Georges HUGNET.

Correspondance adressée à Valentine Hugo. 9 juillet 1953 - 10 septembre 1958. 7 lettres autographes signées : 7 p. in-8 sur cartes postales illustrées, cinq enveloppes conservées. Amicale et spirituelle correspondance, illustrée d'un collage original, adressée à sa “merveilleuse” amie, pendant les étés passés sur l'île de Ré, avec sa femme Myrtille et leur fils Nicolas. Il décrit la maison “fort gentille” où ils sont installés, en “bordure des prés salés et des dunes”. Au dos de l'enveloppe, trois lignes autographes signées de Valentine Hugo : “Cher Georges / bon anniversaire / Bonheur pour tous et tendresses.” Hugnet réunit une énorme documentation pour L'Aventure Dada qui paraîtra en 1957. “Cette histoire a pour but de rendre éclatante la couleur du temps. [...] Avez-vous bien connu Jacques Rigaut ? - A l'occasion, Valentine, notez pour moi un fait, une anecdote qui peigne fort, auxquels je pourrais ne pas penser.” Il la remercie chaleureusement pour ses éloges, “moi qui vous le savez n'en suis pas tellement gâté”. Au dos d'une carte annonçant la diffusion de son poème radiophonique, Ici la voix, le 25 août 1954, il se promet de lui envoyer “la chose” : “J'ai hâte de soumettre à votre supervision ces rêves de poète, à peine changé en peintre.” Il évoque le climat vivifiant de l'île de Ré, “il fouette la tête et ceinture le ventre, il exalte”, les amitiés qu'ils ont nouées ainsi que leur admiratrice, Suzy Solidor, “ma payse”. Il joint à sa lettre une photographie de son fils Nicolas (âgé de deux ans). Quelques jours plus tard, il annonce un prochain retour à Paris : “Tous nos amis - ou presque - ont quitté leur résidence d'été. Par contre il y a Dominique Eluard et Claude Roy. Il y a aussi, tenez-vous bien, le prince Youssoupof qui désirerait acheter à Suzy Solidor une maison. Cette dernière est, dit-on, fort près de ses sous et le prince, c'est connu, doit des millions. Quel sport !” L'été suivant, il décrit un lendemain de 14 juillet : “Il ne reste plus sur la plage que le souvenir d'un feu de joie et les filles serrent les cuisses sur un secret éperdu.” Assurant Valentine Hugo de leur amitié, Myrtille et lui sont attristés par sa solitude et son dénuement, il ajoute avoir réservé un exemplaire relié, sur Arches, des Joues en feu, de Jean Hugo. “L'île de Ré donne une idée de l'île de Lesbos. Pas tellement à cause de Suzy Solidor, la tribade-corsaire, mais surtout à cause d'amours clitoridiennes fort répandues parmi les estivantes. [...] Des drames couvent sous le short de ces dames !” La dernière lettre est illustrée d'un collage original. Photographie d'une femme, à tête de léopard, assise à une terrasse d'un café, découpée et contrecollée sur une carte postale illustrée d'une vue nocturne de Paris. Hugnet propose, plutôt que d'en prendre copie à son intention, de faire photographier les lettres de Satie que le musicien lui a adressées, se promettant de lui offrir des photographies de leur maison de Saint-Martin en Ré, ainsi qu'un film qu'il va monter lui-même. Ils seront de retour quelques jours avant le referendum [du 28 septembre 1958, proposant un changement de la constitution française]. On joint une lettre de Georges Hugnet adressée à Lucien Scheler, L'Herbière 7 juillet 1969, à propos de la parution du scandaleux catalogue de la librairie Les Mains libres, fruit des larcins commis dans l'appartement de Valentine Hugo [morte le 16 mars 1968] par Monsieur “Grosalaud” [Jean Petithory] qui se dit expert du Musée Saint-Denis pour le fonds Eluard : “Est-il dans ses attributions d'insulter en ma personne quelqu'un qui s'en est pris au ‘Déshonneur des Poètes' de Benjamin Péret. ‘L'Honneur des Poètes', tu es mieux placé que personne pour savoir qu'Eluard en fut, dans la clandestinité, l'un des principaux responsables. Toi-même en as dirigé la republication parfaitement corrigée et mise au point” (3 p. in-8, enveloppe conservée).