Null Bourgogne, entourage d’Antoine le Moiturier, seconde moitié du XVe siècle
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Description

Bourgogne, entourage d’Antoine le Moiturier, seconde moitié du XVe siècle Tête d’évêque en pierre calcaire sculptée. Elle est coiffée d’un bonnet et d’une grande mitre ouvragée, ornée de cabochons et de rosettes, avec la scène de l’Annonciation sur un fond brettelé. H : 55 cm. (accidents et restaurations visibles) Spectaculaire, la mitre magnifie la tête du personnage. Elle représente, malgré les outrages du temps restaurés par des interventions non abouties, un sujet d’étude particulièrement intéressant. Le fond sculpté en facettes, comme des pointes de diamant, retient l’attention. Nous rencontrons cette manière décorative sur d’autres sculptures : la statue d’un saint évêque attribué à Jean de la Huerta, conservée au musée Rolin à Autun (inv ML 1305), mais plusieurs autres attribuées à Antoine le Moiturier. Parmi ce corpus, également conservée au musée Rolin (inv ML 1298), la statue du cardinal Rolin représenté en saint Lazard, qui figurait sur le montant de l’armoire reliquaire de la cathédrale d’Autun (fig. a), et celle d’un saint évêque, sans doute saint Léger, conservée dans l’église Saint-Martin de Nolay (Côte-d’Or). Notre tête diffère de la manière très personnelle d’Antoine le Moiturier : visage aux mâchoires carrées, yeux en « accent circonflexe ». Il n’est pas possible d’attribuer cette œuvre à ce grand imagier de la seconde moitié du XVe siècle mais plutôt à l’un de ses disciples. La deuxième question que nous nous posons est bien sûr qui est représenté avec autant de soins et d’atours ? Une hypothèse peut être avancée : il pourrait s’agir de Charles de Neufchâtel, archevêque de Besançon. Le traitement de la mitre nous éclaire pour entrer dans cette hypothèse. Quelques mitres ornées du thème de l’Annonciation, datant du XIVe siècle, nous sont parvenues, dont celle de Charles de Neufchâtel actuellement conservée au trésor de la cathédrale de Besançon (fig. 2). Archevêque de Besançon en 1463, Charles de Neufchâtel se voit offrir cette mitre alors qu’il est nommé, après s’être opposé au jeune roi Louis XI, évêque de Bayeux. Attaché à cet insigne épiscopal dont il appréciait de pouvoir se coiffer, et reconnaissant envers la Métropole de Besançon, Charles de Neufchatel la lui lègue par testament en 1498. Cette mitre est aujourd’hui bien étudiée. Elle est datée des années 1470-1480 et reconnue pour être de production comtoise, marquée par les échanges avec la Flandre. Elle était garnie de crochets fleuronnés en cuivre, aujourd’hui déposés, qui prolongeaient l’ensemble par un couronnement reprenant une ornementation propre à l’architecture. Sur la face frontale est représentée l’Annonciation et sur le dos la Nativité. Ces thèmes mariaux correspondent pleinement à l’humanisme de la fin du Moyen-Âge éclairé par la théologie de l’Incarnation. Par son iconographie et ses gemmes sculptés qui rappellent l’opulence ornementale de la mitre brodée, la mitre de notre tête rappelle fortement cette mitre de Besançon. Cette parenté permet de rapprocher notre sculpture avec la figure de Charles de Neufchâtel. Ouvrages consultés : DELOBETTE Laurence, Cathédrale de Besançon. Trésors cachés, « Charles de Neuchâtel, un évêque réformateur spirituel », Besançon, Ed. Association diocésaine de Besançon, 2015, p. 12 à 14. L’art en broderie au Moyen Âge, autour des collections du musée de Cluny, catalogue de l’Exposition, Paris, Musée de Cluny, du 24 octobre au 20 janvier 2020 pp 76-78. Miroir du Prince. La commande artistique des hauts fonctionnaires à la cour de Bourgogne, catalogue de l’exposition, Autun, Musée Rolin, du 5 juin au 19 septembre 2021, Autun, 2021, pp 132-133.

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Bourgogne, entourage d’Antoine le Moiturier, seconde moitié du XVe siècle Tête d’évêque en pierre calcaire sculptée. Elle est coiffée d’un bonnet et d’une grande mitre ouvragée, ornée de cabochons et de rosettes, avec la scène de l’Annonciation sur un fond brettelé. H : 55 cm. (accidents et restaurations visibles) Spectaculaire, la mitre magnifie la tête du personnage. Elle représente, malgré les outrages du temps restaurés par des interventions non abouties, un sujet d’étude particulièrement intéressant. Le fond sculpté en facettes, comme des pointes de diamant, retient l’attention. Nous rencontrons cette manière décorative sur d’autres sculptures : la statue d’un saint évêque attribué à Jean de la Huerta, conservée au musée Rolin à Autun (inv ML 1305), mais plusieurs autres attribuées à Antoine le Moiturier. Parmi ce corpus, également conservée au musée Rolin (inv ML 1298), la statue du cardinal Rolin représenté en saint Lazard, qui figurait sur le montant de l’armoire reliquaire de la cathédrale d’Autun (fig. a), et celle d’un saint évêque, sans doute saint Léger, conservée dans l’église Saint-Martin de Nolay (Côte-d’Or). Notre tête diffère de la manière très personnelle d’Antoine le Moiturier : visage aux mâchoires carrées, yeux en « accent circonflexe ». Il n’est pas possible d’attribuer cette œuvre à ce grand imagier de la seconde moitié du XVe siècle mais plutôt à l’un de ses disciples. La deuxième question que nous nous posons est bien sûr qui est représenté avec autant de soins et d’atours ? Une hypothèse peut être avancée : il pourrait s’agir de Charles de Neufchâtel, archevêque de Besançon. Le traitement de la mitre nous éclaire pour entrer dans cette hypothèse. Quelques mitres ornées du thème de l’Annonciation, datant du XIVe siècle, nous sont parvenues, dont celle de Charles de Neufchâtel actuellement conservée au trésor de la cathédrale de Besançon (fig. 2). Archevêque de Besançon en 1463, Charles de Neufchâtel se voit offrir cette mitre alors qu’il est nommé, après s’être opposé au jeune roi Louis XI, évêque de Bayeux. Attaché à cet insigne épiscopal dont il appréciait de pouvoir se coiffer, et reconnaissant envers la Métropole de Besançon, Charles de Neufchatel la lui lègue par testament en 1498. Cette mitre est aujourd’hui bien étudiée. Elle est datée des années 1470-1480 et reconnue pour être de production comtoise, marquée par les échanges avec la Flandre. Elle était garnie de crochets fleuronnés en cuivre, aujourd’hui déposés, qui prolongeaient l’ensemble par un couronnement reprenant une ornementation propre à l’architecture. Sur la face frontale est représentée l’Annonciation et sur le dos la Nativité. Ces thèmes mariaux correspondent pleinement à l’humanisme de la fin du Moyen-Âge éclairé par la théologie de l’Incarnation. Par son iconographie et ses gemmes sculptés qui rappellent l’opulence ornementale de la mitre brodée, la mitre de notre tête rappelle fortement cette mitre de Besançon. Cette parenté permet de rapprocher notre sculpture avec la figure de Charles de Neufchâtel. Ouvrages consultés : DELOBETTE Laurence, Cathédrale de Besançon. Trésors cachés, « Charles de Neuchâtel, un évêque réformateur spirituel », Besançon, Ed. Association diocésaine de Besançon, 2015, p. 12 à 14. L’art en broderie au Moyen Âge, autour des collections du musée de Cluny, catalogue de l’Exposition, Paris, Musée de Cluny, du 24 octobre au 20 janvier 2020 pp 76-78. Miroir du Prince. La commande artistique des hauts fonctionnaires à la cour de Bourgogne, catalogue de l’exposition, Autun, Musée Rolin, du 5 juin au 19 septembre 2021, Autun, 2021, pp 132-133.

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