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Description

Un masque Zaouli, l’ancêtre On distingue deux catégories de masques chez les Gouro. D’abord ceux liés aux divertissements, plus profanes, gérés par des associations d’artistes comme le masque Gyela lu Zaouli (Gyela fille de Zaouli) créé dans les années 50, l’art évoluant constamment avec la société, et dont la danse prodigieuse est aujourd’hui connue à travers le monde. Et il y a les masques de traditions anciennes tels que Zaouli, Gu ou Zamble, placés sous la responsabilité d’un lignage familiale, propriété d’un individu précis, associés aux cultes des ancêtres, et nécessitant des sacrifices, nourrissant des « divinités » ou « génies de la nature », pour s’assurer de leur protection. Ces entités spirituelles impliquaient autrefois la notion de transe pour le porteur du masque qui pouvait être rejoint ou « habité » par une de ces entités, et dont les premiers ancêtres du lignage avait fait autrefois la rencontre, d’où le culte qui leur était rendu. Lors de ces transes le masque Zaouli pouvait détecter les sorciers et aussi les chasser, cependant il existe peu d’informations dans la littérature sur la tradition ancienne du masque Zaouli, d’ailleurs assez rare dans les collections européennes. Cependant un consensus existe sur le fait que Zaouli constituerait la force opposée de Zamble, le mari de Gu quand Zaouli n’est pas présent. Zaouli est à l’origine le mari de Gu mais il est avant tout l’ancêtre, et on le rencontre surtout au nord du pays gouro, ainsi que chez les Wan. Décrit et même sculpté aujourd’hui en un masque vilain, les origines du mythe fondateur de Zaouli « l’??ancien » semblent s’??être perdues, pratiques d’??un culte disparu. Sa tradition ancienne fut certainement oubliée au fil de l’??histoire migratoire complexe des Gouro, déjà chassés vers l’??ouest au XVIIIe siècle par les Baoulé qui leur empruntèrent d’ailleurs la tradition des masques, à moins qu’elle ne se soit totalement égarée plus tard, lors de la conquête coloniale durant laquelle les Gouro « résistèrent vaillamment aux militaires qui incendièrent massivement leurs villages ». A ce jour deux beaux masques Zaouli se distinguaient à travers l’histoire des collections et dans la littérature, les deux ayant finalement rejoints deux institutions, un dans la collection du National Museum of African Art à la Smithsonian Institution de Washington, et l’autre à l’Art Institute de Chicago, les deux exposés récemment et reproduits l’un à côté de l’autre, p. 178 dans le catalogue de l’exposition The Language of Beauty in African Art. La découverte de ce chef-d’œuvre, indubitablement le plus ancien et le plus beau d’entre tous, bouleverse les a priori et les idées reçues sur les masques Zaouli, et déclasse de fait incontestablement ceux qui servaient jusqu’à présent de références. Il impose un nouveau standard dans la connaissance du patrimoine artistique ivoirien et gouro en particulier. On redécouvre ici l’origine même d’une ouverture transversale entre les deux plans superposés du masque, une caractéristique des masques zaouli anciens, et un concept sculptural sans doute aussi à l’origine de la création des masques glin du goli Baoule. Aussi le triangle pour l’ouverture de l’œil, ici aux contours blancs la couleur dédiée aux ancêtres, réminiscence dont témoigne le masque des anciennes collections W. Mestach et L. Van de Velde aujourd’hui à la Smithsonian. Une superbe crète à motifs gravés relie la gueule aux crocs acérés du léopard aux élégantes cornes du guib harnaché comme sur le masque de l’Art Institute de Chicago. Mais la notion de caché-montré par deux ouvertures successives sur deux plans superposés pour le regard est ici traitée de manière absolument unique, induisant la narration même de la transe, l’idée d’un être visible en dessous du masque, qui y « habite ». Beaucoup de très anciens masques ont été qualifiés à raison de « masque-mère » par certains spécialistes, et si ce terme a souvent été galvaudé, c’est pourtant bien le cas ici. Les masques les plus anciens tracent les lignes qui définissent l’archétype et serviront de modèles aux générations suivantes, ils sont les détenteurs de secrets et de codes, et portent généralement en eux un langage intrinsèque, une réelle narration. Encore chargé de tout son mystère il nous éclaire pourtant, le plus ancien et le plus beau des masques Zaouli réapparait aujourd’??hui après des décennies. Il ressort non pas d’un bois sacré mais d’un jardin secret, celui de la collection de Jean Roudillon, et même s’il ne peut témoigner totalement de son histoire, il témoigne d’une histoire passée et révolue, il est l’histoire. Gouro, Côte d’Ivoire Bois, polychromie, restauration à une corne (cassée-collée) pièce d’origine, usures, petits manques sur la f

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Un masque Zaouli, l’ancêtre On distingue deux catégories de masques chez les Gouro. D’abord ceux liés aux divertissements, plus profanes, gérés par des associations d’artistes comme le masque Gyela lu Zaouli (Gyela fille de Zaouli) créé dans les années 50, l’art évoluant constamment avec la société, et dont la danse prodigieuse est aujourd’hui connue à travers le monde. Et il y a les masques de traditions anciennes tels que Zaouli, Gu ou Zamble, placés sous la responsabilité d’un lignage familiale, propriété d’un individu précis, associés aux cultes des ancêtres, et nécessitant des sacrifices, nourrissant des « divinités » ou « génies de la nature », pour s’assurer de leur protection. Ces entités spirituelles impliquaient autrefois la notion de transe pour le porteur du masque qui pouvait être rejoint ou « habité » par une de ces entités, et dont les premiers ancêtres du lignage avait fait autrefois la rencontre, d’où le culte qui leur était rendu. Lors de ces transes le masque Zaouli pouvait détecter les sorciers et aussi les chasser, cependant il existe peu d’informations dans la littérature sur la tradition ancienne du masque Zaouli, d’ailleurs assez rare dans les collections européennes. Cependant un consensus existe sur le fait que Zaouli constituerait la force opposée de Zamble, le mari de Gu quand Zaouli n’est pas présent. Zaouli est à l’origine le mari de Gu mais il est avant tout l’ancêtre, et on le rencontre surtout au nord du pays gouro, ainsi que chez les Wan. Décrit et même sculpté aujourd’hui en un masque vilain, les origines du mythe fondateur de Zaouli « l’??ancien » semblent s’??être perdues, pratiques d’??un culte disparu. Sa tradition ancienne fut certainement oubliée au fil de l’??histoire migratoire complexe des Gouro, déjà chassés vers l’??ouest au XVIIIe siècle par les Baoulé qui leur empruntèrent d’ailleurs la tradition des masques, à moins qu’elle ne se soit totalement égarée plus tard, lors de la conquête coloniale durant laquelle les Gouro « résistèrent vaillamment aux militaires qui incendièrent massivement leurs villages ». A ce jour deux beaux masques Zaouli se distinguaient à travers l’histoire des collections et dans la littérature, les deux ayant finalement rejoints deux institutions, un dans la collection du National Museum of African Art à la Smithsonian Institution de Washington, et l’autre à l’Art Institute de Chicago, les deux exposés récemment et reproduits l’un à côté de l’autre, p. 178 dans le catalogue de l’exposition The Language of Beauty in African Art. La découverte de ce chef-d’œuvre, indubitablement le plus ancien et le plus beau d’entre tous, bouleverse les a priori et les idées reçues sur les masques Zaouli, et déclasse de fait incontestablement ceux qui servaient jusqu’à présent de références. Il impose un nouveau standard dans la connaissance du patrimoine artistique ivoirien et gouro en particulier. On redécouvre ici l’origine même d’une ouverture transversale entre les deux plans superposés du masque, une caractéristique des masques zaouli anciens, et un concept sculptural sans doute aussi à l’origine de la création des masques glin du goli Baoule. Aussi le triangle pour l’ouverture de l’œil, ici aux contours blancs la couleur dédiée aux ancêtres, réminiscence dont témoigne le masque des anciennes collections W. Mestach et L. Van de Velde aujourd’hui à la Smithsonian. Une superbe crète à motifs gravés relie la gueule aux crocs acérés du léopard aux élégantes cornes du guib harnaché comme sur le masque de l’Art Institute de Chicago. Mais la notion de caché-montré par deux ouvertures successives sur deux plans superposés pour le regard est ici traitée de manière absolument unique, induisant la narration même de la transe, l’idée d’un être visible en dessous du masque, qui y « habite ». Beaucoup de très anciens masques ont été qualifiés à raison de « masque-mère » par certains spécialistes, et si ce terme a souvent été galvaudé, c’est pourtant bien le cas ici. Les masques les plus anciens tracent les lignes qui définissent l’archétype et serviront de modèles aux générations suivantes, ils sont les détenteurs de secrets et de codes, et portent généralement en eux un langage intrinsèque, une réelle narration. Encore chargé de tout son mystère il nous éclaire pourtant, le plus ancien et le plus beau des masques Zaouli réapparait aujourd’??hui après des décennies. Il ressort non pas d’un bois sacré mais d’un jardin secret, celui de la collection de Jean Roudillon, et même s’il ne peut témoigner totalement de son histoire, il témoigne d’une histoire passée et révolue, il est l’histoire. Gouro, Côte d’Ivoire Bois, polychromie, restauration à une corne (cassée-collée) pièce d’origine, usures, petits manques sur la f

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En vente le jeudi 06 juin : 16:00 (CEST)
paris, France
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Exposition des lots
jeudi 06 juin - 11:00/12:00, Salle 9 - Hôtel Drouot
mercredi 05 juin - 11:00/18:00, Salle 9 - Hôtel Drouot
mardi 04 juin - 11:00/18:00, Salle 9 - Hôtel Drouot
lundi 03 juin - 11:00/18:00, Salle 9 - Hôtel Drouot
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