BERLIOZ (Hector). Lettre autographe signée à sa mère Joséphine Berlioz, datée Pa…
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BERLIOZ (Hector).

Lettre autographe signée à sa mère Joséphine Berlioz, datée Paris, ce 10 mai 1829, 6 p. in-4. Longue lettre musicale, évoquant Lesueur, Cherubini, Rossini et Auber. Sachant que sa mère n'approuvait pas sa vocation, Berlioz s'efforce de lui montrer qu'il est lancé en plein dans le monde musical parisien et fréquente d'illustres compositeurs. Il commence cependant par une anecdote personnelle : il a rencontré une de leurs parentes, Mme de Roger et sa fille. ... "J'ai accompagné ces dames aux Tuileries, et je vous avoue que me trouvais assez déconcerté, quand je rencontrais des personnes de ma connaissance ; presque tout le monde souriait en me voyant donner le bras à cette haute et puissante demoiselle, qui a la tête et demie de plus que moi (...); je lui ai seulement fait monter le sang à la tête en lui avouant que je n'aimais pas la musique de Rossini..."Il parle ensuite longuement de son maître et ami Lesueur, qui vient de connaître un échec : ... "cet excellent homme est du siècle de Louis 14 et sa musique aussi. Il a voulu néanmoins faire exécuter deux de ses compositions dans un des superbes concerts du Conservatoire ; j'étais bien sûr d'avance de ce qui est arrivé ; ses deux morceaux placés à côté de Beethoven et de Weber ont éprouvé le plus complet échec. " Il en explique longuement les raisons, et ajoute : "Pour compléter la mésaventure, le Roi vient de le décorer du titre de Baron (...). Cherubini au contraire qui est avec lui surintendant de la musique du roi, a fait exécuter deux fois dans ces concerts des fragmens de ses grands ouvrages et ils ont obtenu un succès de fureur ; presque autant applaudis que Beethoven ; cependant quoiqu'il soit évidemment le plus grand compositeur existant en France dans ce moment, il n'a pas été compris dans la faveur royale. (...) Rossini lui-même, qui est l'homme à la mode, a été baffoué [sic] dans ces concerts... "Grande nouvelle : "...je suis rédacteur d'un grand journal nouveau (...), intitulé le Correspondant. L'éditeur m'a fait prier (...) de me charger des articles musique, traités en grand ; j'en ai fait un qui a paru le mois dernier : Considérations sur la musique religieuse. Ces messieurs m'en ont fait beaucoup de complimens (...). Le propriétaire de la Gazette musicale de Berlin est venu me prier aussi dernièrement d'être le correspondant français de son journal... "Autre projet, le concours de l'Institut en juillet, pour lequel il va faire demander à Cherubini ...s'il me garde toujours rancune et s'il compte encor faire de l'opposition contre moi cette année." Heureusement, poursuit-il, "j'ai un appui de plus à la section de musique : c'est AUBER (...) Je suis très bien avec lui, quoique je déteste cordialement le genre dans lequel il écrit... " Il se plaint ensuite de Berton (Henri-Montan Berton, compositeur) : "ce vieux radoteur ne peut pas me pardonner d'aimer avec passion la musique de Spontini, qui n'est cependant pas sans talent, dit-il. L'auteur de la Vestale n'est pas sans talent, dit-il. L'auteur de la Vestale n'est pas sans talent !... Oh vraiment s'il y en avait quelques-uns de cette force, l'Institut ne seroit plus que l'hospice de Charenton. " Il espère enfin que ses articles lui rapporteront de l'argent, car il perd trop son temps ... "à copier des parties pour quelque chose que je prépare pour l'hiver prochain (la révision de son opéra Les Francs-Juges?)... " Correspondance générale, éd. de P. Citron, t. I, lettre 125, p. 251. Trois mots ont été découpés occasionnant des trous.

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BERLIOZ (Hector). Lettre autographe signée « Hector Berlioz » à Johann Christian Lobe. Paris, 21 janvier 1854. 2 pp. in-8, adresse au dos, cachet de cire à l’effigie d’un homme, apparemment le profil de Beethoven. « Je vous remercie d’avoir pensé à m’envoyer vos feuilles, et plus encore d’avoir accompagné votre envoi d’une si aimable lettre. Dieu veuille que je puisse justifier complètement plus tard la sympathie que vous me témoignez et ne pas compromettre votre suffrage. JE TRAVAILLE BEAUCOUP EN CE MOMENT dans l’espoir que l’horrible guerre qui se prépare n’aura pas lieu et ne viendra pas mettre obstacle à mon prochain voyage en Allemagne [la guerre de Crimée contre la Russie allait débuter en mars 1854]. J’AI PRESQUE FINI LA DEUXIEME PARTIE DE LA FUITE EN ÉGYPTE. Cet ouvrage beaucoup plus considérable que celui que vous connaissez, s’appelle L’Arrivée. C’est en effet l’arrivée de la Sainte Famille à Saïs ; il y a (en outre du ténor récitant) trois personnages, la Vierge Marie, st Joseph, un père de famille, et de grands chœurs et de la musique instrumentale, et cela contient 8 morceaux. Je voudrais bien que vous fussiez content de cette partition dont le style, je crois, est plus élevé que celui de la précédente. Mille amitiés sincères... » PARMI LES PREMIERS ET PLUS CHALEUREUX ADMIRATEURS DE BERLIOZ EN ALLEMAGNE, L’ECRIVAIN ET MUSICIEN JOHANN CHRISTIAN LOBE (1797-1881) fut flûtiste à l’orchestre du théâtre de Weimar avant de fonder en 1842 un institut de musique dans cette même ville, puis de s’installer en 1846 à Leipzig où il dirigea sa propre revue musicale. Lobe découvrit la musique de Berlioz lors d’un concert à Weimar en 1837, rencontra le compositeur à Weimar en 1842 et demeura ensuite en correspondance avec lui. Dans ses Mémoires, Berlioz parle de Lobe comme de « ce type du véritable musicien allemand ».