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Lettres & manuscrits autographes I Livres anciens & modernes

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Aguttes Neuilly
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339 résultats

Lot 144 - BAC Ferdinand (1859 - 1952) MANUSCRIT autographe signé « Ferdinand Bac », Manuscrits divers, 1932-1934; cahier vert à dos toilé petit in-4 (22,5 x 17 cm) d'environ 120 pages, sous chemise dos percaline noire et étui à dos toilé avec pièce de titre. Manuscrit de premier jet et de travail de ses souvenirs et récits de voyages. Le manuscrit, à l'encre noire, principalement au recto des feuillets du cahier, avec des additions sur la page en regard, et des pages insérées, est abondamment raturé et corrigé. Paginé 1-116, il porte, sur la couverture, une étiquette en donnant le contenu; à la fin du cahier, Bac a dressé un « Sommaire » avec renvois aux pages du cahier. En tête du cahier, Bac a noté: « A Caroline Octavie en souvenir de son compagnon de voyage. Ce cahier a été commencé le 8 Novembre 1932 aux Colombières à Menton avec une étude sur mon entrevue avec Mussolini » [Caroline-Octavie dite Jeanne Ladan- Bockairy, née Jouain, inspiratrice de F. Bac, protectrice, avec son mari Émile, de Bac, qui créa pour eux le jardin des Colombières dans leur propriété de Menton]; en regard, photographie de Mme Ladan-Bockairy. Le cahier commence par des Impressions de Rome (p. 1-3), fin de ses entretiens avec MUSSOLINI, « partiellement inédit », avec cette note en tête: « Le Fascisme ne pourra jamais être un régime pour la France. Le Français aime la liberté autant que l'Italien mais il ne se soumettra jamais à une Dictature comme l'Italie ». Suivent (p. 4-12) des notes sur des « Autographes inédits (concernant principalement Mad. Récamier », de la collection Caplain; puis des notes sur ses entretiens avec RENAN et avec TAINE, puis avec le Prince Napoléon en 1885-1888 (p. 12-50), destinées à ses mémoires (inédits). Après une « Introduction pour les Fables de La Fontaine » (mars 1934, 2 p.), des souvenirs intimes sur « Le Prince de Galles à la Turbie » en 1896 (p. 52-55). Commence alors (p. 56-116) le manuscrit du « III volume de la série Promenades dans l'Italie nouvelle. La Sicile ». Bac a monté à la fin un « échantillon d'une page “travaillée” et annulée » (page dactyl. surchargée de corrections et d'additions). Ex-libris au chiffre J B dessiné par F. Bac

Estim. 500 - 600 EUR

Lot 151 - DUBUFFET Jean (1901 - 1985) L.A.S. « Jean Dubuffet » et L.S. « Jean Dubuffet » avec 7 lignes autographes, 1948-1949, à Joe BOUSQUET; 4 pages in-8 et 2 pages in-8. El Goléa 28 février [1948]. Il a quitté Paris, « chassé par le froid ». Il remercie Bousquet des contes qui lui sont dédiés [dans Le fruit dont l'ombre est la saveur]: « Ce livre va m'être cher au-delà de tout ce qu'il m'est possible de dire et ensoleiller ma vie et mon travail pour tout le temps que j'ai à vivre ». À son retour en France, il ira visiter Bousquet dans sa chambre à Carcassonne. « El Golea est une oasis de l'extrême Sud, en plein milieu du Sahara. La population y est mêlée d'Arabes et de nègres soudanais, nichée dans de petites maisons d'argile; [...] les palmeraies sont immensément étendues et tout à l'entour c'est le sable sans fin. Je suis ici avec la gentille Lili qui est toute enchantée de ce lieu féerique, il nous a fallu plusieurs journées de voyage en auto-car sur les pistes du désert pour y parvenir [...] Nous allons boire le thé chez les indigènes et ce matin nous le buvions sous des citronniers chargés de fruits, à la musique ravissante d'une flute de roseau à six trous dont jouait doucement notre hôte »... Etc. Paris 3 août 1949. Il envoie à Bousquet un tableau à rajouter à sa collection, et ne veut pas être payé. Le portrait qu'il a fait de Bousquet est exposé à New York. Il s'inquiète de l'intérêt que porte Max ERNST à son oeuvre. Il travaille à « un petit album pornographique, dessins et texte. Le texte est très imbécile. [...] Moi je déteste les idées; je le trouve tellement creuses ! Je veux de l'art à la tête coupée »... Il termine sa lettre par ces lignes manuscrites: « Je n'ai nulle exposition en projet. Je suis fatigué de faire des expositions qui ne recueillent qu'horions et insultes. Ce que veut l'Européen c'est: des idées. Autre chose que des idées il ne croit pas (pas sérieusement du moins) que ça mérite attention. Moi les idées je m'en torche. »

Estim. 1 000 - 1 200 EUR

Lot 162 - MONET Claude (1840 - 1926) L.A.S. « Claude Monet », Giverny 8 novembre 1891, à George de BELLIO; 4 pages in-8. À un de ses premiers collectionneurs. Il évoque « la série de toiles que vous avez vendues au délicieux Paindesons. J'ai eu le bonheur de le rencontrer et ça a été une grande surprise pour moi d'apprendre cela. Vous avez assez de toiles de moi (et c'est votre droit d'en céder) pour faire un choix dans ce que vous avez, mais où je vous en veux un peu c'est de ne pas m'en avoir prévenu avant de conclure avec cet amateur éclairé, parce qu'il y a parmi ces toiles des choses que j'aurais été heureux de ravoir, ne fut-ce que comme souvenir. Vous m'auriez fait part de cela que nous aurions pu faire un échange quelconque. Il m'a dit que vous lui aviez vendu deux chemins de fer, j'en suis désolé, et doublement ». Il prie donc de Bellio de le prévenir quand il veut « épurer » sa collection. « Vous m'avez rendu de bien grands services en m'achetant de la peinture à une époque où peu d'amateurs en voulaient. J'ai du de mon côté me séparer pour vivre de tout ce que je produisais. Vous comprendrez donc la surprise et la déception que j'ai éprouvé ainsi que le désire que je manifeste si vous êtes dans l'intention de céder d'autres toiles. [...] Vous avez eu le courage d'acheter ces toiles quand cela semblait un ridicule, il est bien naturel que vous ayez le droit de vous en déposséder ensuite ». Mais il regrette encore de n'avoir pas été prévenu..

Estim. 800 - 1 000 EUR

Lot 169 - PISSARRO Camille (1830 - 1903) 3 L.A.S. « C.P. » (une incomplète du début, et 2 minutes dont une non signée), 1902 et s.d.; 5 pages et demie in-8. Ensemble concernant la propriété de ses parents à Saint-Thomas aux Antilles, et des problèmes de succession. L.A.S. à son beau-frère ISAACSON (mari de sa demi-soeur Esther), non datée (brouillon, encre violette). Il évoque un problème de dette de son père, remercie Isaacson de recevoir son fils Georges et enfin promet un portrait de sa fille pour Esther... Fin de L.A.S. à sa femme Julie. Il évoque l'affaire de la succession puis termine: « J'ai visité plusieurs marchands de gravures, j'ai encore une recommandation de Duret pour un autre, je cherche un représentant parmi ces messieurs, je ne suis pas encore décidé, j'y réfléchis »... Paris 28 place Dauphine 3 janvier 1902. Brouillon autographe à son neveu Alfred, concernant la succession et la vente de la propriété familiale de Saint-Thomas. « Quant à la demande que tu me fais d'aller à St Thomas et à nos frais pour mettre un peu d'ordre dans la gestation de la propriété, j'accepte avec empressement ta proposition sachant bien que je ne saurais avoir un meilleur et plus juste représentant de nos intérêts et j'espère que nos cohéritiers sauront profiter aussi de cette bonne occasion. Pendant que tu serais à St Thomas je te saurai grés, mon cher Alfred de me mettre au courant de la vente de St Thomas aux États-Unis et des conditions qui seront stipulées »..

Estim. 500 - 700 EUR

Lot 173 - TOULOUSE-LAUTREC Henri de (1864 - 1901) L.A.S. « Henri de Toulouse Lautrec », Nice 13 janvier 1880, à la comtesse Raymond-Casimir de TOULOUSE-LAUTREC; 4 pages in-8 (deuil). Charmante lettre à sa grand-mère paternelle, lors d'un séjour à Nice. [Il était en convalescence à Nice, après la fracture de ses jambes.] « Ma chère Bonne-Maman, Je m'y prends non pas un peu, ni beaucoup, mais incommensurablement trop tard pour vous offrir mes souhaits de bonne année. J'espère racheter ma faute en vous servant des nouvelles toutes chaudes. Nous avons passé une charmante journée à Cannes, Samedi; la ville est très jolie, et l'installation de mon oncle est superbe. C'est une villa très-gentille au bord de la mer, dans le voisinage de la villa des Dunes séjour de l'impératrice. Mon oncle Odon monte à cheval, et il a loué un landau pour les après-midis, pour faire des courses dans la montagne. Nous y sommes allés avec eux, et sommes montés à un endroit d'où l'on voyait Nice et les côtes d'Italie, et puis une mer bleue...!!!! Les bébés vont très bien et vont faire de grandes promenades avec Soué qui est enchantée. [...] mon oncle Odon a acheté toute une collection de tableaux, et, à ce qu'il parait, on en trouve des masses. Quant à nous, nous n'allons pas trop mal. La pension n'est pas aussi gaie que l'an passé. Mais l'hiver est généralement plus beau, et nous nous promenons beaucoup. [...] Adieu ma chère bonne-maman, je vous souhaite une tardive bonne année en vous remerciant encore une fois de vos étrennes »..

Estim. 1 000 - 1 200 EUR

Lot 178 - LISZT Franz (1811 - 1886) L.A.S. « F. Liszt », Weymar 20 mars 1851, à un journaliste 4 pages petit in-4. Il rompt « un silence de plusieurs années », cédant « à l'intérêt que je suis en devoir de prendre à une pensée et une fondation qui, tant par les sympathies qu'elles ont déjà rencontré que par le patronnage qui leur semble assuré, s'annoncent comme destinées à occuper une large place dans le développement de l'art en Allemagne ». Il prie le journaliste de « trouver quelque moment pour parcourir ma brochure sur la Fondation-Goethe » [De la Fondation Goethe à Weimar (Leipzig, F. A. Brockhaus, 1851)], et de lui accorder « quelques colonnes de la Gazette d'Augsbourg, dont le haut crédit et l'universelle influence pourraient contribuer si efficacement à hâter la réalisation définitive de la Fondation- Goethe, et de donner des extraits traduits (de la 2de et 3me partie) de la brochure », qui avait intéressé M. Dingelstadt lors de son séjour à Weimar pour les fêtes de Herder et Goethe; mais ce dernier n'a pas fait le résumé promis. Liszt rappelle à son correspondant « l'honorable proposition il y a 9 ans, d'accepter pour la Gazette d'Augsbourg, quelques correspondances, peu fréquentes, sur des sujets spéciaux de musique, datées de Weymar, et signées de mon nom ou marqué d'un signe particulier, selon que vous le jugerez à propos ? - Ma gaucherie invétérée en fait de maniement de la phraséologie allemande m'obligerait à écrire d'ordinaire en français, mais cette difficulté serait fort minime pour votre feuille et n'occasionnerait qu'à de rares intervalles un léger embarras de traduction »... En post-scriptum, il signale les passages de sa brochure qu'il conviendrait de citer..

Estim. 1 500 - 2 000 EUR

Lot 179 - MENDELSSOHN Felix (1809 - 1847) 2 L.A.S. « Felix Mendelssohn Bartholdy », Frankfurt et Leipzig 17 mai et 21 septembre 1847, à l'éditeur N. SIMROCK à Bonn; 1 page et demie et 1 page in-4, adresses; en allemand. Lettres écrites l'année de sa mort, sur l'édition de son oratorio Elias. [Mendelssohn revient alors d'Angleterre, où il a plusieurs fois dirigé, avec un grand succès, Elias, son ultime chef-d'oeuvre. Il mourra le 4 novembre.] Frankfurt a.M. 17 mai. Il remercie l'éditeur pour sa gentillesse à Bonn. Comme il semblait impatient de recevoir les corrections, Mendelssohn s'est immédiatement mis au travail et renvoie ce jour même la réduction de piano, et les parties de choeur de la première partie, corrigées. Il faut corriger toutes les erreurs qu'il a remarquées. Une fois cela fait, l'impression peut commencer. Il enverra tout ce qu'il a de la deuxième partie dans quelques jours, et demande qu'on lui envoie à Francfort, où il reste quelques jours, le reste de la 2ème partie (réduction du clavier), car cela lui sera utile pour corriger les parties de choeur... Puis il partira pour Vevey... Il n'a rien contre la publication de le très insignifiant chant du Rhin (« das sehr unbedeutende Rhein-Lied » [Warnung vor dem Rhein]). Puis il évoque une demande de l'Accademia de Sainte-Cécile à Rome, qui avait demandé à Mendelssohn d'être son représentant au Festival Beethoven de Bonn... Leipzig 21 septembre. Au sujet de la correction des épreuves. Il n'a revu que les endroits où plusieurs planches ont été réduites en une seule. Il faut vérifier que les erreurs constatées ont bien été correctement corrigées. Il n'a pas révisé ce qu'il avait déjà revu (« Ich habe nur die Stellen noch einmal durchgesehen, wo mehrere Platten in eine reducirt worden sind; haben Sie die Güte recht darauf zu halten, daß die angemerkten Fehler genau corrigirt werden. Die übrigen Platten habe ich nicht noch einmal revidirt »). Il signale une indication pour les cors; dans les parties tout est correct. Il n'y a également aucune erreur dans les indications du métronome dans la première partie. En revanche, dans la deuxième partie ces indications n'ont pas été portés sur plusieurs morceaux, et ne réapparaissent que vers la fin; il rectifie deux tempi, dans l'Allegro du n° 26 et l'Allegro moderato du n° 30, et l'indication métronomique du n° 32 (66 et non 60). Plus rien ne s'oppose désormais à l'impression de la première partie, et il renverra la deuxième partie dans les prochains jours, quand il l'aura reçue. Sämtliche Briefe, Band 12, n° 5751 et 5818

Estim. 1 500 - 2 000 EUR

Lot 183 - RAVEL Maurice (1875 - 1937) L.A.S. « Maurice Ravel », Montfort-l'Amaury 26 juillet 1922, à G. JEAN-AUBRY à Londres; 4 pages in-8 à son monogramme et l'adresse Le Belvédère, enveloppe. Au retour de son voyage à Londres, il est depuis deux jours à Montfort-l'Amaury, « essayant de rattraper un sommeil qui ne se laisse pas faire. À force de me coucher, je finirai bien par l'avoir. Et puis, La musique et les Nations [ouvrage de G. Jean-Aubry] sont là, n'est-ce pas ? [...] Vous savez sans doute [...] qu'un beau soleil et une mer d'huile m'attendaient au bout de l'île, qu'ils m'ont accompagné jusqu'à la côte française, où ils ont pris gentiment congé de moi. Maintenant, après deux jours tropicaux ce sont des cataractes. La ménagerie des fourmis-lions elle-même est menacée. Et je ne vous ai pas encore remercié de tout le mal que vous vous êtes donné pour me rendre le séjour de Londres agréable et fructueux »... Il évoque, à propos d'En marge des marées, Joseph CONRAD (dont Jean-Aubry était le traducteur): « Si vous voyez Conrad, dites combien j'ai été touché de son présent de cigarettes: c'est des choses qu'on n'oublie pas. J'ai même l'intention de lui envoyer une carte de remerciements si vous me donnez son adresse, et me dites s'il faut l'appeler “cher maître” ». Il a reçu la visite de Roland-Manuel qu'il a chargé de « la record'smusic » demandée par Aeolian »... L'intégrale. Correspondance, n° 148

Estim. 500 - 600 EUR

Lot 185 - SAINT-SAËNS Camille (1835 - 1921) 14 L.A.S., 1855-1908, la plupart à la famille BARBIER; 29 pages in-8. Lettres adressées au librettiste Jules Barbier puis à son fils Pierre, lui aussi poète et librettiste. À Jules BARBIER. St Valery en Caux 4 août 1855... « les bains de mer cette fois m'ont donné la colique ainsi qu'à bon nombre de baigneurs de St Valéry. C'est fort désagréable, comme vous pouvez vous l'imaginer. [...] Quant au retard forcé de notre affaire c'est une chose complètement secondaire; rétablissez-vous d'abord, nous verrons après. Je me pique d'être de ceux de vos amis qui vous aiment autrement que pour vos hémistiches [...] je ne vous demande qu'une seule chose, de ne pas me remettre après MM Chelard et de Hartog. Que l'opéra-comique leur soit léger ! Si toutefois ils arrivent à en faire un. À propos j'ai fait connaissance avec la partition de Jaguarita. Je ne dirai pas comme Lamartine à Dumas, mon opinion est un point d'admiration; mais plutôt, mon opinion est un point d'interrogation. Est-ce bien d'Halévy? Ne serait-ce pas de Clapisson ? ou plutôt d'Adam ? est-ce écrit pour des voix ou pour des anguilles ? est-ce bien de la musique ? la colique m'aurait-elle tourné la tête ? [...] Telles sont, entre mille, les pensées qui se heurtent dans mon pauvre cerveau à la lecture de cette étrange confiture »... - Le Cateau 1er février 1875. Oscar Stoumon, le nouveau directeur de la Monnaie, est à Paris; Barbier devrait lui parler du Timbre... - [1877]. Pourparlers avec Carvalho. « Privés du caractère poétique que la musique donne si bien et que rien ne peut remplacer, vos personnages n'auront aucune consistance et par conséquent n'intéresseront pas, c'est du moins mon intime conviction et je ne le dirai à personne d'autre qu'à vous. [...] Enfin je crois au succès de l'opéra et je doute fort de celui du drame »... - Évian 28 septembre 1890. Il ne veut pas recommander « un musicien que je ne connais pas à un curé que je ne connais pas davantage. Ça ne se peut pas, d'autant qu'il m'en a cuit autrefois, et plus d'une fois, pour avoir été traiter des affaires de ce genre avec des abbés auxquels je n'avais pas été préalablement présenté. Ces messieurs gardent toute leur onction pour les besoins de leur saint ministère, et il ne leur reste parfois plus la moindre urbanité pour l'ordinaire de la vie. [...] Il n'y a que Gounod qui sache nager dans l'eau bénite »... À Pierre BARBIER. - 25 septembre 1891. « Phryné est une piécette faite depuis plusieurs années et qui n'est pas de Gallet. Je l'avais rendue à l'auteur et la lui ai redemandé, mais je crains bien de ne pas être même capable de faire cette bluette en deux actes »... - 15 novembre 1895. « Je ne te dirai pas que notre petite querelle de ménage soit d'un vif intérêt, tu ne me croirais pas, mais c'est un très charmant prétexte à musique par la façon dont c'est présenté. Je crois que tu as dû songer à un rôle pour Madame Delna et il y aurait certainement quelque chose à faire. L'inconvénient pratique est qu'il est impossible de s'intéresser à ce follet. Dès lors il aura beau dire les plus belles choses du monde; elles plairont si elles sont jolies et bien chantées, mais elles perdront une bonne moitié de leur valeur en allant de l'interprète à l'auditeur comme la force motrice transportée par un fil électrique. Et puis comment une cantatrice pourrait-elle donner l'impression immatérielle du follet! [...] je sais bien que c'est dommage de perdre d'aussi jolis vers, mais tu les fais si facilement ! Une petite femme menue, légère, vive comme un oiseau, c'est ainsi que je vois le rôle »... - 6 juillet 1908. Il part pour Dieppe, puis ira aux fêtes de Béziers. Quant à l'amie de Pierre: « Il y avait dans son oeuvre un morceau excellent, la malédiction à la mer et le passage qui suit; c'est ce qui lui a valu son prix. Elle fera comme Gluck elle s'en servira plus tard pour autre chose. - 27 octobre 1908: « je n'ai pas la cruauté de te demander le sacrifice de tes vers, mais je ne puis m'empêcher de déplorer que tu aies aiguillé sur cette voie. Tu parles de Don Juan ! mais Don Juan est un personnage lyrique. Une mère qui veut empêcher sa fille de mal tourner, des intrigues et des affaires d'argent, ne le sont point. La prose t'aurait permis de rendre plus clair le 2d acte, et de faire comprendre l'importance politique du pucelage de cette jeune race, que l'on comprend maladroitement »... Etc. - 21 novembre 1911. « Dernièrement un petit journal de musique a cité inexactement des vers de Faust pour en montrer le ridicule. J'ai voulu venger ton père et j'ai envoyé une rectification qu'on n'a pas insérée. - 25 octobre 1912. Il lui confie un secret: « Je viens de donner 10.000 f. à un membre de ma famille. Je ne peux vraiment pas continuer dans cette voie. Certes, il est bien de payer les dettes de ton père, mais le tien a été la victime d'un

Estim. 1 000 - 1 200 EUR

Lot 192 - ARAGON Louis (1897 - 1982) MANUSCRIT autographe signé « Aragon », Une histoire contemporaine: Claude-André Puget, [1947]; 22 pages et demie in-4 (quelques bords légèrement effrangés). Préface pour le recueil de poèmes de Claude-André PUGET (1900-1975), La Nuit des temps (Clairefontaine, 1947). « D'où naît le chant, et qui est le chanteur ? Qu'est-ce que c'est que cette murmurante folie dans un jeune homme, qui s'éveille... Qu'est-ce que c'est que cette musique en lui, ce besoin de la communiquer aux autres par des arrangements de mots, arbitraires sûrement, arbitraires... On dit c'est un poète; il fait des vers... [...] Ce siècle est un puits profond et noir, et si je me penche à la margelle, que de choses inexplicables au tréfond ! [...] Un poète aussi est la créature du temps. [...] Il se croit libre, il invente sa romance, il avance et se met à chanter. [...] comment sont les poètes cingalais, ou ceux de Carcassonne ? Les uns écrivent pour les yeux, et d'autres ne sont que voix, et j'ai connu des poètes de l'absence, qui prenaient leur grandeur de ce qu'ils ne disaient pas. [...] C'est vers 1920, à dix-sept ans, à Nice, [...] que Claude-André Puget écrivit les premiers poèmes qui nous sont parvenus de lui ! ».... Arago parcourt alors l'oeuvre poétique de Puget, depuis son premier livre Pente sur la mer... « C'est une poésie de la chute. C'est pourquoi elle méprise les tambours, la rime. Chose extraordinaire qu'un chant qui n'est chant que d'être retenu. Ce jeune homme que nous entendons encore, quel trouble exprimait-il donc, quel trouble à ces poèmes commun, quelle tristesse si différente des plaintes du temps de la Pléiade ou de cette nostalgie de Lamartine qu'on aurait cru, le prenant au mot, même à vingt ans, toujours sur le point de mourir ? [...] Je ne parle pas d'influence: je constate les analogies du chant sur une assez courte période de la poésie française, comme si dans un temps donné les chanteurs ne pouvaient sortir de certaines règles informulées, d'un certain cadre vocal, où le chant se plie à des traditions neuves, aussi exigeantes que celles du sonnet ou de la sextine. J'aime ces premiers livres où les hommes très jeunes livrent d'eux-mêmes plus qu'il ne paraît »... Etc. Aragon continue à explorer et commenter les divers recueils de Puget, faisant de nombreuses citations, pour terminer par La Nuit des temps: « Oui, nous sommes à une charnière du siècle, à un seuil de l'aventure humaine, et à ce lieu de passage il faut savoir lire aux variations de la poésie les variations de l'homme. J'ai suivi pas à pas ce poète pendant vingt années, et il pouvait ne sembler suivre que sa rêverie, mais je sais cependant que comme les reflets d'un incendie sur les nuages, ces variations du rouge au noir par le rose venaient d'un brasier extérieur et lointain. Rien n'est arbitraire dans la poésie, bien qu'on en pense. Et c'est à ce moment seul où la voix du poète semble dans la réalité se perdre, qu'elle chante enfin, qu'elle emplit le coeur de sa musique, et les yeux de larmes, à ce moment où la poésie avec le destin de l'homme se confond, dans La Nuit des Temps »..

Estim. 1 000 - 1 200 EUR

Lot 193 - ARAGON Louis (1897 - 1982) L.A.S. « Aragon », Paris 23 novembre [1971], à Suzanne CORDONNIER-MUZARD; et 2 L.A.S. « Suzanne C » et « S C »(minutes) de Suzanne MUZARD à Aragon, novembre 1971; 2 pages in-4 chaque. Mise au point à propos de la liaison de Suzanne Muzard et André Breton, à la suite d'un article de France-Soir citant Aragon. [20 novembre]. Suzanne Muzard proteste: « Je ne pense pas que mon ex-mari admettra comme exact que je lui soutirais fourrures et bijoux, pour selon vos propres termes, m'empresser de les vendre afin de renflouer le père du Surréalisme à une époque où vous étiez le meilleur ami d'AB. [...] Je cherche aujourd'hui à comprendre les raisons de vos insinuations malveillantes, et pourquoi il vous plaît que dans une période sentimentale de sa vie AB soit classé comme ayant vécu aux crochets d'une femme »... 23 novembre. ARAGON se défend d'avoir donné aucune interview à France-Soir: « Il n'y a eu aucune insinuation malveillante de ma part. On fait dire dans la presse de nos jours n'importe quoi à n'importe qui. [...] Je vous ferai encore remarquer, non seulement que le vocabulaire employé n'est pas le mien, je n'ai jamais employé le mot deche pour signifier les difficultés matérielles de la vie, mais que d'autre part, quelles qu'aient pu être alors les difficultés d'André dans ce domaine (difficultés dont je n'ai jamais eu connaissance ou conscience), elles n'étaient en rien comparables à ce qui se passait dans ma vie. Je ne vois aucune raison dans tout cela, et il faut tout de même que je vous dise que, malgré la rupture entre nous plus tard (et cela a été le grand drame de ma vie) je n'ai jamais cessé d'aimer et d'admirer André, je n'ai jamais écrit quoi que ce soit contre lui, même quand il s'associait à des textes dirigés contre moi »... Cependant à l'occasion de plusieurs biographies récentes, il a exprimé son indignation « qu'on vous ait supprimée purement et simplement de sa vie, qu'aucune mention ne se trouve où que ce soit de la seule femme qu'il ait à ma connaissance véritablement aimée »... Il s'est exprimé aussi sur ce que Breton pensait et disait d'elle « dans cette sombre période de sa vie après votre dernier départ, où Éluard et moi craignions qu'il ne se tue, à cause de votre absence - j'ai dit à qui a voulu l'entendre que c'était une honte de barrer de son existence la femme pour qui, elle partie, il a écrit le plus beau poème de sa vie, L'Union libre »... Et de raconter la conversation qu'Éluard et lui eurent avec Breton, dans les premiers jours de 1932, après la publication du poème sans nom d'auteur... 24 novembre. Réponse de Suzanne Muzard: « vous restez l'unique témoin d'une passion jadis orageuse - qui dès le début était condamnée par son gâchis - à ne pas survivre. Je ne renie pas d'avoir aimé André. Et, je crois puisque vous me l'affirmez, avoir compté dans sa vie... beaucoup trop. J'ai toujours ignoré qu'il avait pensé à se tuer. [...] que l'entourage de A. m'ait jugée néfaste ne me semble pas excessif. Pourtant j'avais des circonstances atténuantes ! Je n'étais qu'un pion entre deux hommes dont j'étais l'enjeu... Je n'ai jamais pensé faire état, des preuves qu'André a signifié en imprimé ou en privé - dans la fin de Nadja »... Quant à L'Union libre, le poème fut écrit en sa présence et seulement diffusé plus tard: « AB avait sans doute renoncé à m'en honorer ! Mais ce que vous ne savez pas est: que le titre L'Union l.. était un défi contre le mariage et EB »... Elle est touchée qu'Aragon veuille la faire sortir de l'ombre, à 71 ans ! « J'ai pu constater que l'amour n'est pas toujours exclusif mais plutôt renouvelable. AB et moi avons refait surface - ailleurs - séparément. J'ai pendant 25 ans vécu d'un sentiment dont j'ai pu mesurer la réelle importance »..

Estim. 400 - 500 EUR

Lot 195 - BARBEY D'AUREVILLY Jules (1808 - 1889) MANUSCRIT autographe signé « J. Barbey d'Aurevilly », La Colonne, [1873]; 3 pages in-fol. aux encres noire et rouge (feuillets découpés pour l'impression et remontés, sous cadre). Vigoureux article sur la destruction de la Colonne Vendôme lors de la Commune et la décision de la reconstruire. [En mai 1873, le maréchal de Mac-Mahon, président de la République, a décidé de faire reconstruite la Colone Vendôme aux frais de Gustave Courbet.] L'article de Barbey a paru dans Le Gaulois du 6 juin 1873, et a été recueilli dans Dernières Polémiques (A. Savine, 1891). Il est divisé en quatre parties. Le manuscrit présente des ratures et corrections. Certaines phrases sont écrites à l'encre rouge, et Barbey a rehaussé son texte de lettres d'encres de différentes couleurs (le titre à l'encre dorée). « Elle était une gloire. Elle va en être une seconde. C'est la victoire qui l'avait élevée, et c'est la victoire qui la relève. La victoire de ces derniers jours ! La victoire remportée encore une fois sur l'ennemi, et quel ennemi ? L'ennemi du dedans, plus odieux que l'ennemi du dehors !... Nous allons donc la revoir debout ! et que ne puissions-nous l'appuyer, pour les écraser mieux, sur la poitrine de tous les ennemis de la France, cet airain vaincu, comme disait son inscription sublime, fourni par l'Ennemi et abattu par un ennemi, pire que le premier ! Et que le Dieu de la France soit béni ! Nous allons revoir cet airain vaincu - et maintenant doublement victorieux, que nous aurions pu ne revoir jamais; car les misérables qui l'abattirent avaient allumé assez d'incendies dans Paris pour le faire fondre dans leurs abominables flammes ! [...] Ce n'est donc pas seulement aujourd'hui une colonne relevée... Ce sont les relevailles de la France ! »... Etc. Barbey évoque ensuite les destructions de la Commune, et souligne le symbole que représente la Colonne, qui « n'est pas un monument comme les autres. La Colonne fait partie de l'honneur de la France, et mise à bas, notre honneur semble à bas comme elle. [...] Son bronze est bien plus que du simple bronze. Le sang de ceux qui le prirent à l'ennemi sur les champs de bataille l'a imbibé, l'a pénétré, et en a fait une chose humaine et vivante. Ne vous y trompez pas ! C'est le sang de la France qui est là-dedans »... Ceux qui l'ont détruite sont des « parricides »: « Crime anonyme et collectif, exécuté au grand soleil, mais par des êtres qui s'appelaient la foule, l'irresponsable et détestable foule [...] Nous pouvons relever la Colonne. Nous ne pouvons la faire relever à ceux-là qui l'ont abattue ! Nous ne pouvons leur imposer cette expiation vengeresse et juste. [...] Un seul nom surnage à présent sur la mémoire du crime englouti, et c'est le nom de COURBET, l'Erostrate de la Colonne, plus coupable et plus imbécile que les stupides Erostrates qui ont si bestialement brûlé Paris ! Courbet, le faux artiste, qui trouvait laide cette fière Colonne, s'élançant droite vers Dieu, comme un Te Deum de victoire pour les yeux ravis, comme la flamme d'un encensoir inextinguible, Courbet, qui restera à jamais le titulaire du crime de la Colonne, dans une exécrable immortalité ! » Comment châtier un tel homme: « il faudrait, disait un homme indigné l'autre jour, montrer à toute la France le citoyen Courbet, scellé dans une cage de fer sous le socle de la Colonne. [...] Certes, la faiblesse de nos jours décrépits reculera devant un châtiment si mâle, mais l'Histoire est là qui se chargera de la cage. Et je vous réponds qu'elle sera de fer ! »

Estim. 800 - 1 000 EUR

Lot 196 - BLOY Léon (1846 - 1917) L.A.S. « Léon Bloy », Paris 28 février 1888, à Maurice de FLEURY; 2 pages in-8. Lettre pathétique du Mendiant ingrat, superbement calligraphiée. Il a eu son adresse par HUYSMANS. Son âme est « triste & lasse usque ad mortem », mais il se réjouit et priera pour Maurice et sa fiancée... « J'ai connu un temps, déjà lointain, de bras en croix & de larmes saintes & de vie pure, où j'aurais eu plus de confiance en parlant à Dieu. Je vivais alors dans un perpétuel ouragan de Joie & le monde n'apparaissait autour de moi, dans le brouillard, que comme un perpétuel argument de sanglots et d'obsécrations. J'avais à mon côté, pour m'envelopper & m'enclore dans les ivresses de l'Eucharistie, un être inouï dont j'ai profané le souvenir en essayant de le peindre avec les pigments terreux de la littérature [allusion à La Femme pauvre]. Je n'étais pas, comme maintenant, crevé de chagrins effroyables, harcelé, traqué, acculé à la plus fragile cloison de mon libre arbitre par les aboyants désirs d'une Justice dont le besoin enragé finira par tourner chez moi en folie. J'étais pauvre, - Dieu le sait ! - encore plus qu'aujourd'hui, indigent à rebuter le fumier de Job, à décourager sa vermine, j'assumais la pénurie des espaces. Mais je n'en souffrais pas dans mon âme, ayant à peine le soupçon des réalités sensibles & ne comprenant pas encore l'effrayant Décret symbolique de la répartition des biens terrestres, en vertu duquel les désignés intendants de la Compassion divine s'en vont, toujours, les mains vides & le coeur amer, sous d'inexplicables cieux. Je ne suis donc plus rien de ce que j'étais, il y a des années, lorsque, dans ma prière, je présumais avec l'audace des simples, la complicité formidable d'une armée d'élus. [...] je ne suis pas de ceux qui croient à la vanité de souffrir, surtout quand on souffre pour de grandes choses & qu'on souffre exorbitamment ! »..

Estim. 400 - 500 EUR

Lot 199 - [CHATEAUBRIAND François-René de]. DURAS Claire de Kersaint, duchesse de (1777 - 1828)19 lettres autographes, Saint-Cloud et Paris janvier-avril [1821], à François de CHATEAUBRIAND; 90 pages in-8 (légères mouillures à qqs lettres). Importante correspondance à son « frère » Chateaubriand, ambassadeur à Berlin, pleine de conseils de conduite pour le « vieux diplomate », de nouvelles des Chambres et de ses propres démarches pour que son ami se rende au Congrès de Leybach, retrouve son ministère d'État, etc. On y lit des plaisanteries et des brouilles amicales, parmi de fréquentes mentions de Pasquier, ministre des Affaires étrangères; Rayneval, sous-secrétaire d'État aux Affaires étrangères; Corbière, ministre sans portefeuille; et Villèle, ministre et secrétaire d'État, membre du Conseil. 4 et 5 janvier. La nomination de Saint-Lar y comme questeur a « fait un grand émoi dans le parti royaliste, Villèle et Corbière se sont plaints, et le Roi leur a dit qu'il avoit eu des raisons particulières [...]. On dit que cette raison est la demande que fit ce M. de St Lary a la chambre en 1815 pour le payement des dettes du Roi »... Elle prie d'assurer le Grand Duc Nicolas de son attachement... 11-12 janvier. Pour obtenir que Chateaubriand soit admis au Congrès de Laybach, elle a écrit à Rayneval: « il est plus important que personne aux affaires étrangeres, et pendant les chambres, il est le vrai ministre. M. Pas quier entre la chambre son rhumatisme et le Conseil en a plus qu'il n'en peut porter. C'est pour Laybach que Villèle et Corbière vont se montrer, car ce sera une chose decidée en Conseil tres probablement »... Elle raconte avec indignation l'évasion du capitaine Nanty, « le Quiroga de la conspiration », et de deux autres; « le plus gravement compromis est M. d'Argenso n »... 18-19 janvier. Humbol dt est d'avis que le Roi de Prusse ne s'opposera pas à ce que Chateaubriand le suive à Laybach: les Empereurs de Russie et d'Autriche se sont laissés suivre par MM. de La Ferronays et de Caraman... Elle s'interroge sur l'application des principes antirévolutionnaires et antilibéraux du Congrès: « On dit que tout se terminera ici pour Naples sans combat et sans violence. Moncenigo a écrit qu'on cèderoit quelque chose des deux côtés, et qu'on feroit un accord, mais souffrirat- on les garnisons ? Et sans cela comment marchera la plus belle constitution du monde »... Il faudrait une armée fidèle sur laquelle le Roi de Naples puisse s'appuyer, « dans ce volcan de révolution où l'on bégaie l'alphabet de 93, et où l'on en est à faire un bataillon thermopylien par souscription »... Aujourd'hui, « l'accord de la libéralité et de la monarchie » est la seule doctrine soutenable; on se rallie à ceux qui combattent l'anarchie et les révolutions: « ce fut tout le secret de Bonaparte »... 28 janvier. Nouvelle explosion hier aux Tuileries: « Madame n'a pas eu peur du tout. On la dit grosse, voila ce qui pousse les Jacobins au désespoir et les fait entreprendre ces horreurs. [...] On n'a point arrêté le nouveau Louvel »... La Chambre des Pairs, où « il y a 50 ou 60 défenseurs des conspirations si chauds et si zelés qu'on croiroit qu'ils défendent leur propre cause », a rejeté le supplément de réquisitoire et mis en liberté dix des prévenus... Rumeurs diplomatiques sur le projet anglais de diminuer les « dépenses de Ste Hélène »; Tierney a ajouté « qu'on donnera la liberté au prisonnier qui désormais ne peut plus avoir d'inconvénient. Là dessus grande allarme à la légation française », mais c'était « une plaisanterie à l'anglaise »... 1er février. L'alarme des royalistes est communicative, et fait blâmer les « vilains ultras »: « Quand on voit tout cela on se désespère car il faut être incorrigible pour n'être pas corrigé par Louvel. Nous faut-il une seconde leçon du même genre ? »... Échos d'une discussion dans le Comité secret (De Serre insulté par le général Foy)... 2-4 février. Affaires d'Angleterre, suivant M. Canning... « M. de Tall eyra nd est devenu libéral. Cherchez quel intérêt il peut avoir à cela ? »... Quant au Congrès, des gens bien instruits disent que « c'étoit nous, et nous seuls qui avions tout entravé jusqu'ici. [...] L'empereur Alexandre s'est prononcé en dernier lieu tres vivement, et a dit qu'il marcheroit en personne à Naples si cela étoit nécessaire »... 8 février. Brochure de Fiévée [Ce que tout le monde pense, ce que personne ne dit]: « Vous y pourrez juger l'esprit et les espérances de cette extrême droite »... 11 février. Les gens ne veulent point de Chateaubriand à Laybach: on craint que les plénipotentiaires Blacas, Caraman et La Ferronays ne soient « blessés de l'arrivée d'un homme supérieur qui attireroit les regards ». Elle espère que le Roi de Prusse ne s'y rendra pas, mais il est possible qu'il rejoigne les Empereurs à Naples: « il est de l

Estim. 1 500 - 2 000 EUR

Lot 202 - COCTEAU Jean (1889 - 1963) Le Mystère de Jean l'Oiseleur. Autoportrait N° 33. [1924]. DESSIN original à l'encre de Chine et collage, numéroté au crayon rouge, avec MANUSCRIT autographe. 25,5 x 20 cm à vue (encadré). En marge de son autoportrait, Cocteau a inscrit ce commentaire: « Ronsard, Mozart, Uccello, Saint-Just, Radiguet, mes amis étoilés, j'aspire à vous rejoindre. » Le projet du Mystère de Jean l'Oiseleur est né en octobre 1924 à Villefranche-sur-mer. Dans sa chambre de l'Hôtel Welcome, Cocteau « n'a plus d'autre interlocuteur que lui- même. De la table devant laquelle il est assis, il se voit dans la glace de son armoire [...] Les 31 autoportraits auxquels il ajoute quelques phrases ou des bribes de texte font partie de ses trésors. Sûreté et simplicité du trait, acuité du détail, pertinence et sincérité du propos [...] En mêlant l'écriture et le dessin qui n'est “qu'une écriture dénouée et renouée différemment”, Cocteau offrira à l'éditeur Édouard Champion l'une de ses plus belles Oeuvres poétiques: Le Mystère de Jean l'Oiseleur. [...] Le titre intrigue. Un oiseleur attrape des oiseaux à l'aide d'un filet. Cocteau capture-t-il les pensées qui lui viennent à l'esprit pour les serrer dans une page ? » (Dominique Marny). Ces 31 autoportraits de Jean Cocteau sont « des vues plongeantes sur son âme » (Pierre Bergé). Le Mystère de Jean l'Oiseleur paraîtra en 1925 chez Édouard Champion sous la forme d'une phototypie du manuscrit faite par Daniel Jacomet et tirée à 142 exemplaires. EXPOSITIONS Jean Cocteau, Staatliche Kunsthalle, Baden-Baden, 1989, n° 247; Jean Cocteau, Musée d'Ixelles, Bruxelles, 1991; Jean Cocteau, Centre Pompidou, Paris, 2003-2004; Jean Cocteau, sur les pas d'un magicien, Palais Lumière, Évian, 2010. PROVENANCE Collection Liliane et Étienne de Saint-Georges, Bruxelles; vente Sotheby's Paris, 24 novembre 2010, n° 216

Estim. 2 500 - 3 000 EUR

Lot 206 - COCTEAU Jean (1889 - 1963) 10 L.A.S. « Jean » (une signée d'une étoile), 1940-1946 et s.d., à Jean MARAIS; 14 pages in-4 (défauts, mouillures à quelques lettres, une avec déchirures sur un bord), 2 lettres portent le cachet de la Commission de censure. Correspondance amoureuse, évoquant ses pièces et ses films. Juin 1940. « Mon enfant chéri. Sans nouvelles de toi, j'essaye de vivre avec ton image et la certitude que ton étoile et mon étoile te protègent. Si par une chance incroyable cette lettre t'arrive, écoute: à la moindre égratignure, à la moindre foulure - fais-toi évacuer sur Perpignan »,... 25 janvier 1943. Décès de sa mère: « Voilà qui est fait. Le cimetière était la seule chose atroce - on nous jette dans un véritable urinoir de la place Clichy. Mais cela compte peu. Maman circule enfin librement et ne me quitte plus. Elle était à l'Opéra - où la répétition était très belle et très noble » [pour Antigone d'Honegger]... Chaque jour il travaille sur le film qui deviendra L'Éternel Retour, « qui change beaucoup et prend de la force. Le titre ne sera pas Tristan ». Il ne parvient pas à trouver l'interprète du roi Marc, ce qui le tracasse beaucoup: « il faudrait un Marc que ta carrure n'écrase pas »; il a changé le rôle d'Yvonne [de Bray]: « Elle a trouvé tout de suite ce qu'il fallait: l'amour de cette femme pour ce nain. Cela donne de la grandeur. [Madeleine] Sologne était superbe, hier. Je la coiffe avec des cheveux plats qui tombent [...]. Elle a l'air d'une statue de cathédrale, d'un drôle d'oiseau, d'une noyée fantôme ». Il s'inquiète pour les dates, car le film commence le 15 et Marais aura des essayages... - 1er février. « Comme je suis triste de ne t'avoir pas eu à la rep. générale d'Antigone. J'ai fait le spectacle en pensant à toi et en te le dédiant. [...] Maintenant je travaille à notre film et je commence à répéter à la C.F. » [Renaud et Armide, à la Comédie Française]. Le tournage commencera en mars à Nice, et il espère que Marais reviendra vite « après les raccords de Carmen pour travailler un peu avec Madeleine, essayer, etc. [...] Je crois que le film devient très beau et très implacable. Ton rôle est merveilleux ». Il attend Christian Bérard qui était malade à Marseille. Il ne pense qu'à « la joie de travailler ensemble ». (Au dos, lettre de Paul ?)... - Belle lettre dans laquelle Cocteau donne à Marais la liberté de vivre sa vie comme il le souhaite (cette lettre a eu une grande importance pour l'acteur, qui la cite dans son autobiographie). « Mon Jeannot. Je dois t'expliquer mon point de vue. J'estime qu'il faut être un héros, toujours - même en ce qui concerne les moindres choses. Ton bonheur doit passer avant le mien, puisque ton bonheur fait mon bonheur. J'arrive très bien à tuer en moi des révoltes ridicules et des sentiments égoïstes. Je te jure que cet essai de me mâter est une victoire, et que la joie de voir ton visage éclairé l'emporte de beaucoup sur une mauvaise tristesse instinctive. Donc sois libre et sache que tu me rends heureux en étant heureux. Ce qui me peinerait c'est de te sentir t'éloigner par délicatesse. Je te répète que c'est inutile et que j'adore ta présence sous toutes ses formes. Ne te gêne jamais d'aucun scrupule. Prouve moi ton coeur en jouant Renaud comme seul tu en es capable. Cette collaboration me consolera du reste et nous portera très loin des petites hontes »... [1944-1945]. Jeudi. Il répète à l'Opéra-Comique, et va faire « une tête en laiton pour la Cinémathèque. Tu vois je tiens le coup et je ne me laisse pas aller dans ma chambre. Le difficile est de me mettre à un travail d'écriture, à un travail grave. Même ma pauvre main est trop nerveuse pour former les lettres. [...] Mais j'y arriverai. La revue de Thierry Maulnier va publier Léone »... Il a cherché partout les « chansons parlées dont il n'a retrouvé qu'une feuille. Le reste est peut-être chez sa mère « dans ton cher petit désordre ». La nouvelle de la mort de son camarade l'a profondément choqué: « ce cauchemar est atroce. Mais nous nous réveillerons un matin et je verrai ton cher visage autrement que par les forces magiques de l'âme »... - « Les textes sont introuvables ». Par chance Hubert lui a sorti un carnet de sa bibliothèque: « Je te l'envoie - manquent les textes en prose. Je vais essayer de t'en écrire un neuf »... (Au dos, lettre par quatre amis)... - 19 février 1945. Il a demandé qu'on organise « une séance de L'Éternel Retour pour les permissionnaires de la 2e D.B. actuellement à Paris », et va tout tenter pour que Marais soit présent; une amie va intercéder auprès de Leclerc. Bérar d « a fait des merveilles pour notre pièce. Il a retrouvé toute sa grande forme [...] On m'offre beaucoup de travail mais je refuse tout ce qui n'est pas poésie, théâtre, films. Je ne veux plus écrire d'articles. Le ton de la presse me

Estim. 1 000 - 1 500 EUR

Lot 208 - COLETTE (1873 - 1954) 15 L.A.S., 1920-1923 et s.d., à Léopold Marcha nd; env. 32 pages in-4 sur papier bleu, la plupart à en-tête de Castel-Novel, 11 enveloppes (défauts à la 1ère). Belle correspondance amicale à l'acteur et dramaturge, compagnon fidèle. [Septembre 1920], sur sa nomination de chevalier de la Légion d'Honneur:« Mon enfant Léo, que vous êtes gentil. Sans votre initiative, je ne l'aurais pas, ce bout de ruban. [...] C'est un peu singulier, et extrêmement agréable »... Les enfants lui ont fait des blagues: « J'ai trouvé deux cravates rouges à mon couvert, la carafe ceinte de pourpre, ma chaise à table liée de cramoisi, et cent petits noeuds à la queue des raisins. C'est très gentil. [...] Il fait septembre, dans toute la beauté du mot. Cet air immobile et chauffé, qu'un seul souffle refroidit, et tant de guêpes et de chats-huants, et tant de roses, c'est un moment de l'année qu'on voudrait manger, boire et étreindre. Car il n'y a rien de tel que d'être une nature grossière ! »... 1921.[28.IV]. C'est le printemps en Corrèze: « Tout est trop beau, je suis raide-saoule. Et puis j'ai le bras tremblant d'avoir mené le tracteur [...]. Les rossignols ne savent pas encore leur cavatine, et Dieu sait, les petits salops, s'ils la répètent ! Ma fille est une sorte bien agréable de paysan progressiste. Elle parle anatomie, système circulatoire, pistil et étamine et oxyde de carbone. Tel que je te cause. Elle sait les noms des quatre petits os de l'oreille, et il était fichtre temps, car je les avais oubliés »... - « Tu n'as pas vu Castel-Novel au printemps, petit malheureux ! les murs pétillent de lézards et sont blonds d'abeilles. Et l'odeur des lilas le matin... Le Pati-Pati est heureusement mué en chien de troupeaux. En outre, elle a découvert qu'on pouvait se baigner sans que ce fût un châtiment hygiénique. Elle saute à plat dans l'eau, écartée comme une grenouille, et sort de là en riant jusqu'aux oreilles, pour y replonger après » Elle termine l'adaptation de Chéri pour le théâtre... - [30 avril]. Elle n'a pas peur du 3e tour au Vaudeville: « J'ai un pressentiment. L'Athénée ? Peuh [...] si on ne peut pas ailleurs ». Elle compte sur un effet de lecture. « je mets mille choses dans le 3e acte ! Moui, mon enfant chéri, tu m'as envoyé du muguet, suffisamment pour conjurer le sort. J'ai raté une belle petite couleuvre hier, couleur d'ardoise poudrée »... - [14 septembre]. « J'ai amené ici une grippe magnifique, qui me guérit présentement, et pour le reste je me laisse vivre, en m'enfournant de l'ail par tous les pores ». Elle lui demande de lui rapporter « les livrescatalogues parce que je prévois une famine inévitable et faudra que je lézarde »... -[1er octobre]. Elle s'est promenée en voiture avec Sidi [son mari Henri de Jouvenel] en Haute-Corrèze: « C'est magnifique ! Qu'est-ce qu'on va donc voir en Suisse qui soit aussi beau ? Je n'avais aucune idée de cette Corrèze-là ! [...] M... pour les femmes de lettres ! » ... - [28 décembre]. « Dieu m'est témoin que je voulais maigrir. Mais j'ai eu tort de le prendre à témoin. Il est au courant, et me fait des blagues: la pluie, par ses soins, ne cesse pas. Je bois pour me consoler, je mange pour oublier, je dors par défi et le reste du temps ma fille récite des fables de La Fontaine »... Bertrand [de Jouvenel] écrit une pièce de théâtre... Elle attend la venue des Marchand: « on travaillera, parmi le vin chaud et les cris de jument à vessie nerveuse »... [2 janvier 1922]. « Le Cap d'Ail, hiiii ! J'en suis bien capable, et avec quel plaisir ! On va parler de tout ça, je reviens mercredi. En versant une sueur de sang, je viens de faire une nouvelle [...]. Ne me parle pas du Disparu, agréablement tronqué au début, puis ponctué étrangement d'astérisques, et moteux »... 1923. [19 octobre]. « Je vois que la fièvre du travail te dévore les rognons - viens ». Elle le conjure d'apporter des tue-mouches, car il fait « une canicule délicieuse. Les mouches croient que c'est le mois de juillet et s'en donnent ». Il l'aidera à rédiger sa conférence, et il doit travailler à la pièce... - [1er novembre]. Elle est triste qu'il ne vienne pas, mais comprend: « le boulot avant tout hélas. Si tu crois que ça m'amuse cette conférence. Ayant préparé “la vie à deux” pendant dix jours, je vois bien qu'il me faut l'abandonner, sous peine de raser le public ou de l'effarer. Je t'assure, parler en province ça équivaut à faire un cours pour des Demoiselles. Alors je ne suis pas prête et je rogne »... À son retour « on ira manger de l'andouillette et du gras-double. [...] on va bavarder utilement, car je repars pour des conférences qui m'assurent une indispensable matérielle ». Bertrand, qui fête ses vingt ans « ça ne nous rajeunit pas ! », a la grippe... - [3 novembre]. Elle arrive à Paris avant de repartir pour 8 jours de conférences: « «

Estim. 1 500 - 2 000 EUR

Lot 210 - ELUARD Paul (1895 - 1952) MANUSCRIT autographe signé « Paul Eluard », Paris 18 juillet 1932; 3 pages in-4 sur papier bleu. Manifeste politique, marquant le ralliement d'une partie du groupe surréaliste au communisme, à la révolution soviétique. Malgré les fléaux qu'elle engendre, il ne faut pas oublier que la guerre « a été et qu'elle doit être le régisseur tout puissant, l'accélérateur vigoureux de la lutte des classes et le facteur décisif de la Révolution prolétarienne, pour peu que de guerre impérialiste elle soit transformée en guerre civile » Les signataires appellent à une guerre contre l'impérialisme français, où le prolétariat s'inspirerait de l'exemple russe en 1917. Ils ne sont pas pacifistes: « Il n'est pas de paix possible en régime capitaliste » où on se prépare à la guerre, d'abord contre l'U.R.S.S.: « Agressée ou non, l'U.R.S.S., seule nation qui puisse parler de la paix sans hypocrisie, peut être amenée d'un jour à l'autre, à faire la guerre pour défendre les conquêtes socialistes ». Et ils seront aux côtés de l'Armée rouge. À la veille de l'ouverture du Congrès de tous les Partis contre la guerre, ils s'élèvent contre Henri Barbusse et Romain Rolland qui condamnent la guerre; et contre les socialistes « Vandervelde, Adler, Renaudel, Breitscheid et consorts qui ont si honteusement trahi le prolétariat en 1914 et qui, depuis, se sont acharnés à vouloir sauver la capitalisme, à briser la lutte des classes et les révolutions. Pas d'Union sacrée du prolétariat révolutionnaire avec les chefs traîtres de l'Internationale socialiste et le Fédération syndicale d'Amsterdam. [...]. Un front unique ne pourra être réalisé que lorsque auront été démasqués » tous ces imposteurs. Ils veulent faire entendre leurs idées à Genève, mais les partis communistes ne sont pas suffisamment organisés. C'est pourquoi ils font appel à « l'Internationale des Écrivains Révolutionnaires pour être mandatés à ce congrès par sa section française où nous comprenons mal que nous ne puissions figurer au même titre que “les sept surréalistes (?) qui, dit notre camarade Vaillant- Couturier, sont déjà accueillis dans la section littéraire” et, à plus forte raison, que “l'idéaliste attiré par la puissance du rayonnement du marxisme (!!) qui figure dans la section philosophique”. Vive la lutte révolutionnaire du prolétariat contre la guerre impérialiste ! Vive l'alliance de la Révolution russe victorieuse et des ouvriers français contre l'impérialisme occidental ! » Suivent les noms des signataires: à côté d'Eluard lui-même, André Breton, Roger Caillois, René Char, René Crevel, Jules- Michel Monnerot, Benjamin Péret, Guy Rosey, Yves Tanguy, André Thirion, Pierre Yoyotte

Estim. 500 - 700 EUR