Null Anne-Louis GIRODET-TRIOSON. L.A.S., jeudi soir 23 janvier [1819 ?], à Madam…
Description

Anne-Louis GIRODET-TRIOSON. L.A.S., jeudi soir 23 janvier [1819 ?], à Madame de REISET ; 3 pages in-8, adresse. Très intéressante lettre sur la préparation du portrait de Colette de Reiset. " Si vous voulez une robe de velours, je la préfère noire par la raison qu'elle nous plait davantage à tous deux et que son effet doit être de donner aux carnations plus d'effet et de fraicheur. L'art toujours au dessous de la nature, surtout lorsque c'est vous qui êtes le modèle, a besoin de ne négliger aucune de ses ressources et d'en faire un choix judicieux. Le vert ou le rouge conviendra d'ailleurs fort bien au velours de la table [...] chargée de vos livres favoris. Nous n'oublierons ni la lettre ni les roses. Tout ce qui est un emblème du sentiment et de la grâce doit trouver tout naturellement sa place après de votre portrait et en devenir l'accessoire indispensable. Ce sera à l'art du peintre d'arranger toutes ces choses dans un rapport qui le concilie avec les lois de la peinture. Nous pourrons même y ajouter un rouleau de musique qui laissera entrevoir quelqu'un de ces airs que vous chantez avec une expression si attachante pour les auditeurs que vous voulez bien admettre "…Il craint cependant qu'un portrait en pied ne prenne des proportions trop gigantesques pour le placer dans ses appartements, contrairement à un portrait jusqu'aux genoux, et il énumère les inconvénients d'un tel format : y tient-elle absolument ? Il est de plus surchargé de travaux et d'affaires, et il pourra achever plus promptement un portrait aux genoux, " où tous les accessoires que vous m'avez désignés se trouveraient. Également, un portrait en pied m'occuperait nécessairement plus du double du tems qu'exigerait l'autre "… De plus, assailli par les créanciers, il désirerait être payé le plus rapidement possible ; mais quel que soit son choix, qu'elle persiste à désirer un portrait en pied, ou si elle accepte celui aux genoux ou à mi-corps, " Je suis à vos ordres, cela ne changera rien à l'esquisse préliminaire dont j'aurai toujours besoin [...] et je vous attendrai lundy à une heure ", si la robe est prête ; elle devra aussi apporter le " schall " et la pelisse pour choisir… " quelque manière que j'aie l'avantage de vous peindre, jamais portrait plus agréable n'aura occupé mes pinceaux "… On joint le brouillon autographe de la réponse de Colette Reiset (signé " Colette R " ; 4 pages in-8) : " Ce n'est pas promptement Monsieur que je désire avoir mon portrait - je vous prie au contraire de le mettre de côté jusqu'à ce que des ouvrages plus dignes d'occuper vos pinceaux ayent encore obtenus les regards de l'admiration ; je conçois parfaitement que la dimension d'un portrait en pied doive devenir plus volumineuse, cependant mes salons de Rouen ont bien la dimension nécessaire pour quece tableau n'y perde pas de son effet. J'y tiens donc invinciblement. Je conçois que le prix (je dis le prix ce qui ne peut jamais signifier avec vous la valeur) soit différent aussi de celui que vous mettriez à un portrait seulement jusqu'au genoux : j'ai toujours pensé que cela iroit à 3 mille francs dans ce tems ci ; si cependant je me suis trompée veuillez me le dire franchement et sans réticences. Quand on est comme vous à la hauteur de sa profession et qu'on atteint si complettement à la gloire et à l'honneur dont le succès en couronne l'exercice on peut parler des petites choses de ce monde sans déchoir ni perdre rien de sa noblesse "… Elle revient sur le prix du portrait en pied, souhaitant qu'il lui convienne aussi , elle explique que la patience n'est pas son fort, et remercie le peintre de " ne pas dédaigner tous ces petits détails ", car elle tient à ces petits objets : " j'oubliois que le talent et le génie anoblit et embellit tout"... [Il existe un dessin pour le projet d'un portrait en pied de Mme de Reiset, assise près d'une table (exposition Girodet, Louvre 2005, n° 97). Le portrait sera finalement en buste ; Mme de Reiset y porte une robe de velours noir et une pelisse.]

41 

Anne-Louis GIRODET-TRIOSON. L.A.S., jeudi soir 23 janvier [1819 ?], à Madame de REISET ; 3 pages in-8, adresse. Très intéressante lettre sur la préparation du portrait de Colette de Reiset. " Si vous voulez une robe de velours, je la préfère noire par la raison qu'elle nous plait davantage à tous deux et que son effet doit être de donner aux carnations plus d'effet et de fraicheur. L'art toujours au dessous de la nature, surtout lorsque c'est vous qui êtes le modèle, a besoin de ne négliger aucune de ses ressources et d'en faire un choix judicieux. Le vert ou le rouge conviendra d'ailleurs fort bien au velours de la table [...] chargée de vos livres favoris. Nous n'oublierons ni la lettre ni les roses. Tout ce qui est un emblème du sentiment et de la grâce doit trouver tout naturellement sa place après de votre portrait et en devenir l'accessoire indispensable. Ce sera à l'art du peintre d'arranger toutes ces choses dans un rapport qui le concilie avec les lois de la peinture. Nous pourrons même y ajouter un rouleau de musique qui laissera entrevoir quelqu'un de ces airs que vous chantez avec une expression si attachante pour les auditeurs que vous voulez bien admettre "…Il craint cependant qu'un portrait en pied ne prenne des proportions trop gigantesques pour le placer dans ses appartements, contrairement à un portrait jusqu'aux genoux, et il énumère les inconvénients d'un tel format : y tient-elle absolument ? Il est de plus surchargé de travaux et d'affaires, et il pourra achever plus promptement un portrait aux genoux, " où tous les accessoires que vous m'avez désignés se trouveraient. Également, un portrait en pied m'occuperait nécessairement plus du double du tems qu'exigerait l'autre "… De plus, assailli par les créanciers, il désirerait être payé le plus rapidement possible ; mais quel que soit son choix, qu'elle persiste à désirer un portrait en pied, ou si elle accepte celui aux genoux ou à mi-corps, " Je suis à vos ordres, cela ne changera rien à l'esquisse préliminaire dont j'aurai toujours besoin [...] et je vous attendrai lundy à une heure ", si la robe est prête ; elle devra aussi apporter le " schall " et la pelisse pour choisir… " quelque manière que j'aie l'avantage de vous peindre, jamais portrait plus agréable n'aura occupé mes pinceaux "… On joint le brouillon autographe de la réponse de Colette Reiset (signé " Colette R " ; 4 pages in-8) : " Ce n'est pas promptement Monsieur que je désire avoir mon portrait - je vous prie au contraire de le mettre de côté jusqu'à ce que des ouvrages plus dignes d'occuper vos pinceaux ayent encore obtenus les regards de l'admiration ; je conçois parfaitement que la dimension d'un portrait en pied doive devenir plus volumineuse, cependant mes salons de Rouen ont bien la dimension nécessaire pour quece tableau n'y perde pas de son effet. J'y tiens donc invinciblement. Je conçois que le prix (je dis le prix ce qui ne peut jamais signifier avec vous la valeur) soit différent aussi de celui que vous mettriez à un portrait seulement jusqu'au genoux : j'ai toujours pensé que cela iroit à 3 mille francs dans ce tems ci ; si cependant je me suis trompée veuillez me le dire franchement et sans réticences. Quand on est comme vous à la hauteur de sa profession et qu'on atteint si complettement à la gloire et à l'honneur dont le succès en couronne l'exercice on peut parler des petites choses de ce monde sans déchoir ni perdre rien de sa noblesse "… Elle revient sur le prix du portrait en pied, souhaitant qu'il lui convienne aussi , elle explique que la patience n'est pas son fort, et remercie le peintre de " ne pas dédaigner tous ces petits détails ", car elle tient à ces petits objets : " j'oubliois que le talent et le génie anoblit et embellit tout"... [Il existe un dessin pour le projet d'un portrait en pied de Mme de Reiset, assise près d'une table (exposition Girodet, Louvre 2005, n° 97). Le portrait sera finalement en buste ; Mme de Reiset y porte une robe de velours noir et une pelisse.]

Les enchères sont terminées pour ce lot. Voir les résultats