Maarten van Heemskerck

Maarten van Heemskerck La Sainte Trinité Huile sur bois. 56 x 40 cm. Provenance Collection privée, Belgique. Acquis par le grand-père du propriétaire actuel. Au dos du tableau se trouve une note manuscrite : Don[n]ez Par Me Anna Berlo dit Girardau Décédé dans sette abéie [abbaye] les 12 Doctobre y étant enterer au milieu Du cour dudit Abeie [abbaye] de Teragen [Ter Hage, Ten Hagen ou Terhagen] a Gand lan 1725. R.Q.P. Ce tableau est une découverte importante d'une composition de Maarten Van Heemskerck, connue par une gravure du graveur de Haarlem Jacob Matham. Celle-ci a été publiée en 1602 avec la mention M. Heemskerck pinxit (ill. 1). Sur la base des recherches du Dr Ilja Veldmann, qui s'est spécialisé dans l'œuvre de Heemskerck, la planche peut aujourd'hui être considérée comme le modèle de la gravure de Matham. La composition a dû jouir d'une certaine popularité, car il existe une autre version de moindre qualité qui se trouvait autrefois dans la collection Grzimek à Friedrichshafen. La Sainte Trinité était un dogme important de la foi chrétienne dans la société médiévale. En tant que telle, elle a été représentée à de nombreuses reprises par certains des artistes les plus importants au nord des Alpes aux 15e et 16e siècles, comme le Maître de Flémalle et Colin de Coter en Flandre, Albrecht Dürer dans le sud de l'Allemagne ou Maarten van Heemskerck dans le nord des Pays-Bas. A première vue, la composition se compose de Dieu le Père tenant son fils mort sur ses genoux. Les personnages sont placés sur un fond brun doré. Un examen plus approfondi à la lumière infrarouge (ill. 2) révèle la tête et les ailes de la colombe du Saint-Esprit qui flotte entre les deux personnages dans la partie supérieure gauche. Ce détail important de la colombe a été repeint plus tard. D'un point de vue stylistique, il est étroitement apparenté aux colombes présentes dans d'autres tableaux de Van Heemskerck, par exemple sa "Venus et Cupidon2" (Cologne, Wallraf-Richartz Museum, inv. n° 875) ou son "Christ triomphant" (Copenhague Statens Museum for Kunst). Le Dr Ilja Veldman souligne la grande qualité de l'œuvre en question. Du point de vue stylistique, la !Sainte Trinité" correspond à la méthode de travail de l'artiste dans les années 1545-1548 (communications écrites du 4 août 2019 et du 18 février 2022). Les années 1540 furent une période de création particulièrement fructueuse pour Heemskerck et son atelier. C'est à cette époque qu'il a réalisé un grand nombre de représentations du Christ en homme de douleur et de la Lamentation du Christ. Toutes ces œuvres ont en commun la figure centrale du Christ assis en demi-figure, formulée ainsi par Heemskerck pour la première fois en 1532 dans l'Homme de douleur du Musée des Beaux-Arts de Gand (inv. n° S-53). Le corps musclé du Christ est également l'élément déterminant de la Trinité. La position du fils inanimé, légèrement tournée par une épaule surélevée, confère à son corps affaissé une grande tension et une grande présence. L'intérêt de Heemskerck pour les poses maniéristes et la musculature prononcée, qu'il a appris à connaître pendant ses études en Italie, est évident. D'un point de vue stylistique, une Déploration réalisée vers 1545 et conservée à la Pinacoteca dell'Accademia Albertina di Belle Arti de Turin présente une structure du corps très similaire, tout comme le tableau "Ecce Homo" conservé à Varsovie, Muzeum Narodowe w Warszawie, datant de 1544. L'homme de douleur est du même type de visage, avec des yeux presque fermés, une bouche étroite et charnue, un nez classiquement taillé et une barbe divisée. Comme pour les tableaux de Van Heemskerck à Varsovie et à Gand mentionnés ci-dessus, aucune signature préparatoire n'a pu être constatée pour ce tableau. Van Heemskerck a parfois utilisé pour la signature des matériaux qui ne peuvent pas être mis en évidence par une réflectographie infrarouge (ill. 3). Fig. 1 / Ill. 1 : Jacob Matham, La Sainte Trinité / The Holy Trinity, d'après / after Maerten van Heemskerck, gravure / engraving, 1602, 334 x 224 mm, Amsterdam, Rijksmuseum, n° RP-P-1902-A-22395 @Rijksmuseum, Amsterdam Fig. 2 / Ill. 2 : La Sainte Trinité / The Holy Trinity, détail de la colombe / Detail of the Dove, réflectographie infrarouge / Infrared reflectography @KIK-IRPA, Bruxelles Fig. 3 / Ill. 3 : La Sainte Trinité / The Holy Trinity, réflectographie infrarouge / Infrared reflectography @KIK-IRPA, Brussels