COCTEAU JEAN (1889-1963). MANUSCRIT autographe signé «JC», Le Baron Lazare, 1920…
Description

COCTEAU JEAN (1889-1963).

MANUSCRIT autographe signé «JC», Le Baron Lazare, 1920 ; 157 feuillets in-fol. ou in-4 écrits au recto, sous chemise autographe (marges effrangées aux tout premiers feuillets). Manuscrit complet de cette pièce en trois actes, un des premiers essais dramatiques de Cocteau. La dernière page du manuscrit porte la date : «Bassin d'Arcachon le 30 septembre 1920». La pièce a donc été écrite au cours de l'été 1920, lors d'un séjour au Piquey en compagnie de Raymond Radiguet, avec qui Cocteau rédigeait au même moment le livret de l'opéra-comique Paul et Virginie, et la saynète Le Gendarme incompris. Il écrit alors à sa mère qu'il travaille à «une grosse pièce en trois actes pour le boulevard. [...] On dirait du Bernstein (mieux écrit)». Cette pièce ne fut jamais éditée ni représentée du vivant de Cocteau. Ce n'est qu'en 2003 que l'on put prendre connaissance du texte (malheureusement amputé de sa fin) dans l'édition du Théâtre complet de Cocteau dans la Bibliothèque de la Pléiade. L'action des deux premiers actes se situe en 1913. Le baron Alfred Lazare, riche industriel, amateur d'art éclairé, entretient une actrice vieillissante, Gladys Rubis, «mauvaise actrice et grande courtisane». Celle-ci est amoureuse d'un gigolo opiomane, Jacques Touraine, qui veut la quitter pour épouser Rosine, la fille du baron, lequel s'y oppose absolument. Un soir qu'il est pris d'un malaise en rentrant chez lui, le baron est recueilli par Alice, une jeune prostituée. Encouragée par son souteneur André dit Dédé, elle va l'attirer dans ses filets. Lorsque le rideau se lève sur le troisième acte, nous sommes en 1919, après la guerre. Le Baron a épousé Alice et, mal vu par la haute société, s'est retiré à Maisons-Laffitte. Il accepte le gigolo Jacques pour gendre, après que celui-ci ait fait preuve à la guerre de sa droiture. Mais le retour de Dédé, qui continue à voir et exploiter Alice, lui ouvre les yeux sur les véritables sentiments de celle-ci et le baron met fin à ses jours. La pièce est intéressante à plus d'un titre, outre la situation de certains personnages qu'on retrouvera dans le roman Le Grand Écart. Par sa maîtrise des procédés du théâtre de Boulevard, elle annonce les grandes réussites à venir des Parents terribles et des Monstres sacrés. L'usage important du téléphone et le personnage de Gladys préfigurent La Voix humaine. D'autres éléments sont à remarquer : l'addiction de Jacques à l'opium, et la scène entre le baron et le marchand de tableaux Raphaël Bloch, amusant plaidoyer en faveur de la modernité picturale. Ce manuscrit est contenu dans une chemise cartonnée sur laquelle Cocteau a calligraphié en grosses lettres le titre dans un cartouche. La pièce est précédée d'une Préface. «En écrivant Le Baron Lazare mon intention n'a pas été de peindre le type d'une fin de race des grandes familles juives de la finance. Je cédais plutôt à une sorte de pari. On me reproche toujours de ne pas tenir en assez haute estime certaines oeuvres que couronne le succès du boulevard. “Faites-en donc autant puisque c'est si simple” disent les ennemis. Les amis le sous-entendent. [...] Je fis littéralement les 3 actes dans l'obscurité, une nuit d'insomnie [...] Après, il fallut trois jours pour l'écrire»... La liste détaillée des Personnages est précédée d'une ébauche très corrigée. Le manuscrit de la pièce présente de nombreuses ratures et corrections. En tête, le titre Le baron Lazare remplace le titre primitif biffé : «Le coeur d'or» ; Cocteau y a ajouté le sous-titre : «ou une pièce comme les autres». Parmi les corrections, on notera que plusieurs répliques ont été biffées. On remarquera que Cocteau a accordé également un grand soin aux didascalies, très détaillées. Provenance : Carole WEISWEILLER.

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COCTEAU JEAN (1889-1963).

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