Null TETSU, Roger TESTU (1913-2008)

Continu, tu peux parler tant que tu veuxje …
Description

TETSU, Roger TESTU (1913-2008) Continu, tu peux parler tant que tu veuxje suis allongée dans la colle ! Encre et lavis sur papier signée en bas à gauche 25 x 32,5 cm - 9.84 x 12.79 in. Ink and wash on paper signed lower left

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TETSU, Roger TESTU (1913-2008) Continu, tu peux parler tant que tu veuxje suis allongée dans la colle ! Encre et lavis sur papier signée en bas à gauche 25 x 32,5 cm - 9.84 x 12.79 in. Ink and wash on paper signed lower left

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Louis ARAGON (1897-1982). L.A.S. «L.», Lundi soir 4 Décembre [1939], à Elsa Triolet; 4pages in-4. Longue lettre amoureuse d’Aragon soldat à Elsa. La nuit, près d’un feu de cheminée, Aragon écrit à Elsa... «Oh je voudrais encore t’avoir contre moi, déjà tu me manques affreusement, déjà ton petit sourire se perd, je ne t’entends plus, je ne peux plus te dire Monku, je ne peux plus toucher le petit nu. Mon aimée, mon aimée, quand sera-t-on encore ensemble? Pourtant je dois te dire que j’ai pris en permission, près de toi, contre toi, de toi, une grande, une énorme provision de courage. Je vais beaucoup mieux, physiquement et moralement, que quand je suis arrivé à Paris l’autre jour. Comme tu dis, je suis presque normal»... Il réclame divers objets... «L’atmosphère ici est meilleure qu’avant mon départ. Assez détendue. Je parle simplement de la popote et des officiers les plus proches. Nous avons été félicités par le général pour nos travaux, il a distribué de l’argent aux meilleurs travailleurs etc.» Il y a des bruits de départ... Aragon raconte la vie quotidienne, les parties de dominos et la causette après dîner... Il parle des chaussettes que lui a envoyées sa mère... «Le manuscrit de la fin du roman [Les voyageurs de l’impériale] repose donc devant moi, à ma droite, sur ma table, et dès demain je me mettrai d’arrache-pied au travail. On est écrivain ou on ne l’est pas, pas vrai?»... Il va écrire à Paulhan et à sa mère... Sa lettre est «interminable»... «je continue à être comme cela encore un peu avec toi. Tu dis, je t’entends d’ici, que je te parle plus quand je ne suis pas avec toi. Ne te moque pas de moi, ma méchante aimée, de moi et de mes grands soucis. Tu sais bien que mes soucis, il y en a 9 sur 10 qui t’ont pour sujet. Tout tourne autour de toi dans cette tête et ce cœur qui t’appartiennent. Tout dans le monde, et tout dans le ciel. Cela me fait penser que j’ai promis trois poèmes. Tu vois ce pain sur la planche! [...] Je vais essayer de m’endormir en cherchant des rimes nouvelles et extraordinaires comme des contes d’Edgar Allan Poe. Quelque part, le nommé Paul Valéry a dit: On peut s’endormir sur n’importe quel mot... Je vais voir s’il a raison. Mais je sais bien que si le mot était Monku, je ne pourrais jamais, jamais m’endormir tout seul. Mon amour que je n’ai pas assez embrassé, mon amour qui me manque tant, mon amour qui m’inquiète, mon petit qui as peut-être mal ce soir... [...] Je t’aime, je t’aime, et je recommence à compter les jours, les nuits, à écouter les bruits dans l’ombre, à penser à la rue de la Sourdière, à tout ce qui t’entoure, et à me ronger. Oh, mon amour, vite, vite que je t’aie dans mes bras!»...

Marcel PROUST (1871-1922). L.A.S., [4 mai 1905, à Robert de Montesquiou]; 4pages in-8 (deuil). Belle lettre à Montesquiou, un des modèles du baron de Charlus. Proust commence sa lettre par un vers de Phèdre: «“Dans le fond de mon cœur vous ne savez pas lire!”» Dans ce cœur, il n’y a pas d’aigreur: «Il n’a pour vous que reconnaissance et admiration». Proust parle de son asthme: «Mes crises ne s’annonçant pas, je peux me trouver le jour même dans l’impossibilité de me lever, de parler, dans des suffocations qui seraient aussi intolérables pour vous que pour moi et avec une fièvre qui va presque jusqu’au délire. Il est vrai que je peux diminuer, sinon jusqu’à zéro, du moins beaucoup, ce risque, en restant couché complètement pendant quelques jours avant, en ne parlant pas, en ne prenant que du lait. [...] Depuis ma dernière et malencontreuse lettre, j’ai été plus malade que je ne l’avais encore été, indescriptiblement. Et comme j’ai (je vous expliquerai ce qu’était le volume et pense que c’est vraiment trop indifférent) un volume à livrer [la traduction de Sésame et les lys de Ruskin] au Mercure dans un mois, chaque nouveau mal me désespère en me retardant, en me faisant craindre de ne pas arriver au bout». Proust se réjouit d’avoir un nouveau livre de Montesquiou: «Ce sera une grande joie. Que je suis triste de ne pas faire de critique littéraire dans un journal j’aimerais tant à en parler. N’importe, j’espère que sans même attendre un peu de notoriété qui me vaudra peut’être cela, j’aurai le moyen de parler un peu de vous, d’une façon générale. Je n’aperçois pas seulement très bien comment ni quand». Proust a lu la lettre de Montesquiou à Horatio (pseudonyme dont Proust avait signé dans Le Figaro un article sur la Fête chez Montesquiou à Neuilly): «Elle ne contenait pas le moindre remerciement, et n’était guères encourageante! Mais pour moi, pour mon plaisir, j’aimerais beaucoup à écrire sur vous. Après ma cure si je mène comme on me l’assure une vie normale, je tâcherai d’avoir avec les journaux et les revues des rapports un peu plus fréquents. Je ne vous écris pas plus longuement, car ces nuits de travail à la lumière électrique m’usent la vue au point que je ne vois pas mes “caractères” pendant que je vous écris». Et il signe: «Votre respectueux admirateur Marcel Proust». Correspondance, t.V, n°62.