MIRALLES

ANA MIRALLES DJINN Le Tatouage (T.3), Dargaud 2003 Planche originale n° 14 accompagnée de ses huit étapes préparatoires à la mine de plomb sur calque. Signée. Encre de Chine et aquarelle sur papier 33,5 × 46 cm (13,19 × 18,11 in.) Pour marquer sans heurt un cut entre deux scènes, Ana Miralles fait jouer son art de la couleur. Un procédé aussi efficace qu'un fondu au noir cinématographique - en plus subtil. Ici, le bleu de la nuit que rosit l'aube s'efface, laissant place à l'éclat tamisé des lustres de cristal. Au lit tendrement saccagé par les amants succède la séduction tarifée d'un bordel high-life. Sans recours aux mots d'un cartouche, les couleurs de cette planche scindent le récit : à un siècle de distance, la vie de Jade, puis la vie de Kim. Et pourtant La première djinn a beau être la grand-mère de la seconde, les tourbillons de l'intrigue font de ces deux êtres des soeurs, sinon des doubles. Ce lien fort entre ses héroïnes, Ana Miralles l'a exprimé en illustrant la première et quatrième de couverture des Notes sur Africa, et par une aquarelle où les deux héroïnes reposent au bord d'une pièce d'eau : l'une est le reflet de l'autre. Ici, sur cette planche impeccablement construite, la toison drue de Jade se réincarne discrètement dans les boucles brunes de Kim.