"JOSE FIN", JOSÉ VILATÓ RUIZ (Barcelona, 1916 - Paris, 1969).

"JOSE FIN", JOSÉ VILATÓ RUIZ (Barcelone, 1916 - Paris, 1969). "Composition à la poire" 1949. Huile sur toile. Relié. Signée dans le coin inférieur droit : "J.Fin Atelier". Provenance : famille de l'artiste et galerie Sala Dalmau, Barcelone. Inclus dans le catalogue de l'exposition "J.Fin" à Sala Dalmau, 2008. Mesures : 68 x 83,5 cm ; 85 x 100 cm (cadre). Cette peinture abstraite de Jose Fin a été réalisée par l'artiste (l'une des figures les plus singulières de ce que l'on appelle l'École espagnole de Paris) peu après sa libération du camp de concentration d'Argelés. C'est grâce à la médiation de son oncle Pablo Picasso que Fin, alias José Vilató Ruiz, a réussi à s'échapper. Il s'installe alors à Paris, et partagera son atelier avec Archipenko, Chagall, Foujita, Max Jacob et Modigliani, entre autres. C'est le mythique Le Ruche, pavillon des vins de Bordeaux reconverti en lieu de rencontre et en atelier pour les artistes les plus représentatifs de l'après-guerre. L'étape parisienne sera pour Fin sa période la plus féconde : si la première étape (Barcelone) s'était caractérisée par sa fraîcheur figurative mais anti-académique, à Paris il entre dans une abstraction sombre et sans concessions. Le tableau qui nous occupe ici témoigne de la puissance expressive d'un artiste en avance sur nombre de ses contemporains, son imagination et son ardeur expérimentale étant stimulées par la précarité dans laquelle il vivait, ce qui le conduisait à travailler avec des journaux et des supports extra-artistiques (un "artista povera" une décennie avant l'émergence de l'"arte povera"). Nous sommes devant une composition au fond post-cubiste mais d'où émane une force subjuguante qui l'élève au-delà de toute influence ou héritage. Car le chemin que José Fin a emprunté tout au long de sa vie a toujours été étranger au militantisme et à l'avant-garde. Fils du neuropsychiatre Juan Vilató et de Lola Ruiz, la sœur de Pablo Picasso, Fin est initié à l'art dans la maison familiale. Il se forme à l'école des Beaux-Arts de Sant Jordi à Barcelone, et participe pour la première fois à une exposition collective au début de l'année 1932. En 1934, il réside à Mahón, Minorque, où il peint une série d'œuvres qu'il exposera plus tard à Barcelone. Mobilisé, il participe à la guerre, et en 1939, il se rend en France. Il y retourne l'année suivante, où il se lie d'amitié avec Manolo Hugué. En 1943, il expose à Barcelone, dans les galeries Reig, avec son frère Javier, A. Fabra et R. Rogent, dans une exposition qui est considérée comme le premier renouveau artistique de l'après-guerre à Barcelone. Grâce à une bourse du gouvernement français, il s'installe à Paris en 1946. Dans la capitale française, avec son frère, il fréquente le cercle Kahnweiler, avec des amis comme Matisse, Miró, Braque, Lam Leiris, Giacometti, Domínguez, Bores, Viñes, Eulard, Cocteau et, surtout, son oncle Picasso. Il a également organisé plusieurs expositions personnelles au cours des années cinquante et soixante, à Paris, Saint-Raphaël, Barcelone, Berne, Madrid et Majorque. Il a également travaillé la sculpture et la peinture murale, cette dernière discipline se distinguant par ses œuvres pour l'église de Coscojuela de Sobrarbe (1944) et l'usine CSF de Paris (1960). En 1971, une exposition anthologique posthume lui est consacrée à Barcelone. La Sala Dalmau de Barcelone a organisé en 2008 l'exposition "Els anys de la Ruche 1946-49", centrée sur les années que J.Fín a passées dans le bâtiment emblématique de La Ruche à Paris.