Gabriel REVEL (Château-Thierry 1643 - 1712 Dijon) Portrait en Judith, présumé de…
Description

Gabriel REVEL (Château-Thierry 1643 - 1712 Dijon)

Portrait en Judith, présumé de la marquise de Montespan, née Françoise de Rochechouart de Mortemart (1640-1707) Huile sur toile 98,5 x 75 cm. Signée et datée, sur l'entablement: Revel pinxit 1688 Présentée dans un beau cadre en bois doré et sculpté, d'époque Régence Provenance: Possiblement le “Judith et Holopherne” cité au château de Petit-Bourg, demeure du duc d'Antin, en 1736: “un dessus de trumeau de 3'[pieds]6”[pouces]: “Judith et Holopherne” (vraisemblablement pour la chambre à coucher du Pavillon Nord). Collection privée, Paris Ce portrait inédit et captivant de Gabriel Revel, exécuté en 1688, présente un portrait saisissant d'une femme incarnant l'esprit de l'héroïne biblique Judith. Positionnée appuyée sur la tête coupée d'Holopherne, elle tient une épée dans sa main droite, désormais au repos après avoir rempli sa fonction. L'interaction des couleurs et des textures est magistralement utilisée par l'artiste, portraitiste longtemps camarade de Charles Le Brun. Un drapé rouge vermillon qui, semblable à un flot de sang, divise la composition entre le bas du corps de la femme et la tête décapitée. Sa robe, d'un bleu cristallin, obtenue grâce à l'utilisation méticuleuse de poudre de lapis-lazuli, ajoute une impression d'élégance éthérée à la scène. L'exécution habile de Revel va au-delà des normes conventionnelles de l'époque. La profondeur de la perspicacité psychologique représentée dans le regard de la femme est remarquable, en particulier à une époque où prévalait souvent une satisfaction superficielle. Ici, nous rencontrons une femme qui a choisi d'être représentée à grands frais, incarnant le courage et la détermination de Judith, vainqueresse d'un puissant ennemi. Cette peinture témoigne des prouesses artistiques de Revel et de sa capacité à capturer les complexités de l'émotion humaine et de la résonance historique dans un seul cadre. Une perle rare qui traverse le temps et offre aux spectateurs un aperçu d'un moment de triomphe et de défi. Nous remercions M. Dominique Brême, auteur de plusieurs articles sur la carrière de Gabriel Revel, de nous avoir confirmé l'attribution de ce portrait, par un écrit en date de mars 2024, sur la base d'un examen de photographies, tout en nous exprimant ses réserves sur notre proposition d'identification du modèle. Proposition d'identification: la marquise de Montespan, de Vénus à Marie-Madeleine Judith: une figure ambigüe Parmi les grandes figures féminines des Saintes Écritures, seules Ruth, Judith et Esther sont le sujet d'un Livre entier qui conte leur histoire édifiante. Judith, juive de la cité de Béthulie, veuve douée d'une grande beauté, pour sauver sa cité d'un siège mené par les assyriens, séduit leur général Holopherne et, profitant de son ivresse et de son sommeil, le décapite, provoquant la fuite des assiégeants. Comprise depuis le Moyen-Âge parmi les “Neuf Preuses” - ces femmes de l'Histoire Ancienne dignes de mémoire - Judith est, dans les Arts, l'équivalent féminin du roi David, que l'iconographie montre tenant la tête de Goliath, mais aussi la “contre-Salomé”, laquelle se servit de ses attraits pour obtenir de son beau-père Hérode une faveur scandaleuse et pécamineuse: la mort du prophète Jean le Baptiste. Pourtant, l'attitude de Judith, entre courage et ruse, entre prières et mensonges, sera pour les théologiens catholiques un sujet régulier de questionnement, ainsi qu'Isaac-Louis Le Maistre de Sacy l'énonce: « On est surpris d'abord, et on a peine à comprendre, comment une femme aussi chaste que Judith, peut avoir dessein de servir de piège par sa beauté à un homme ». La première moitié du XVIIe siècle a connu dans l'art et la littérature un développement sans précédent du thème des Femmes illustres. Peuvent être en effet cités les tableaux ornant le cabinet de la reine au château de Richelieu, peints pour le cardinal par Nicolas Prévost (1604-1670), ceux réalisés par Simon Vouet vers 1645- 1646 au Palais Cardinal à Paris pour l'appartement de la régente Anne d'Autriche, ceux encore dus au pinceau de Charles Poerson, également vers 1645, encastrés dans les lambris de l'appartement de Madame de La Meilleraye à l'Arsenal de Paris. À la même époque, Claude Vignon donnait des modèles pour illustrer La Galerie des Femmes fortes publiée en 1647 par le jésuite Pierre Le Moyne, grand succès de librairie dont les gravures d'Abraham Bosse furent reprises par la suite dans plusieurs domaines des arts décoratifs. Ce thème des “Femmes illustres” ou “Femmes fortes” est donc en partie lié à la Contre-Réforme catholique, comme l'est celui de Marie Madeleine pénitente, si cher aux peintres du XVIIe siècle, et témoigne de l'évolution du statut de la femme depuis la Renaissance, à la fois « créature diabolique, agent de Satan, incarnation du péché originel » mais également, depu

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Gabriel REVEL (Château-Thierry 1643 - 1712 Dijon)

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