Null COCTEAU (Jean). 
Ensemble de 4 lettres autographes signées « Jean » avec pe…
Description

COCTEAU (Jean). Ensemble de 4 lettres autographes signées « Jean » avec petit croquis d’étoile, [adressées A JEAN MARAIS]. 1951 et s.d. Toutes une p. in-4 ; fentes aux pliures parfois accusées. — Villa Santo-Sospir à Saint-Jean-Cap-Ferrat [Alpes-Maritimes], 12 février 1951. « Mon bon ange, aujourd’hui c’est le soleil, qui te ressemble. Doudou [son compagnon Édouard Dermit] est tout nu sur la terrasse et moi je peins, je peins, je peins. JE TACHE D’EVITER LA PEINTURE-PEINTURE, A LAQUELLE JE N’AI AUCUN DROIT – ET DE PEINDRE TOUT DE MEME – ET C’EST DIFFICILE, CAR, DANS CETTE ZONE, PICASSO A PRIS TOUTES LES PLACES. J’ai une foule de notes pour ma pièce, c’est Bacchus, mais il a fort évolué. Le personnage est pris entre Rome et Luther. Si j’y arrive, ce sera le drame de la liberté. Il me faudra du temps. Je ne peux écrire des choses si graves à plume courante. Donc, TON IDEE DE REPRENDRE LA MACHINE [INFERNALE] SERAIT MON REVE... Je laisse un peu BRITANNICUS tranquille parce qu’il est fait dans ma tête... Ne saute pas en l’air, je pense à Danièle Delorme pour Junie. Il importe de contredire tout conformisme tragique. Orphée a du succès... » — Villa Santo Sospir, « mardi gras » 7 février 1951. « Mon Jeannot, il pleut sur les masques. Il pleut sur les batailles de plâtre. Tu imagines la boue de plâtre qui recouvre Nice. Ce matin (mercredi) temps superbe – c’est toujours pareil les lendemains de Carnaval. Je ne t’ai pas raconté l’histoire du RENOIR. En fin de compte je l’ai fait prendre... pour qu’il ne disparaisse pas. C’est un admirable paysage de la meilleure époque. Le type, furieux de ne le vendre qu’un million, exigeait une date limite. Il doublait le prix après une semaine. Francine était à Santo Sospir. Je n’avais pas la somme – sinon, je l’achetais à tout hasard. Il vaut le double ou le triple. Le mien est une toile minuscule, portrait de son fils. On dirait une perle. Je guette. Si [GEORGES] HUGNET t’a déniché un autre de la collection Vollard, il me téléphone... Mon Jeannot, les Calmann m’écrivent que notre volume paraît le 1er mars [l’ouvrage de Jean Cocteau, Jean Marais]... Embrasse notre Moulouk [le chien de Jean Marais]... » — « Dans l’avion d’Air France ». S.d. « Mon Jeannot, toutes ces morts des amis., hommes et bêtes, m’ont accablé, je l’avoue. Je sais qu’il est normal de mourir, mais IL SERAIT BIEN DE MOURIR TOUS ENSEMBLE ET DE NE PAS VOIR CEUX QU’ON AIME TOMBER PAR-DESSUS BORD ET DISPARAITRE DANS LA MER. Moulouk ne me quitte plus [le chien de Jean Marais]. Je l’imagine donc en telle force que j’en arrive à croire qu’il est là et qu’il te cherche de place en place. Je vais tâcher de peindre et de retaper ma pièce pour me distraire de ce cauchemar. J’AIMERAIS TE LIRE LA PIECE, DES MON RETOUR A PARIS ET TE DEMANDER CONSEIL. SI TU NE PEUX LA JOUER, JE NE VOIS QU’UN ACTEUR QUE TU CHOISIRAIS : GERARD PHILIPPE. Mais je me demande si le destin n’arrangera pas les choses et si l’impossible ne se produira pas. En outre, entre nous deux les choses sont faites d’une seule âme, avec un autre mille difficultés surgissent et j’ai, dans la gorge, une boule qui ne passe pas... J’en ai parlé à [JEAN] VILAR, seulement je n’ai pas encore tout le dernier acte... » — S.l., 5 septembre 1951. « Jeannot chéri, je crois que Lulu [Lulu Watier, impresario et amie de Jean Marais] a mal compris quelle était mon intention. Mon intention était, après ton téléphone et le sien, de te sauver coûte que coûte du fisc. Comme CE QUI EST A MOI EST A TOI, cette vente de parts ne changerait rien, sauf qu’elle... te donnait une somme que je n’arriverais pas à réunir sans ce système. En tant que "capital", Milly [sa maison de Milly-la-Forêt] ne te représente rien puisque tu ne vendrais pas ta part qui monte, à un étranger. Cela représente la sagesse... » Jean Cocteau parle ensuite, entre autres, de son amie Francine Weisweiller, de la Sicile et notamment de Taormina : « ... Son "panorama" lui reste et quelques cartes postales de jeunes gens couronnés de roses qui sont les grands parents de la jeunesse actuelle, jeunesse qui en a honte [allusion aux photographies de nus masculins pris en Sicile à la fin du XIXe siècle par Wilhelm von Glöden]... »

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COCTEAU (Jean). Ensemble de 4 lettres autographes signées « Jean » avec petit croquis d’étoile, [adressées A JEAN MARAIS]. 1951 et s.d. Toutes une p. in-4 ; fentes aux pliures parfois accusées. — Villa Santo-Sospir à Saint-Jean-Cap-Ferrat [Alpes-Maritimes], 12 février 1951. « Mon bon ange, aujourd’hui c’est le soleil, qui te ressemble. Doudou [son compagnon Édouard Dermit] est tout nu sur la terrasse et moi je peins, je peins, je peins. JE TACHE D’EVITER LA PEINTURE-PEINTURE, A LAQUELLE JE N’AI AUCUN DROIT – ET DE PEINDRE TOUT DE MEME – ET C’EST DIFFICILE, CAR, DANS CETTE ZONE, PICASSO A PRIS TOUTES LES PLACES. J’ai une foule de notes pour ma pièce, c’est Bacchus, mais il a fort évolué. Le personnage est pris entre Rome et Luther. Si j’y arrive, ce sera le drame de la liberté. Il me faudra du temps. Je ne peux écrire des choses si graves à plume courante. Donc, TON IDEE DE REPRENDRE LA MACHINE [INFERNALE] SERAIT MON REVE... Je laisse un peu BRITANNICUS tranquille parce qu’il est fait dans ma tête... Ne saute pas en l’air, je pense à Danièle Delorme pour Junie. Il importe de contredire tout conformisme tragique. Orphée a du succès... » — Villa Santo Sospir, « mardi gras » 7 février 1951. « Mon Jeannot, il pleut sur les masques. Il pleut sur les batailles de plâtre. Tu imagines la boue de plâtre qui recouvre Nice. Ce matin (mercredi) temps superbe – c’est toujours pareil les lendemains de Carnaval. Je ne t’ai pas raconté l’histoire du RENOIR. En fin de compte je l’ai fait prendre... pour qu’il ne disparaisse pas. C’est un admirable paysage de la meilleure époque. Le type, furieux de ne le vendre qu’un million, exigeait une date limite. Il doublait le prix après une semaine. Francine était à Santo Sospir. Je n’avais pas la somme – sinon, je l’achetais à tout hasard. Il vaut le double ou le triple. Le mien est une toile minuscule, portrait de son fils. On dirait une perle. Je guette. Si [GEORGES] HUGNET t’a déniché un autre de la collection Vollard, il me téléphone... Mon Jeannot, les Calmann m’écrivent que notre volume paraît le 1er mars [l’ouvrage de Jean Cocteau, Jean Marais]... Embrasse notre Moulouk [le chien de Jean Marais]... » — « Dans l’avion d’Air France ». S.d. « Mon Jeannot, toutes ces morts des amis., hommes et bêtes, m’ont accablé, je l’avoue. Je sais qu’il est normal de mourir, mais IL SERAIT BIEN DE MOURIR TOUS ENSEMBLE ET DE NE PAS VOIR CEUX QU’ON AIME TOMBER PAR-DESSUS BORD ET DISPARAITRE DANS LA MER. Moulouk ne me quitte plus [le chien de Jean Marais]. Je l’imagine donc en telle force que j’en arrive à croire qu’il est là et qu’il te cherche de place en place. Je vais tâcher de peindre et de retaper ma pièce pour me distraire de ce cauchemar. J’AIMERAIS TE LIRE LA PIECE, DES MON RETOUR A PARIS ET TE DEMANDER CONSEIL. SI TU NE PEUX LA JOUER, JE NE VOIS QU’UN ACTEUR QUE TU CHOISIRAIS : GERARD PHILIPPE. Mais je me demande si le destin n’arrangera pas les choses et si l’impossible ne se produira pas. En outre, entre nous deux les choses sont faites d’une seule âme, avec un autre mille difficultés surgissent et j’ai, dans la gorge, une boule qui ne passe pas... J’en ai parlé à [JEAN] VILAR, seulement je n’ai pas encore tout le dernier acte... » — S.l., 5 septembre 1951. « Jeannot chéri, je crois que Lulu [Lulu Watier, impresario et amie de Jean Marais] a mal compris quelle était mon intention. Mon intention était, après ton téléphone et le sien, de te sauver coûte que coûte du fisc. Comme CE QUI EST A MOI EST A TOI, cette vente de parts ne changerait rien, sauf qu’elle... te donnait une somme que je n’arriverais pas à réunir sans ce système. En tant que "capital", Milly [sa maison de Milly-la-Forêt] ne te représente rien puisque tu ne vendrais pas ta part qui monte, à un étranger. Cela représente la sagesse... » Jean Cocteau parle ensuite, entre autres, de son amie Francine Weisweiller, de la Sicile et notamment de Taormina : « ... Son "panorama" lui reste et quelques cartes postales de jeunes gens couronnés de roses qui sont les grands parents de la jeunesse actuelle, jeunesse qui en a honte [allusion aux photographies de nus masculins pris en Sicile à la fin du XIXe siècle par Wilhelm von Glöden]... »

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