Null DOLGOROUKAÏA (Ekaterina Mikhaïlovna). 
Ensemble de 9 lettres autographes [A…
Description

DOLGOROUKAÏA (Ekaterina Mikhaïlovna). Ensemble de 9 lettres autographes [AU TSAR ALEXANDRE II], chacune avec apostille autographe de celui-ci indiquant les dates de réception. Mai-juin 1869. En tout, 78 pp. in-8. UNE PASSION BRULANTE AU CŒUR DU POUVOIR RUSSE. TEMOIGNAGE D’UNE RARE SINCERITE SUR LA VIE SENTIMENTALE ET SENSUELLE D’UN SOUVERAIN, QUE LE TSAR ALEXANDRE III CHERCHA EN VAIN A FAIRE DISPARAITRE. Berlin, 17/29 mai 1869. « Oh ! mon ange, toi qui n’es que le reflet de moi-même, tu comprends l’abattement dans lequel je me trouves... Je t’aimes, cher бобинька [bobinka, un des termes affectueux par lesquels elle s’adressait au tsar], et suis heureuse de t’aimer et t’avoir recréé si complètement par le culte que Dieu nous a inspiré et qui forme notre fierté... J’ai une telle confiance aveugle en toi que cela n’a pas de nom, et tu peux juger d’après celle que tu éprouves pour ta petite femme, aussi il faut t’avouer que c’est une consolation à nulle autre pareille, et il y a de quoi en être fiers et remercier Dieu... Il n’y a que deux jours que nous sommes séparés, et il nous paraît déjà un siècle. Oh! mon ange, j’ai beau prendre sur moi, mais les larmes m’étouffent et je meurs de tristesse... OH ! MON ANGE, CE QUE J’AURAIS DONNE POUR TE REVOIR, TE SERRER CONTRE CE CŒUR PLEIN DE RAGE ET D’ADORATION, ET TE RECHAUFFER CAR CELA NOUS MANQUE EGALEMENT... M’étant couché[e] à 8 h. 1/2 croyant parvenir à dormir, me sentant si faible et brisée, je n’ai pas pu y parvenir... Oh ! Si nous pouvions... nous reposer dans le même lit, tout aurait pris un aspect délirant. Hélas ! Maintenant c’est juste le contraire et il n’y a que la persuasion que nous sommes jaloux l’un pour l’autre de tout ce que nous faisons qui nous soulage, et nous soutient... Mes écoulements se distinguent de nouveau... Oh ! Mon cher idéal, mon tout, tu me manques à ne savoir que devenir, je souffres et les larmes me feront descendre dans la tombe car je ne sais que faire... твой навсегда [tvoï navsegda, c’est-à-dire « à vous pour toujours »]. » — Etc. GRAND EMPEREUR REFORMATEUR, ALEXANDRE II (1818-1881) fut associé très jeune à l’exercice du pouvoir. Monté sur le trône en 1855, il dut faire face à la défaite en Crimée, et décida alors de moderniser son pays : il se lança dans une série de grandes réformes libérales visant à améliorer le système judiciaire, l’enseignement, la condition des femmes, et supprima le servage (1861). Une grave crise agraire, l’insurrection polonaise (1863) et une tentative d’assassinat sur sa personne (1866) l’amenèrent cependant à renforcer le contrôle étatique sur la société. L’agitation révolutionnaire prit une grande ampleur dans les années 1870, et les attentats contre sa personne se succédèrent : il mourut déchiqueté par une bombe. PRINCESSE AU DESTIN SINGULIER, EKATERINA MIKHAÏLOVNA DOLGOROUKAÏA, DITE KATIA (1848-1922), était la fille du prince Dolgorouki, d’une des plus vieilles familles de la noblesse russe. Entrée à la Cour comme demoiselle d’honneur de l’impératrice Maria Alexandrovna, elle devint bientôt la maîtresse d’Alexandre II. Cette relation souleva maints scandales, d’abord quand Katia fut installée dans le palais d’Hiver au-dessus des appartements impériaux, puis quand elle accoucha successivement de trois enfants illégitimes (le premier, Georges, naquit le 30 avril 1872), et enfin quand, immédiatement après la mort de Maria Alexandrovna (1880), Alexandre II l’épousa morganatiquement, la faisant princesse Yourievskaïa. Chassée de la Cour après l’attentat qui coûta la vie à Alexandre II, elle s’exila sur la Côte-d’Azur où elle échappa à la Révolution et mourut en 1922.

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DOLGOROUKAÏA (Ekaterina Mikhaïlovna). Ensemble de 9 lettres autographes [AU TSAR ALEXANDRE II], chacune avec apostille autographe de celui-ci indiquant les dates de réception. Mai-juin 1869. En tout, 78 pp. in-8. UNE PASSION BRULANTE AU CŒUR DU POUVOIR RUSSE. TEMOIGNAGE D’UNE RARE SINCERITE SUR LA VIE SENTIMENTALE ET SENSUELLE D’UN SOUVERAIN, QUE LE TSAR ALEXANDRE III CHERCHA EN VAIN A FAIRE DISPARAITRE. Berlin, 17/29 mai 1869. « Oh ! mon ange, toi qui n’es que le reflet de moi-même, tu comprends l’abattement dans lequel je me trouves... Je t’aimes, cher бобинька [bobinka, un des termes affectueux par lesquels elle s’adressait au tsar], et suis heureuse de t’aimer et t’avoir recréé si complètement par le culte que Dieu nous a inspiré et qui forme notre fierté... J’ai une telle confiance aveugle en toi que cela n’a pas de nom, et tu peux juger d’après celle que tu éprouves pour ta petite femme, aussi il faut t’avouer que c’est une consolation à nulle autre pareille, et il y a de quoi en être fiers et remercier Dieu... Il n’y a que deux jours que nous sommes séparés, et il nous paraît déjà un siècle. Oh! mon ange, j’ai beau prendre sur moi, mais les larmes m’étouffent et je meurs de tristesse... OH ! MON ANGE, CE QUE J’AURAIS DONNE POUR TE REVOIR, TE SERRER CONTRE CE CŒUR PLEIN DE RAGE ET D’ADORATION, ET TE RECHAUFFER CAR CELA NOUS MANQUE EGALEMENT... M’étant couché[e] à 8 h. 1/2 croyant parvenir à dormir, me sentant si faible et brisée, je n’ai pas pu y parvenir... Oh ! Si nous pouvions... nous reposer dans le même lit, tout aurait pris un aspect délirant. Hélas ! Maintenant c’est juste le contraire et il n’y a que la persuasion que nous sommes jaloux l’un pour l’autre de tout ce que nous faisons qui nous soulage, et nous soutient... Mes écoulements se distinguent de nouveau... Oh ! Mon cher idéal, mon tout, tu me manques à ne savoir que devenir, je souffres et les larmes me feront descendre dans la tombe car je ne sais que faire... твой навсегда [tvoï navsegda, c’est-à-dire « à vous pour toujours »]. » — Etc. GRAND EMPEREUR REFORMATEUR, ALEXANDRE II (1818-1881) fut associé très jeune à l’exercice du pouvoir. Monté sur le trône en 1855, il dut faire face à la défaite en Crimée, et décida alors de moderniser son pays : il se lança dans une série de grandes réformes libérales visant à améliorer le système judiciaire, l’enseignement, la condition des femmes, et supprima le servage (1861). Une grave crise agraire, l’insurrection polonaise (1863) et une tentative d’assassinat sur sa personne (1866) l’amenèrent cependant à renforcer le contrôle étatique sur la société. L’agitation révolutionnaire prit une grande ampleur dans les années 1870, et les attentats contre sa personne se succédèrent : il mourut déchiqueté par une bombe. PRINCESSE AU DESTIN SINGULIER, EKATERINA MIKHAÏLOVNA DOLGOROUKAÏA, DITE KATIA (1848-1922), était la fille du prince Dolgorouki, d’une des plus vieilles familles de la noblesse russe. Entrée à la Cour comme demoiselle d’honneur de l’impératrice Maria Alexandrovna, elle devint bientôt la maîtresse d’Alexandre II. Cette relation souleva maints scandales, d’abord quand Katia fut installée dans le palais d’Hiver au-dessus des appartements impériaux, puis quand elle accoucha successivement de trois enfants illégitimes (le premier, Georges, naquit le 30 avril 1872), et enfin quand, immédiatement après la mort de Maria Alexandrovna (1880), Alexandre II l’épousa morganatiquement, la faisant princesse Yourievskaïa. Chassée de la Cour après l’attentat qui coûta la vie à Alexandre II, elle s’exila sur la Côte-d’Azur où elle échappa à la Révolution et mourut en 1922.

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