Null COLETTE (1873 - 1954) 15 L.A.S., 1920-1923 et s.D., à Léopold Marcha nd; en…
Description

COLETTE (1873 - 1954) 15 L.A.S., 1920-1923 et s.d., à Léopold Marcha nd; env. 32 pages in-4 sur papier bleu, la plupart à en-tête de Castel-Novel, 11 enveloppes (défauts à la 1ère). Belle correspondance amicale à l'acteur et dramaturge, compagnon fidèle. [Septembre 1920], sur sa nomination de chevalier de la Légion d'Honneur:« Mon enfant Léo, que vous êtes gentil. Sans votre initiative, je ne l'aurais pas, ce bout de ruban. [...] C'est un peu singulier, et extrêmement agréable »... Les enfants lui ont fait des blagues: « J'ai trouvé deux cravates rouges à mon couvert, la carafe ceinte de pourpre, ma chaise à table liée de cramoisi, et cent petits noeuds à la queue des raisins. C'est très gentil. [...] Il fait septembre, dans toute la beauté du mot. Cet air immobile et chauffé, qu'un seul souffle refroidit, et tant de guêpes et de chats-huants, et tant de roses, c'est un moment de l'année qu'on voudrait manger, boire et étreindre. Car il n'y a rien de tel que d'être une nature grossière ! »... 1921.[28.IV]. C'est le printemps en Corrèze: « Tout est trop beau, je suis raide-saoule. Et puis j'ai le bras tremblant d'avoir mené le tracteur [...]. Les rossignols ne savent pas encore leur cavatine, et Dieu sait, les petits salops, s'ils la répètent ! Ma fille est une sorte bien agréable de paysan progressiste. Elle parle anatomie, système circulatoire, pistil et étamine et oxyde de carbone. Tel que je te cause. Elle sait les noms des quatre petits os de l'oreille, et il était fichtre temps, car je les avais oubliés »... - « Tu n'as pas vu Castel-Novel au printemps, petit malheureux ! les murs pétillent de lézards et sont blonds d'abeilles. Et l'odeur des lilas le matin... Le Pati-Pati est heureusement mué en chien de troupeaux. En outre, elle a découvert qu'on pouvait se baigner sans que ce fût un châtiment hygiénique. Elle saute à plat dans l'eau, écartée comme une grenouille, et sort de là en riant jusqu'aux oreilles, pour y replonger après » Elle termine l'adaptation de Chéri pour le théâtre... - [30 avril]. Elle n'a pas peur du 3e tour au Vaudeville: « J'ai un pressentiment. L'Athénée ? Peuh [...] si on ne peut pas ailleurs ». Elle compte sur un effet de lecture. « je mets mille choses dans le 3e acte ! Moui, mon enfant chéri, tu m'as envoyé du muguet, suffisamment pour conjurer le sort. J'ai raté une belle petite couleuvre hier, couleur d'ardoise poudrée »... - [14 septembre]. « J'ai amené ici une grippe magnifique, qui me guérit présentement, et pour le reste je me laisse vivre, en m'enfournant de l'ail par tous les pores ». Elle lui demande de lui rapporter « les livrescatalogues parce que je prévois une famine inévitable et faudra que je lézarde »... -[1er octobre]. Elle s'est promenée en voiture avec Sidi [son mari Henri de Jouvenel] en Haute-Corrèze: « C'est magnifique ! Qu'est-ce qu'on va donc voir en Suisse qui soit aussi beau ? Je n'avais aucune idée de cette Corrèze-là ! [...] M... pour les femmes de lettres ! » ... - [28 décembre]. « Dieu m'est témoin que je voulais maigrir. Mais j'ai eu tort de le prendre à témoin. Il est au courant, et me fait des blagues: la pluie, par ses soins, ne cesse pas. Je bois pour me consoler, je mange pour oublier, je dors par défi et le reste du temps ma fille récite des fables de La Fontaine »... Bertrand [de Jouvenel] écrit une pièce de théâtre... Elle attend la venue des Marchand: « on travaillera, parmi le vin chaud et les cris de jument à vessie nerveuse »... [2 janvier 1922]. « Le Cap d'Ail, hiiii ! J'en suis bien capable, et avec quel plaisir ! On va parler de tout ça, je reviens mercredi. En versant une sueur de sang, je viens de faire une nouvelle [...]. Ne me parle pas du Disparu, agréablement tronqué au début, puis ponctué étrangement d'astérisques, et moteux »... 1923. [19 octobre]. « Je vois que la fièvre du travail te dévore les rognons - viens ». Elle le conjure d'apporter des tue-mouches, car il fait « une canicule délicieuse. Les mouches croient que c'est le mois de juillet et s'en donnent ». Il l'aidera à rédiger sa conférence, et il doit travailler à la pièce... - [1er novembre]. Elle est triste qu'il ne vienne pas, mais comprend: « le boulot avant tout hélas. Si tu crois que ça m'amuse cette conférence. Ayant préparé “la vie à deux” pendant dix jours, je vois bien qu'il me faut l'abandonner, sous peine de raser le public ou de l'effarer. Je t'assure, parler en province ça équivaut à faire un cours pour des Demoiselles. Alors je ne suis pas prête et je rogne »... À son retour « on ira manger de l'andouillette et du gras-double. [...] on va bavarder utilement, car je repars pour des conférences qui m'assurent une indispensable matérielle ». Bertrand, qui fête ses vingt ans « ça ne nous rajeunit pas ! », a la grippe... - [3 novembre]. Elle arrive à Paris avant de repartir pour 8 jours de conférences: « «

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COLETTE (1873 - 1954) 15 L.A.S., 1920-1923 et s.d., à Léopold Marcha nd; env. 32 pages in-4 sur papier bleu, la plupart à en-tête de Castel-Novel, 11 enveloppes (défauts à la 1ère). Belle correspondance amicale à l'acteur et dramaturge, compagnon fidèle. [Septembre 1920], sur sa nomination de chevalier de la Légion d'Honneur:« Mon enfant Léo, que vous êtes gentil. Sans votre initiative, je ne l'aurais pas, ce bout de ruban. [...] C'est un peu singulier, et extrêmement agréable »... Les enfants lui ont fait des blagues: « J'ai trouvé deux cravates rouges à mon couvert, la carafe ceinte de pourpre, ma chaise à table liée de cramoisi, et cent petits noeuds à la queue des raisins. C'est très gentil. [...] Il fait septembre, dans toute la beauté du mot. Cet air immobile et chauffé, qu'un seul souffle refroidit, et tant de guêpes et de chats-huants, et tant de roses, c'est un moment de l'année qu'on voudrait manger, boire et étreindre. Car il n'y a rien de tel que d'être une nature grossière ! »... 1921.[28.IV]. C'est le printemps en Corrèze: « Tout est trop beau, je suis raide-saoule. Et puis j'ai le bras tremblant d'avoir mené le tracteur [...]. Les rossignols ne savent pas encore leur cavatine, et Dieu sait, les petits salops, s'ils la répètent ! Ma fille est une sorte bien agréable de paysan progressiste. Elle parle anatomie, système circulatoire, pistil et étamine et oxyde de carbone. Tel que je te cause. Elle sait les noms des quatre petits os de l'oreille, et il était fichtre temps, car je les avais oubliés »... - « Tu n'as pas vu Castel-Novel au printemps, petit malheureux ! les murs pétillent de lézards et sont blonds d'abeilles. Et l'odeur des lilas le matin... Le Pati-Pati est heureusement mué en chien de troupeaux. En outre, elle a découvert qu'on pouvait se baigner sans que ce fût un châtiment hygiénique. Elle saute à plat dans l'eau, écartée comme une grenouille, et sort de là en riant jusqu'aux oreilles, pour y replonger après » Elle termine l'adaptation de Chéri pour le théâtre... - [30 avril]. Elle n'a pas peur du 3e tour au Vaudeville: « J'ai un pressentiment. L'Athénée ? Peuh [...] si on ne peut pas ailleurs ». Elle compte sur un effet de lecture. « je mets mille choses dans le 3e acte ! Moui, mon enfant chéri, tu m'as envoyé du muguet, suffisamment pour conjurer le sort. J'ai raté une belle petite couleuvre hier, couleur d'ardoise poudrée »... - [14 septembre]. « J'ai amené ici une grippe magnifique, qui me guérit présentement, et pour le reste je me laisse vivre, en m'enfournant de l'ail par tous les pores ». Elle lui demande de lui rapporter « les livrescatalogues parce que je prévois une famine inévitable et faudra que je lézarde »... -[1er octobre]. Elle s'est promenée en voiture avec Sidi [son mari Henri de Jouvenel] en Haute-Corrèze: « C'est magnifique ! Qu'est-ce qu'on va donc voir en Suisse qui soit aussi beau ? Je n'avais aucune idée de cette Corrèze-là ! [...] M... pour les femmes de lettres ! » ... - [28 décembre]. « Dieu m'est témoin que je voulais maigrir. Mais j'ai eu tort de le prendre à témoin. Il est au courant, et me fait des blagues: la pluie, par ses soins, ne cesse pas. Je bois pour me consoler, je mange pour oublier, je dors par défi et le reste du temps ma fille récite des fables de La Fontaine »... Bertrand [de Jouvenel] écrit une pièce de théâtre... Elle attend la venue des Marchand: « on travaillera, parmi le vin chaud et les cris de jument à vessie nerveuse »... [2 janvier 1922]. « Le Cap d'Ail, hiiii ! J'en suis bien capable, et avec quel plaisir ! On va parler de tout ça, je reviens mercredi. En versant une sueur de sang, je viens de faire une nouvelle [...]. Ne me parle pas du Disparu, agréablement tronqué au début, puis ponctué étrangement d'astérisques, et moteux »... 1923. [19 octobre]. « Je vois que la fièvre du travail te dévore les rognons - viens ». Elle le conjure d'apporter des tue-mouches, car il fait « une canicule délicieuse. Les mouches croient que c'est le mois de juillet et s'en donnent ». Il l'aidera à rédiger sa conférence, et il doit travailler à la pièce... - [1er novembre]. Elle est triste qu'il ne vienne pas, mais comprend: « le boulot avant tout hélas. Si tu crois que ça m'amuse cette conférence. Ayant préparé “la vie à deux” pendant dix jours, je vois bien qu'il me faut l'abandonner, sous peine de raser le public ou de l'effarer. Je t'assure, parler en province ça équivaut à faire un cours pour des Demoiselles. Alors je ne suis pas prête et je rogne »... À son retour « on ira manger de l'andouillette et du gras-double. [...] on va bavarder utilement, car je repars pour des conférences qui m'assurent une indispensable matérielle ». Bertrand, qui fête ses vingt ans « ça ne nous rajeunit pas ! », a la grippe... - [3 novembre]. Elle arrive à Paris avant de repartir pour 8 jours de conférences: « «

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