DROUOT
jeudi 16 mai à : 14:00 (CEST)

ARTS DU XXÈME SIÈCLE, MONTRES ET GRANDE DÉCORATION - À LA BASTIDE DU ROY (ANTIBES)

Métayer-Mermoz Maison de Ventes aux Enchères Antibes - +33 4 93 67 63 79 - Email CVV

La Bastide du Roy. 3055 Avenue Jean Michard Pellissier 06600 Antibes, France
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Lot 32 - Nguyễn PHAN CHANH (1892-1984). Jeune femme à la lecture. Aquarelle et gouache sur soie contrecollée. Signature, cachet de l'artiste et date, en haut et en bas, à gauche. H_60 cm L_38 cm, fentes latérales et verticales, légers manques épars. Provenance : Seconde exposition de la Société Annamite d'Encouragement à l'Art et à l'Industrie (SADEAI), à Hanoï, inaugurée le 3 décembre 1936. Informations complémentaires disponibles sur simple requête auprès de notre maison de ventes. Collection privée française, acquis dans un magasin d'antiquités à Nice dans les années 1970, puis transmis par descendance. Expert : Monsieur Etienne Leterrier. Note : La redécouverte de«Jeune femme à la lecture», peinture sur soie de Nguyễn Phan Chánh datée de 1936, est un événement majeur puisque l'œuvre illustre une période de transition du peintre. Vers 1933-1934, en effet, sa palette s'éclaircit. Les sujets, auparavant souvent ruraux, s'ennoblissent. Des touches de couleurs vives font leur apparition. Les évocations de groupes cèdent souvent le pas aux figures individuelles. «Jeune femme à la lecture» est un exemple parfait de cette évolution. Mais surtout, en peignant une jeune femme en train de lire, Nguyễn Phan Chánh adresse un signal fort en s'inscrivant, en peintre vietnamien, dans l'un des grands thèmes de l'histoire de l'art, qui court depuis l'iconographie médiévale jusqu'à Van Gogh, Picasso, en passant par Vermeer, Fragonard ou Renoir. La jeune femme évoque par son áo dài blanc finement tracé l'oeuvre «Jeune femme en train de se peigner», chef-d'oeuvre de l'artiste présent dans les collections du Musée Cernuschi. Assise sur un banc orné, elle se voue à la lecture, moment d'intimité et de silence que surprend l'œil du spectateur. Son livre provient d'un cabinet à sa gauche sur lequel reposent une veilleuse et une statue religieuse : objets qui attirent le regard et invitent à une autre lecture, symbolique celle-ci. Le visage est baissé sur le livre, donnant corps au regard. La lectrice porte un kiềng, des mules à talons : indices d'un rang social confirmé par la distinction raffinée de la position des pieds. La lueur pâle de cette silhouette se détachant sur un fond sombre est typique du tournant esthétique du peintre, et exprime toutes les vertus qui lui sont chères : modestie, vertu, dévotion, et, ici, un indiscutable raffinement. Diplômé de l'Ecole des Beaux-Arts d'Indochine depuis 1930, Nguyễn Phan Chánh a connu depuis l'Exposition coloniale de 1931 une notoriété croissante : de tous les artistes présents, c'est celui qui a particulièrement retenu les éloges de la presse métropolitaine. Ce succès critique se double d'un succès commercial puisque Nguyễn Phan Chánh vend à lui seul, lors de l'Exposition, pour 20.000 francs de peintures, soit le tiers de la somme globale encaissée par les artistes de l'école. Encouragé par cette réussite, le directeur de l'école Victor Tardieu fera figurer les travaux de ses étudiants dans d'autres événements artistiques : expositions de Naples, Rome, à l'Agence économique de l'Indochine à Paris, et surtout les expositions de la Société Annamite d'Encouragement à l'Art et à l'Industrie (SADEAI) dont la deuxième édition s'ouvre le 3 décembre 1936 à Hanoï. C'est sur une photographie prise lors de ce Salon 1936 de la SADEAI que «Jeune femme à la lecture» figure en bonne place parmi des œuvres de Nguyễn Phan Chánh dont certaines sont inconnues, d'autres déjà répertoriées : l'œuvre est légèrement plus grande et accrochée juste au dessus de «La femme dans la rizière», vendue chez Christie's le 24 novembre 2019. Cette œuvre incontournable, témoignant du talent d'un peintre alors à son zénith, est restée inédite depuis son accrochage à l'exposition de 1936.

Estim. 120 000 - 150 000 EUR

Lot 35 - Francis PICABIA (1879-1953). Portrait de femme - vers 1942-1943. Huile sur carton, signée en bas à droite. H_43,8 cm L_35,3 cm Provenance : collection privée française - offert par l'artiste à une amie, à Cannes, et transmis par descendance. Un certificat d'authenticité du Comité Picabia (Madame Beverley Calté), confirmant l'inclusion de notre tableau au Catalogue raisonné des œuvres de l'artiste, en date du 10 avril 2024, sera remis à l'acquéreur. Notre tableau, conservé dans la même famille depuis sa réalisation au début des années 1940, est une découverte pour le marché de l'art. Impressionniste, cubiste, dadaïste, surréaliste, Francis Picabia est une image de l'avant-garde parisienne du début du XXème siècle. Surtout connu pour son cynisme provocateur et son langage pictural excentrique, Picabia s'essaie dès les années 1930 et la période post-dada aux portraits figuratifs féminins, longtemps décriés pour leur aspect kitsch et académique. Pourtant, l'historien de l'art Arnauld Pierre explique dans le catalogue de la rétrospective consacrée à l'artiste en 2002 au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris le second degré que ce dernier insuffle à ces portraits, réalisant un « simulacre de peinture (..) par laquelle ne passe aucune expérience authentique et directe du réel - une peinture sans aura ». Notre œuvre s'inscrit parfaitement dans cette dynamique. Le sourire figé, presque faux, le regard lointain et fuyant du sujet, les couleurs accentuées du visage imprègnent le spectateur d'un certain malaise. Picabia sème le doute : portrait ou caricature, témoignage de l'esprit provocateur de son auteur.

Estim. 40 000 - 50 000 EUR