MILLON - Arts de l'Amérique précolombienne

mardi 18 septembre 2018
Expert : Cabinet Origine Expert - Serge Reynes

Mardi 18 septembre 2018, à l’occasion du Parcours des Mondes, la maison de ventes Millon consacre une vacation aux Arts Précolombiens, à travers 120 objets sélectionnés par l’expert Serge Reynes, provenant de trois remarquables collections privées européennes. Monsieur L., antiquaire niçois, a acquis des œuvres de qualité muséale, issues notamment de l’ancienne collection de Frédéric-André Engel. Anthropologue, il a dédié sa vie aux civilisations précolombiennes et a rassemblé, au fil de ses nombreuses missions d’étude, des objets abrités aujourd’hui dans des musées d’archéologie au Pérou ou encore au Musée de l’Homme. Sont également proposées des pièces réunies dans les années 1970 par un amateur belge, mais aussi un ensemble issu de la collection Alvaro Guillot-Muñoz, paléontologue, américaniste et diplomate qui fut ministre plénipotentiaire d’Uruguay.
Du Pérou au Mexique, en passant par le Guatemala, le Costa Rica, l’Equateur ou encore la Colombie, chacune de ces œuvres témoigne de l’incroyable richesse des cultures mésoaméricaines, couvrant trois millénaires d’histoire et de création.
 

 Masque anthropomorphe présentant le visage d’un jeune chaman arborant les attributs de l’être jaguar. 
Serpentine verte polie 
Olmèque-Mexique 
Époque Formative ou Préclassique moyenne 
900 à 400 av. JC. 
Estimation : 200 000 / 300 000 € 
  
Idole présentant un chef debout
Anthracite avec des traces de pigments naturels, ocre rouge et cinabre
Tembladera - Vallée de Jequetepequé
1 200 / 500 av. J.-C. 
Estimation : 300 000 / 500 000 €


Collection de Monsieur L.

Monsieur L., figure reconnue du marché de l’art, spécialisée dans les objets asiatiques et le mobilier de la Renaissance au XVIIIème siècle, a rassemblé quatre décennies durant des œuvres issues des civilisations précolombiennes. Un art qu’il découvre dans les années 1970, à l’occasion d’une exposition dans un Musée de Nice, sa ville de résidence. Curieux et esthète il est fasciné par les formes et l’expressivité de ces œuvres, considérées alors comme des productions primitives. À cette époque, cette spécialité était confidentielle et ne suscitait l’intérêt que de quelques initiés. Tel un précurseur, Monsieur L. achète sa première pièce qu’il intègre aux autres collections qui le passionnent. Il noue alors des relations avec des collectionneurs et rencontre nombre de marchands, experts, ethnologues ou anthropologue tel que Frédéric-André Engel, fils d'une famille d'industriels alsaciens, dont la célèbre collection Engel-Gros fut mise en vente à Drouot dans les années 1980 et dont quelques pièces sont conservées au Palais de Buckingham. Frédéric-André Engel a dédié sa vie aux civilisations précolombiennes et a exploré les Andes avec l'aide du ministère des affaires étrangère, du CNRS, mais surtout l'université nationale Péruvienne. Il a réalisé durant les années 1950 et 1960 de nombreuses missions d'étude en Amérique Centrale comme en Amérique du Sud pour le compte de l'UNESCO, dans le but de dresser un inventaire du patrimoine précolombien et pré hispanique. Ses nombreuses missions et résidences sont l’occasion de réunir des pièces rares au sein de sa collection particulière. Certaines d'entre elles ont été léguées au Musée de l'Homme avant son départ définitif de la France pour le Pérou en 1998.

La collection de Monsieur L., résultat de 40 années de recherches et d’une quête de l’excellence, abrite certaines de ces pièces exceptionnelles comme ce masque anthropomorphe présentant un visage de jeune shaman arborant les attributs de l’être jaguar. A travers ce masque réalisé avec une grande maîtrise, le travail de la pierre atteint son paroxysme. L’artiste exprime à travers ce portrait, un concept caractéristique de la culture olmèque où cet animal majestueux qu’est le jaguar, est ici évoqué avec force pour être en symbiose avec un homme possédant le pouvoir de se métamorphoser sous sa forme. La première société complexe de la Mésoamérique reste celle des Olmèques qui atteint son apogée au préclassique moyen entre 900 et 400 avant notre ère, date probable de réalisation de ce masque. Réalisé en serpentine, matériaux noble, cette œuvre sculptée est estimée 200 0000 / 300 000 euros.

La collection de Monsieur L., résultat de 40 années de recherches et d’une quête de l’excellence, abrite certaines de ces pièces exceptionnelles comme ce masque anthropomorphe présentant un visage de jeune shaman arborant les attributs de l’être jaguar. A travers ce masque réalisé avec une grande maîtrise, le travail de la pierre atteint son paroxysme. L’artiste exprime à travers ce portrait, un concept caractéristique de la culture olmèque où cet animal majestueux qu’est le jaguar, est ici évoqué avec force pour être en symbiose avec un homme possédant le pouvoir de se métamorphoser sous sa forme. La première société complexe de la Mésoamérique reste celle des Olmèques qui atteint son apogée au préclassique moyen entre 900 et 400 avant notre ère, date probable de réalisation de ce masque. Réalisé en serpentine, matériaux noble, cette œuvre sculptée est estimée 200 0000 / 300 000 euros (lot 26).

On note également une exceptionnelle idole présentant un chef debout tenant dans une de ses mains une grande massue. Son visage évoque le chamane en transformation de l’homme vers l’animal, ici le jaguar, totem puissant des clans dominants. Ses oreilles sont agrémentées d’ornements discoïdaux et il porte un poncho qui recouvre tout son corps. Celui-ci est enrichi d’un beau décor présentant une superposition de têtes félines. A l’arrière, sa coiffe est agencée avec soin et équilibre. Estimée 300 000 / 500 000 euros, cette œuvre (lot 25) fut réalisée entre 1200 et 500 avant J.-C. au Pérou, dans la Vallée de Jequetepeque.  

Autre pièce phare de cet ensemble, ce masque cérémoniel présentant le visage d’un jeune dignitaire. Des motifs travaillés au repoussé évoquent des animaux aquatiques s'imbriquant avec des masques anthropomorphes. Le front est agrémenté d'un bandeau avec en son centre un diadème symbolisant la préscience du prêtre ou du chamane dont nous avons ici un beau portrait ; le regard est accentué par des incrustations de pierres bleues et le pourtour des yeux enrichi de fils d'or torsadés. Il porte un anneau nasal avec perle de spondyle, coquillage sacré associé aux échanges coutumiers. Réalisé en feuilles d’or découpées, martelées, filigranées, et assemblées par des agrafes, cette pièce estimée 100 000 / 200 000 euros (lot 22), fut exécutée entre 500 av.- et 500 ap. JC dans les îles de Tolita, situées à la frontière de l’Equateur et de la Colombie.

Collection Guillot-Muñoz 

Issu d’une grande famille uruguayenne, le parcours d’Alvaro Guillot-Muñoz est riche et multiple. Tour à tour écrivain, paléontologue, américaniste et diplomate, Alvaro Guillot-Muñoz fut également ministre plénipotentiaire d’Uruguay. Chassé de son pays après le coup d’état du dictateur Gabriel Terra en 1933, Alvaro Guillot-Muñoz se réfugie en Argentine où il occupe la prestigieuse chaire de paléontologie de l’université de La Plata. Après la chute du régime en 1938, il rentre en Uruguay et est nommé attaché culturel au Brésil. A cette époque il se passionne pour les cultures précolombiennes. Il approfondit ses connaissances sur l’art précolombien en effectuant de nombreux séjours au Pérou et en Equateur. De ses voyages, il rapporte les premiers objets de sa collection qu’il ne cessera d’enrichir durant 50 ans. 
En 1950, il rejoint Paris et son ami Paul Rivet, alors directeur du Musée de l’Homme et participe aux travaux sur la linguistique des langues mortes de Mésoamérique et sur l’art précolombien. 
Chercheur et découvreur doté d’un regard exceptionnel pour distinguer les chefs-d’oeuvre de l’ordinaire, Alvaro Guillot-Muñoz fut l’un des premiers à considérer les objets rituels et usuels comme de véritables oeuvres d’art. 

 
    
Paire de manchettes de dignitaire Feuilles d’or découpées, martelées, poinçonnées, repoussées 
Mochica - Pérou - 200-600 ap.JC. 
Estimation : 40 000 / 60 000 €
 
Poncho cérémoniel 
Laine de camélidé - 109 x 142 cm 
Nazca - Pérou - 200 - 600 ap. JC 
Estimation : 25 0000 / 35 000 € 

De cette collection, on retient une rare paire de manchettes de dignitaire, dont le décor travaillé et repoussé évoque deux chefs guerriers affrontés tenant des boucliers et des massues puissantes. Ces manchettes étaient arborées par un seigneur particulièrement puissant au cours des grandes cérémonies qui réunissaient l’ensemble du clan. Au-delà de la simple richesse, les ornements constituaient autant de proclamations visibles de pouvoirs sensoriels exacerbés des souverains. Les manchettes symbolisaient la force et le pouvoir ainsi que les choses accomplies. 

L’intérêt d’Alvaro Guillot-Muñoz se portait également sur de grands tissus précolombiens, originaires du Pérou, aux motifs géométriques surprenants de modernité. Tel que ce poncho cérémoniel présentant un travail en patchwork multicolore associé à la technique du tye & dye formant une succession de pointillés évoquant des motifs symboliques. 
Cette oeuvre qui présente un état de conservation hors du commun tant ses couleurs ont conservé leur éclat d'origine est estimée 10 000 / 15 000 euros. 
Ce poncho fut en son temps l'une des pièces maîtresses de la collection de tissus d'Alvaro Guillot-Muñoz. Il a été conservé précieusement par sa petite fille qui jusqu'à sa mort en 2018 n'avait jamais voulu s'en séparer. 

Collection d’un amateur belge 
 
  
Statuette représentant le Dieu Macuilxochitl 
Terre cuite polychrome 
Mixtèque - Teotitlan del Camino 
Etat de Oaxaca - Mexique 
Epoque Postclassique 
1300 -1521 ap. JC 
Estimation : 25 0000 / 35 000 € 
Ocarina céremoniel 
Terre cuite avec belles traces de chromie bleue turquoise et polychromie par endroits 
Maya - Ile de Jaina 
Etat de Campeche - Mexique 
500 - 900 ap. JC. 
Estimation : 8 000 / 12 000 €
 

De l’ensemble constitué par un amateur belge, est proposée une statuette présentant le Dieu Macuilxochitl assis, les mains posées sur le haut des genoux dans un geste symbolique. Il porte un labré en forme de bec d'oiseau projeté sur l'avant maintenu par deux ornements latéraux ; sa bouche est ouverte et montre symboliquement ses dents en signe de protection. Le corps et le visage sont peints de motifs symboliques et sa tête est couverte d'une couronne avec diadème circulaire central. 
Macuilxochitl, qui signifie "cinq fleurs", est le dieu de la danse, de la musique, du jeu, de la fête, de l'amour et des fleurs. Il est l'avatar de Xochipilli chez les Aztèques, aussi nommé Prince des Fleurs. 
Réalisée en terre cuite, entre 1300 et 1521 ap. JC, cette statue mexicaine est estimée 25 000/ 35 000 euros. 
Notons également un ocarina cérémoniel modelé avec maîtrise, qui présente un seigneur debout les bras croisés sur le bas du torse. Il porte autour du cou un large collier de perles. La naissance de la coiffe est modelée d'un motif incisé et géométrisé. Il est surmonté d'une couronne évoquant des plumes d'animaux exotiques, d'ornements circulaires en jade et d'excroissances symboliques. Le visage est exécuté avec soin et réalisme et présente une très belle expression intériorisée et hiératique. Cette oeuvre mexicaine exécutée entre 500-900 ap. JC. est estimée 8 000 / 12 000 euros. 
 
Vente aux enchères publiques - Drouot - Salle 9 
Mardi 18 septembre - 15h 
Exposition publique - Drouot - Salle 9
Vendredi 14 septembre - 11h / 18h
Lundi 17 septembre - 11h / 18h 

















 
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Art de l’Amérique précolombienne

Vente : mardi 18 septembre 2018
Salle 9 - Hôtel Drouot - 9, rue Drouot 75009 Paris, France
Maison de vente
Millon
Tél. 01.47.27.95.34