Jean Paul Riopelle

Jean Paul Riopelle Automne II-Symphonie 1954 Huile sur toile 60 x 73 cm. Encadrée par un cadre. Signé et daté au dos de la toile 'Riopelle Riopelle 54'. - Avec de légères traces d'âge. Yseult Riopelle (éd.), Jean Paul Riopelle, Catalogue Raisonné, vol.2, 1954-1959, Montréal 2004, WVZ-Nr.1954.056H.1954 (avec des dimensions erronées). Provenance Galerie Jacques Dubourg, Paris ; Galerie Änne Abels, Cologne (1967) ; collection privée, Rhénanie. Expositions Cologne 1959 (Galerie Änne Abels), Jean Paul Riopelle, Ausst.Kat.Nr.4, o.S. avec ill. "Automne II - Symphonie" voit le jour à un moment fort du développement artistique de Jean Paul Riopelle. Le relief lumineux et mosaïque des couleurs témoigne de l'écriture sûre et individuelle et du talent de coloriste du jeune artiste. Dès 1945, le Canadien Riopelle devient membre du groupe d'artistes "Les Automatistes", influencé par l'Action painting, sur son lieu d'études à Montréal. En 1947, il s'installe à Paris, la métropole artistique. C'est en se confrontant aux œuvres de ses collègues surréalistes, tachistes et informels, comme Pierre Soulages, Wols et Georges Mathieu, que Riopelle trouve son mode d'expression caractéristique. Inspiré par les "all-over-paintings" de Jackson Pollock, il se sert depuis 1950 d'une technique automatisée et pourtant guidée avec beaucoup d'énergie, dont Werner Schmalenbach décrit la "force naturelle" : "Ce n'est plus de la peinture comme avant. Les outils de peinture sont maniés comme des armes. La peinture devient de l'escrime. Par des coups puissants, la spatule trace des trajectoires acérées dans la peinture projetée sur la toile. Si la peinture est d'emblée appliquée en pâte, la spatule la laboure pour former des vallées et des crêtes. La surface devient un relief en mouvement" (in : Ausst.Kat. Jean-Paul Riopelle, Kestner-Gesellschaft Hannover 1958/1959, p.9 et suivantes). Les références latentes à la nature des tableaux de Riopelle sont en partie déjà visibles à travers les titres choisis. "Automne II - Symphonie" évoque, comme les tableaux de la même année tels que "Gelée des bois" ou "Sous le bois", des associations avec un fourré forestier, la fraîcheur et l'humidité et les reflets de lumière entre les feuillages multicolores. Toutefois, le peintre ne part pas d'une expérience de la nature qu'il rend abstraite. Au contraire, il utilise le traitement abstrait et gestuel des couleurs pour comprendre l'essence de la nature, ses manifestations et ses processus organiques, et pour se rapprocher de son essence. Dans son introduction à l'exposition individuelle que la galerie Änne Abels organise pour Riopelle en 1959 et dans laquelle l'œuvre proposée ici est également exposée, Eduard Trier écrit : "Précieuses et rayonnantes, ces images peintes spontanément apparaissaient comme une fête pour les yeux, comme une renaissance contemporaine de la couleur impressionniste, sans le prétexte de la figuration. Tissus denses de couleurs lumineuses appliquées en pâte, ces compositions semblaient à la fois matérielles et immatérielles ; elles étaient denses et pourtant d'une spatialité transparente. Le détail pictural intéressait tout autant que la surface entière, qui était animée par la couleur pour devenir une peau qui respire et qui, bien qu'aucune forme accentuée ne s'impose nulle part comme 'centre du tableau' ou point focal de l'événement pictural, n'était pas un motif décoratif". (in : Ausst.Kat. Jean Paul Riopelle, Galerie Änne Abels, Cologne 1959, o.S.).