Null [Roger DÉSORMIÈRE]. Colette STEINLEN (1888-1963) fille du dessinateur, épou…
Description

[Roger DÉSORMIÈRE]. Colette STEINLEN (1888-1963) fille du dessinateur, épouse (1942) de Désormière. Environ 200 L.A.S. (la plupart « Colette »), 1931-1951, à Roger Désormière ; environ 450 pages formats divers (quelques lettres incomplètes). Importante correspondance amoureuse entre Colette Steinlen et Roger Désormière, son second mari (divorcée de D.-E. Inghelbrecht, elle avait épousé Désormière en 1942, après plus de vingt ans de concubinage), entretenue durant les nombreux déplacements professionnels de ce dernier, son service militaire et ses fréquents voyages européens. Elle l’appelle « cher Coq », « vieux Coq », « très cher z’oiseau », « cher petit Déso ». Cette abondante correspondance offre notamment une mine d’informations sur la vie musicale. Nous ne pouvons en citer ici que quelques lettres. 13 novembre 1931. « Je pense à vos répétitions à votre concert ce soir. J’espère que vous serez content. Puisque vous ne serez pas là pour le concert d’Igor [Markevitch], vous feriez peut-être bien de rester à Rome un ou deux jours de plus pour votre plaisir. […] Milhaud m’a téléphoné et j’ai promis de venir dîner avec eux demain. Il paraît que Sauguet n’est pas bien disposé ces jours. Embêtement avec son matériel de divertissement. [Paul] Collaer lui a écrit qu’il ne pouvait pas se charger de le faire copier, qu’il allait lui renvoyer la partition »… 14 août 1932. « Darius [Milhaud] va tout à fait mieux aujourd’hui. Il a eu surtout une violente crise de névralgies faciales dissipées maintenant. L’histoire de la brûlure n’était rien mais elle a provoqué les névralgies. Je vais lui faire une petite visite tout à l’heure »… – Petit Port 15 septembre [1932]. « Igor [Markevitch] travaille, il finit le ballet n° I. En fin de compte la musique qu’il a écrit pour le petit ballet de Massine [Rébus] n’a pas été employée malgré l’enregistrement. Tout le monde l’a trouvée horrible et on a supprimé ballet et musique. On en fera sans doute un disque. C’est une grande preuve de confiance de la part d’Igor de m’avoir raconté la chose dans toute sa vérité et il faut garder le secret car il ne présente pas les choses tout à fait ainsi aux “petits camarades” pour qu’ils n’aient pas à se réjouir d’un échec et le proclamer partout. […] Il ressort que Massine et Igor ont travaillé sans s’inquiéter le moins du monde de l’ensemble dans lequel devait s’insérer leur ballet et que vraiment ça ne collait pas. Igor le reconnaît »… – Petit Port 22 septembre 1932. « Une autre fois, quand vous vous séparerez de moi pour courir le monde vous me ferez un plan approximatif de votre voyage et je parsèmerai la région de petites lettres poste restante ce qui fait qu’à votre gré vous pourrez aller les chercher si le cœur vous en dit. Je vous aime aussi beaucoup beaucoup, naturellement notre vie serait autrement agréable s’il n’y avait pas cette terrible raison que j’ai de vous porter sur le système (pour parler grossièrement) mais j’espère toujours que vous finirez par vous arranger une petite vie de ce côté quoique ce ne soit guère facile trop attachés l’un à l’autre pour pouvoir profiter vraiment de la liberté que nous nous accordons. Pour moi, je suis presque une vieille dame et j’ai renoncé à tout. […] J’ai ma sale gueule que je vois chaque matin dans la glace et qui est un bon frein aux débordements de l’imagination »… 16 janvier 1934. « Auric de passage à Paris m’a téléphoné, je lui ai raconté vos déboires et nous nous sommes lamentés ensemble. Dans la soirée je suis passée chez Darius avant d’aller dîner en famille (Inghel, Germaine, Biche, Rickel) […] c’ était une vraie réunion autour de Darius assis dans son fauteuil au salon enfoui sous les plaids. Auric qui avait des nouvelles plus récentes que celles que m’avait donné votre lettre »… – 19 janvier 1934. Sur Inghelbrecht, son premier mari : « Pauvre Inghel est dans un état de nervosité épouvantable […] je me demande comment son orchestre a pu travailler avec un chef aussi gesticulant et agité, pourtant Pelléas était très beau, mais il ne fallait ni écouter ni regarder Inghel c’était affreusement angoissant »... – 22 janvier 1934. « Le concert d’Inghel était tout à fait bien, des auditions de cette qualité doivent le servir énormément et cela m’a fait doublement plaisir, pour la musique que j’ai entendue et pour lui. Il est chargé de constituer un orchestre mais sa situation n’est pas encore définie […]. Nous avons eu des fragments de la Belle Hélène, des Huguenots, de l’Arlésienne et encore pour le genre concert Le Chasseur maudit. Féart a bien chanté, Cathla moins bien qu’aux répétitions, nous étions dans une avant-scène et j’avais le cœur serré de voir à quel point sa musique tremblait dans ses mains »… Cusset 17-18 juin [1940]. « Il est passé ici énormément d’infirmiers j’en ai interrogé quelques uns. En général ils sont affirmatifs pour dire que tous les hôpitaux de Paris sont évacués, mais l’un d’eux dit d’un ton très certain que le Val de

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[Roger DÉSORMIÈRE]. Colette STEINLEN (1888-1963) fille du dessinateur, épouse (1942) de Désormière. Environ 200 L.A.S. (la plupart « Colette »), 1931-1951, à Roger Désormière ; environ 450 pages formats divers (quelques lettres incomplètes). Importante correspondance amoureuse entre Colette Steinlen et Roger Désormière, son second mari (divorcée de D.-E. Inghelbrecht, elle avait épousé Désormière en 1942, après plus de vingt ans de concubinage), entretenue durant les nombreux déplacements professionnels de ce dernier, son service militaire et ses fréquents voyages européens. Elle l’appelle « cher Coq », « vieux Coq », « très cher z’oiseau », « cher petit Déso ». Cette abondante correspondance offre notamment une mine d’informations sur la vie musicale. Nous ne pouvons en citer ici que quelques lettres. 13 novembre 1931. « Je pense à vos répétitions à votre concert ce soir. J’espère que vous serez content. Puisque vous ne serez pas là pour le concert d’Igor [Markevitch], vous feriez peut-être bien de rester à Rome un ou deux jours de plus pour votre plaisir. […] Milhaud m’a téléphoné et j’ai promis de venir dîner avec eux demain. Il paraît que Sauguet n’est pas bien disposé ces jours. Embêtement avec son matériel de divertissement. [Paul] Collaer lui a écrit qu’il ne pouvait pas se charger de le faire copier, qu’il allait lui renvoyer la partition »… 14 août 1932. « Darius [Milhaud] va tout à fait mieux aujourd’hui. Il a eu surtout une violente crise de névralgies faciales dissipées maintenant. L’histoire de la brûlure n’était rien mais elle a provoqué les névralgies. Je vais lui faire une petite visite tout à l’heure »… – Petit Port 15 septembre [1932]. « Igor [Markevitch] travaille, il finit le ballet n° I. En fin de compte la musique qu’il a écrit pour le petit ballet de Massine [Rébus] n’a pas été employée malgré l’enregistrement. Tout le monde l’a trouvée horrible et on a supprimé ballet et musique. On en fera sans doute un disque. C’est une grande preuve de confiance de la part d’Igor de m’avoir raconté la chose dans toute sa vérité et il faut garder le secret car il ne présente pas les choses tout à fait ainsi aux “petits camarades” pour qu’ils n’aient pas à se réjouir d’un échec et le proclamer partout. […] Il ressort que Massine et Igor ont travaillé sans s’inquiéter le moins du monde de l’ensemble dans lequel devait s’insérer leur ballet et que vraiment ça ne collait pas. Igor le reconnaît »… – Petit Port 22 septembre 1932. « Une autre fois, quand vous vous séparerez de moi pour courir le monde vous me ferez un plan approximatif de votre voyage et je parsèmerai la région de petites lettres poste restante ce qui fait qu’à votre gré vous pourrez aller les chercher si le cœur vous en dit. Je vous aime aussi beaucoup beaucoup, naturellement notre vie serait autrement agréable s’il n’y avait pas cette terrible raison que j’ai de vous porter sur le système (pour parler grossièrement) mais j’espère toujours que vous finirez par vous arranger une petite vie de ce côté quoique ce ne soit guère facile trop attachés l’un à l’autre pour pouvoir profiter vraiment de la liberté que nous nous accordons. Pour moi, je suis presque une vieille dame et j’ai renoncé à tout. […] J’ai ma sale gueule que je vois chaque matin dans la glace et qui est un bon frein aux débordements de l’imagination »… 16 janvier 1934. « Auric de passage à Paris m’a téléphoné, je lui ai raconté vos déboires et nous nous sommes lamentés ensemble. Dans la soirée je suis passée chez Darius avant d’aller dîner en famille (Inghel, Germaine, Biche, Rickel) […] c’ était une vraie réunion autour de Darius assis dans son fauteuil au salon enfoui sous les plaids. Auric qui avait des nouvelles plus récentes que celles que m’avait donné votre lettre »… – 19 janvier 1934. Sur Inghelbrecht, son premier mari : « Pauvre Inghel est dans un état de nervosité épouvantable […] je me demande comment son orchestre a pu travailler avec un chef aussi gesticulant et agité, pourtant Pelléas était très beau, mais il ne fallait ni écouter ni regarder Inghel c’était affreusement angoissant »... – 22 janvier 1934. « Le concert d’Inghel était tout à fait bien, des auditions de cette qualité doivent le servir énormément et cela m’a fait doublement plaisir, pour la musique que j’ai entendue et pour lui. Il est chargé de constituer un orchestre mais sa situation n’est pas encore définie […]. Nous avons eu des fragments de la Belle Hélène, des Huguenots, de l’Arlésienne et encore pour le genre concert Le Chasseur maudit. Féart a bien chanté, Cathla moins bien qu’aux répétitions, nous étions dans une avant-scène et j’avais le cœur serré de voir à quel point sa musique tremblait dans ses mains »… Cusset 17-18 juin [1940]. « Il est passé ici énormément d’infirmiers j’en ai interrogé quelques uns. En général ils sont affirmatifs pour dire que tous les hôpitaux de Paris sont évacués, mais l’un d’eux dit d’un ton très certain que le Val de

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