Null HUGO (Victor). 
Manuscrit poétique autographe. 34 vers sur une p. 1/4 in-8,…
Description

HUGO (Victor). Manuscrit poétique autographe. 34 vers sur une p. 1/4 in-8, quelques ratures et correction ; la seconde p. est principalement occupée par un décompte autographe. Quatre passages de l’« Océan d’en haut », première partie de son recueil Dieu, dans une version présentant des variantes avec le texte définitif imprimé : « Plus haut qu’Atlas, et plus que les oiseaux véloce ! Pourquoi te contenter de tes religions ? Lorsque dans l’infini nous nous réfugions, Pourquoi ne pas nous suivre, âme au cercueil penchante, Et tout savoir ? Pourquoi, ce que l’abîme chante, [près de « savoir » Hugo a biffé « prendre » qu’il choisirait finalement] Ne pas le déchiffrer ? tu n’as qu’à le vouloir ! Si tu ne l’entends pas, tu peux du moins le voir, Cet hymne qui frémit sous les éternels voiles. [au-dessus de « cet hymne qui frémit » Hugo a inscrit « L’hymne éternel vibrant » qu’il choisirait finalement] Les constellations sont des gammes d’étoiles ; Et les vents par moments te chantent des lambeaux De ce chant inouï qui remplit les tombeaux. [« De ce chant inouï » deviendrait « Du chant prodigieux » dans la version imprimée] Allons, fais un effort, esprit plus grand que l’aigle ; Prends ton échelle, prends ta plume, prends ta règle ; Toute cette musique à l’ineffable bruit Est là sur le registre effrayant de la nuit ; Va, monte ; tu n’as plus qu’à tracer des portées Sous les septentrions et sous les voies-lactées Pour lire à l’instant même, au fond des cieux vermeils, La symphonie écrite en notes de soleils ! » « Mais tu te fais petit ; tu changes d’argument, Et c’est là, reprends-tu ta plainte justement ; L’homme est un désir vaste en une étreinte étroite, Un eunuque amoureux, un voyageur qui boîte ; L’homme n’est rien la terre à chaque heure lui ment ; La vie est un à-compte au lieu d’être un paiement » « Qu’attends-tu, dis ? Va donc au fond de Dieu ! Va vite ! Ah ! souffle du fumier que le parfum évite, Homme, ombre ! coureur vain de tous les pas perdus ! [sous « coureur » Hugo a biffé « marcheur »] Marchand des Christs trahis et des Josephs vendus ! [à côté de « marchand » Hugo a biffé « vendeur »] Va ! tu sors de la fange ! » « Les rats musqués, blottis au fond des lacs vitreux, Pris l’hiver sous la glace et se mangeant entr’eux ; » [la version définitive en serait très remaniée : « Les musquas rongeurs pris au fond des lacs vitreux Par la glace et l’hiver, se dévorant entr’eux »] En tête, également deux vers dont les différentes expressions seraient dispersées dans plusieurs des vers définitifs imprimés : « Toi providentiel, et le reste fatal ! Ah ! Tu te crois divin ! Ah ! Géant ! Ah colosse ! » « L’OCEAN D’EN HAUT ». À partir du printemps de 1855, Victor Hugo a envisagé une sorte de conclusion aux Contemplations, qu’il intitule d’abord « Solitudines cœli [solitudes du Ciel] ». Ce noyau initial va s’étoffer rapidement et prendre son indépendance dans l’esprit de l’écrivain, sous les titres successifs « Ascension dans les ténèbres » puis « Le Gouffre ». C’est sur le conseil d’Auguste Vacquerie qu’il en ferait une œuvre à part sous le titre immense de Dieu, tellement immense qu’il ne l’achèverait pas et que l’œuvre serait publiée de manière posthume par Paul Meurice en 1891. Elle comprendrait alors deux parties, « L’Océan d’en haut » et « Le Seuil du gouffre ». Hugo expliqua lui-même qu’il avait conçu un triptyque où se réverbérait « le problème unique, l’Être sous sa triple face : l’Humanité, le Mal, l’Infini ; le progressif, le relatif, l’absolu ; en ce qu’on pourrait appeler trois chants : La Légende des siècles, La Fin de Satan, Dieu » « JE FINIS PAR NE PLUS ETRE QU’UNE ESPECE DE TEMOIN DE DIEU ». Alors même que Baudelaire, semblable en cela à de nombreux lecteurs, disait encore de lui : « M. Victor Hugo est un grand poète sculptural qui a l’œil fermé à la spiritualité », Victor Hugo infléchissait le cours de sa pensée vers la réflexion sur les mystères de l’infini et de la condition métaphysique de l’homme. Ainsi, en avril 1856, il écrivait à Franz Stevens : « Je vis dans une solitude splendide, comme perché à la pointe d’un rocher, ayant toutes les vastes écumes des vagues et toutes les grandes nuées du ciel sous ma fenêtre ; j’habite dans cet immense rêve de l’océan, je deviens peu à peu un somnambule de la mer, et devant tous ces prodigieux spectacles et toute cette énorme pensée vivante où je m’abîme, je finis par ne plus être qu’une espèce de témoin de Dieu. C’est de cette éternelle contemplation que je m’éveille de temps pour écrire. Il y a toujours sur ma strophe ou sur ma page un peu de l’ombre du nuage et de la salive de la mer ; ma pensée flotte et va et vient, co

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HUGO (Victor). Manuscrit poétique autographe. 34 vers sur une p. 1/4 in-8, quelques ratures et correction ; la seconde p. est principalement occupée par un décompte autographe. Quatre passages de l’« Océan d’en haut », première partie de son recueil Dieu, dans une version présentant des variantes avec le texte définitif imprimé : « Plus haut qu’Atlas, et plus que les oiseaux véloce ! Pourquoi te contenter de tes religions ? Lorsque dans l’infini nous nous réfugions, Pourquoi ne pas nous suivre, âme au cercueil penchante, Et tout savoir ? Pourquoi, ce que l’abîme chante, [près de « savoir » Hugo a biffé « prendre » qu’il choisirait finalement] Ne pas le déchiffrer ? tu n’as qu’à le vouloir ! Si tu ne l’entends pas, tu peux du moins le voir, Cet hymne qui frémit sous les éternels voiles. [au-dessus de « cet hymne qui frémit » Hugo a inscrit « L’hymne éternel vibrant » qu’il choisirait finalement] Les constellations sont des gammes d’étoiles ; Et les vents par moments te chantent des lambeaux De ce chant inouï qui remplit les tombeaux. [« De ce chant inouï » deviendrait « Du chant prodigieux » dans la version imprimée] Allons, fais un effort, esprit plus grand que l’aigle ; Prends ton échelle, prends ta plume, prends ta règle ; Toute cette musique à l’ineffable bruit Est là sur le registre effrayant de la nuit ; Va, monte ; tu n’as plus qu’à tracer des portées Sous les septentrions et sous les voies-lactées Pour lire à l’instant même, au fond des cieux vermeils, La symphonie écrite en notes de soleils ! » « Mais tu te fais petit ; tu changes d’argument, Et c’est là, reprends-tu ta plainte justement ; L’homme est un désir vaste en une étreinte étroite, Un eunuque amoureux, un voyageur qui boîte ; L’homme n’est rien la terre à chaque heure lui ment ; La vie est un à-compte au lieu d’être un paiement » « Qu’attends-tu, dis ? Va donc au fond de Dieu ! Va vite ! Ah ! souffle du fumier que le parfum évite, Homme, ombre ! coureur vain de tous les pas perdus ! [sous « coureur » Hugo a biffé « marcheur »] Marchand des Christs trahis et des Josephs vendus ! [à côté de « marchand » Hugo a biffé « vendeur »] Va ! tu sors de la fange ! » « Les rats musqués, blottis au fond des lacs vitreux, Pris l’hiver sous la glace et se mangeant entr’eux ; » [la version définitive en serait très remaniée : « Les musquas rongeurs pris au fond des lacs vitreux Par la glace et l’hiver, se dévorant entr’eux »] En tête, également deux vers dont les différentes expressions seraient dispersées dans plusieurs des vers définitifs imprimés : « Toi providentiel, et le reste fatal ! Ah ! Tu te crois divin ! Ah ! Géant ! Ah colosse ! » « L’OCEAN D’EN HAUT ». À partir du printemps de 1855, Victor Hugo a envisagé une sorte de conclusion aux Contemplations, qu’il intitule d’abord « Solitudines cœli [solitudes du Ciel] ». Ce noyau initial va s’étoffer rapidement et prendre son indépendance dans l’esprit de l’écrivain, sous les titres successifs « Ascension dans les ténèbres » puis « Le Gouffre ». C’est sur le conseil d’Auguste Vacquerie qu’il en ferait une œuvre à part sous le titre immense de Dieu, tellement immense qu’il ne l’achèverait pas et que l’œuvre serait publiée de manière posthume par Paul Meurice en 1891. Elle comprendrait alors deux parties, « L’Océan d’en haut » et « Le Seuil du gouffre ». Hugo expliqua lui-même qu’il avait conçu un triptyque où se réverbérait « le problème unique, l’Être sous sa triple face : l’Humanité, le Mal, l’Infini ; le progressif, le relatif, l’absolu ; en ce qu’on pourrait appeler trois chants : La Légende des siècles, La Fin de Satan, Dieu » « JE FINIS PAR NE PLUS ETRE QU’UNE ESPECE DE TEMOIN DE DIEU ». Alors même que Baudelaire, semblable en cela à de nombreux lecteurs, disait encore de lui : « M. Victor Hugo est un grand poète sculptural qui a l’œil fermé à la spiritualité », Victor Hugo infléchissait le cours de sa pensée vers la réflexion sur les mystères de l’infini et de la condition métaphysique de l’homme. Ainsi, en avril 1856, il écrivait à Franz Stevens : « Je vis dans une solitude splendide, comme perché à la pointe d’un rocher, ayant toutes les vastes écumes des vagues et toutes les grandes nuées du ciel sous ma fenêtre ; j’habite dans cet immense rêve de l’océan, je deviens peu à peu un somnambule de la mer, et devant tous ces prodigieux spectacles et toute cette énorme pensée vivante où je m’abîme, je finis par ne plus être qu’une espèce de témoin de Dieu. C’est de cette éternelle contemplation que je m’éveille de temps pour écrire. Il y a toujours sur ma strophe ou sur ma page un peu de l’ombre du nuage et de la salive de la mer ; ma pensée flotte et va et vient, co

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