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Arts du monde

Au top ten des enchères, les arts premiers ne sont pas les derniers. Qu’on les appelle art du monde, arts tribal ou arts tribaux, ces trésors d’Arts d'Afrique, d'Amérique et d'Océanie vendus aux enchères ont fasciné les collectionneurs d’André Breton à Pablo Picasso, de Pierre Vérité à Jacques Kerchache, lequel a contribué à faire entrer au Louvre en 2000 les productions de ces peuples jugés « sans écriture et sans histoire » en préfiguration de l’ouverture du musée du Quai Branly à Paris.
« Les chefs-d’œuvre du monde entier naissent libres et égaux », disait cet amateur au sujet de ces objets magiques venus des quatre coins du globe : d’Afrique (Côte d'ivoire, République du Congo, République démocratique du Congo, Nigeria, Angola, Burkina-Faso, Gabon, Madagascar …), d’Océanie (Papouasie Nouvelle-Guinée, Îles Marquise, Îles Cook, Îles Salomon, Nouvelle-Zélande, Polynésie …) des Amériques (Taïnos des Iles Caraïbes, Inuits du golfe de l’Alaska) et d’Insulinde (Bornéo, Indonésie …).
S’ils ont acquis tardivement le rang d’œuvres d’art, les arts premiers provoquent depuis 2000 le feu (sacré) des enchères en ligne, qu’il s’agisse de masques Dogon, de statues Fang ou de figures de reliquaires Mbulu Ngulu Kota ; de pendentifs Maori ou de sculptures Eskimo…
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Lots recommandés

Un mortier conopa représentant un alpaca, pour la préparation de la chaux ou des cendres à destination de la mastication de la coca. Le lama et l’alpaca ont été depuis longtemps domestiqués dans les hauts plateaux et vallées andines (sauf la vigogne et le guanaco restés sauvages), notamment pour leur laine essentielle à la vie dans les hauts plateaux, mais aussi fondamentale à l’économie dans les cultures préhispaniques au Pérou. Ce type de mortier en pierre en forme de lama ou d’alpaca est souvent décrit dans la littérature comme un conopa, mais ce terme décrit en fait des petites sculptures en pierre illustrant la vie quotidienne des incas. Ce type de mortier était assez repandu à l’époque, et celui de la collection Jean Roudillon en est un des plus beaux exemplaires, et constitue un classique de l’art Inca. On notera sous sa base de belles traces profondes de découpes anciennes témoignages des pratiques de son propriétaire à l’époque inca, qui n’enlèvent rien, au contraire, à la beauté de l’objet. Culture, Inca, 1450 à 1533 après J.-C., région de Cuzco, Pérou Pierre noire, anciennes entailles sous la base, usures et petits accidents anciens mineurs, importants reliquats de cendres ou chaux à l’intérieur du mortier, très belle et ancienne patine d’usage H. : 8,2cm. et L. : 13,6 cm Voir pour un autre mortier comparable p. 121 n° 352 dans Ancien Pérou Vie Pouvoir et Mort, musée de L’Homme, Ed. Nathan 1987, ou deux autres très beaux exemplaires dont un très proche n° 38 dans : Peru Sun Gods and Saints, catalogue d’exposition, André Emmerich, New York 1969 Provenance : Collection Jean Roudillon

Estim. 800 - 1 000 EUR

Une spatule à chaux du Maître de la projection orale. Harry Beran, le grand spécialiste de l’art de la région Massim, dans son ouvrage Mutuaga a identifié dix spatules à chaux et huit mortiers à noix de bétel de cet atelier dit du maître(s) de la projection orale, qui compte sans aucun doute plusieurs sculpteurs. La spatule à chaux de la collection Jean Roudillon, collectée par le Comte Festetics de Tolna, est incontestablement au sommet de la chaîne de création de ces œuvres si on les compare, et sans aucun doute de la main du maître. Ainsi qu’Harry Beran l’a constaté et l’écrit, sur les plus beaux exemplaires du corpus la saillie qui rejoint le buste sort clairement de la bouche, alors que sur d’autres exemplaires elle apparaît à l’arrière de la bouche au niveau du menton. Il est tentant d’interpréter cette saillie comme une langue, mais d’après un informateur kitava il pourrait s’agir du mucus qui sort de la bouche et du nez d’un magicien au moment de sa mort. Il est intéressant de constater que c’est aussi au niveau de la bouche qu’apparait cette saillie, créant une boucle avec le buste, sur un très beau mortier collecté aussi par Le Comte Festectics de Tolna, et déposé par lui dans les collections du musée d’ethnographie de Budapest (musée Neprajzi) avec mille six cents autres objets acquis lors de ce même voyage légendaire. La spatule de la collection Jean Roudillon représente un sujet féminin, sa sculpture est superbement équilibrée, détaillée et précise, comme les doigts entrecroisés des mains reposant sur le ventre entre l’ombilic et le sexe, ou les oreilles sculptées en haut relief en volutes harmonieuses. Le visage est orné de motifs gravés à trois pointes, encore emplis de chaux et caractéristiques du corpus, placés sous chacun des yeux gravés en cercles, ainsi que pour l’ombilic tel un troisième œil. Les motifs gravés concentriques qui s’enroulent autour de l’aréole des seins créent un autre regard, halluciné, ou animal caché, et se retrouvent transposés de la même manière à l’arrière au niveau des omoplates. Dans le bas du dos ondule un autre motif gravé en ligne d’eau. Les volumes de la sculpture sont impressionnants, son expression est aussi sereine qu’extatique, ses proportions sont incomparables à la majeure partie du corpus, comme l’est aussi sa patine, exceptionnelle, laquée et recouverte de résidus de plaques de suie. Chef-d’œuvre parmi les chefs-d’œuvre, hypnotique, publié dans Le Musée Vivant, il s’agit sans aucun doute de l’un des joyaux de la collection Jean Roudillon. Massim, Îles Trobriands, Papouasie Nouvelle Guinée, XIXe siècle Bois dur (ébène), pigment, usure et petit manque visible au bras gauche (casse ancienne) sublime et ancienne patine d’usage laquée avec des dépôts de fumée, soclé par Inagaki en 1942 ou 1943 (socle non signé). H. : 28 cm Voir p. 199 dans Mutuaga A Nineteeth-Century New Guinea Master Carver, Harry Beran, Ed. The University of Wollongong Press 1996 Voir pour un mortier collecté par Festetics dans les collections du musée d’ethnographie de Budapest n° 26 du catalogue de l’exposition Massim, The Museum of Primitive Art, New York 1975. Voir : L’art Océanien - Sa présence – N° 38 de la Collection « Le Musée Vivant », présentée par Madeleine Rousseau, introduction de Paul Rivet et des textes de Guillaume Apollinaire et Tristan Tzara, APAM (Association Populaire des Amis du Musée) 1951, reproduit p. 76 fig. 131. Provenance : - Collection du Comte Rodolphe Festetics de Tolna, collectée par lui avant 1896 - Collection du Dr Stéphen Chauvet (acquis aux enchères caisses fermées, sans inventaires) - Collection Galerie Le Corneur Roudillon - Collection Jean Roudillon Publications : - Le Musée Vivant-L’art Océanien sa présence n° 38 de la Collection Le Musée Vivant , APAM (Association Populaire des Amis du Musée) 1951, reproduit p. 76 fig. 131. - Tribal Art-Le Monde de l’Art Tribal N° 4 décembre 1994, Spatules à chaux de la région Massim P. Bourgoin, p. 36 fig. 2. - Tribal Art-Le Monde de l’Art Tribal N° 4 Hiver 2003, Dossier « À la rencontre des collectionneurs », Jean Roudillon : l’histoire de l’œil jusque dans ses murs, PH. : Pataud Célérier, p. 88. Exposition : - « Art du Pacifique » Indonésie – Océanie, Galerie Le Corneur Roudillon, 51 rue Bonaparte à Paris, du 24 janvier au 15 février 1951. - L’Aristocrate et ses Cannibales Le voyage en Océanie du Comte Festetics de Tolna (1893-1896) au musée du Quai Branly, du 23 octobre 2007 au 13 janvier 2008.

Estim. 40 000 - 60 000 EUR

Une statuette féminine d’un atelier de Bombou-toro Portant un labret à l’aplomb de son visage hyperstylisé, et une coiffure formant une crète en une natte tressée tombant à l’arrière, le regard et la présence de cette statuette dogon d’une géniale modernité ne font aucun doute. S’inscrivant dans les styles hiératiques et très synthétiques de Bombou-toro, cette ancienne sculpture dogon inédite, provenant de l’ancienne collection de René Rasmussen, vient compléter un corpus de statuettes rares d’un atelier ayant initié un style aux spécificités très caractéristiques. La plus extraordinaire de ce corpus est sans aucun doute la maternité de l’ancienne collection de Charles B. Benenson offerte par lui au musée de l’Université de Yale. Les genoux sculptés en cylindre font notamment partie des détails parmi les plus emblématiques de cet atelier. D’après Hélène Leloup ces protubérances au niveau des genoux renvoient au mythe fondateur, « les premières créatures humaines avaient des membres sans articulations et elles se sont formées lorsque le forgeron, en descendant du ciel, a eu les bras et les jambes cassés par l’enclume, ce qui a permis aux hommes de travailler », et symbolisent les pierres magiques duge. « Les duges sont placées sur les articulations car c’est le plus important de l’homme. » (Griaule). Comparée à la statuette de la collection C. Benenson, on retrouve au-delà de la même position presque « robotique » ou « cubiste » avec l’angle du coude insistant encore sur l’articulation, et les bras repliés vers l’avant, ainsi que le nez sculpté en flèche, une stylisation des pieds (et l’articulation de la cheville) en triangle qui recouvrent tout le côté du socle. Le traitement des omoplates est comparable et insiste encore sur l’importance des articulations principales, aucun doute qu’il s’agit bien ici d’un art narratif. Aussi, vu de profil on retrouve la même souplesse dans le traitement des jambes et du fessier des statuettes de la collection Jean Roudillon et de celle de la collection Benenson. La patine de la statuette de Jean Roudillon n’est pas suintante comme celle de la collection C. Benenson mais elle témoigne cependant d’une évidente et superbe ancienneté. Dogon, Mali Bois, très belle érosion et fentes d’ancienneté, superbe et ancienne patine d’usage. H. : 37,5 cm Voir p. 130 n° 56 pour la statuette de la collection Benenson dans Close up-Lessons in the Art of Seeing African Sculpture from an American collection and the Horstmann collection, Vogel et Thompson, Ed. The Center for African Art New York 1990 Voir pour une autre statue de bombou toro et commentaires n° 78 dans : Statuaire Dogon, Hélène Leloup, Ed. Hamez 1994 Provenance : - Collection René Rasmussen - Collection Jean Roudillon

Estim. 15 000 - 25 000 EUR

Un masque Zaouli, l’ancêtre On distingue deux catégories de masques chez les Gouro. D’abord ceux liés aux divertissements, plus profanes, gérés par des associations d’artistes comme le masque Gyela lu Zaouli (Gyela fille de Zaouli) créé dans les années 50, l’art évoluant constamment avec la société, et dont la danse prodigieuse est aujourd’hui connue à travers le monde. Et il y a les masques de traditions anciennes tels que Zaouli, Gu ou Zamble, placés sous la responsabilité d’un lignage familiale, propriété d’un individu précis, associés aux cultes des ancêtres, et nécessitant des sacrifices, nourrissant des « divinités » ou « génies de la nature », pour s’assurer de leur protection. Ces entités spirituelles impliquaient autrefois la notion de transe pour le porteur du masque qui pouvait être rejoint ou « habité » par une de ces entités, et dont les premiers ancêtres du lignage avait fait autrefois la rencontre, d’où le culte qui leur était rendu. Lors de ces transes le masque Zaouli pouvait détecter les sorciers et aussi les chasser, cependant il existe peu d’informations dans la littérature sur la tradition ancienne du masque Zaouli, d’ailleurs assez rare dans les collections européennes. Cependant un consensus existe sur le fait que Zaouli constituerait la force opposée de Zamble, le mari de Gu quand Zaouli n’est pas présent. Zaouli est à l’origine le mari de Gu mais il est avant tout l’ancêtre, et on le rencontre surtout au nord du pays gouro, ainsi que chez les Wan. Décrit et même sculpté aujourd’hui en un masque vilain, les origines du mythe fondateur de Zaouli « l’??ancien » semblent s’??être perdues, pratiques d’??un culte disparu. Sa tradition ancienne fut certainement oubliée au fil de l’??histoire migratoire complexe des Gouro, déjà chassés vers l’??ouest au XVIIIe siècle par les Baoulé qui leur empruntèrent d’ailleurs la tradition des masques, à moins qu’elle ne se soit totalement égarée plus tard, lors de la conquête coloniale durant laquelle les Gouro « résistèrent vaillamment aux militaires qui incendièrent massivement leurs villages ». A ce jour deux beaux masques Zaouli se distinguaient à travers l’histoire des collections et dans la littérature, les deux ayant finalement rejoints deux institutions, un dans la collection du National Museum of African Art à la Smithsonian Institution de Washington, et l’autre à l’Art Institute de Chicago, les deux exposés récemment et reproduits l’un à côté de l’autre, p. 178 dans le catalogue de l’exposition The Language of Beauty in African Art. La découverte de ce chef-d’œuvre, indubitablement le plus ancien et le plus beau d’entre tous, bouleverse les a priori et les idées reçues sur les masques Zaouli, et déclasse de fait incontestablement ceux qui servaient jusqu’à présent de références. Il impose un nouveau standard dans la connaissance du patrimoine artistique ivoirien et gouro en particulier. On redécouvre ici l’origine même d’une ouverture transversale entre les deux plans superposés du masque, une caractéristique des masques zaouli anciens, et un concept sculptural sans doute aussi à l’origine de la création des masques glin du goli Baoule. Aussi le triangle pour l’ouverture de l’œil, ici aux contours blancs la couleur dédiée aux ancêtres, réminiscence dont témoigne le masque des anciennes collections W. Mestach et L. Van de Velde aujourd’hui à la Smithsonian. Une superbe crète à motifs gravés relie la gueule aux crocs acérés du léopard aux élégantes cornes du guib harnaché comme sur le masque de l’Art Institute de Chicago. Mais la notion de caché-montré par deux ouvertures successives sur deux plans superposés pour le regard est ici traitée de manière absolument unique, induisant la narration même de la transe, l’idée d’un être visible en dessous du masque, qui y « habite ». Beaucoup de très anciens masques ont été qualifiés à raison de « masque-mère » par certains spécialistes, et si ce terme a souvent été galvaudé, c’est pourtant bien le cas ici. Les masques les plus anciens tracent les lignes qui définissent l’archétype et serviront de modèles aux générations suivantes, ils sont les détenteurs de secrets et de codes, et portent généralement en eux un langage intrinsèque, une réelle narration. Encore chargé de tout son mystère il nous éclaire pourtant, le plus ancien et le plus beau des masques Zaouli réapparait aujourd’??hui après des décennies. Il ressort non pas d’un bois sacré mais d’un jardin secret, celui de la collection de Jean Roudillon, et même s’il ne peut témoigner totalement de son histoire, il témoigne d’une histoire passée et révolue, il est l’histoire. Gouro, Côte d’Ivoire Bois, polychromie, restauration à une corne (cassée-collée) pièce d’origine, usures, petits manques sur la f

Estim. 150 000 - 250 000 EUR

Une représentation d’un radeau avec un dignitaire assis au centre encadré de quatre autres personnages. C’est Sebastian Mojano de Belalcazar, un des lieutenants de Pizarro, qui entendit à Quito ce récit légendaire d’une cérémonie concernant le seigneur muisca de Guadavita, l’un des plus petits États de Muisca qui avait été absorbé par un plus grand voisin peu avant la conquête espagnole. Le seigneur de Guadavita se targuant, comme les seigneurs incas, de descendre directement du soleil, lors d’un rituel sacrificiel et paré de tous ses bijoux en or, était mené sur un radeau par quatre dignitaires au centre du lac « au sommet de la montagne » où il était saupoudré de poudre d’or, et recevant les rayons du soleil il se tenait droit comme une idole et brillait de mille feux sous les regards de son peuple rassemblé sur les rives du lac. C’est donc cette légende qui motiva Mojano De Belalcazar à se lancer avec deux cents de ses intrépides et rapaces coreligionnaires à la conquête de l’or de l’Eldorado. André Emmerich écrit : « En 1856 un objet en or extraordinaire fut découvert dans le lac de Siecha, longtemps présents dans les collections de musées allemands il fut perdu pendant la Seconde Guerre mondiale. Il s’agissait de cinq figurines de type Tunjo sur un radeau représentant un chef et ses compagnons ». Cela fait évidemment écho à la légende, mais le dessin fait d’après une photo de l’objet en question et qu’André Emmerich publie dans son ouvrage précurseur Sweat of The Sun and Tears of The Moon, Gold and Silver in Pre-Columbian Art (p. 88 fig. 107) ne correspond pas à la description qu’il fait de l’objet, mais à celle d’un dignitaire entouré d’au moins neuf personnages sur un radeau circulaire. Notre radeau en revanche comporte bien cinq personnages, serait-ce le fameux radeau décrit par Emmerich ou encore une autre légende ? Jean Roudillon, amateur d’histoire, ayant certainement suivi cette piste qu’il avait investi, a fait tester ce radeau muisca de sa collection par un laboratoire spécialisé en analyses scientifiques dédiées aux objets d’art, anciens ou supposés l’être. Les résultats de ces analyses ont semblé concordantes avec les techniques de fabrications anciennes d’une pièce authentique et sont décrites ainsi par les personnes qui ont mené cette étude (voir ce rapport d’analyse vendu avec l’objet). André Emmerich nous rappelle que longtemps les filigranes des tunjo ont induit en erreur de nombreux auteurs qui décrivaient mal les techniques de fabrication de ces objets qui sont en fait toujours fondus d’une seule pièce sans ajouts postérieurs de filigranes. Muisca, période présumée 1000 à 1550 après J.-C. (non garantie), Colombie Tumbaga (alliage d’or, de cuivre et d’agent) H. : 4,5 et L. : 6 cm Voir p. 83 à 88 concernant les figurines Tunjo, et p. 88 fig. 107 pour le dessin d’une œuvre du corpus perdu pendant la guerre et à l’origine dans les collections de musées allemands dans : Sweat of The Sun and Tears of The Moon, Gold and Silver in Pre-Columbian Art, André Emmerich, Hacker Art Book, New York 1977 Voir : un rapport d’analyse CIRAM, datant du 02 / 08 / 2018, concordant d’après ses auteurs avec les techniques anciennes de fabrication et compatibles toujours d’après ses auteurs avec l’époque présumée. Provenance : Collection Jean Roudillon

Estim. 1 200 - 1 500 EUR

Un tambour (pahu) orné de décors incisés de tiki en aplats, ayant conservé sa peau de requin tendue par un cordage complexe de tresses en fibres de coco. Le nom générique des tambours marquisiens est pahu, mais il n’existait pas moins de seize types différents de tambours pour rythmer les différentes cérémonies sacrées et religieuses, les chants (uta) et danses (haka) durant les célébrations en banquets (koina), fondamentales pour assurer la cohésion et la vitalité de l’ancienne société marquisienne. Les tambours tiennent donc une place essentielle dans la culture marquisienne, et comme l’écrit très justement Véronique Mu-Liepmann dans le catalogue de l’exposition Mata Hoata au Musée du Quai Branly, en citant l’incontournable Karl Von den Steinen médecin et anthropologue envoyé par le musée de Berlin à Nuku Iva en 1897, auteur du mythique ouvrage Les marquisiens et leur art : « sans le tambour, le monde n’a aucune valeur… et qu’il a quelque chose d’humain ». Ces mots résonnent particulièrement ici, notamment si on prend le temps d’admirer les superbes motifs de tiki sculptés et incisés en aplat renvoyant à l’art du tatouage qui ornent l’ensemble du piédestal à fenestrage de ce tambour. La caisse de résonnance vue de profil s’évase légèrement vers le bas et tout son pourtour est sculpté de rainures parallèles et horizontales sculptées en léger creux comme la tradition ancienne en témoigne. Ce motif en forme de vaguelettes est comme la narration des ondes des sons du tambour. Le fond de la cuve de la caisse de résonnance est sculpté dans une forme arrondie cachée par le piédestal à fenestrage, qui lui est entièrement orné de ces superbes motifs de tiki « éclatés » et sculptés en aplats, dont deux s’inscrivent dans un genre de « cartouche ». Leur sculpture est nerveuse et bien enlevée, tous variés et non répétitifs, témoignant encore d’un grand art marquisien. Publié en 1951 dans L’Art Océanien N° 38, un numéro spécial devenu mythique de la collection Le Musée Vivant, et pour lequel on doit rappeler encore l’implication particulière de Madeleine Rousseau. On notera sur la photo de cette publication que l’ivipo qui lui était attaché d’origine et l’ornementait, et dont on peut encore admirer le très beau style ancien sur la photo des archives de la galerie Le Corneur Roudillon, a malheureusement été égaré, mais il réapparaitra certainement un beau jour, comme aujourd’hui ce superbe tambour. Îles Marquises, XIXe siècle. Bois, peau de requin (petit manque d’une partie de la peau), fibres de péricarpe de noix coco, très belle oxydation d’ancienneté et très belle patine d’usage. H. : 53 cm (et noté 60 cm dans sa publication de 1951 car mesuré en diagonale dans sa plus grande longueur comme cela était apparemment la règle.) Voir : p. 175, 196 et 197 dans Mata Hoata Arts et Société aux Iles Marquises, Musée du Quai Branly, Ed. Actes Sud 2016. L’art Océanien - Sa présence – N° 38 de la Collection « Le Musée Vivant », présentée par Madeleine Rousseau, introduction de Paul Rivet et des textes de Guillaume Apollinaire et Tristan Tzara, APAM (Association Populaire des Amis du Musée) 1951. Provenance : - Collection Galerie Le Corneur Roudillon - Collection Jean Roudillon Publication : Le Musée Vivant-L’art Océanien Sa présence n° 38 de la Collection Le Musée Vivant, APAM (Association Populaire des Amis du Musée) 1951, reproduit p. 98 fig. 177. Exposition : « Art du Pacifique » Indonésie – Océanie, galerie Le Corneur Roudillon, 51 rue Bonaparte, à Paris du 24 janvier au 15 février 1951 (visible sur une photo de l’exposition, voir page 194)

Estim. 40 000 - 60 000 EUR

Un récipient ipu ehi en noix de coco à décor gravé. Nous reprenons ici intégralement la fiche de Jean Roudillon dans sa deuxième vente, après celle historique du 4 et 5 décembre 1961 à l’Hôtel Drouot avec Maurice Rheims, d’une autre partie des collections du Voyage de la Korrigane le lundi 31 mai 2010 à Rennes chez Bretagne Enchères : « Lot 47. Un récipient en noix de coco gravée et polie, le décor formé de visages et d’éléments éclatés du tiki que l’on retrouve également sur les tatouages qui couvraient parfois la totalité du corps. Servaient à conserver l’eau ou des aliments liquides. Diverses fêlures. Iles Marquises Haut. 12, 5 cm - Diam. de l’ouverture 8 cm Collection privée, non répertoriée au Musée de l’Homme Semblable au n° 1, p. 86 du catalogue du voyage de la Korrigane dans les mers du sud, Musée de l’Homme Editions Hazan, Paris 2001». Nous ajouterons en complément, que l’on peut comparer notre récipient ipu ehi pour son incroyable similitude à un autre récipient en noix de coco à décor gravé du même type, témoignant strictement de la même iconographie et strictement du même style. Exposé au Metropolitan Museum de New York lors de l’exposition Adorning The World - Art of the Marquesas Islands (reproduit n° 75 p. 108 et 109) celui-ci aurait été collecté par le fameux Capitaine David Porter (commandant de la frégate USS Essex) qui s’établit en 1813 sur l’île de Nuku Iva, entre autres pour réparer des avaries, et où il tenta même de prendre possession de l’île au nom des Etats-Unis. Les « korrigans » comme ils aimaient à s’appeler, étaient eux aussi sur l’île de Nuku Iva, mais entre le 1er et le 8 septembre 1934, donc plus d’un siècle plus tard. Dans tous les cas ces deux récipients ne sont certainement pas des « curios » ou des objets destinés aux navigateurs de passage, mais bien de réels artefacts témoignant des arts si rares provenant des Îles Marquises. Îles Marquises Noix de coco, fêles, cassé-collé (pièce d’origine) trace de colle mineure, petit éclat, une étiquette ancienne à l’intérieur indiquant GV et une autre étiquette lot 47 de la vente précitée. H. : 12, 5 cm et D. : 15,5 cm Voir : p. 108 et 109 n° 75 pour un autre récipient ipu ehi similaire de la collection Blackburn dans Adorning The World, The Metropolitan Museum of Art, Ed. TMMOA & Yale University Press New York 2005 Voir : p. 287 n° 85 pour le même récipient ipu ehi précité dans Polynesia The Mark and Carolyn Blackburn Collection of Polynesain Art, Adrienne L. Kaeppler, Ed. M. & C. Blackburn 2010 Voir : p. 72 à 77 pour le calendrier du voyage dans Le Voyage de la Korrigane dans les mers du Sud, musée de l’Homme, Ed. Hazan Paris 2001 Provenance : - Collecté lors du Voyage de La Korrigane (entre le 20 aout et le 7 septembre 1934) - Vente Bretagne Enchères du 31 mai 2010, lot 47 - Collection Jean Roudillon Exposition et publication : Vente Bretagne Enchères à Rennes du 28 au 31 mai 2010, reproduit p. 8 lot 47 du catalogue.

Estim. 800 - 1 200 EUR

Un pendentif ikhoko représentant un des deux masques mbuya jia kifutshi de type fumu ou de type pumbu. De type fumu ou de type pumbu, ces deux masques du rituel d’initiation et de circoncision mukanda incarnent la puissance masculine. La coiffure en trois pointes représentant les trois tresses de raphia qui ornaient la coiffe de ces masques d’initiation est encore visible malgré les usures importantes de portage et la patine extrême de ce très ancien spécimen. Le percement pour l’attache du pendentif est transversal et intervient au niveau de la coiffe, n’altérant pas la lecture de la sculpture. Délimité par un diadème finement gravé en zig-zag (ou ligne d’eau), la présence du masque s’impose. Le front arqué est puissant, les grandes paupières closes sont sereines, la bouche entrouverte laisse apparaître les dents taillées, tout ici incarne la force et la sérénité mais aussi la beauté. Charme protecteur d’initié de la plus belle ancienneté, l’ikhoko de la collection Jean Roudillon est un des joyaux en ivoire de sa collection et un exemplaire d’exception, un chef-d’œuvre d’initié. Pende, République Démocratique du Congo Ivoire, oxydation d’ancienneté, profondes usures, petits manques (casses anciennes) à la tresse centrale, sublime et ancienne patine d’usage. H. : 5,5 cm Voir pour des spécimens comparables p. 82 à 87 dans Treasures 2008, Smithsonian National Museum of African Art, Ed. Migs Grove, 2008. Voir : pour d’autres spécimens et concernant le Mukanda p. 63 à 72 dans Initiés Bassin du Congo, Musée Dapper, Ed. Dapper 2013. Provenance : Collection Jean Roudillon

Estim. 4 000 - 6 000 EUR

Une figurine votive appelée Tunjo par les Indiens muisca. Les figurines plates Tunjo telles que celle-ci, pouvant représenter différents sujets, étaient enterrées dans des jarres avant une inhumation ou jetées dans des lacs avant l’intronisation d’un nouveau souverain. Trouvées en grand nombre, et présentes aujourd’hui dans de nombreuses collections publiques et privées, ce corpus a longtemps été considéré comme majeur en Colombie du fait de l’importance donnée à cette culture par les chroniques anciennes espagnoles. André Emmerich, un des plus grands experts des arts préhispaniques, nous rappelait avec raison qu’il s’agit d’un style régional finalement assez pauvre si on le compare aux autres cultures et traditions de l’orfèvrerie préhispanique en Colombie. Mais elles constituent un corpus d’objets « malheureusement » mythiques, source des fantasmes et de l’appétit des conquistadors, le fameux mythe de l’or de l’Eldorado. En effet les Indiens muisca longtemps appelés Chibcha du nom de leur groupe linguistique, qui vénéraient un dieu Chibchachun le dieu du commerce autant que celui des orfèvres, constituent la seule culture colombienne décrite en détail par les conquérants espagnols dans les chroniques anciennes. Vivant dans une vallée tempérée, idéale pour l’agriculture, les muisca vivaient au moment de la conquête dans le bassin prospère des hautes terres de Bogota, mais malheureusement encore organisés au moment de la conquête en plusieurs petits états concurrents. André Derain, dont Jean Roudillon fut l’expert de la vente de sa collection en 1955, en possédait une collection entière, et il est possible que ce Tunjo depuis longtemps présent dans la collection de Jean Roudillon, ait pu aussi lui appartenir. Muisca, environ 1000 à 1550 après J.-C., Colombie Tumbaga riche en or (alliage d’or, d’argent et de cuivre). H. : 7,5 cm Voir concernant les figurines Tunjo p. 83 à 88 dans: Sweat of The Sun and Tears of The Moon, Gold and Silver in Pre-Columbian Art, André Emmerich, Hacker Art Book, New York 1977. Provenance : Collection Jean Roudillon avant 1960

Estim. 1 500 - 2 000 EUR

Une canne d’initié de la société du Poro ou un bâton d’escorte, possiblement la canne d’un chef et personnage historique en la personne du Roi Babemba. D’une plus petite taille que les grandes cannes tefalipitya qui célèbrent le sambali (le champion des cultivateurs) qui sera « récompensé » par une jeune femme non mariée au sommet de sa beauté représentée assise au sommet de ces cannes, la canne senoufo de la collection Jean Roudillon est ornée d’un personnage féminin sculpté en position debout, bien campé, telle une statue déblé. Il s’agit très certainement d’un bâton d’initié de la société du Poro, ou d’un bâton d’escorte dont l’image féminine évoque les pouvoirs surnaturels des femmes, celle des sandobele, les femmes-devins, qui perçoivent les dangers cachés et passent devant pour écarter les sorts jetés par les sorciers. Cette canne magnifique à la patine laquée est d’un grand style ancien, dont les grands bras stylisés aux épaules puissamment arquées et les oreilles sculptées en cylindre renvoient sans équivoque aux plus belles statues Déblé de l’atelier dit des maîtres de Sikasso. Elle a été exposée en 1964 dans trois musées américains lors de l’exposition itinérante Senufo Sculptures from West Africa dont Robert Goldwater, directeur du Museum of Primitive Art de New York, était l’instigateur. La provenance de cette canne, prêtée par la galerie Le Corneur Roudillon à l’époque, la rattache dans le catalogue de cette exposition au Roi Babemba, personnage historique s’il en est au Mali, ayant succédé en 1893 à son frère Tiéba Traoré, quatrième roi de Kénédougou qui avait mené le royaume à son apogée et fixé sa capitale à Sikasso, où il fit notamment construire son palais pour résister aux attaques de Samory Touré. Le roi Babemba Traoré se suicida en 1898 plutôt que d’être pris, préférant la mort à la honte, après avoir lutté contre l’armée colonisatrice. C’est forcément Olivier Le Corneur et Jean Roudillon qui ont transmis cette provenance à Robert Goldwater, une provenance qu’ils avaient acquise avec l’objet. Réelle ou non, Goldwater un homme sérieux et historien de l’art devait considérer cette provenance comme authentique pour la valider et la publier, bien qu’aucun autre document ne puisse en attester réellement. Dans les notes de Jean Roudillon : « Afrique, Côte d’Ivoire, Senufo Canne du Roi Babemba de Sikasso Rapportée par un officier français en1898. Publié fig. 135 dans « The Museum of Primitive Art » par Robert Goldwater, New York, 1964 » Sénoufo, Côte d’Ivoire Bois, fer, oxydation d’ancienneté, usures, petit accident à la pointe du sein droit et une restauration indigène en fer au bras droit, très belle et ancienne patine d’usage. H. : 113 cm Voir pour les statues-pilon déblé de l’atelier dit des maîtres de Sikasso p. 117 à 137 dans : Senoufo Massa et les statues du Poro, Burkhard Gottschalk, Ed. Verlag U. Gottschalk Düsseldorf 2006 Provenance : - Ancienne collection Galerie Le Corneur Roudillon - Collection Jean Roudillon Expositions et publication : - Senufo Sculpture from West Africa, Robert Goldwater, Ed. The Museum of Primitive Art, New York, 1964, p. 90 n° 135 - Senufo Sculpture from West Africa, 1963, exposition itinérante à : - New York, NY The Museum of Primitive Art, du 20 février au 5 mai 1963 - Chicago, IL, Art Institute of Chicago, du 12 juillet au 11 août 1963 - Baltimore, MD Baltimore Museum of Art du 17 septembre au 27 octobre 1963.

Estim. 6 000 - 8 000 EUR

Un pommeau de canne, insigne d’autorité, représentant un personnage important. Représentant un notable, dignitaire assis, ornementé, scarifié au visage, au cou et sur le corps, il tient devant lui par la taille une jeune fille, décrite tantôt dans la littérature soit comme une assistante soit une enfant. Les bras relevés et tenant un objet sur la tête, ici un coffret ou un repose-pieds évoquant la richesse et le prestige, il s’agit bien d’une assistante et aussi d’une enfant. Incarnée par une jeune fille prépubère n’étant pas encore réglée, cette « messagère spirituelle » protège ce dignitaire de la sorcellerie « par la force mystique de sa pureté » et lui ouvre le passage en introduisant la beauté dans les assemblées. Thimothy Garrard nous explique que le couvre-chef, ayant pu contribuer à la confusion et souvent décrit comme un apport occidental ainsi que le traitement des moustaches et de la barbe, est en fait un canotier en paille tressée que les Akyé fabriquaient avant l’arrivée des européens. Il s’agit donc sans aucun doute d’un très ancien chef attié, et non de la représentation d’un portugais ou d’un autre occidental, et certainement le portrait d’un éminent personnage historique ou légendaire dont la mémoire s’est fâcheusement perdue au fil des siècles de l’histoire du peuple Akyé. En effet ce pommeau de canne en ivoire, sans aucun doute le plus ancien d’une série (constituant un corpus d’une douzaine d’œuvres d’après François Neyt), dont la sculpture des différents exemplaires s’échelonne sur plusieurs siècles, est à la source de tous les autres, c’est l’« objet mère ». Ce corpus d’objets bien identifiés, sculptés dans de l’ivoire, et sa typologie si caractéristique, a retenu depuis longtemps l’attention de nombreux spécialistes et historiens de l’art. Sur les trois exemplaires exposés à la Smithsonian de Washington lors de l’exposition Treasures en 2008, datés des XVIIIe et XIXe siècle, et malgré qu’ils soient moins anciens que celui de la collection Jean Roudillon, on retiendra ceux de la collection Laura et James Ross qui constituent une paire homme et femme et viennent ainsi compléter l’information d’un couple et pas uniquement du portrait d’un ancien dignitaire dont ces pommeaux commémorent la mémoire. Il a forcément dû s’agir d’un personnage important, historique ou mythologique, pour que cet archétype serve de modèle à d’autres pommeaux de cannes sculptés sur autant de générations, et une lecture attentive du plus ancien d’entre tous nous permet de lever certains doutes et tenter de remonter le fil de l’histoire. Il n’est pas étonnant que ce pommeau de la collection Jean Roudillon provienne auparavant de la collection de Roger Bédiat, à la source de tellement de chefs-d’œuvre, la plus importante des collections anciennes des arts de la Côte d’Ivoire. Une collection dont Jean Roudillon avait d’ailleurs fait l’inventaire et l’estimation en 1962. Cette sculpture est fascinante à plus d’un titre, sublime de détails et d’ancienneté, elle ne rayonne pas que par sa beauté, elle éclaire le passé et le futur, et fait incontestablement partie des plus beaux joyaux de la collection de Jean Roudillon. Attié (Akyé), Côte d’Ivoire. XVIIIe siècle ou antérieur. Ivoire, importante dessication d’ancienneté de l’ivoire, petit manque visible à la coiffe (casse ancienne) et probable restauration d’une petite casse à l’avant du canotier, légères fentes d’ancienneté, restauration visible d’un petit manque à l’avant de la base du pommeau, sinon excellent état de conservation, superbe et ancienne patine d’usage, présenté sur un socle en pierre rouge. H. : 13,6 cm Voir p. 75, 78-79 et 81 pour trois exemplaires du même corpus dans : Treasures 2008, Sharon F. Patton Brina M. Freyer, Smithsonian – Ed. National Museum of African Art Washington 2008. Voir pour deux autres exemplaires du corpus provenant de l’ancienne collection Joseph Mueller acquis l’un et l’autre avant 1939 et 1942 p. 175 et 176 dans : Arts de la Côte d’Ivoire Tome 2, Ed. Musée Barbier-Mueller, Genève 1993. Provenance : - Collection Roger Bédiat - Collection Jean Roudillon Publications : - Art d’Afrique Noire n° 53 printemps 1985 p. 53 pour une publicité de Jean Roudillon - Tribal Art magazine n° 82, Hiver 2016 p. 43 pour une publicité de Jean Roudillon.

Estim. 30 000 - 50 000 EUR

Une figue équestre senanbele Les représentations de cavalier (senanbele ou tuguble) sculptées en bois ou fondues en métal incarnent des génies de la brousse ndebele, un esprit de la nature ici sur sa monture tel un émissaire. Ces sculptures sont liées aux rites divinatoires. Leur sculpture était ordonnée par le devin, et elles étaient destinées à des autels personnels, mais dans ce cas, pour les sculptures équestres en bois, plus rares, à celui du devin. Le cheval est associé à la vitesse, la dignité, et au prestige, mais aussi à la violence et au désordre « ayant été utilisé à l’époque précoloniale par les guerriers et les voleurs d’esclaves dont les senoufos étaient victimes ». La figure équestre de la collection Jean Roudillon, particulièrement ancienne d’un très beau style archaïque, mérite que l’on évoque ici une notion éminemment importante dans la culture sénoufo, celle de sityi, l’« intelligence créatrice » dispensée par Dieu. Une notion dont l’évocation est d’autant plus appropriée ici que les artistes sénoufos considèrent recevoir l’impulsion, leur inspiration créatrice, directement des esprits de la nature ndebele (génies de la brousse), comme le devin est un medium servant de canal en contact avec les ndebele qui « voient Dieu » et se sert des ndebele comme émissaire. Sénoufo, Côte d’Ivoire Bois, très belle oxydation d’ancienneté, ancienne et très belle patine d’usage. H. : 25 cm Voir p. 30 à 53 pour un chapitre d’Aniata Glaze sur les fondements religieux et métaphysiques des arts sénoufo dans : Arts de la Côte d’Ivoire Tome 1, Ed. Musée Barbier-Mueller Genève 1993 Provenance : Collection Jean Roudillon

Estim. 6 000 - 8 000 EUR

Un ensemble d’ornements ouoho constitué d’une petite cape (ou pectoral), de deux brassières poe i’ima et d’une chevillière poe vaevae. Constitués de cheveux humains, donc chargés du mana car provenant de la tête centre du pouvoir spirituel, ces ornements étaient les parures des danseurs et danseuses lors des festivités, mais aussi celle des hommes de haut rang. Les ornements de chevilles sont appelés poe vaevae, et ceux de bras poe i’ima, ils étaient attachés par un lien de tapa ligaturé ou passé dans les boucles du collier de fibres de coco. Ces ornements ouoho étaient confectionnés par un spécialiste, et les cheveux rassemblés pour leur confection pouvaient venir des parents, mais aussi provenir d’??ennemis vaincus. On appelait vae ouoho c’est à dire « poil aux pattes » le guerrier invincible qui n’avait jamais perdu ses poe vaevae lors des combats. On notera ici que les deux poe i’ima de cet ancien ensemble possèdent toujours l’un et l’autre leurs cordelettes tressées de tapa. Îles Marquises Cheveux humains, fibres de péricarpe de noix coco, tapa, oxydation d’ancienneté et ancienne patine d’usage. D. : 45 cm à 25 cm environ (du plus large au plus haut) Voir p. 217 n° 374 dans : James Cook et la Découverte du Pacifique, Ed. Imprimerie Nationale 2009 Voir p. 113 dans : Ta’aroa L’Univers Polynésien, P. et F. de Deckker, Crédit Communal, Bruxelles 1982 Provenance : Collection Jean Roudillon

Estim. 3 000 - 5 000 EUR

Une lance de notable sculptée d’une figure féminine porteuse d’un tabouret. Cette lance cérémonielle, emblème d’autorité d’un chef akyé, est exceptionnelle à plus d’un titre, et constitue un des plus beaux et des plus anciens exemplaires dorénavant connus. Les thèmes qui ornent cette lance, sans aucun doute du XIXe siècle, sont récurrents dans les arts des cultures dites lagunaires, et sont d’ailleurs restés populaires jusque tardivement au cours du XXe siècle dans les arts de cette région. Il s’agit d’une jeune fille, richement scarifiée aux tempes, autour du cou et le reste du corps, et superbement coiffée de tresses et de chignons asymétriques portés sur le côté. Elle incarne l’assistante d’un ancien, portant sur la tête son tabouret autre insigne de son autorité, et introduit la beauté dans les assemblées. Elle symbolise une jeune fille prépubère encore non réglée, elle protège de la sorcellerie son propriétaire, qui tient sa lance devant lui, par la « force mystique de sa pureté ». Plus bas en haut relief est sculpté ce qui est certainement un baril de poudre symbolisant la richesse et la puissance. On doit absolument souligner l’archaïsme et les qualités artistiques de cette œuvre du plus beau style, avec ses yeux aux paupières closes empreints d’une profonde sérénité surlignés par de superbes et grandes arcades sourcilières rejoignant ses scarifications temporales en grains de café et soulignés par des pommettes saillantes finement sculptées, ainsi que la finesse du traitement de ses bras effilés, comme celle du ciselage des gravures qui ornent les tresses ou celles du tabouret sculpté ajouré. On peut aussi se réjouir, une fois n’est pas coutume, que cette lance n’ait pas été tronquée, préservée par ses deux propriétaires successifs qui nous l’ont transmise, elle arrive jusqu’à nous complète, avec ses deux fers. Son style archaïque et sa sublime patine accompagnent sa provenance prestigieuse et rare, celle du Dr Stéphen Chauvet, presque comme une logique. Attié (Akyé), Côte d’Ivoire Bois, fer, fentes d’ancienneté, petits accidents visibles et usures mineures, superbe et ancienne patine d’usage. H. : 146 cm Voir : Arts de la Côte d’Ivoire Tome 1 et 2, Ed. Musée Barbier-Mueller, Genève 1993. Provenance : - Collection du Dr Stéphen Chauvet - Collection Jean Roudillon

Estim. 6 000 - 8 000 EUR