A Kuba Woven Fabric, Overskirt, "mapel"

Vêtement paréo, "mapel". Cuba-Ngongo, RD Congo Sans socle / without base Raphia. L 80 cm. L 582 cm. Provenance : Gérald Minkoff (1937-2009) et Muriel Olesen (1948-2020), Genève. Décrit comme suit par Gérald Minkoff sur une note d'inventaire : "Mapel elamba du Ngongo (Cuba). Ex Zaïre Rép. Dém. du Congo. Vêtement de dignitaire villageois. Avec 2 bandes de 10 cm. de large. Technique de dessin par réserve (elamba). 2 bordures de avec pompons de raphia et motifs de carrés alternés bleus et blancs, cousus par replis intérieurs bord à bord. Les replis marquent la face visible de mapel, ainsi la bordure supérieure est repliée sur la ceinture et la cache contre la partie rouge mettant ainsi à la vue les coutures du damier. ----------------------------------------------------- Le royaume de Cuba est une confédération qui a gouverné de manière autonome en tant que confédération politique du 17e à la fin du 19e siècle, jusqu'à ce qu'il perde son autonomie sous la pression de la colonisation belge. Le nom Kuba vient de la langue bantoue, où il signifie "couteau à lancer". Le groupe du complexe tribal Kuba, qui compte environ 250 000 personnes, comprend notamment les Bushoong, Kete, Tetela, Ngeende, Lele, Binji et Shoowa. Toutes ces ethnies nourrissent une prédilection particulière pour les formes géométriques et aiment donc orner de nombreux objets, qu'ils soient d'usage quotidien ou rituel, de motifs très fins. Mais ce qui a rendu les Cubains célèbres, c'est surtout la maîtrise de leurs tissus, très recherchés. Ces tissus fins, qui servaient de monnaie d'échange dans le royaume, étaient déjà mentionnés dans des rapports portugais des 16e et 17e siècles. Il s'agissait de tissus d'environ 50 x 50 cm fabriqués à partir de feuilles de palmier raphia effilochées. Ils sont tissés par les hommes et brodés par les femmes selon la technique particulière de la broderie velours. Pour ce faire, les fils sont insérés sans être noués entre le fil de chaîne et le fil de trame à l'aide d'une aiguille, puis coupés des deux côtés à une hauteur d'environ deux millimètres. Les fibres de raphia sont teintées avec des colorants végétaux avant d'être brodées. Les populations côtières pratiquaient un commerce très actif avec ces nattes : les Portugais les payaient en sel, en cauris et en perles et les échangeaient plus au sud, en Angola, contre des esclaves. Par la suite, les nattes ont été utilisées localement comme monnaie d'échange en raison de leur valeur et, aujourd'hui encore, elles constituent des cadeaux d'accueil indispensables en toute occasion, notamment lors de mariages, de naissances et d'anniversaires. Le travail investi dans la fabrication des tapis représente une valeur infalsifiable. Les hôtes reçoivent ainsi parfois une petite fortune qu'ils peuvent revendre plus tard selon leurs besoins. En effet, si quelqu'un a besoin d'un ou de plusieurs tapis pour une fête (en fonction de sa richesse), s'il n'en a pas lui-même et ne peut pas en fabriquer, il devra les échanger contre de l'argent, des marchandises ou des prestations. Le design, l'exécution ainsi que l'offre et la demande donnent alors le "taux de change" négocié individuellement. Nulle part ailleurs en Afrique, les textiles n'ont été fabriqués de manière aussi magistrale et ne présentent un sens aussi impressionnant et prononcé des formes et des motifs. L'esthétique et la fonction se fondent ainsi en petites œuvres d'art dont l'influence sur l'art moderne occidental est indéniable et se révèle par exemple dans les travaux de Paul Klee, Antoni Tàpies, Keith Haring et d'autres. Ces œuvres artistiques sont si fascinantes, oniriques et sensuelles que tous ceux qui ont eu l'occasion de les voir en vrai s'en souviendront toujours. Littérature complémentaire : Meurant, Georges (1989). Les signes du rêve. Munich : Verlag Fred Jahn. ----------------------------------------------------- Gérald Minkoff et Muriel Olesen Muriel Minkoff-Olesen (1948- 2020) a suivi sa formation à l'École d'arts appliqués de Genève. Gérald Minkoff (1937-2009) était anthropologue et biologiste de formation. Tous deux accèdent à la notoriété en tant qu'artistes et dès leur rencontre en 1967, ce couple emblématique de l'art contemporain est inséparable. Le duo Olesen-Minkoff, passionné de voyages, a exploré la vie comme des nomades curieux et a ainsi parcouru le globe, de l'Afrique à la Patagonie en passant par l'Asie, l'Océanie et l'Amérique. En tant qu'artistes et collectionneurs expérimentés d'art contemporain, ils avaient bien entendu une sensibilité marquée pour l'esthétique et les concepts de l'art extra-européen. L'appartement genevois du couple, peut-être leur plus belle œuvre commune, est ainsi devenu un lieu où les œuvres d'amis proches comme Daniel Spoerri, Arman et Man Ray, ainsi que leurs propres photographies, cohabitaient avec près d'un millier d'objets d'Afrique, d'Océanie, d'Asie et d'Amérique du Sud. CHF 1 000 / 2 000 État : The condition (wear, eventual cracks, tear, other imperfections and the effects of aging etc. if applicable) of th