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Arts du monde

Au top ten des enchères, les arts premiers ne sont pas les derniers. Qu’on les appelle art du monde, arts tribal ou arts tribaux, ces trésors d’Arts d'Afrique, d'Amérique et d'Océanie vendus aux enchères ont fasciné les collectionneurs d’André Breton à Pablo Picasso, de Pierre Vérité à Jacques Kerchache, lequel a contribué à faire entrer au Louvre en 2000 les productions de ces peuples jugés « sans écriture et sans histoire » en préfiguration de l’ouverture du musée du Quai Branly à Paris.
« Les chefs-d’œuvre du monde entier naissent libres et égaux », disait cet amateur au sujet de ces objets magiques venus des quatre coins du globe : d’Afrique (Côte d'ivoire, République du Congo, République démocratique du Congo, Nigeria, Angola, Burkina-Faso, Gabon, Madagascar …), d’Océanie (Papouasie Nouvelle-Guinée, Îles Marquise, Îles Cook, Îles Salomon, Nouvelle-Zélande, Polynésie …) des Amériques (Taïnos des Iles Caraïbes, Inuits du golfe de l’Alaska) et d’Insulinde (Bornéo, Indonésie …).
S’ils ont acquis tardivement le rang d’œuvres d’art, les arts premiers provoquent depuis 2000 le feu (sacré) des enchères en ligne, qu’il s’agisse de masques Dogon, de statues Fang ou de figures de reliquaires Mbulu Ngulu Kota ; de pendentifs Maori ou de sculptures Eskimo…
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Lots recommandés

Kichizô INAGAKI dit Yoshio (1876-1951) Une sculpture constituée comme un encrier, représentant un moineau sur un socle en laque. Kichizô Inagaki, fils d’un grand artisan sculpteur maître dans l’art du laque, travaille avec son père menuisier du palais, et remporte le troisième prix du concours des maîtres laqueurs en mai 1899 confirmant son talent et ses compétences dans les arts traditionnels. Diplômé en juillet 1904 de l’école des beaux-arts de Tokyo réputée pour son conservatisme, il partira vivre à Hong Kong jusqu’en 1906 où il travaille auprès d’un antiquaire pour monter des sculptures sur des socles en bois. Puis il part à la découverte de l’Europe et s’installe à Paris. Parlant mal le français il survit en vendant sur le trottoir des petites sculptures d’animaux, de poissons ou de coquillages, telles que celle-ci, et se fait rapidement remarquer. Puis c’est la grande carrière qu’on lui connaît, de collaborations aussi prestigieuses qu’avec Rodin ou Eileen Gray, et de travailler avec les plus grands antiquaires de Paul Guillaume à Joseph Brummer qui le surnomme « le japonais », Charles Ratton, ou Jean Roudillon à qui il offrira cette splendide sculpture de moineau, caractéristique d’une ancienne tradition de sculpture sur bois brûlé et brossé (Shou Sugi Ban) et de l’art du laque. Un geste qu’il semble avoir eu à l’égard de ses meilleurs clients ou amis. Bois et laque, signé de son cachet appliqué à l’intérieur de la sculpture de l’oiseau également en laque (voir photo page précédente). H. : 6,6 cm et L. : 9,8 cm Voir p. 96 à 105 un article à propos de Kichizô Inagaki de C.W. Hourdé dans : Tribal Art n° 66 Hiver 2012. Provenance : Collection Jean Roudillon

Estim. 6 000 - 8 000 EUR

Un mortier conopa représentant un alpaca, pour la préparation de la chaux ou des cendres à destination de la mastication de la coca. Le lama et l’alpaca ont été depuis longtemps domestiqués dans les hauts plateaux et vallées andines (sauf la vigogne et le guanaco restés sauvages), notamment pour leur laine essentielle à la vie dans les hauts plateaux, mais aussi fondamentale à l’économie dans les cultures préhispaniques au Pérou. Ce type de mortier en pierre en forme de lama ou d’alpaca est souvent décrit dans la littérature comme un conopa, mais ce terme décrit en fait des petites sculptures en pierre illustrant la vie quotidienne des incas. Ce type de mortier était assez repandu à l’époque, et celui de la collection Jean Roudillon en est un des plus beaux exemplaires, et constitue un classique de l’art Inca. On notera sous sa base de belles traces profondes de découpes anciennes témoignages des pratiques de son propriétaire à l’époque inca, qui n’enlèvent rien, au contraire, à la beauté de l’objet. Culture, Inca, 1450 à 1533 après J.-C., région de Cuzco, Pérou Pierre noire, anciennes entailles sous la base, usures et petits accidents anciens mineurs, importants reliquats de cendres ou chaux à l’intérieur du mortier, très belle et ancienne patine d’usage H. : 8,2cm. et L. : 13,6 cm Voir pour un autre mortier comparable p. 121 n° 352 dans Ancien Pérou Vie Pouvoir et Mort, musée de L’Homme, Ed. Nathan 1987, ou deux autres très beaux exemplaires dont un très proche n° 38 dans : Peru Sun Gods and Saints, catalogue d’exposition, André Emmerich, New York 1969 Provenance : Collection Jean Roudillon

Estim. 800 - 1 000 EUR

Une figure de reliquaire mbulu ngulu. Aussi appelée mboy ou omboye en pays Kota, la figure de reliquaire de la collection Jean Roudillon est un superbe exemple classique de l’art des Kota Obamba ou Bawumbu. Présentant un visage aux volumes concaves et convexes, utilisant deux couleurs de métal, cette figure de reliquaire vient enrichir le corpus entrant dans la catégorie numéro neuf selon la classification de l’ouvrage de référence dit « le Chaffin » L’Art Kota Les Figures de Reliquaire, et dont on retient un exemplaire assez proche dans les collections du British museum de Londres et aussi le fameux kota aux yeux ronds de la collection Barbier-Mueller. Ici la bouche ouverte très expressive, comme chantante, est ornée de petits points sur tout son contour, et de la même manière sur l’ensemble du pourtour sur le croissant et les ailettes. à l’arrière le losange est sculpté avec souplesse et traversé d’une barre verticale sculptée en relief, légèrement convexe, témoignant aussi d’un très beau style ancien. Jean Roudillon, très attaché à cette œuvre qui provenait de l’ancienne collection Albert Sarraut, avait commandé à Louis Perrois une étude pour cette superbe figure de reliquaire que les connaisseurs savent d’un style ancien, même archaïque, et de surcroît ici très bien conservée. L’étude de Louis Perrois, très bien documentée, compare cette œuvre à d’autres figures de reliquaires dans les anciennes collections de Paul Guillaume, Helena Rubinstein, Arman, Madeleine Rousseau ou George Gershwin. Dans les notes de Jean Roudillon : « Afrique, Gabon, Kota Figure reliquaire en bois recouvert de feuilles de laiton et de cuivre. Ancienne collection Albert Sarraut, ministre des Colonies d’un gouvernement de la IIIe république. Exposé à l’international sporting club de Monte Carlo, Antiquaires et Galeries d’Art du 25 juillet au 11 aout 1975 et reproduit au catalogue p. 73 ». Kota Obamba ou Bawumbu, Gabon Bois, laiton, cuivre rouge, usures et érosion d’ancienneté, très belle et ancienne patine d’usage. H. : 37 cm Voir p. 146 à 158 pour la catégorie 9 dans : Art Kota Les Figures de Reliquaires, Alain et Françoise Chaffin, Ed. Chaffin Meudon 1979 Voir : une étude de Louis Perrois commandée par Jean Roudillon et remise à l’acquéreur. Provenance : - Collection Albert Sarraut (collecté dans les années 1920) - Collection Jean Roudillon (acquis à Paris dans les années 1950) Exposition et publication : Première exposition internationale des antiquaires et des galeries d’art, Sporting Club de Monte Carlo, du 25 juillet au 11 août 1975, reproduit au catalogue p. 73.

Estim. 40 000 - 60 000 EUR

Un emblème du Roi Glèlè (1858-1889), travail d’orfèvrerie représentant un lion. Intimement lié à son signe divinatoire, le lion était l’emblème du roi Glèlè, dixième roi de l’ancien royaume d’Abomey, et père du roi Béhanzin. Le roi Glèlè, dont la renommée et le faste des cérémonies officielles données en son palais étaient déjà parvenus de son vivant jusqu’à l’entourage de dirigeants européens et américains, porta divers « noms forts » au cours de sa vie, tel que kinikinikini « lion des lions » ou kinikini ahossu « roi des lions ». L’image du lion se retrouve donc sur une multitude d’œuvres d’art produites sous son règne, d’un faste rare pour un roi africain à cette époque, comme de nombreux bijoux, ou les parasols topkon, les tentures et hamacs royaux et autre régalia, mais aussi les asen et les nombreuses récades royales appelées kinikinikpo « bâton du lion ». Il est difficile d’affirmer avec certitude quel type d’objet ornait à l’origine cette sculpture de lion en argent d’un très beau style ancien, que confirment des détails rares tels que les inserts pour les oreilles, les yeux, les crocs et la langue contribuant d’ailleurs à « l’accentuation des traits caractérisant la puissance et l’agressivité ». Il est possible que cette sculpture de lion ornât une récade royale ou plus simplement un élément de mobilier, objet de commande royale, telle qu’une boîte ou un briquet. En effet dans les archives photographiques du musée de l’Homme lequel, fut un temps, conserva une partie des trésors royaux d’Abomey, existe la photo d’une copie d’un briquet en argent ayant appartenu à Glèlè et dont le style des lions qui ornait ce briquet rappelle notre sculpture. Fon, ancien royaume d’Abomey, Bénin, XIXe siècle. Argent, oxydation d’ancienneté et très belle et ancienne patine d’usage. H. : 11 cm et L. : 16 cm Voir pour un chapitre entier concernant Glèlè par Suzanne Preston Blier p. 89 à 143 dans : Magies, Musée Dapper, Ed. Dapper 1996, et p. 132 pour une boîte en argent ornée d’animaux. Voir pour la photo de la copie d’un briquet en argent ayant appartenu au roi Glèlè dans : les archives en ligne du musée du Quai Branly Jacques Chirac n° de gestion PP0113422. Provenance : Collection Jean Roudillon

Estim. 1 800 - 2 500 EUR

Un masque Zaouli, l’ancêtre On distingue deux catégories de masques chez les Gouro. D’abord ceux liés aux divertissements, plus profanes, gérés par des associations d’artistes comme le masque Gyela lu Zaouli (Gyela fille de Zaouli) créé dans les années 50, l’art évoluant constamment avec la société, et dont la danse prodigieuse est aujourd’hui connue à travers le monde. Et il y a les masques de traditions anciennes tels que Zaouli, Gu ou Zamble, placés sous la responsabilité d’un lignage familiale, propriété d’un individu précis, associés aux cultes des ancêtres, et nécessitant des sacrifices, nourrissant des « divinités » ou « génies de la nature », pour s’assurer de leur protection. Ces entités spirituelles impliquaient autrefois la notion de transe pour le porteur du masque qui pouvait être rejoint ou « habité » par une de ces entités, et dont les premiers ancêtres du lignage avait fait autrefois la rencontre, d’où le culte qui leur était rendu. Lors de ces transes le masque Zaouli pouvait détecter les sorciers et aussi les chasser, cependant il existe peu d’informations dans la littérature sur la tradition ancienne du masque Zaouli, d’ailleurs assez rare dans les collections européennes. Cependant un consensus existe sur le fait que Zaouli constituerait la force opposée de Zamble, le mari de Gu quand Zaouli n’est pas présent. Zaouli est à l’origine le mari de Gu mais il est avant tout l’ancêtre, et on le rencontre surtout au nord du pays gouro, ainsi que chez les Wan. Décrit et même sculpté aujourd’hui en un masque vilain, les origines du mythe fondateur de Zaouli « l’??ancien » semblent s’??être perdues, pratiques d’??un culte disparu. Sa tradition ancienne fut certainement oubliée au fil de l’??histoire migratoire complexe des Gouro, déjà chassés vers l’??ouest au XVIIIe siècle par les Baoulé qui leur empruntèrent d’ailleurs la tradition des masques, à moins qu’elle ne se soit totalement égarée plus tard, lors de la conquête coloniale durant laquelle les Gouro « résistèrent vaillamment aux militaires qui incendièrent massivement leurs villages ». A ce jour deux beaux masques Zaouli se distinguaient à travers l’histoire des collections et dans la littérature, les deux ayant finalement rejoints deux institutions, un dans la collection du National Museum of African Art à la Smithsonian Institution de Washington, et l’autre à l’Art Institute de Chicago, les deux exposés récemment et reproduits l’un à côté de l’autre, p. 178 dans le catalogue de l’exposition The Language of Beauty in African Art. La découverte de ce chef-d’œuvre, indubitablement le plus ancien et le plus beau d’entre tous, bouleverse les a priori et les idées reçues sur les masques Zaouli, et déclasse de fait incontestablement ceux qui servaient jusqu’à présent de références. Il impose un nouveau standard dans la connaissance du patrimoine artistique ivoirien et gouro en particulier. On redécouvre ici l’origine même d’une ouverture transversale entre les deux plans superposés du masque, une caractéristique des masques zaouli anciens, et un concept sculptural sans doute aussi à l’origine de la création des masques glin du goli Baoule. Aussi le triangle pour l’ouverture de l’œil, ici aux contours blancs la couleur dédiée aux ancêtres, réminiscence dont témoigne le masque des anciennes collections W. Mestach et L. Van de Velde aujourd’hui à la Smithsonian. Une superbe crète à motifs gravés relie la gueule aux crocs acérés du léopard aux élégantes cornes du guib harnaché comme sur le masque de l’Art Institute de Chicago. Mais la notion de caché-montré par deux ouvertures successives sur deux plans superposés pour le regard est ici traitée de manière absolument unique, induisant la narration même de la transe, l’idée d’un être visible en dessous du masque, qui y « habite ». Beaucoup de très anciens masques ont été qualifiés à raison de « masque-mère » par certains spécialistes, et si ce terme a souvent été galvaudé, c’est pourtant bien le cas ici. Les masques les plus anciens tracent les lignes qui définissent l’archétype et serviront de modèles aux générations suivantes, ils sont les détenteurs de secrets et de codes, et portent généralement en eux un langage intrinsèque, une réelle narration. Encore chargé de tout son mystère il nous éclaire pourtant, le plus ancien et le plus beau des masques Zaouli réapparait aujourd’??hui après des décennies. Il ressort non pas d’un bois sacré mais d’un jardin secret, celui de la collection de Jean Roudillon, et même s’il ne peut témoigner totalement de son histoire, il témoigne d’une histoire passée et révolue, il est l’histoire. Gouro, Côte d’Ivoire Bois, polychromie, restauration à une corne (cassée-collée) pièce d’origine, usures, petits manques sur la f

Estim. 150 000 - 250 000 EUR

Une statuette féminine d’un atelier de Bombou-toro Portant un labret à l’aplomb de son visage hyperstylisé, et une coiffure formant une crète en une natte tressée tombant à l’arrière, le regard et la présence de cette statuette dogon d’une géniale modernité ne font aucun doute. S’inscrivant dans les styles hiératiques et très synthétiques de Bombou-toro, cette ancienne sculpture dogon inédite, provenant de l’ancienne collection de René Rasmussen, vient compléter un corpus de statuettes rares d’un atelier ayant initié un style aux spécificités très caractéristiques. La plus extraordinaire de ce corpus est sans aucun doute la maternité de l’ancienne collection de Charles B. Benenson offerte par lui au musée de l’Université de Yale. Les genoux sculptés en cylindre font notamment partie des détails parmi les plus emblématiques de cet atelier. D’après Hélène Leloup ces protubérances au niveau des genoux renvoient au mythe fondateur, « les premières créatures humaines avaient des membres sans articulations et elles se sont formées lorsque le forgeron, en descendant du ciel, a eu les bras et les jambes cassés par l’enclume, ce qui a permis aux hommes de travailler », et symbolisent les pierres magiques duge. « Les duges sont placées sur les articulations car c’est le plus important de l’homme. » (Griaule). Comparée à la statuette de la collection C. Benenson, on retrouve au-delà de la même position presque « robotique » ou « cubiste » avec l’angle du coude insistant encore sur l’articulation, et les bras repliés vers l’avant, ainsi que le nez sculpté en flèche, une stylisation des pieds (et l’articulation de la cheville) en triangle qui recouvrent tout le côté du socle. Le traitement des omoplates est comparable et insiste encore sur l’importance des articulations principales, aucun doute qu’il s’agit bien ici d’un art narratif. Aussi, vu de profil on retrouve la même souplesse dans le traitement des jambes et du fessier des statuettes de la collection Jean Roudillon et de celle de la collection Benenson. La patine de la statuette de Jean Roudillon n’est pas suintante comme celle de la collection C. Benenson mais elle témoigne cependant d’une évidente et superbe ancienneté. Dogon, Mali Bois, très belle érosion et fentes d’ancienneté, superbe et ancienne patine d’usage. H. : 37,5 cm Voir p. 130 n° 56 pour la statuette de la collection Benenson dans Close up-Lessons in the Art of Seeing African Sculpture from an American collection and the Horstmann collection, Vogel et Thompson, Ed. The Center for African Art New York 1990 Voir pour une autre statue de bombou toro et commentaires n° 78 dans : Statuaire Dogon, Hélène Leloup, Ed. Hamez 1994 Provenance : - Collection René Rasmussen - Collection Jean Roudillon

Estim. 15 000 - 25 000 EUR

Un tambour (pahu) orné de décors incisés de tiki en aplats, ayant conservé sa peau de requin tendue par un cordage complexe de tresses en fibres de coco. Le nom générique des tambours marquisiens est pahu, mais il n’existait pas moins de seize types différents de tambours pour rythmer les différentes cérémonies sacrées et religieuses, les chants (uta) et danses (haka) durant les célébrations en banquets (koina), fondamentales pour assurer la cohésion et la vitalité de l’ancienne société marquisienne. Les tambours tiennent donc une place essentielle dans la culture marquisienne, et comme l’écrit très justement Véronique Mu-Liepmann dans le catalogue de l’exposition Mata Hoata au Musée du Quai Branly, en citant l’incontournable Karl Von den Steinen médecin et anthropologue envoyé par le musée de Berlin à Nuku Iva en 1897, auteur du mythique ouvrage Les marquisiens et leur art : « sans le tambour, le monde n’a aucune valeur… et qu’il a quelque chose d’humain ». Ces mots résonnent particulièrement ici, notamment si on prend le temps d’admirer les superbes motifs de tiki sculptés et incisés en aplat renvoyant à l’art du tatouage qui ornent l’ensemble du piédestal à fenestrage de ce tambour. La caisse de résonnance vue de profil s’évase légèrement vers le bas et tout son pourtour est sculpté de rainures parallèles et horizontales sculptées en léger creux comme la tradition ancienne en témoigne. Ce motif en forme de vaguelettes est comme la narration des ondes des sons du tambour. Le fond de la cuve de la caisse de résonnance est sculpté dans une forme arrondie cachée par le piédestal à fenestrage, qui lui est entièrement orné de ces superbes motifs de tiki « éclatés » et sculptés en aplats, dont deux s’inscrivent dans un genre de « cartouche ». Leur sculpture est nerveuse et bien enlevée, tous variés et non répétitifs, témoignant encore d’un grand art marquisien. Publié en 1951 dans L’Art Océanien N° 38, un numéro spécial devenu mythique de la collection Le Musée Vivant, et pour lequel on doit rappeler encore l’implication particulière de Madeleine Rousseau. On notera sur la photo de cette publication que l’ivipo qui lui était attaché d’origine et l’ornementait, et dont on peut encore admirer le très beau style ancien sur la photo des archives de la galerie Le Corneur Roudillon, a malheureusement été égaré, mais il réapparaitra certainement un beau jour, comme aujourd’hui ce superbe tambour. Îles Marquises, XIXe siècle. Bois, peau de requin (petit manque d’une partie de la peau), fibres de péricarpe de noix coco, très belle oxydation d’ancienneté et très belle patine d’usage. H. : 53 cm (et noté 60 cm dans sa publication de 1951 car mesuré en diagonale dans sa plus grande longueur comme cela était apparemment la règle.) Voir : p. 175, 196 et 197 dans Mata Hoata Arts et Société aux Iles Marquises, Musée du Quai Branly, Ed. Actes Sud 2016. L’art Océanien - Sa présence – N° 38 de la Collection « Le Musée Vivant », présentée par Madeleine Rousseau, introduction de Paul Rivet et des textes de Guillaume Apollinaire et Tristan Tzara, APAM (Association Populaire des Amis du Musée) 1951. Provenance : - Collection Galerie Le Corneur Roudillon - Collection Jean Roudillon Publication : Le Musée Vivant-L’art Océanien Sa présence n° 38 de la Collection Le Musée Vivant, APAM (Association Populaire des Amis du Musée) 1951, reproduit p. 98 fig. 177. Exposition : « Art du Pacifique » Indonésie – Océanie, galerie Le Corneur Roudillon, 51 rue Bonaparte, à Paris du 24 janvier au 15 février 1951 (visible sur une photo de l’exposition, voir page 194)

Estim. 40 000 - 60 000 EUR

Un récipient ipu ehi en noix de coco à décor gravé. Nous reprenons ici intégralement la fiche de Jean Roudillon dans sa deuxième vente, après celle historique du 4 et 5 décembre 1961 à l’Hôtel Drouot avec Maurice Rheims, d’une autre partie des collections du Voyage de la Korrigane le lundi 31 mai 2010 à Rennes chez Bretagne Enchères : « Lot 47. Un récipient en noix de coco gravée et polie, le décor formé de visages et d’éléments éclatés du tiki que l’on retrouve également sur les tatouages qui couvraient parfois la totalité du corps. Servaient à conserver l’eau ou des aliments liquides. Diverses fêlures. Iles Marquises Haut. 12, 5 cm - Diam. de l’ouverture 8 cm Collection privée, non répertoriée au Musée de l’Homme Semblable au n° 1, p. 86 du catalogue du voyage de la Korrigane dans les mers du sud, Musée de l’Homme Editions Hazan, Paris 2001». Nous ajouterons en complément, que l’on peut comparer notre récipient ipu ehi pour son incroyable similitude à un autre récipient en noix de coco à décor gravé du même type, témoignant strictement de la même iconographie et strictement du même style. Exposé au Metropolitan Museum de New York lors de l’exposition Adorning The World - Art of the Marquesas Islands (reproduit n° 75 p. 108 et 109) celui-ci aurait été collecté par le fameux Capitaine David Porter (commandant de la frégate USS Essex) qui s’établit en 1813 sur l’île de Nuku Iva, entre autres pour réparer des avaries, et où il tenta même de prendre possession de l’île au nom des Etats-Unis. Les « korrigans » comme ils aimaient à s’appeler, étaient eux aussi sur l’île de Nuku Iva, mais entre le 1er et le 8 septembre 1934, donc plus d’un siècle plus tard. Dans tous les cas ces deux récipients ne sont certainement pas des « curios » ou des objets destinés aux navigateurs de passage, mais bien de réels artefacts témoignant des arts si rares provenant des Îles Marquises. Îles Marquises Noix de coco, fêles, cassé-collé (pièce d’origine) trace de colle mineure, petit éclat, une étiquette ancienne à l’intérieur indiquant GV et une autre étiquette lot 47 de la vente précitée. H. : 12, 5 cm et D. : 15,5 cm Voir : p. 108 et 109 n° 75 pour un autre récipient ipu ehi similaire de la collection Blackburn dans Adorning The World, The Metropolitan Museum of Art, Ed. TMMOA & Yale University Press New York 2005 Voir : p. 287 n° 85 pour le même récipient ipu ehi précité dans Polynesia The Mark and Carolyn Blackburn Collection of Polynesain Art, Adrienne L. Kaeppler, Ed. M. & C. Blackburn 2010 Voir : p. 72 à 77 pour le calendrier du voyage dans Le Voyage de la Korrigane dans les mers du Sud, musée de l’Homme, Ed. Hazan Paris 2001 Provenance : - Collecté lors du Voyage de La Korrigane (entre le 20 aout et le 7 septembre 1934) - Vente Bretagne Enchères du 31 mai 2010, lot 47 - Collection Jean Roudillon Exposition et publication : Vente Bretagne Enchères à Rennes du 28 au 31 mai 2010, reproduit p. 8 lot 47 du catalogue.

Estim. 800 - 1 200 EUR

Une coupe à pigments ornée d’une tête de crocodile et d’une tête humaine. En guise de poignée est sculptée une très belle tête de crocodile dont le dessus du crâne se prolonge dans la continuité du creuset de la coupe. Son œil droit conserve encore une incrustation de nacre. Sa sculpture est nerveuse, expressive et détaillée. À l’arrière de la coupe est sculptée une superbe tête d’homme d’un style très archaïque. Ses bras, gravés en relief et repliés sous la tête constituent un buste comme la poupe d’un bateau, et à travers lesquels au niveau du cou une perforation fait office de bélière. Une forme ovoïde en bourrelet est sculptée au-dessous constituant le socle pour stabiliser la coupe. Il s’agit d’un réel chef-d’œuvre des arts du Moyen Sépik, une œuvre « pré-contact », expression chère aux spécialistes des arts du Sépik. Cette coupe est publiée et commentée « godet à pigments » par Maurice Leenhardt dans son ouvrage Arts de l’Océanie publié en 1947. Un ouvrage publié dans la collection Arts Du Monde sous la direction de Georges de Miré dont l’œil n’est certainement pas étranger à la sélection de cette œuvre pour cette publication. Notre coupe avait déjà été exposée au musée de l’Homme lors de l’exposition Voyage de la Korrigane en Océanie entre juin et octobre 1938, on peut la voir photographiée dans une des vitrines de cette exposition en brillante compagnie, notamment avec le crochet à crâne Sawos que Jacques Kerchache avait choisi pour sa sélection originelle du Pavillon des Cessions, première version… Quel parcours pour cette coupe, ce « godet à pigment », depuis les rives du fleuve Sépik et sa collecte en 1935 par Régine et Charles van den Broek, dont les photos et la documentation de leur brève incursion sur le fleuve Sépik restent jusqu’à aujourd’hui d’après les spécialistes un témoignage irremplaçable. Il n’est pas étonnant que ce soit cet objet du voyage de la Korrigane que Jean Roudillon, son « inventeur », ait gardé le plus longtemps. Dans les notes de Jean Roudillon : « océanie, Nouvelle Guinée Récipient à peinture en bois en forme de crocodile au museau allongé, un œil incrusté de coquille marine. Cet exemplaire est exceptionnellement sculpté à l’emplacement de la queue d’une tête humaine percé à hauteur du cou permettant de suspendre le récipient. Provient du voyage de la Korrigane, D393 1660. » Probablement Iatmul ou Sawos, Moyen sépik, Papouasie-Nouvelle Guinée Bois, nacre, très légers reliquats de pigments blancs au niveau de la gueule du crocodile, belle oxydation d’ancienneté et superbe patine d’usage, objet taillé à la pierre dit « pré-contact ». Anciens numéros d’inventaires du musée de l’Homme inscrits sous la gueule du crocodile : D.39.3 / 1660, et un autre numéro inscrit en rouge sous le socle. L. : 30,5 cm Voir : p. 31 fig. 19 dans Arts de l’Océanie, Maurice Leenhardt, Collection Arts du Monde (sous la direction de Georges de Miré), Les Éditions du Chêne, 1947. Voir : p. 72 à 77 pour le calendrier du voyage dans Le Voyage de la Korrigane dans les mers du Sud, musée de l’Homme, Ed. Hazan Paris 2001 Provenance : - Collecté lors du voyage de La Korrigane (1934-1936), et certainement en octobre 1935 par Régine et Charles van den Broek lors d’une brève excursion en remontant le fleuve Sépik. - Collection Jean Roudillon Exposition et publication : - Voyage de la Korrigane en Océanie, juin à octobre 1938 musée de l’Homme, Paris - Visible en bas à gauche dans une vitrine lors de l’exposition au musée de l’Homme, photo d’Henri Tracol (voir reproduction page précédente). - Arts de l’Océanie, Maurice Leenhardt Collection Arts du Monde, Les Éditions du Chêne, 1947. Reproduit fig.19 p. 31.

Estim. 12 000 - 15 000 EUR

Une canne d’initié de la société du Poro ou un bâton d’escorte, possiblement la canne d’un chef et personnage historique en la personne du Roi Babemba. D’une plus petite taille que les grandes cannes tefalipitya qui célèbrent le sambali (le champion des cultivateurs) qui sera « récompensé » par une jeune femme non mariée au sommet de sa beauté représentée assise au sommet de ces cannes, la canne senoufo de la collection Jean Roudillon est ornée d’un personnage féminin sculpté en position debout, bien campé, telle une statue déblé. Il s’agit très certainement d’un bâton d’initié de la société du Poro, ou d’un bâton d’escorte dont l’image féminine évoque les pouvoirs surnaturels des femmes, celle des sandobele, les femmes-devins, qui perçoivent les dangers cachés et passent devant pour écarter les sorts jetés par les sorciers. Cette canne magnifique à la patine laquée est d’un grand style ancien, dont les grands bras stylisés aux épaules puissamment arquées et les oreilles sculptées en cylindre renvoient sans équivoque aux plus belles statues Déblé de l’atelier dit des maîtres de Sikasso. Elle a été exposée en 1964 dans trois musées américains lors de l’exposition itinérante Senufo Sculptures from West Africa dont Robert Goldwater, directeur du Museum of Primitive Art de New York, était l’instigateur. La provenance de cette canne, prêtée par la galerie Le Corneur Roudillon à l’époque, la rattache dans le catalogue de cette exposition au Roi Babemba, personnage historique s’il en est au Mali, ayant succédé en 1893 à son frère Tiéba Traoré, quatrième roi de Kénédougou qui avait mené le royaume à son apogée et fixé sa capitale à Sikasso, où il fit notamment construire son palais pour résister aux attaques de Samory Touré. Le roi Babemba Traoré se suicida en 1898 plutôt que d’être pris, préférant la mort à la honte, après avoir lutté contre l’armée colonisatrice. C’est forcément Olivier Le Corneur et Jean Roudillon qui ont transmis cette provenance à Robert Goldwater, une provenance qu’ils avaient acquise avec l’objet. Réelle ou non, Goldwater un homme sérieux et historien de l’art devait considérer cette provenance comme authentique pour la valider et la publier, bien qu’aucun autre document ne puisse en attester réellement. Dans les notes de Jean Roudillon : « Afrique, Côte d’Ivoire, Senufo Canne du Roi Babemba de Sikasso Rapportée par un officier français en1898. Publié fig. 135 dans « The Museum of Primitive Art » par Robert Goldwater, New York, 1964 » Sénoufo, Côte d’Ivoire Bois, fer, oxydation d’ancienneté, usures, petit accident à la pointe du sein droit et une restauration indigène en fer au bras droit, très belle et ancienne patine d’usage. H. : 113 cm Voir pour les statues-pilon déblé de l’atelier dit des maîtres de Sikasso p. 117 à 137 dans : Senoufo Massa et les statues du Poro, Burkhard Gottschalk, Ed. Verlag U. Gottschalk Düsseldorf 2006 Provenance : - Ancienne collection Galerie Le Corneur Roudillon - Collection Jean Roudillon Expositions et publication : - Senufo Sculpture from West Africa, Robert Goldwater, Ed. The Museum of Primitive Art, New York, 1964, p. 90 n° 135 - Senufo Sculpture from West Africa, 1963, exposition itinérante à : - New York, NY The Museum of Primitive Art, du 20 février au 5 mai 1963 - Chicago, IL, Art Institute of Chicago, du 12 juillet au 11 août 1963 - Baltimore, MD Baltimore Museum of Art du 17 septembre au 27 octobre 1963.

Estim. 6 000 - 8 000 EUR

Un bandeau tissé et brodé représentant six personnages, chacun une tête-trophée attachée à la taille ainsi qu’une arme de sacrificateur à leur bras gauche. Le sujet est classique dans la culture Nazca, guerriers armés tenant des têtes trophées, il pourrait s’agir aussi de prêtres sacrificateurs. Ici les personnages sont habillés de ponchos à franges et portent de hautes coiffes telles des couronnes de plumes. Les armes des sacrificateurs attachées par une dragonne et qui pendent de leur bras gauche, répondant à chaque tête-trophée, ressemblent aussi à des oiseaux. Le sens caché, et double des choses, est largement constaté dans les arts anciens du Pérou, et notamment très apprécié dans la culture Wari. Une attention particulière est souvent nécessaire aux différents niveaux de lecture, nous permettant d’entrevoir un peu et nous éclairer mieux, sur la spiritualité subtile des artistes et l’esprit des croyances de ces civilisations passées. Il est délicat cependant d’attribuer avec certitude l’époque et la région d’origine de ce très beau fragment qui faisait probablement partie d’un ancien manteau funéraire ou d’une coiffe tant les styles et les apports successifs d’une culture à l’autre se succèdent et se chevauchent dans les grands arts textiles, qui représentent sans aucun doute un art essentiel et souvent fondateur des arts préhispaniques au Pérou. Nazca ou Proto Nazca, 100 avant à 800 après J.-C., ou Wari 600 à 1000 après J.-C., Pérou Tissus, laine de lama ou d’alpaga, probables petites restaurations, encadré et fixé sous verre. 37 x 13,5 cm (pour le tissage) et 50 x 26 cm (pour le cadre sous verre) Voir : Animal Myth and Magic, Images from Pre-Columbian Textiles, Vanessa Drake Moraga, Ed. Ololo Press 2005 ou Pre-Columbian Art Of South America, Alan Lapiner, Ed. Harry Abrams New York 1976, Voir pour un exemple de motif Wari à double lecture p. 42 et 43 dans La Sculpture en Bois Dans L’Ancien Pérou, André Emmerich, Johann Levy et Sergio Purini, Ed. Somogy & Johann Levy Art Primitif Paris 2006. Provenance : Collection Jean Roudillon avant 1960

Estim. 600 - 800 EUR

Un pommeau de canne, insigne d’autorité, représentant un personnage important. Représentant un notable, dignitaire assis, ornementé, scarifié au visage, au cou et sur le corps, il tient devant lui par la taille une jeune fille, décrite tantôt dans la littérature soit comme une assistante soit une enfant. Les bras relevés et tenant un objet sur la tête, ici un coffret ou un repose-pieds évoquant la richesse et le prestige, il s’agit bien d’une assistante et aussi d’une enfant. Incarnée par une jeune fille prépubère n’étant pas encore réglée, cette « messagère spirituelle » protège ce dignitaire de la sorcellerie « par la force mystique de sa pureté » et lui ouvre le passage en introduisant la beauté dans les assemblées. Thimothy Garrard nous explique que le couvre-chef, ayant pu contribuer à la confusion et souvent décrit comme un apport occidental ainsi que le traitement des moustaches et de la barbe, est en fait un canotier en paille tressée que les Akyé fabriquaient avant l’arrivée des européens. Il s’agit donc sans aucun doute d’un très ancien chef attié, et non de la représentation d’un portugais ou d’un autre occidental, et certainement le portrait d’un éminent personnage historique ou légendaire dont la mémoire s’est fâcheusement perdue au fil des siècles de l’histoire du peuple Akyé. En effet ce pommeau de canne en ivoire, sans aucun doute le plus ancien d’une série (constituant un corpus d’une douzaine d’œuvres d’après François Neyt), dont la sculpture des différents exemplaires s’échelonne sur plusieurs siècles, est à la source de tous les autres, c’est l’« objet mère ». Ce corpus d’objets bien identifiés, sculptés dans de l’ivoire, et sa typologie si caractéristique, a retenu depuis longtemps l’attention de nombreux spécialistes et historiens de l’art. Sur les trois exemplaires exposés à la Smithsonian de Washington lors de l’exposition Treasures en 2008, datés des XVIIIe et XIXe siècle, et malgré qu’ils soient moins anciens que celui de la collection Jean Roudillon, on retiendra ceux de la collection Laura et James Ross qui constituent une paire homme et femme et viennent ainsi compléter l’information d’un couple et pas uniquement du portrait d’un ancien dignitaire dont ces pommeaux commémorent la mémoire. Il a forcément dû s’agir d’un personnage important, historique ou mythologique, pour que cet archétype serve de modèle à d’autres pommeaux de cannes sculptés sur autant de générations, et une lecture attentive du plus ancien d’entre tous nous permet de lever certains doutes et tenter de remonter le fil de l’histoire. Il n’est pas étonnant que ce pommeau de la collection Jean Roudillon provienne auparavant de la collection de Roger Bédiat, à la source de tellement de chefs-d’œuvre, la plus importante des collections anciennes des arts de la Côte d’Ivoire. Une collection dont Jean Roudillon avait d’ailleurs fait l’inventaire et l’estimation en 1962. Cette sculpture est fascinante à plus d’un titre, sublime de détails et d’ancienneté, elle ne rayonne pas que par sa beauté, elle éclaire le passé et le futur, et fait incontestablement partie des plus beaux joyaux de la collection de Jean Roudillon. Attié (Akyé), Côte d’Ivoire. XVIIIe siècle ou antérieur. Ivoire, importante dessication d’ancienneté de l’ivoire, petit manque visible à la coiffe (casse ancienne) et probable restauration d’une petite casse à l’avant du canotier, légères fentes d’ancienneté, restauration visible d’un petit manque à l’avant de la base du pommeau, sinon excellent état de conservation, superbe et ancienne patine d’usage, présenté sur un socle en pierre rouge. H. : 13,6 cm Voir p. 75, 78-79 et 81 pour trois exemplaires du même corpus dans : Treasures 2008, Sharon F. Patton Brina M. Freyer, Smithsonian – Ed. National Museum of African Art Washington 2008. Voir pour deux autres exemplaires du corpus provenant de l’ancienne collection Joseph Mueller acquis l’un et l’autre avant 1939 et 1942 p. 175 et 176 dans : Arts de la Côte d’Ivoire Tome 2, Ed. Musée Barbier-Mueller, Genève 1993. Provenance : - Collection Roger Bédiat - Collection Jean Roudillon Publications : - Art d’Afrique Noire n° 53 printemps 1985 p. 53 pour une publicité de Jean Roudillon - Tribal Art magazine n° 82, Hiver 2016 p. 43 pour une publicité de Jean Roudillon.

Estim. 30 000 - 50 000 EUR

Un ornement représentant un personnage portant une coiffe et un bâton, les yeux et les oreilles ornés de coquillages. Ce personnage, un dignitaire ou un guerrier tient ce qui est probablement un bâton de commandement, à moins qu’il ne s’agisse d’une lance ou d’une ancienne masse d’arme. Il est coiffé d’une couronne avec un ornement frontal le rattachant à la noblesse. Souvent ces coiffes, découvertes dans les tombes des rois, notables, prêtres ou autres dignitaires Mochica, étaient ornées au centre d’une tête de hibou ou de chouette ou d’une tête humaine. Cet ornement faisait à l’origine partie d’une coiffe ou d’un manteau funéraire. On notera, au-delà de sa belle patine d’oxydation d’ancienneté verdâtre de cuivre qui recouvre cet ornement, le très beau style en laminé et repoussé d’un grand art Mochica classique, notamment la main droite puissante du guerrier tenant sa lance traitée en facettes géométriques et la main gauche tout en rondeur. Culture Mochica, intermédiaire ancien 100 avant à 800 après J.-C., Pérou Cuivre (ou alliage cuivreux) repoussé, coquillages H. : 5 cm - D. : 7,5 cm Voir p. 148 à 158 pour d’autres éléments en cuivre laminés et repoussés dans Pre-Columbian Art Of South America, Alan Lapiner, Ed. Harry Abrams New York 1976. Provenance : - Ancienne collection galerie Le Corneur Roudillon, 1969 - Collection Jean Roudillon Exposition : Pérou, Trouvaille d’objets en cuivre et argent, Galerie Le Corneur Roudillon, Paris, 9 au 20 décembre 1969

Estim. 800 - 1 500 EUR

Une coupe cérémonielle à poignées anthropomorphes. Ce type de coupe à double poignées et quatre pieds était utilisée lors des cérémonies dédiées aux ancêtres, et les personnages sculptés en guise de poignée pourraient représenter des ancêtres claniques et non des représentations d’ancêtres mythologiques d’après Douglas Newton. L’art des îles de l’Amirauté est décrit dans la littérature spécialisée d’une « élégance solide », mais aussi « laissant une impression plutôt neutre d’un point de vue émotionnelle » ou encore ses personnages qualifiés de « statique », peut-être est-il longtemps resté relativement impénétrable aux yeux des occidentaux. Cette coupe très ancienne, collectée par le Comte Festetics de Tolna, est pour le coup d’une solide élégance. Ses anses en forme de personnages, figures d’ancêtres claniques, ne sont en aucun cas statiques, mystérieux et magiques avec leur tête prognathe, rappelant l’importance de l’iconographie zoomorphe dans les îles de l’Amirauté et plus largement de l’archipel Bismarck. On notera la présence d’un ancien numéro d’inventaire (282) encore collé sous cette coupe. À l’occasion de l’exposition L’Aristocrate et ses Cannibales Le voyage en Océanie du Comte Festetics de Tolna (1893-1896) au musée du Quai Branly où figurait cette coupe, Roger Boullay ne glorifiait pas le Dr Chauvet concernant le peu de soin qu’il semblait avoir porté aux numéros et étiquettes d’inventaires (riches d’informations) attachées à l’origine sur chacun des objets ramenés par le Comte Festectics, et ce malgré qu’il soit un homme de science et qu’il ait de surcroît offert au musée de l’Homme environ huit cent quatorze objets dont cinq cent trente-sept seraient susceptibles de provenir de la collection de Festetics de Tolna. Dans les notes de Jean Roudillon : « océanie, Iles de l’Amirauté XIXème Coupe ou plat « Man » en bois, figurant en guise de poignées deux personnages. A usage cérémonial ou quotidien pour recevoir le Sagou, fécule extraite du palmier sagoutier. Ancienne collection du Docteur Stephen Chauvet, provenant de la collection du Comte Rodolphe Festetic de Tolna, 1893. » Îles de l’Amirauté, archipel Bismarck, Papouasie-Nouvelle Guinée, XIXe siècle. Bois, ancienne étiquette d’inventaire inscrite 282, petits manques visibles (casses anciennes) aux jambes d’un personnage, fêle d’ancienneté sur une poignée, superbe et ancienne patine d’usage. L : 55 cm et H. : 27,5 cm Voir p. 238 à 239 dans : Arts des Mers du Sud, Collections du Musée Barbier-Mueller, Ed. MBM & Adam Biro 1998 Voir pour d’autres coupes dans : Bismarck Archipelago Art, K. Conru, Ed. Kevin Conru & 5 continents 2013 Îles de l’Amirauté, archipel Bismarck, Papouasie-Nouvelle Guinée Provenance : - Collection du Comte Rodolphe Festetics de Tolna, collectée par lui avant 1896 - Collection du Dr Stéphen Chauvet (acquis aux enchères caisses fermées, sans inventaires) - Collection Galerie Le Corneur Roudillon - Collection Jean Roudillon Exposition : L’Aristocrate et ses Cannibales Le voyage en Océanie du Comte Festetics de Tolna (1893-1896) au musée du Quai Branly, du 23 octobre 2007 au 13 janvier 2008.

Estim. 8 000 - 12 000 EUR

Une monnaie constituée d’une petite conque charonia tritonis et d’une importante tresse de poils de roussette. Dans la culture kanak la monnaie a une haute valeur symbolique et spirituelle. Elle est conçue pour être utilisée dans un cadre cérémoniel à des fins politiques sociales et religieuses, pour sceller un accord ou une union, elle engage la parole. Une monnaie avant d’être utilisée doit être acquise, et son acquisition autant que sa fabrication nécessitent un cheminement complexe et des procédures qui doit engager son acquéreur à penser en termes de relations humaines et d’alliances, même si elle nécessitera aussi certains biens matériels (ignames ou poterie) ou un autre service en échange. Les tritons géants servaient de conque d’appel et sont le symbole même du souffle sacré et de la parole du chef, ils étaient enfilés sur la pointe des flèches faîtières qui ornent les grandes cases de chef redoublant ainsi l’importance symbolique donnée à la parole du chef incarnée dans la flèche. Le moment de l’offrande d’une monnaie telle que celle-ci constituée comme une conque d’appel et incluant un triton dans sa fabrication, impliquait forcément un engagement fort de la parole allant bien au-delà de la solennité et scellant cet instant comme un moment magique et sacré. Kanak, Nouvelle Calédonie Conque (charonia tritonis) , tissus, et tresses de poils de roussettes. H. 16,5 cm pour le triton et H. 43 cm environ pour la tresse. Voir pour une conque d’appel avec un tresse de poils de roussettes et un triton n° 62 page105 dans : Kanak L’Art est une Parole, musée du Quai Branly, Ed. Actes Sud 2013 Voir concernant les monnaies kanak p. 85 à 93 dans : L’art Ancestral des Kanak, Ed. Musée des Beaux-Arts de Chartres 2009 Provenance : Collection Jean Roudillon

Estim. 600 - 800 EUR