ERNEST CHARTON THIESSEN DE TREVILLE Sens, 1816 - 1877, Buenos Aires Taureau sauv…
Description

ERNEST CHARTON THIESSEN DE TREVILLE Sens, 1816 - 1877, Buenos Aires

Taureau sauvage conduit à deux lassos Toile Signée et localisée en bas à droite ER. CHARTON / Souvenir du CHILI 43,5 x 73 cm - 17 5/16 x 28 3/4 in. Wild bull with two lassos, oil on canvas, signed and localised lower right PROVENANCE Famille Cellérier depuis l'origine, puis par descendance. Né à Sens en 1816, d’une famille d’origine modeste1, rien ne semblait prédestiner Ernest Charton à embrasser une vie de peintre itinérant aux confins du monde. Peu sont les informations à nous être parvenues à son propos mais il semble s’être établi un temps au Havre dans les années 1838 - 1839 où il tient un magasin de nouveautés2. En 1844, il est à Paris et Charles Gleyre (1806 - 1874) présente sa candidature à l’École des Beaux-Arts. Une seule fois mentionné dans le registre des procès-verbaux des concours3, Charton paraît ne pas avoir suivi avec grande assiduité l’enseignement dispensé. Mûrissant le projet d’un voyage en Amérique du Sud dès 1845, c’est en janvier 1847 qu’il part seul pour le Chili. En 1848, il poursuit sa route jusqu’à la Californie, Californie qu’il n’atteint peut-être jamais, son navire ayant été volé lors d’une escale aux îles Galapagos4. En 1849, il est en Équateur où il tient brièvement une petite école de peinture. Pendant près de trois ans, il continue de parcourir le Chili, visitant ses alentours et se rend au Pérou qu’il sillonne un temps, accompagné sans doute dans ses pérégrinations de compatriotes comme Léonce Angrand (1808 - 1886) ou Paul Marcoy (1815 - 1887)5. En 1852, il rentre en France le temps d’un court instant. Riche de ses aventures, il publie quelques articles dans L’Illustration ou le Magasin Pittoresque que dirigeait son frère Édouard (1807 - 1890), rapportant et illustrant ses récits de voyages, nourris de ses observations et déjà, de son amour pour ce qu’il avait découvert du continent sud-américain. En 1855, il embarque de nouveau pour le Chili, emmenant cette fois femme et enfants. Ils s’établissent dans une petite rue de Santiago et Ernest ouvre une échoppe où il propose des articles de peinture et dessins, des tableaux aussi, tout en offrant de dispenser des cours et s’occupant simultanément d’un atelier de photographie6. Plus tard, il visite l’Équateur et le Pérou, puis se rend en Argentine où il meurt en décembre 1877. Méconnu jusqu’à récemment, un ensemble de souvenirs de voyage du peintre s’est envolé sous le feu des enchères7, tout comme des Vue de Valparaiso8 qu’il illustre d’un point de vue surplombant, offrant au regard la ville et sa baie. Parmi les coupures de presse et illustrations que comportait le lot de souvenirs, deux photographies des tableaux que nous présentons aujourd’hui s’y retrouvent (Fig. 1-2). Cela nous permet de remarquer que dans un souci de vérité topographique sans doute, l’artiste s’appuyait de ses clichés pour parfaire la représentation des lieux choisis. Cette quête d’authenticité se prolonge dans les instants de vie qu’il observe, les hommes, les femmes natifs qui peuplent son quotidien et que l’on croise dans sa peinture. En 1871, son frère Edouard lui emprunte la scène du Lazo pour illustrer un article du Magasin pittoresque9 dont il avait la direction (Fig. 3). Anonyme selon l’usage du magazine, l’article relate la coutume de la chasse aux boeufs sauvages à laquelle s’adonnent Gauchos et Puelches, gardiens de troupeaux dans la pampa sud-américaine. L’auteur précise que la scène prend place « dans le voisinage des vastes contre-forts [sic] des Cordillères rapprochées du Chili ». Chevauchant leur monture, deux cavaliers cherchent à maîtriser un taureau qu’ils retiennent in extremis par les cornes, empêchant qu’il n’emporte dans sa fureur une femme et ses deux enfants. Dans leur fuite, l’un d’eux perd son chapeau de paille tandis que l’autre découvre presque la poitrine de sa mère en s’accrochant à son corsage, ajoutant à la dynamique tourbillonnante de la scène. La poussière vole, les gestes sont vifs, c’est d’une fraction de seconde dont le peintre s’empare pour illustrer la vie de ces gardiens de troupeaux. La vie se passe autrement plus paisiblement sur le pont Calicanto (Fig. 4). Placé d’un côté de la rive, le temps clair est propice à la promenade pour ceux qui y flânent. En contrebas, des caravanes remontent le Mapocho presqu’asséché, l’ensemble du paysage se détachant sur le fond abrupt des Andes. L’intérêt documentaire est ici d’autant plus intéressant que le pont a été démoli en 1888 et que rares – voire inexistantes – sont les peintures à en conserver le souvenir. Santiago dut être un merveilleux terrain de jeu pour le peintre qui y balada son chevalet, ce dont témoignent d’autres de ses oeuvres conservées au Chili comme une Vue de la Cañada (Fig. 5), quartier vers lequel menait le pont Calicanto ou celle d’

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ERNEST CHARTON THIESSEN DE TREVILLE Sens, 1816 - 1877, Buenos Aires

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