Null [DUMAS Alexandre (1802-1870)]



Manuscrit d’un passage de "Mes Mémoires", …
Description

[DUMAS Alexandre (1802-1870)] Manuscrit d’un passage de "Mes Mémoires", écrit par un secrétaire. 2 pages grand in-folio au recto de 2 feuillets montés sur carton. Alexandre Dumas publia le roman de sa vie en 22 volumes de 1852 à 1854 (Paris, Cadot). Le présent passage se situe au début du chapitre LXXXVII. Le grand théâtre du monde : Mlle George au Français et Napoléon à Austerlitz. Alexandre Dumas évoque les amours de Bonaparte avec la comédienne Mlle George, et brosse un tableau de la scène théâtrale sous l’Empire, avec affaire de plagiat à la Comédie-Française, éloge marqué de Raynouard, raillerie assassine contre Lebrun, anecdote savoureuse sur Louis-Sébastien Mercier... «La même année 1802 Georges protégée par Bonaparte, et Duschenois par Joséphine, étai[en]t engagée[s] à 4000 f. d’appointement. Six mois après elles étaient sociétaires à demi-part. C’était le comble de la faveur et il ne fallut pas moins que l’influence de Bonaparte d’un côté et celle de Joséphine de l’autre pour arriver à ce double résultat. Comment Napoléon vous a-t-il quitté demandais-je un jour à Georges. Il m’a quittée pour se faire empereur, répondit-elle. En effet, l’événement dont onnnnnnnnnnnn s’occupa le plus en France après les débuts de Georges et de Duschesnois comme princesses tragiques, ce furent les débuts de Napoléon empereur. Ces débuts-là non plus ne furent pas exempts de cabale les rois sifflèrent mais le grand acteur qui donnait au monde le spectacle de son usurpation les fit taire à Austerlitz et à partir de ce moment jusqu’à la retraite de Russie, il faut le dire, les claqueurs furent pour lui. Cependant la littérature impériale allait son petit train. On avait joué en 1803 Le Roman d’une heure de Hoffmann... En 1806.... les deux grands succès de l’année avaient été Les Templiers [de Raynouard] et La Jeunesse de Henri V [d’Alexandre Duval]. La Jeunesse de Henri V était empruntée à une comédie fort légère du dramaturge Mercier. Cette comédie non représentée mais imprimée et publiée était intitulée Charles II dans un certain lieu [un bordel]. Rien n’avait troublé Alexandre qu’un mot, un seul mot, de Mercier. Mercier était brouillé avec la Comédie-Française qui dans sa dignité offensée avait juré que jamais une pièce de Mercier ne serait représentée au théâtre de la rue de Richelieu. Le soir de la représentation, Alexandre Duval se pavanait au foyer. Mercier s’approcha de lui et, lui touchant l’épaule : Dis donc, Duval, fit-il, les comédiens-français qui avaient dit qu’ils ne joueraient plus rien de moi les imbécilles. Alexandre Duval se gratta l’oreille, rentra chez lui, eut la jeaunisse et resta deux ans sans rien faire. 105 Les Templiers de Mr Raynouard... est l’oeeuvre dramatique la plus remarquable de toute la période impériale aussi eut-elle un prodigieux succès. Le rôle de la reine était le second rôle que créait Melle Georges depuis son entrée au Français et il y avait déjà quatre ans qu’elle y était entrée. à cette époque, on le voit, les créations tragiques étaient rares. Son premier rôle avait été Calypso dans une tragédie de Télémaque. Qui avait pu faire, demandera le lecteur, une traduction de Télémaque ? Un Mr Lebrun quelconque mais ma foi je suis comme Napoléon, je crains de me tromper. était[-ce] Lebrun Pindare, était-ce Lebrun l’ex-consul, était-ce Lebrun le futur académicien pair de France directeur de l’Imprimerie nationale ? Je n’en sais rien. Mais ce que je sais c’est que le crime a été commis. »

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[DUMAS Alexandre (1802-1870)] Manuscrit d’un passage de "Mes Mémoires", écrit par un secrétaire. 2 pages grand in-folio au recto de 2 feuillets montés sur carton. Alexandre Dumas publia le roman de sa vie en 22 volumes de 1852 à 1854 (Paris, Cadot). Le présent passage se situe au début du chapitre LXXXVII. Le grand théâtre du monde : Mlle George au Français et Napoléon à Austerlitz. Alexandre Dumas évoque les amours de Bonaparte avec la comédienne Mlle George, et brosse un tableau de la scène théâtrale sous l’Empire, avec affaire de plagiat à la Comédie-Française, éloge marqué de Raynouard, raillerie assassine contre Lebrun, anecdote savoureuse sur Louis-Sébastien Mercier... «La même année 1802 Georges protégée par Bonaparte, et Duschenois par Joséphine, étai[en]t engagée[s] à 4000 f. d’appointement. Six mois après elles étaient sociétaires à demi-part. C’était le comble de la faveur et il ne fallut pas moins que l’influence de Bonaparte d’un côté et celle de Joséphine de l’autre pour arriver à ce double résultat. Comment Napoléon vous a-t-il quitté demandais-je un jour à Georges. Il m’a quittée pour se faire empereur, répondit-elle. En effet, l’événement dont onnnnnnnnnnnn s’occupa le plus en France après les débuts de Georges et de Duschesnois comme princesses tragiques, ce furent les débuts de Napoléon empereur. Ces débuts-là non plus ne furent pas exempts de cabale les rois sifflèrent mais le grand acteur qui donnait au monde le spectacle de son usurpation les fit taire à Austerlitz et à partir de ce moment jusqu’à la retraite de Russie, il faut le dire, les claqueurs furent pour lui. Cependant la littérature impériale allait son petit train. On avait joué en 1803 Le Roman d’une heure de Hoffmann... En 1806.... les deux grands succès de l’année avaient été Les Templiers [de Raynouard] et La Jeunesse de Henri V [d’Alexandre Duval]. La Jeunesse de Henri V était empruntée à une comédie fort légère du dramaturge Mercier. Cette comédie non représentée mais imprimée et publiée était intitulée Charles II dans un certain lieu [un bordel]. Rien n’avait troublé Alexandre qu’un mot, un seul mot, de Mercier. Mercier était brouillé avec la Comédie-Française qui dans sa dignité offensée avait juré que jamais une pièce de Mercier ne serait représentée au théâtre de la rue de Richelieu. Le soir de la représentation, Alexandre Duval se pavanait au foyer. Mercier s’approcha de lui et, lui touchant l’épaule : Dis donc, Duval, fit-il, les comédiens-français qui avaient dit qu’ils ne joueraient plus rien de moi les imbécilles. Alexandre Duval se gratta l’oreille, rentra chez lui, eut la jeaunisse et resta deux ans sans rien faire. 105 Les Templiers de Mr Raynouard... est l’oeeuvre dramatique la plus remarquable de toute la période impériale aussi eut-elle un prodigieux succès. Le rôle de la reine était le second rôle que créait Melle Georges depuis son entrée au Français et il y avait déjà quatre ans qu’elle y était entrée. à cette époque, on le voit, les créations tragiques étaient rares. Son premier rôle avait été Calypso dans une tragédie de Télémaque. Qui avait pu faire, demandera le lecteur, une traduction de Télémaque ? Un Mr Lebrun quelconque mais ma foi je suis comme Napoléon, je crains de me tromper. était[-ce] Lebrun Pindare, était-ce Lebrun l’ex-consul, était-ce Lebrun le futur académicien pair de France directeur de l’Imprimerie nationale ? Je n’en sais rien. Mais ce que je sais c’est que le crime a été commis. »

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