Null René-Pélagie de Montreuil, marquise de SADE (1741-1810). Manuscrit de la ma…
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René-Pélagie de Montreuil, marquise de SADE (1741-1810). Manuscrit de la main de l’avocat Gaspard Gaufridy (1729-1818), [1774]; 5pages et quart in-fol. Important mémoire, inspiré par Sade, où la marquise expose les faits survenus depuis l’affaire de Marseille, prend la défense de son mari, et dénonce les manœuvres de sa mère. «Dame Renée Pélagie Cordier de Montreuil, épouse de messire Louis. Donatien Adolphe Aldonce marquis de Sade, chevalier, seigneur de La Coste, Mazan, Saumanes et autres places, en son propre et comme administresse de messieurs ses enfants, exposera qu’elle est dans la cruelle nécessité de recourir à la protection des lois pour repousser enfin la vexation la plus criante qui fut jamais. Victime innocente de l’attachement le plus sacré, elle réclame les droits de l’humanité depuis trop longtems outragés. Elle étoit avec le marquis de Sade son mary dans sa terre de la Coste en Provence; elle y fut jointe par la delle de Launay sa sœur sous le prétexte de lui faire compagnie et d’y respirer un air plus sain. Partagée entre son attachement pour son mary et sa tendresse pour ses enfans, elle y jouit pendant longtemps de cette paix que rien n’auroit du troubler, et les empressements de son mary ne lui permettoient pas de suspecter qu’une fatale passion devoit bientot devenir le foyer d’une suite de malheurs et d’infortunes»... Elle raconte le départ de son mari avec un domestique en juin 1772 pour Marseille, la procédure criminelle qui y est instruite contre lui, ses démarches en sa faveur: «si elle est convaincue qu’une pure galanterie forme la seule matière de la procédure, elle apperçoit que la prévention la plus outrée avoit saisi tous les esprits, […] son instruction est précipitée par quelque génie malfaisant qui craignoit le retour du calme et de la réflexion»… Elle dénonce un arrêt flétrissant prononcé par un magistrat aveugle, inspiré par une fatale prévention… Elle tente en vain de s’adresser à sa mère Mme de Montreuil: «mais la tendresse ne parle plus en sa faveur. Solliciter pour son mari, c’est être complice de ses écarts, ses écarts! […] son mari est plus malheureux que coupable […] une victime qui doit être immolée à la paix et au bonheur de la famille qui l’avoit adopté»... Le marquis était parti pour la Savoie, il avait écrit à Mme de Montreuil, espérant d’elle une ressource contre l’injustice qui le poursuivait. La présidente ayant appris la retraite de son gendre, elle réussit par ses manœuvres à le faire arrêter et emprisonner au fort de Miolans, «affreux séjour»… «Mais ce qui surprendra toute âme sensible, c’est que la dame de Montreuil, qui s’étoit érigée en despote absolu de la personne du marquis de Sade au préjudice du droit des gens.et de la foi publique», interceptait toutes ses lettres… Le marquis put enfin s’échapper, ce qui redoubla l’ardeur des persécutions de la Présidente; il réussit à rentrer en France et à se retirer dans sa terre de La Coste. Mais Mme de Montreuil «regarde avec effroi toute démarche pour la justification, pour la liberté de son gendre». Elle fait envoyer à La Coste un exempt de police, escorté de la maréchaussée, dans la nuit du 6 janvier 1774, pour s’emparer du marquis et de ses papiers: «les murs du château sont escaladés, on entre le pistolet et l’épée à la main», on fouille toute la maison avec violence: «Le cabinet du marquis de Sade fut l’objet de la dernière scène: l’on arrache et l’on coupe des tableaux de famille, l’exempt de police surtout se signale par l’enfoncement des bureaux et des armoires de ce cabinet, il se saisit de tous les papiers et de toutes les lettres qu’il y trouve; les uns, au gré de cet exempt, deviennent la proie des flammes, il en sépare d’autres qu’il emporte»… La marquise dénonce cet «enlèvement qui viole tout à la fois le droit des gens et le droit de l’humanité, qui sacrifie l’honneur du marquis de Sade et de sa famille à des vues uniquement relatives à la dame de Montreuil»… Etc. Le mémoire est resté inachevé. Correspondance inédite (P. Bourdin), p.9-12.

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René-Pélagie de Montreuil, marquise de SADE (1741-1810). Manuscrit de la main de l’avocat Gaspard Gaufridy (1729-1818), [1774]; 5pages et quart in-fol. Important mémoire, inspiré par Sade, où la marquise expose les faits survenus depuis l’affaire de Marseille, prend la défense de son mari, et dénonce les manœuvres de sa mère. «Dame Renée Pélagie Cordier de Montreuil, épouse de messire Louis. Donatien Adolphe Aldonce marquis de Sade, chevalier, seigneur de La Coste, Mazan, Saumanes et autres places, en son propre et comme administresse de messieurs ses enfants, exposera qu’elle est dans la cruelle nécessité de recourir à la protection des lois pour repousser enfin la vexation la plus criante qui fut jamais. Victime innocente de l’attachement le plus sacré, elle réclame les droits de l’humanité depuis trop longtems outragés. Elle étoit avec le marquis de Sade son mary dans sa terre de la Coste en Provence; elle y fut jointe par la delle de Launay sa sœur sous le prétexte de lui faire compagnie et d’y respirer un air plus sain. Partagée entre son attachement pour son mary et sa tendresse pour ses enfans, elle y jouit pendant longtemps de cette paix que rien n’auroit du troubler, et les empressements de son mary ne lui permettoient pas de suspecter qu’une fatale passion devoit bientot devenir le foyer d’une suite de malheurs et d’infortunes»... Elle raconte le départ de son mari avec un domestique en juin 1772 pour Marseille, la procédure criminelle qui y est instruite contre lui, ses démarches en sa faveur: «si elle est convaincue qu’une pure galanterie forme la seule matière de la procédure, elle apperçoit que la prévention la plus outrée avoit saisi tous les esprits, […] son instruction est précipitée par quelque génie malfaisant qui craignoit le retour du calme et de la réflexion»… Elle dénonce un arrêt flétrissant prononcé par un magistrat aveugle, inspiré par une fatale prévention… Elle tente en vain de s’adresser à sa mère Mme de Montreuil: «mais la tendresse ne parle plus en sa faveur. Solliciter pour son mari, c’est être complice de ses écarts, ses écarts! […] son mari est plus malheureux que coupable […] une victime qui doit être immolée à la paix et au bonheur de la famille qui l’avoit adopté»... Le marquis était parti pour la Savoie, il avait écrit à Mme de Montreuil, espérant d’elle une ressource contre l’injustice qui le poursuivait. La présidente ayant appris la retraite de son gendre, elle réussit par ses manœuvres à le faire arrêter et emprisonner au fort de Miolans, «affreux séjour»… «Mais ce qui surprendra toute âme sensible, c’est que la dame de Montreuil, qui s’étoit érigée en despote absolu de la personne du marquis de Sade au préjudice du droit des gens.et de la foi publique», interceptait toutes ses lettres… Le marquis put enfin s’échapper, ce qui redoubla l’ardeur des persécutions de la Présidente; il réussit à rentrer en France et à se retirer dans sa terre de La Coste. Mais Mme de Montreuil «regarde avec effroi toute démarche pour la justification, pour la liberté de son gendre». Elle fait envoyer à La Coste un exempt de police, escorté de la maréchaussée, dans la nuit du 6 janvier 1774, pour s’emparer du marquis et de ses papiers: «les murs du château sont escaladés, on entre le pistolet et l’épée à la main», on fouille toute la maison avec violence: «Le cabinet du marquis de Sade fut l’objet de la dernière scène: l’on arrache et l’on coupe des tableaux de famille, l’exempt de police surtout se signale par l’enfoncement des bureaux et des armoires de ce cabinet, il se saisit de tous les papiers et de toutes les lettres qu’il y trouve; les uns, au gré de cet exempt, deviennent la proie des flammes, il en sépare d’autres qu’il emporte»… La marquise dénonce cet «enlèvement qui viole tout à la fois le droit des gens et le droit de l’humanité, qui sacrifie l’honneur du marquis de Sade et de sa famille à des vues uniquement relatives à la dame de Montreuil»… Etc. Le mémoire est resté inachevé. Correspondance inédite (P. Bourdin), p.9-12.

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