Null École Française vers 1640, Atelier de Georges de La TOUR
Saint-Jacques
Toil…
Description

École Française vers 1640, Atelier de Georges de La TOUR Saint-Jacques Toile - French School c. 1640, workshop of Georges de La Tour, Saint James, canvas. 132 x 100 CM - - PROVENANCE Collection privée du Beaujolais depuis les années 1920 et depuis 1967 dans la même famille dans le Jura. Notre tableau est une grande découverte, probablement la plus importante de ces dernières années concernant le corpus de Georges de La Tour : une composition magnifique, ample, inédite, qui élargit et modifie la compréhension que nous avions jusqu’à présent du grand peintre lorrain. Une réelle force plastique, une somptueuse unité colorée dans les tons chauds, une grande émotion dans l’évocation d’un personnage sacré seul, silencieux, en face des Écritures, livrent une image spectaculaire. La comparaison s’impose avec d’autres créations de l’artiste, notamment avec les quatre Madeleine en pied conservées aujourd’hui à la National Gallery de Washington, au Metropolitan Museum de New York, au Los Angeles Country Museum of Art (ill. 1), et au Louvre : une figure assise, presque de profil, méditant devant une nature morte, vue dans la nuit et éclairée par la lumière d’une chandelle. Nous avons affaire ici à un personnage masculin, un homme jeune portant barbe et longs cheveux. Saint-Jacques, bien reconnaissable à sa cape ornée de deux coquilles, tient son grand bâton de pèlerin. Il tourne de la main gauche la page d’un grand livre, éclairée à l’arrière par une bougie totalement cachée, si ce n’est le pied du chandelier qui apparaît. Sa belle lumière chaude irradie l’ensemble de la composition. Il existe chez La Tour un autre exemple de l’utilisation d’une page à travers laquelle la flamme éclaire par transparence : celui de la Madeleine au grand livre, en longueur, d’une collection particulière des États-Unis (ill. 2), où le souffle de la flamme semble soulever, en la ployant, la feuille de papier. Dans notre toile, l’effet est encore plus intrigant puisque bougie et flamme sont entièrement dissimulées. On peut se demander quel est le texte que consulte l’apôtre, en rappelant qu’il n’est pas un des Évangélistes. Cependant, les livres sont des attributs propres aux apôtres. Il faut plus précisément évoquer un ouvrage appelé savamment le Protévangile de Jacques, texte attribué au saint et très diffusé aux XVIe et XVIIe siècles, un récit populaire de l’Enfance du Christ qui défendait et glorifiait la virginité de Marie contre toutes les hérésies. Cette représentation d’un saint Jacques est unique parmi les nocturnes de La Tour et n’est mentionnée dans aucune source publiée à ce jour. On n’en connaît pas d’autre version. La représentation du même saint en buste, avec un grand chapeau, qui fait partie de la série dite des Apôtres d’Albi, de prime jeunesse, est d’esprit et de conception singulièrement différents (collection privée, ill.3). Il est vraisemblable qu’un original, aujourd’hui disparu, a servi de modèle à notre toile, pour lequel on pourrait proposer une datation voisine de celle des Madeleine, vers 1640-1645. La présentation d’ensemble, le parti lumineux rappellent aussi le Saint-Joseph charpentier du Louvre, notamment pour la partie inférieure et on soulignera aussi des ressemblances entre le profil des visages du saint Jacques et celui de Saint Alexis. L’excellent état de conservation d’une matière picturale presque intacte laisse percevoir la beauté d’exécution de plusieurs morceaux : on notera la main, au centre, d’une vraie délicatesse, les tons raffinés (le mantelet de cuir gris, l’aspect argenté, la robe couleur de vieux corail, le rose saumon de la manche au niveau du poignet), la partie basse des mollets et des pieds chaussés de grosses sandales. Pour autant, quelques formes trop cernées, une matière un peu plate par endroits incitent à voir ici la main d’un collaborateur reprenant fidèlement et avec talent une création du maître qui reste à retrouver. Pour d’autres compositions de La Tour, on connaît des reprises d’un niveau de qualité tel qu’elles ont longtemps été données au maître lui-même et que l’on croit aujourd’hui, mais non unanimement, d’excellentes versions d’atelier. Elles permettent d’avoir une juste idée de créations majeures : par exemple, l’Extase de saint François du musée du Mans ou Saint Alexis du Musée lorrain de Nancy (autre version plus dure, à Dublin, National Gallery of Ireland)1. Leur statut dépend de la conception que l’on se fait du fonctionnement de l’atelier de Georges de la Tour et de comment y étaient réalisées les répliques2. La création reste admirable et l’une des plus ambitieuses de tout l’œuvre de La Tour, très complexe dans son art de faire circuler la lumière, le livre devenu comme une lampe éclairant fortement le milieu du corps avec les mains, la cape de cuir et les coquilles, laissant le visage dans une demi-lumière, l’œil s’allumant d’un vif éclat, et plongeant dans une pénombre vivante le reste de la composition, notamment la magnifique partie inférieure avec les gros pi

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École Française vers 1640, Atelier de Georges de La TOUR Saint-Jacques Toile - French School c. 1640, workshop of Georges de La Tour, Saint James, canvas. 132 x 100 CM - - PROVENANCE Collection privée du Beaujolais depuis les années 1920 et depuis 1967 dans la même famille dans le Jura. Notre tableau est une grande découverte, probablement la plus importante de ces dernières années concernant le corpus de Georges de La Tour : une composition magnifique, ample, inédite, qui élargit et modifie la compréhension que nous avions jusqu’à présent du grand peintre lorrain. Une réelle force plastique, une somptueuse unité colorée dans les tons chauds, une grande émotion dans l’évocation d’un personnage sacré seul, silencieux, en face des Écritures, livrent une image spectaculaire. La comparaison s’impose avec d’autres créations de l’artiste, notamment avec les quatre Madeleine en pied conservées aujourd’hui à la National Gallery de Washington, au Metropolitan Museum de New York, au Los Angeles Country Museum of Art (ill. 1), et au Louvre : une figure assise, presque de profil, méditant devant une nature morte, vue dans la nuit et éclairée par la lumière d’une chandelle. Nous avons affaire ici à un personnage masculin, un homme jeune portant barbe et longs cheveux. Saint-Jacques, bien reconnaissable à sa cape ornée de deux coquilles, tient son grand bâton de pèlerin. Il tourne de la main gauche la page d’un grand livre, éclairée à l’arrière par une bougie totalement cachée, si ce n’est le pied du chandelier qui apparaît. Sa belle lumière chaude irradie l’ensemble de la composition. Il existe chez La Tour un autre exemple de l’utilisation d’une page à travers laquelle la flamme éclaire par transparence : celui de la Madeleine au grand livre, en longueur, d’une collection particulière des États-Unis (ill. 2), où le souffle de la flamme semble soulever, en la ployant, la feuille de papier. Dans notre toile, l’effet est encore plus intrigant puisque bougie et flamme sont entièrement dissimulées. On peut se demander quel est le texte que consulte l’apôtre, en rappelant qu’il n’est pas un des Évangélistes. Cependant, les livres sont des attributs propres aux apôtres. Il faut plus précisément évoquer un ouvrage appelé savamment le Protévangile de Jacques, texte attribué au saint et très diffusé aux XVIe et XVIIe siècles, un récit populaire de l’Enfance du Christ qui défendait et glorifiait la virginité de Marie contre toutes les hérésies. Cette représentation d’un saint Jacques est unique parmi les nocturnes de La Tour et n’est mentionnée dans aucune source publiée à ce jour. On n’en connaît pas d’autre version. La représentation du même saint en buste, avec un grand chapeau, qui fait partie de la série dite des Apôtres d’Albi, de prime jeunesse, est d’esprit et de conception singulièrement différents (collection privée, ill.3). Il est vraisemblable qu’un original, aujourd’hui disparu, a servi de modèle à notre toile, pour lequel on pourrait proposer une datation voisine de celle des Madeleine, vers 1640-1645. La présentation d’ensemble, le parti lumineux rappellent aussi le Saint-Joseph charpentier du Louvre, notamment pour la partie inférieure et on soulignera aussi des ressemblances entre le profil des visages du saint Jacques et celui de Saint Alexis. L’excellent état de conservation d’une matière picturale presque intacte laisse percevoir la beauté d’exécution de plusieurs morceaux : on notera la main, au centre, d’une vraie délicatesse, les tons raffinés (le mantelet de cuir gris, l’aspect argenté, la robe couleur de vieux corail, le rose saumon de la manche au niveau du poignet), la partie basse des mollets et des pieds chaussés de grosses sandales. Pour autant, quelques formes trop cernées, une matière un peu plate par endroits incitent à voir ici la main d’un collaborateur reprenant fidèlement et avec talent une création du maître qui reste à retrouver. Pour d’autres compositions de La Tour, on connaît des reprises d’un niveau de qualité tel qu’elles ont longtemps été données au maître lui-même et que l’on croit aujourd’hui, mais non unanimement, d’excellentes versions d’atelier. Elles permettent d’avoir une juste idée de créations majeures : par exemple, l’Extase de saint François du musée du Mans ou Saint Alexis du Musée lorrain de Nancy (autre version plus dure, à Dublin, National Gallery of Ireland)1. Leur statut dépend de la conception que l’on se fait du fonctionnement de l’atelier de Georges de la Tour et de comment y étaient réalisées les répliques2. La création reste admirable et l’une des plus ambitieuses de tout l’œuvre de La Tour, très complexe dans son art de faire circuler la lumière, le livre devenu comme une lampe éclairant fortement le milieu du corps avec les mains, la cape de cuir et les coquilles, laissant le visage dans une demi-lumière, l’œil s’allumant d’un vif éclat, et plongeant dans une pénombre vivante le reste de la composition, notamment la magnifique partie inférieure avec les gros pi

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