fines stalactites. Le revers permet de voir la structure empilée constituant les muqarnas. Dim. : 101 x 75 cm ; Prof. : 30 cm ; Dim. hors-tout : 138,5 x 86 cm ; Prof. : 37,5 cm 12. Ensemble de 22 panneaux rectangulaires horizontaux, contenant vingt-trois cartouches épigraphiés sur un ensemble supposé à l'origine de vingt-six cartouches. L'un des panneaux est presque carré et un autre de double longueur. Tous les panneaux sont ornés de cartouche polylobé portant une inscription en relief calligraphiée en écriture nasta'liq. Plusieurs panneaux sont en mauvais état et l'inscription est partiellement effacée. Le premier panneau est fragmentaire, le troisième panneau contient les cartouches 3 et 4, les panneaux 10, 17 et 20 sont manquants. Le texte contient le début du poème al-Qasida al-Hamziyya de al-Busiri et se termine intentionnellement à la fin du quinzième couplet car le dernier panneau, correspondant au vingt-sixième cartouche, contient la date 1174 H /1760-61. La majeure partie du poème est présente, mais il manque quelques mots au début de l'inscription, et quelques versets au milieu du texte. Le collectionneur Le colonel Antoine Pierre Manhès (1878-1943), officier d'artillerie, fut envoyé en Syrie au début du Mandat français en 1920 où il devient membre de l'état-major à Damas. Il fut l'ancien aide de camp du Général Georges Catroux à Damas, le gouverneur de l

Estim. 15 000 - 25 000 EUR

Fétiche Kongo, République Démocratique du Congo Bois, verre, perles, métal, clou, ficelle, matière octionnelle Dimensions: 46 x 14 x12 cm Provenance: Marc Léo Félix, Bruxelles Collection privée Espagnole L'existence de la statuaire à clous du Bas-Congo, rapportée dès la fin du XVIIe siècle par Olfert Dapper qui mentionne des sculptures dans lesquels sont enfoncés des morceaux de métal (Dapper, Dictionnnaire de l'Afrique, 1686: 336) fait partie des monuments de l'art africain. Connue du grand public en Europe et aux Etats-Unis depuis les premières expositions des années 0, celle de l'Art Nègre (Palais des Beaux-Arts, Bruxelles, 1930), l'Exposition d'art africain et d'art océanien (Galerie du Théâtre Pigalle, Paris, 1930). Impressionnant, captivant, déstabilisant par sa présence singulière, sa patine épaisse, les clous irréguliers, les yeux dont le regard sertis de verre transpercent, le fétiche était créé par le nganga, forgeron-sorcier, afin d'être l'intermédiaire entre le visible et l'invisible, entre le monde des vivants et celui des ancêtres. L'action d'enfoncer un clou ou une lame dans la statue, dénommée koma nloko, scellait une requête auprès de l'esprit nkisi dont l'objet est investi et activait son pouvoir afin notamment de formaliser une demande d'aide, de guérison, afin de placer un contrat sous les auspices du nkisi, de se protéger contre un mauvais sort et les mauvais esprits. - Les clous sont incrustés à certains endroits témoignent des invocations répétées, la patine crouteuse du visage résulte des nombreuses onctions propitiatoires réalisés pendant la récitation de la prière (Lehuard, Fétiches à cloius du Bs-Zaire, 1980: 188-189). Ce nkonde, comme c'est souvent le cas, a été dépourvu de sa charge magique ventrale autrefois composé d'un miroir qui permettait au nganaga de visualiser le monde invisible, porte magique permettant de pénétrer l'autre monde. A l'importance de rôle de défenseur de la communauté et arbitrant celle-ci des conflits correspond son expressivité, sa gestuelle son attitude. Le visage empreint d'une expression saisissante, dure et intimidante, les yeux en verres, l'air austère et impassible. Le corps auquel le sculpteur portait une attention particulière afin de lui conférer un aspect naturaliste est campé fièrement(Lagamma, Kongo. Power and Majesty, 2015: p. 241)

Estim. 20 000 - 25 000 EUR

MOSER Henri. - Armes et Armures Orientales. Collection H. Moser-Charlottenfels. Leipzig, Karl W. Hiersemann, 1912. large folio (52 x 42 cm). Sous chemise percaline verte rempliée, plats décorés à l'orientale, titre à l’or au dos, tête dorée, sous emboitage. xvii pp. avec 1 titre frontispice dans une cartouche enluminée couleurs et 44 planches lithographiées dont 10 en couleurs montées sur onglet protégées par des serpentes, et figures dans le texte dont le portrait de Moser. Ouvrage tiré à 300 exemplaires dont 125 en version allemande, 75 en version anglaise et 100 avec un texte français tous numérotés à la presse, celui-ci version française porte le n° 94. Ex-libris. Cette précieuse Collection d’armes orientales a été formée, selon l’aveu de l’auteur, à une époque ou le goût pour l’art oriental était loin d’atteindre le degré de développement qu’il a pris aujourd’hui. Dans sa touchante préface Moser raconte comment, simple lieutenant, il partit avec l’armée russe en 1868 pour la conquête du Turkistan. Un des premiers, après Vambéry, il eut l’occasion de visiter Boukhara et fut même détenu quelque temps dans les prisons de l’Emir. Il en arriva parfois d’acquérir de merveilleuses lames de Damas pour une bouteille de vodka ; ou encore « attaché à la première ambassade envoyée à l’Emir de Boukhara par S.M. l’Empereur Alexandre III, je reçus des mains du Général Prince Frederic Sayn-Wittgenstein, les armes mêmes de Shamyl, le grand héros du Caucase ». Cette luxueuse édition s’ouvre, après la préface, par trois aquarelles de Scott reproduites comme le reste des planches, par l’Imprimerie de Vienne et formant une magnifique introduction aux armures complètes, équipement du cavalier et du cheval, casques, brassards, sabres, poignards, fusils et pistolets. Une description succincte des planches, où les noms orientaux (arabes, persans, turcs et indiens) sont donnés en transcription.

Estim. 4 000 - 6 000 EUR

Couple enlacé - Iran, Art Qajar, circa 1840 Huile sur toile Etat : rentoilé, repeints et restaurations. 120 x 80 cm C'est à Ispahan sous l'ère des Safavides que le goût pour les grandes peintures figuratives, appliquées directement sur des murs préparés, ou peintes sur toile avec des pigments à l'huile se développe. Les demeures appartenant aux ministres de haut rang de la cour et aux riches marchands arméniens se disputaient les services des artistes du palais pour créer des peintures qui n'étaient pas nécessairement des individus spécifiques, mais des représentations de types d'hommes et de femmes, qui s'avèrent particulièrement en vogue au sein de la cour de Mohammad Shah Qajar (1832-1848). Assis sur un tapis, les visages idéalisés et ressemblants, les amants sont dépourvus de toute émotion et tournés non pas l'un vers l'autre, mais vers le spectateur. La jeune beauté sert à son prétendant un verre de vin qu'il ne semble pas remarquer. Leurs regards détachés ne correspondent pas à leurs actions. L'arrière-plan n'est pas décoré afin de mettre en valeur l'opulence des costumes hétéroclites et des accessoires des personnages, du tapis et du coussin couvert de roses. Cette œuvre pourrait appartenir au même cycle ou provenir du même atelier que le "couple amoureux" conservé au Musée de l'Ermitage, St Petersbourg. On y retrouve les mêmes caractéristiques de composition, particulièrement complexe pour ce type de sujet, tout en courbes et contre courbes, comprise dans un espace traité de la même manière. On y retrouve la même palette ainsi que les mêmes tapis et coussins. Les personnages arborent également des costumes très comparables dans les deux tableaux, notamment les gilets et bordures de la jupe dont les plis au niveau de la taille sont très spécifiques et similaires. Entrée dans les collections de l’Ermitage en 1961, l’œuvre a, comme la nôtre, souffert dans le temps. Mesurant 131,5 x 77 cm, son format se rapproche de la présente toile puisque celle de St Pétersbourg a été augmentée après avoir été retirée et découpée de son emplacement initial, tandis que le présent « couple enlacé » semble avoir conservé la forme initiale en arc à pans coupés, destinée à une niche dans un cadre architectural, probablement un palais ou un pavillon, où elle aurait été exposée au sein d'un programme décoratif plus large avec d'autres portraits. Provenance : Vente publique, Maître Boisgirard 28 avril 1997, n°174. Références : Musée de l'Ermitage, Saint Pétersbourg, inv. n°VР-1156.

Estim. 15 000 - 30 000 EUR

Statue Senoufo, Côte d'Ivoire Bois Dimensions: 95.5 x 17.5 x 14 cm Provenance: Collection Van Bussel, Amsterdam William Rubin, dans son introduction au Primitivisme dans l'art du XXe siècle, énonce la manière dont les artistes modernes perçurent, dans les arts d'Afrique et d'Océanie, un moyen d'élaborer un art doté d'une « dimension universelle et quintessentielle » (1984, p. 55). Les oeuvres Senoufo comptent parmi les premiers objets qui entrèrent dans leurs collections. Ils y occupèrent d'emblée une place prééminente, comme en attestent les clichés pris dans l'atelier d'André Derain ou dans l'appartement de Georges Braque. La limpidité des formules inventées par les sculpteurs Senoufo influença les recherches artistiques sur la modernité. L'économie des lignes résonne dans le travail de Giacometti. Les décors de ballets de Fernand Léger en sont imprégnés. Conservées dans le sinzanga, l'enclos sacré du Poro, « l'institution socioreligieuse la plus importante chez les Sénufo » (Goldwater, Senufo Sculpture from West Africa, 1964, p. 9), les grandes figures deble étaient sculptées en l'honneur de l'ancêtre originel. Les vertus et qualités de l'ancêtre primordial transparaissent à travers elle, l'intériorité et le recueillement signifiés par ses yeux mi-clos, magnifiés par de belles arcades sourcilières. La mâchoire affinée, anguleuse révèle une petite bouche aux lèvres fines faisant la moue. Le front rond présente une couronne de forme triangulaire, annonçant une coiffe au chignon. Au raffinement des lignes élémentaires, à la fluidité du mouvement et à la puissante dynamique des volumes de ses courbes, s'ajoute l'ornementation de sa féminité, les scarifications décorant ses attributs, renforçant la symbolique de fertilité de l'ancêtre représenté ayant permis la continuité de la lignée. Dans un subtil équilibre entre naturalisme et abstraction, la sculpture s'anime enfin dans la dynamique des volumes et la tension des courbes convexes et concaves. De cette rigueur jaillit avec force et paisibilité l'impérieuse présence de l'ancêtre primordial. Ces grandes statues avaient un rôle essentiel au cours des rituels de la société initiatique du Poro. Que ce soit lors des cérémonies d'initiation des jeunes hommes ou lors des funérailles de notables, elles étaient animées pour frapper le sol au rythme des chants solennels. Notre exemplaire se distingue par le traitement particulier des scarifications entourant son ombilic formant un soleil schématisé, par les bras servant de « poignées », et la remarquable sensibilité des traits de son visage.

Estim. 10 000 - 12 000 EUR

Masque Punu, Gabon Bois Dimensions: 30.5 x 15 x 16.5 cm Provenance: Collection privée, France Emblème incontournable des arts d'Afrique depuis la fin du XIXe siècle le corpus des masque Punu a été l'un des premiers célébrés par les modernistes (William Rubin «Primitivism» in 20th Century Art, 1984, p. 300). Le masque Okuyi était porté lors de danses acrobatiques par des hommes perchés sur des échasses, l'existence de ces rituels fut rapportée dès le milieu du XIXe siècle par l'explorateur Paul du Chaillu. Leur beauté est un écho, un hymne, une résonance au pouvoir et à l'importance de la femme dans l'organisation sociale chez les Punu. Incarnant subtilement, tour à tour, l'esprit de l'ancêtre et la beauté féminine, par son apparence idéalisée, sa douceur et sa beauté ce masque parvient à allier et célébrer deux entités opposées, deux dualités: la jeunesse et la mort, la beauté sensuelle et la sérénité de l'ancêtre et du monde des esprits. Se distinguant du corpus classique, la face, la surface traditionnellement poudrées de kaolin, présente sur ce rare exemplaire, une patine brune claire, quasi miel selon la lumière. A la douceur uniforme, de cette couleur, répondent ses courbes, et ses traits délicats emprunts d'une profonde quiétude, d'une douce sérénité. Sensibilité du regard, soulignée par ses sourcils arqués rehaussés, en léger relief, ses yeux en « grains de café » mi-clos, finement scarifiés, expriment et symbolisent une vision intérieure, un lien entre les vivants et les morts. La bouche légèrement ourlée, asymétrique esquisse un léger sourire. La délicate coiffe raffinée, constituée sobrement d'une coque axiale ciselée. Ce type de coiffe d'apparat était répandu au XIXe siècle, dans la partie occidentale du Gabon, chez les Aduma, et les Punu de Ngounié.

Estim. 4 000 - 6 000 EUR

Bassin au nom d'un grand émir (officier) du Sultan Malik as-Salih - Syrie ou Egypte mamlouque, Seconde moitié du XIVe siècle En cuivre, de forme cylindrique profonde avec un large bord évasé. Le bord intérieur est inscrit d'un large bandeau calligraphique thuluth séparée par des médaillons circulaires animés de canards en vol. Le fond du bassin est gravé de sept médaillons à décor géométrique. L'extérieur du bassin est décoré d'un large bandeau épigraphique, en calligraphie thuluth sur fond d'arabesques spiralées, entrecoupé de trois mandorles foliées. Etat : fissures et restaurations ancienne, patine brune ajoutée. 18 x 45 cm Ce bassin témoigne d'une élégance calligraphique emblématique du travail des artisans mamelouks, héritiers des artisans ayyoubides. Les bandeaux calligraphiques en thuluth allongé sont devenus le principal élément décoratif des objets en métal produits pour les souverains d'Égypte au cours des premières décennies du XIVe siècle. Les deux registres épigraphiques importants, à l'extérieur et sur le bord intérieur donnent les longs titres d'un émir anonyme au service du sultan al-Malik al-Salih. Ce nom peut faire référence à trois sultans mamelouks du XIVe siècle : al-Malik al-Salih Isma'il (r. 1342-5), al-Malik al-Salih Salih (r. 1351-4), al-Malik al-Salih connu sous le nom de al-Mansur Hajji II (r. 1382 et 1389-90). Provenance : Collection particulière française. En prêt à l'Institut du Monde arabe, Paris, de 2005 à 2023. Inscriptions : - Sur le marli / Around the inside of the rim: al-jana[b] al-karim al-‘a/li al-mawlawi al-amiri al-kabir[i] a/l-ghazi al-‘ahidi [sic] [al-mujahid] al-mur[abiti] al-‘aw[ni] / al-‘amili al-sayyidi al-sanadi a / …li al-dhukhri al-humami al-‘alimi / al-maliki al-malali [sic] al-nasiri "Sa noble excellence, le haut, le seigneur, le grand émir, le saint guerrier, le champion de la foi, le défenseur, l'aide, le diligent, le chef, le soutien ... la maison du trésor, l'héroïque, le savant, le possesseur, l'affilié à al-Malik al-Nasir". - à l'extérieur sur la panse : al-janab al-‘ali al-mawlawi al-amiri al-ghazi al-mujahid[i] al-murabiti al-mu’ayyadi al-‘adudi al-dhukhri al-muhtarami / al-makhdumi al-humami al-qawami al-nizami al-nasiri al-kafili al-as’adi al-arshadi / al-iftikhari al-sayyid al-zahidi al-‘abidi al-khashi‘i al-nasiki al-maliki al-nasiri Sa haute excellence, le seigneur, l'émir, le saint guerrier, le champion de la foi, le défenseur, l'assisté (par Dieu), l'aide, le trésor, le vénéré, le bien servi, l'héroïque, le pilier, l'ordre, le vainqueur, le vice-roi, le plus chanceux, le plus juste, la fierté, le chef, l'ascète, l'adorateur, l'humble, le dévot, l'affilié à al-Malik al-Nasir.

Estim. 15 000 - 20 000 EUR

Masque Vuvi, Gabon Bois, pigments, fibres végétales Hauteur: 24 cm Provenance: Collection privée, France Demeurés longtemps mystérieux et méconnus, issus d'un corpus restreint, les masques Vuvi, peuple bantu isolé dans la région montagneuse du massif du Chaillu s'apparentent à travers l'abstraction de leurs traits, et de la sérénité qui en émane, aux masques blancs des Fang et des Tsogho dont ils partagent l'univers culturel. Caractérisés, selon Charlotte Grand-Dufay, par « leur face ‘presque plane' en forme d'écu, rectangulaire ou ovale et par les traits du visage concentrés dans la partie supérieure [...]. Ils représentent des entités mythico-légendaires, tel le masque blanc figurant la lune [et relèvent] des sociétés initiatiques du Bwete Disumba et du Mureli » (Charlotte Grand-Dufay, Tribal Art, 2013. Voir Les forêts natales - Arts de l'Afrique équatoriale atlantique (2017, p. 324) ils apparaissaient lors des funérailles des per- sonnages importants, évoquant le monde de l'au-delà, et faisant le lien entre les êtres disparus et leurs descendants. Rare exemplaire, la face plane, allongée, les éléments du visage épais, aplanis, en très léger relief, réhaussés de pigments bruns foncés, s'imposent sur la partie supérieure. Le nez épaté, relié à de belles et imposantes arcades sourcilières arquées s'étendant sur toute la largeur du masque. La quiétude, le calme et la sérénité de son expressivité renforcés par les yeux mi-clos, légèrement incisés, dont les pourtours sont ourlés. Une patine brune variant du foncé à l'orangé anime sa surface. Le pourtour du visage a conservé sa riche ornementation de fibres végétales.

Estim. 1 500 - 2 000 EUR