GONCOURT Edmond de (1822-1896). MANUSCRIT autographe, Journal, 1872-1877 ; 218 f…
Description

GONCOURT Edmond de (1822-1896).

MANUSCRIT autographe, Journal, 1872-1877 ; 218 feuillets in-4 (27,2 x 21,7 cm), en 6 volumes, reliés maroquin moutarde, double filet doré encadrant les plats frappés de la devise des Hugo EGO HUGO, roulette intérieure dorée, tranches dorées (Lortic). Manuscrit de six années du célèbre Journal des frères Goncourt. Ce manuscrit, soigneusement copié par Edmond, en vue de la publication du tome V du Journal des Goncourt. Mémoires de la vie littéraire chez Charpentier en 1891, précédée d'une parution en feuilleton dans L'Écho de Paris du 30 novembre 1890 au 16 janvier 1891. Le manuscrit autographe est soigneusement copié à l'encre noire ou violette au recto de feuillets de papier blanc ivoire ou chamois, en laissant une grande marge sur la gauche. On relève des biffures et corrections, et plusieurs passages biffés. Les feuillets ont été découpés en petites bandes numérotées au crayon bleu pour la composition du texte à l'imprimerie du journal, puis soigneusement remontées (quelques bandes manquent). Chaque volume relié correspond à une année. I. 1872. Pag. 1 à 45 (avec un émouvant becquet ajouté au fol. 44 : «Fin d'octobre. Avec les années, le vide que m'a laissé la mort de mon frère, se fait plus grand. Rien ne repousse chez moi des goûts qui m'attachaient à la vie. La littérature ne me parle plus. J'ai un éloignement pour les hommes, pour la société. Par moments, je suis hanté par la tentation de vendre mes collections, de me sauver de Paris, d'acheter dans quelque coin de la France, favorable aux plantes et aux arbres, un grand espace de terrain, où je vivrais tout seul, en farouche jardinier»). II. Année 1873. Pag. 47 à 65 (dont un f. 48 bis). III. Année 1874. Pag. 67 à 107. IV. Année 1875. Pag. 109 à 162. V. Année 1876. Pag. 1-2 à 36 VI. 1877. Pag. 1 à 24. Addition marginale, en date du 1er septembre sur Gustave Doré et l'enterrement de Thiers. Le manuscrit s'ouvre sur le récit, le 2 janvier 1872, du «Dîner des Spartiates», et les propos du général Schmitz. Plus loin, il est question de Flaubert, Théophile et Judith Gautier, la princesse Mathilde, Ziem, Tourguéniev, Zola, Victor Hugo, etc. L'année 1873 commence, le 22 janvier, sur un dîner chez Thiers. Puis il est question de Flaubert, Sardou, Alphonse Daudet, Gavarni, Rops, etc. 1874 s'ouvre sur cette notation mélancolique (1er janvier) : «Je jette dans le feu l'almanach de l'année passée, et les pieds sur les chenets, je vois noircir dans le voltigement de petites langues de feu, toute cette longue série de jours gris, dépossédés de bonheur, de rêves d'ambition, de jours amusés de petites choses bêtes». Puis il est question de Flaubert, Dumas fils, Balzac, Labiche, Degas, la première du Candidat de Flaubert, Daudet, Zola, la princesse Mathilde, etc. 1875 commence (8 janvier) par une longue notation après une maladie : «Depuis deux ou trois jours, je commence à revivre, et ma personnalité rentre tout doucement dans l'être vague et fluide et vide, que font les grandes maladies. J'ai été bien malade. J'ai manqué mourir. À force de promener, le mois dernier, un rhume dans les boues et le dégel de Paris, un beau matin je n'ai pu me lever. Trois jours, je suis resté avec une fièvre terrible et une cervelle battant la breloque. Le jour de Noël, il a fallu [aller] à la recherche d'un médecin, indiqué par le concierge de la villa. Le médecin m'a déclaré que j'avais une fluxion de poitrine, et m'a fait poser dans le dos un vésicatoire grand comme un cerf-volant. Onze jours j'ai vécu sans fermer l'oeil, et toujours me remuant et toujours parlant, avec la conscience toutefois que je déraisonnais, mais ne pouvant m'en empêcher. Ce délire, c'était une espèce de course folle dans tous les magasins de bibelots de Paris, où j'achetais tout, tout, tout, et l'emportais moi-même. Il y avait aussi dans mon esprit troublé une déformation de ma chambre devenue plus grande et descendue du premier au rez-de-chaussée. Je me disais que c'était impossible, et cependant je la voyais telle. Un jour, je fus intérieurement très agité, il me sembla que le sabre japonais, qui est toujours sur ma cheminée, n'y était plus : je me figurais que l'on redoutait un accès de folie de ma part, que l'on avait peur de moi. Dans ce délire, toujours un peu conscient, l'homme de lettres voulut s'analyser, s'écrire. Malheureusement les notes, que je retrouve sur un calepin, sont complètement illisibles»... Puis il est question de Flaubert, Tourguéniev, Zola, Desboutin, Daudet, Barbey d'Aurevilly, Cernuschi, Gambetta, Barye, etc. Une brève notation ouvre 1876, le 1er janvier : «J'entre maintenant avec terreur dans l'année qui vient. J'ai peur de tout ce qu'elle a de mauvais en réserve pour ma tranquillité, ma fortune, ma santé». Puis il est question de Daudet, Fromentin, Morny, Dumas fils, Cernuschi, Tourguéniev, Hugo, Renan, Flaubert, Huysmans, etc. À la mort de Jules de Goncourt en 1870, Edmond a poursuivi seul cette vaste fresque de la vi

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