Null Claude Joseph Vernet (Français, 1714-1789) 
Naufragés sur une côte rocheuse…
Description

Claude Joseph Vernet (Français, 1714-1789) Naufragés sur une côte rocheuse, 1780 Cuivre. Signé et daté en bas à gauche 'J. Vernet f. 1780'. Haut. 39,4 Larg. 55,3 cm. Cadre à godrons en chêne sculpté et doré d'époque Louis XVI, n°482. Provenance : - acheté par le Duc de Liancourt le 30 décembre 1780 pour mille deux cents livres ; - ancienne collection du professeur Emile Aron (1907-2011), doyen de la faculté de Médecine, Tours. Claude Joseph Vernet, 1780. A painting depicting shipwreck victims on a rocky shore. On a copper plate. In a Louis XVI carved and gilded oakwood frame. Bibliographie : - Léon Lagrange, Joseph Vernet et la peinture au XVIIIe siècle : les Vernet avec le texte des Livres de Raison, 1864, p.371, n°219 : "Le 30 (décembre 1780) j'ay reçû de M. le duc de Liancourt pour un petit tableau sur cuivre représentant deux cadavres sur un rocher isolé au bord de la mer 1200 l(ivres)" ; - Florence Ingersoll-Smouse, Joseph Vernet (1714-1789), peintre de marine : Etude critique suivie d'un catalogue raisonné de son œuvre peint, T.II,1926, page 116, n°1047. Fin de tempête : "Deux cadavres sur un rocher isolé au bord de la mer." - "Petit tableau sur cuivre." LE VERNET DU DUC DE LIANCOURT, par le cabinet Turquin Dès les années 1750, Joseph Vernet met à la mode des sujets de naufrages, avec quelques corps échoués sur les côtes, thématique qu'il poursuit ensuite tout au long de sa carrière. À sa suite, les paysagistes de la seconde moitié du 18e siècle illustrent les catastrophes naturelles tels que les tempêtes, les éruptions volcaniques et les tremblements de terre, décrivant l'impuissance de l'homme face à la force de la Nature, préfigurant le mouvement romantique. Les intempéries sont alors perçues comme un écho des tourments intérieurs. Une source de Sublime, Diderot Dans ses commentaires de salons, Diderot encense Vernet, écrivant en 1763 : "S'il suscite une tempête, vous entendez siffler les vents, et mugir les flots ; vous les voyez s'élever contre les rochers". Le philosophe anglais Edmund Burke, dans son essai Recherche philosophique de nos idées du Sublime et du Beau, publié en 1757, affirme : « tout ce qui est terrible… est une source de Sublime ». Le sentiment de peur, de solitude face à l'infini, procure une émotion esthétique. Ces anecdotes étaient développées dans la littérature de l'époque, par exemple dans le roman Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre. Encore aujourd'hui, la délectation pour ces sujets tragiques est mise en scène au cinéma (cf. le film Titanic). Composition en X L'œil du spectateur est placé au ras de l'eau : la ligne d'horizon, au tiers de la hauteur du tableau, est rompue par l'ondulation des vagues. Notre composition s'articule autour d'axes géométriques forts, notamment en X. Depuis l'angle inférieur gauche, le mouvement ascendant part des vagues et s'élève jusqu'à la falaise. L'autre diagonale descend des nuages jusqu'au morceau qui flotte en bas à droite. Les deux figures sont échouées sur un rocher au centre de cette croix. Il s'agit d'un couple dénudé, se tenant la main, associant l'Amour dans la mort, Eros et Thanatos, non sans un certain érotisme. La luminosité et la transparence du cuivre Dans ce petit format pour amateurs, Vernet conserve l'aspect particulièrement réaliste du ciel orageux et de la mer démontée qui ont fait le succès de ses grandes toiles. Les variations atmosphériques sont rendues grâce à l'harmonie chromatique de gris et de bleu, relevée par des touches rouges savamment disposées et le blanc de l'écume des vagues. La luminosité et la transparence obtenues grâce au support de cuivre soulignent la grande qualité picturale de l'ensemble. Vernet transcende ici ses modèles, Salvator Rosa, Jacob van Ruisdael, Ludolf Bakhuizen, Adrien Manglard. Une légende se crée : l'artiste se serait fait attacher à un mât en pleine tempête afin de saisir au mieux le déchaînement des éléments et restituer de la manière la plus fidèle les sentiments ressentis. Les prémices du Romantisme L'apogée de la description des mers agitées et des tempêtes se situe au XIXe siècle avec Gudin, Isabey, en France, les dessins de Victor Hugo, Courbet, Turner en Angleterre… Les héritiers directs de Vernet ne seront autres que les peintres romantiques comme Théodore Géricault et son propre petit-fils, Horace Vernet. Au moment du naufrage de La Méduse, ces deux peintres multiplient ce type de marines dramatiques : L'Épave du premier (Bruxelles, musées royaux des Beaux-Arts) et La Vague du second (vers 1820-1825, collection particulière) sont autant d'échos de notre tableau. . Cette filiation thématique a été étudiée dans la très belle exposition du musée de la Vie Romantique à Paris ("Tempêtes et naufrages. De Vernet à Courbet " 19 mai - 12 septembre 2021). Biographie du peintre Né en Avignon en 1714, Joseph Vernet part

42 

Claude Joseph Vernet (Français, 1714-1789) Naufragés sur une côte rocheuse, 1780 Cuivre. Signé et daté en bas à gauche 'J. Vernet f. 1780'. Haut. 39,4 Larg. 55,3 cm. Cadre à godrons en chêne sculpté et doré d'époque Louis XVI, n°482. Provenance : - acheté par le Duc de Liancourt le 30 décembre 1780 pour mille deux cents livres ; - ancienne collection du professeur Emile Aron (1907-2011), doyen de la faculté de Médecine, Tours. Claude Joseph Vernet, 1780. A painting depicting shipwreck victims on a rocky shore. On a copper plate. In a Louis XVI carved and gilded oakwood frame. Bibliographie : - Léon Lagrange, Joseph Vernet et la peinture au XVIIIe siècle : les Vernet avec le texte des Livres de Raison, 1864, p.371, n°219 : "Le 30 (décembre 1780) j'ay reçû de M. le duc de Liancourt pour un petit tableau sur cuivre représentant deux cadavres sur un rocher isolé au bord de la mer 1200 l(ivres)" ; - Florence Ingersoll-Smouse, Joseph Vernet (1714-1789), peintre de marine : Etude critique suivie d'un catalogue raisonné de son œuvre peint, T.II,1926, page 116, n°1047. Fin de tempête : "Deux cadavres sur un rocher isolé au bord de la mer." - "Petit tableau sur cuivre." LE VERNET DU DUC DE LIANCOURT, par le cabinet Turquin Dès les années 1750, Joseph Vernet met à la mode des sujets de naufrages, avec quelques corps échoués sur les côtes, thématique qu'il poursuit ensuite tout au long de sa carrière. À sa suite, les paysagistes de la seconde moitié du 18e siècle illustrent les catastrophes naturelles tels que les tempêtes, les éruptions volcaniques et les tremblements de terre, décrivant l'impuissance de l'homme face à la force de la Nature, préfigurant le mouvement romantique. Les intempéries sont alors perçues comme un écho des tourments intérieurs. Une source de Sublime, Diderot Dans ses commentaires de salons, Diderot encense Vernet, écrivant en 1763 : "S'il suscite une tempête, vous entendez siffler les vents, et mugir les flots ; vous les voyez s'élever contre les rochers". Le philosophe anglais Edmund Burke, dans son essai Recherche philosophique de nos idées du Sublime et du Beau, publié en 1757, affirme : « tout ce qui est terrible… est une source de Sublime ». Le sentiment de peur, de solitude face à l'infini, procure une émotion esthétique. Ces anecdotes étaient développées dans la littérature de l'époque, par exemple dans le roman Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre. Encore aujourd'hui, la délectation pour ces sujets tragiques est mise en scène au cinéma (cf. le film Titanic). Composition en X L'œil du spectateur est placé au ras de l'eau : la ligne d'horizon, au tiers de la hauteur du tableau, est rompue par l'ondulation des vagues. Notre composition s'articule autour d'axes géométriques forts, notamment en X. Depuis l'angle inférieur gauche, le mouvement ascendant part des vagues et s'élève jusqu'à la falaise. L'autre diagonale descend des nuages jusqu'au morceau qui flotte en bas à droite. Les deux figures sont échouées sur un rocher au centre de cette croix. Il s'agit d'un couple dénudé, se tenant la main, associant l'Amour dans la mort, Eros et Thanatos, non sans un certain érotisme. La luminosité et la transparence du cuivre Dans ce petit format pour amateurs, Vernet conserve l'aspect particulièrement réaliste du ciel orageux et de la mer démontée qui ont fait le succès de ses grandes toiles. Les variations atmosphériques sont rendues grâce à l'harmonie chromatique de gris et de bleu, relevée par des touches rouges savamment disposées et le blanc de l'écume des vagues. La luminosité et la transparence obtenues grâce au support de cuivre soulignent la grande qualité picturale de l'ensemble. Vernet transcende ici ses modèles, Salvator Rosa, Jacob van Ruisdael, Ludolf Bakhuizen, Adrien Manglard. Une légende se crée : l'artiste se serait fait attacher à un mât en pleine tempête afin de saisir au mieux le déchaînement des éléments et restituer de la manière la plus fidèle les sentiments ressentis. Les prémices du Romantisme L'apogée de la description des mers agitées et des tempêtes se situe au XIXe siècle avec Gudin, Isabey, en France, les dessins de Victor Hugo, Courbet, Turner en Angleterre… Les héritiers directs de Vernet ne seront autres que les peintres romantiques comme Théodore Géricault et son propre petit-fils, Horace Vernet. Au moment du naufrage de La Méduse, ces deux peintres multiplient ce type de marines dramatiques : L'Épave du premier (Bruxelles, musées royaux des Beaux-Arts) et La Vague du second (vers 1820-1825, collection particulière) sont autant d'échos de notre tableau. . Cette filiation thématique a été étudiée dans la très belle exposition du musée de la Vie Romantique à Paris ("Tempêtes et naufrages. De Vernet à Courbet " 19 mai - 12 septembre 2021). Biographie du peintre Né en Avignon en 1714, Joseph Vernet part

Les enchères sont terminées pour ce lot. Voir les résultats

Vous aimerez peut-être

W. DICKINSON (*1746) after VERNET (*1714), The waterfalls of Tivoli, 1806, Mezzotint William Dickinson (1746 Londres - 1823 Paris) d'après Claude Joseph Vernet (1714 Avignon - 1789 Paris) : Les cascades de Tivoli devant une vue de la ville, 1806, Mezzotint Technique : Mezzotint colorée à la main sur papier Inscription : Dans la partie inférieure signée dans la plaque d'impression : "J. Vernet pinxit. / Publié le 1er. Mai 1806. / La Cascade de Tivoli, / Gravée par Dickinson, d'après le Tableau peint par J. Vernet, faisant partie du Muséum de Napoléon 1.er Empéreur des Français. / à Paris chez Banee, Md. d'Estampes, rue St. Denis, No. 214". Date : 1806 Description : Ce n'est qu'au cours des 10 à 15 dernières années que la recherche en histoire de l'art s'est de plus en plus penchée sur le sujet des "reproductions d'estampes". Pendant longtemps, ce genre n'a pas été reconnu comme ayant une valeur artistique en soi, car ces estampes étaient considérées comme de simples reproductions sans intérêt de grandes œuvres d'art, sans valeur artistique propre. Tragiquement, l'un des plus grands graveurs, Adam von Bartsch, a lui-même massivement encouragé cette dévalorisation au début du 19e siècle avec son encyclopédie Le Peintre Graveur, dans laquelle sont notamment thématisées les estampes de l'artiste indépendant. Mais le romantisme, avec son culte du génie, a également porté un coup sévère à la post-gravure. Il ne faut pas oublier que pendant des siècles, de nombreux artistes n'ont connu les œuvres d'autres maîtres qu'à travers leurs gravures de reproduction, raison pour laquelle cette catégorisation péjorative n'a même pas été faite. Il suffit de penser à Marcantonio Raimondi, dont les gravures de grande qualité d'après Raphaël ont largement contribué à la renommée européenne de ses contemporains. Les deux gravures en couleurs de grand format présentées ici, également peintes à la main à l'aquarelle, illustrent le niveau élevé que la reproduction imprimée avait encore à la fin du XVIIIe siècle. Avec le développement de nouvelles techniques graphiques, du crayon de couleur à la mezzotinte et à la lithographie, il s'agissait de reproduire toujours plus précisément les modèles artistiques, tels que les dessins à la craie rouge de François Boucher, et de les considérer non pas comme des copies sans âme, mais comme des réalisations agréables à regarder. Ce n'est pas pour rien qu'en Angleterre, à la fin du XVIIIe siècle, on échangeait volontiers les gravures de Rembrandt contre des crayons de couleur d'après les maîtres français. Avec leur remaniement quelque peu schématique et routinier à l'aquarelle, nos feuilles révèlent certainement le marché de masse pour lequel ces feuilles ont été créées. Cependant, il est également clair qu'il ne s'agit pas d'une simple reproduction d'une composition du célèbre peintre de marines Claude Joseph Vernet, mais que l'on peut faire confiance au médium pour transmettre l'humeur et l'émotion tout autant que l'original. Il est remarquable que les tirages développent leur propre esthétique de contrastes et de couleurs en raison de leurs conditions techniques. Malheureusement, de telles estampes sont les derniers témoins d'un genre artistique de haute qualité et intensivement recherché, qui n'a pas réussi à s'imposer au XIXe siècle entre les copies de masse médiocres et les estampes d'artistes ingénieux et indépendants. Mots-clés : Italie, Tivoli, Grand Tour, chute d'eau, cascade, personnages, Aniene, XIXe siècle, Classicisme, Paysage, Italie, Taille : Papier : 53,0 cm x 71,0 cm (20,9 x 28 in), Représentation : 46,0 cm x 66,6 cm (18,1 x 26,2 in)

W. DICKINSON (*1746) after VERNET (*1714), Fisherman by moonlight, 1806, Mezzotint William Dickinson (1746 Londres - 1823 Paris) d'après Claude Joseph Vernet (1714 Avignon - 1789 Paris) : Pêcheur au clair de lune, 1806, Mezzotint Technique : Mezzotint colorée à la main sur papier Inscription : Dans la partie inférieure, inscription dans la plaque d'impression : "J. Vernet pinxit. / Publié le 1er. Mai 1806. / Le Clair de Lune, / Gravé par Dickinson, d'après le Tableau peint par J. Vernet, faisant partie du Muséum de Napoléon 1.er Empéreur des Français. / à Paris chez Banee, Md. d'Estampes, rue St. Denis, No. 214". Date : 1806 Description : Ce n'est qu'au cours des 10 à 15 dernières années que la recherche en histoire de l'art s'est de plus en plus penchée sur le sujet des "reproductions d'estampes". Pendant longtemps, ce genre n'a pas été reconnu comme ayant une valeur artistique en soi, car ces estampes étaient considérées comme de simples reproductions sans intérêt de grandes œuvres d'art, sans valeur artistique propre. Tragiquement, l'un des plus grands graveurs, Adam von Bartsch, a lui-même massivement encouragé cette dévalorisation au début du 19e siècle avec son encyclopédie Le Peintre Graveur, dans laquelle sont notamment thématisées les estampes de l'artiste indépendant. Mais le romantisme a également porté un coup sévère à la gravure avec son culte du génie. Il ne faut pas oublier que pendant des siècles, de nombreux artistes ne connaissaient les œuvres d'autres maîtres qu'à travers leurs gravures de reproduction, raison pour laquelle cette catégorisation péjorative n'a même pas été faite. Il suffit de penser à Marcantonio Raimondi, dont les gravures de grande qualité d'après Raphaël ont largement contribué à la renommée européenne de ses contemporains. Les deux gravures en couleurs de grand format présentées ici, également peintes à la main à l'aquarelle, illustrent le niveau élevé que la reproduction imprimée avait encore à la fin du XVIIIe siècle. Avec le développement de nouvelles techniques graphiques, de la technique du crayon à la mezzotinte et à la lithographie, il s'agissait de recréer toujours plus précisément les modèles artistiques, tels que les dessins à la craie rouge de François Boucher, et de les considérer non pas comme des copies sans âme, mais comme des réalisations agréables. Ce n'est pas pour rien qu'en Angleterre, à la fin du XVIIIe siècle, on échangeait volontiers les gravures de Rembrandt contre des crayons de couleur d'après les maîtres français. Avec leur reprise quelque peu schématique et routinière à l'aquarelle, nos feuilles révèlent certainement le marché de masse pour lequel ces feuilles ont été créées. Cependant, il est également clair qu'il ne s'agit pas d'une simple reproduction d'une composition du célèbre peintre de marines Claude Joseph Vernet, mais que l'on peut faire confiance au médium pour transmettre l'humeur et l'émotion tout autant que l'original. Il est remarquable que les tirages développent leur propre esthétique de contrastes et de couleurs en raison de leurs conditions techniques. Malheureusement, de telles estampes sont les derniers témoins d'un genre artistique de haute qualité et intensivement recherché, qui n'a pas réussi à s'imposer au 19e siècle entre les copies de masse médiocres et les estampes d'artistes ingénieux et indépendants. Mots-clés : Figures, Eau, Italie, Rivière, Nature, XIXe siècle, Classicisme, Paysage, Allemagne, Taille : Papier : 53,0 cm x 70,8 cm (20,9 x 27,9 in), Représentation : 46,0 cm x 66,3 cm (18,1 x 26,1 in)