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FIGURE D’ANCÊTRE HEMBA, NIEMBO DE LA LUIKA, RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CON…
Description

FIGURE D’ANCÊTRE HEMBA, NIEMBO DE LA LUIKA, RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO Bois à patine brun noir, brillante et profonde H. 61 cm – L. 19 cm Provenance : - Pierre Dartevelle, Bruxelles - Jean-Claude Bellier, Paris - Collection privée Exposition : - The Inner Eye: Vision and Transcendence in African Arts, LACMA, 26 février-9 juillet 2017 - Heroic Africans: Legendary Leaders, Iconic Sculptures, The Metropolitan Museum of Art, New York, 19 septembre 2011-29 janvier 2012 - Heroic Africans: Legendary Leaders, Iconic Sculptures, Rietberg Museum, Zurich, 26 février-3 juin 2012 Publication : - Alisa LaGamma, Helden Afrikas: Ein neuer Blick auf die Kunst, Zurich, Rietberg Musuem, 2012, p. 260-261, fig. 222 - Alisa LaGamma, Heroic Africans: Legendary Leaders, Iconic Sculptures, New York, The Metropolitan Museum of Art, 2011, pp. 260-261, fig 222 Les effigies d’ancêtres réputés ont fait la renommée des sculpteurs hemba. Elles sont rares et expriment à leur manière l’esprit des grandes familles princières qui ont quitté les zones forestières pour s’établir dans les vastes plaines de la partie orientale du Congo, le Maniema et le Katanga septentrional. Quelques ateliers des Niembo méridionaux ont atteint un niveau de perfection et d’équilibre inégalés. La sculpture présentée compte parmi les oeuvres majeures de ces ateliers. Atelier et style L’effigie, en posture debout, taillée dans un bois mi-lourd, probablement le Chlorophora excelsa, mesure 61 cm sur 19 cm de large. Elle est couverte d’une patine sombre, lustrée et ancienne. Le visage ovoïde, aux formes pleines et arrondies, met en évidence un front lisse et dégagé jusqu’au sommet du crâne. Cette pratique est signe de sagesse et d’autorité. Les cavités oculaires sont taillées en réserve dans un espace en amande, les yeux mi-clos, légèrement en biais, à la paupière supérieure plus saillante. L’expression souligne, dans ce qui a été appelé le grand art du sommeil, la vigilance de l’ancêtre dont le regard, ouvert sur un autre monde, reste attentif aux siens. L’arête nasale est fine, recourbée en bec d’aigle. Sous le filtre nasal, la bouche apparaît close, aux lèvres modelées, légèrement charnues. Le menton est arrondi. Le pavillon de l’oreille est circulaire marqué d’une pastille centrale. La coiffe quadrilobée est inclinée vers l’arrière suivant une mode caractéristique des ateliers de la Luika. Elle se noue en deux doubles tresses en demi-cercle passant sous deux tresses horizontales1. Celles-ci reposent sur le lobe arrière de la coiffure. Selon la tradition, les héros de ces familles princières y conservaient les graines à planter lors des courtes migrations de la saison sèche. Cette mode de coiffure est largement répandue dans toute la région en d’infinies variétés de formes et de positions. Sous un cou cylindrique à la pomme d’Adam saillante, le plan des épaules est doucement épannelé et amorce le volume du thorax fendu à gauche. Celui-ci se découpe du ventre bulbeux, resserré sous les bras. Ceux-ci s’écartent harmonieusement pour envelopper les côtés de la zone ombilicale, rappelant combien ce héros du clan veille sur les siens comme une mère sur l’enfant qu’elle attend. Des scarifications verticales en épi ornent l’abdomen, signe des effigies ancestrales des ateliers de la Luika. Le dos lisse et sinueux, la colonne vertébrale creusée, les omoplates modelées. Le fessier est découpé en cercle. Les membres inférieurs, dont la partie inférieure est détruite, sont fermes et arrondis autour d’un sexe vaillant et circoncis. Les rythmes isométriques accentuent le caractère stable de cette posture paisible et sereine. Cette eurythmie est particulièrement sensible dans l’expression du volume du tronc, se rétrécissant au niveau des bras, s’amplifiant au niveau du ventre, donnant à l’ensemble le mouvement curviligne d’une amphore grecque. VENDREDI 17 DÉCEMBRE 2021 43 Cette sculpture magistrale se rattache à un atelier de la Luika dont plusieurs oeuvres s’en rapprochent. Parmi celles-ci, relevons l’effigie de l’institut des Musées Nationaux du Congo (IMNC) collectée dans la zone de Mbulula2 ; celle de l’Art Institute of Chicago, collectée aux environs de Kongolo ; celle du Musée de Zurich acquise en 1940 de la collection Hans Coray, provenant de la zone septentrionale des Niembo et celle de Vranken-Hoet, Bruxelles. Dans cet ensemble, la figure ancestrale étudiée est exceptionnelle et remonte vraisemblablement au tournant du XXe siècle. Culte et fonction L’effigie d’ancêtre, apanage des grandes familles d’ancêtres, rejoint à leur manière un culte qui est rendu aux héros fondateurs et aux personnages illustres qui ont marqué l’histoire de leur clan, des Fang au nord-ouest du Gabon jusque chez les Boyo, les Tumbwe et les Bembe à l’est de la R.D.Congo. Sa fonction est d’en garder la mémoire et corrél

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FIGURE D’ANCÊTRE HEMBA, NIEMBO DE LA LUIKA, RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO Bois à patine brun noir, brillante et profonde H. 61 cm – L. 19 cm Provenance : - Pierre Dartevelle, Bruxelles - Jean-Claude Bellier, Paris - Collection privée Exposition : - The Inner Eye: Vision and Transcendence in African Arts, LACMA, 26 février-9 juillet 2017 - Heroic Africans: Legendary Leaders, Iconic Sculptures, The Metropolitan Museum of Art, New York, 19 septembre 2011-29 janvier 2012 - Heroic Africans: Legendary Leaders, Iconic Sculptures, Rietberg Museum, Zurich, 26 février-3 juin 2012 Publication : - Alisa LaGamma, Helden Afrikas: Ein neuer Blick auf die Kunst, Zurich, Rietberg Musuem, 2012, p. 260-261, fig. 222 - Alisa LaGamma, Heroic Africans: Legendary Leaders, Iconic Sculptures, New York, The Metropolitan Museum of Art, 2011, pp. 260-261, fig 222 Les effigies d’ancêtres réputés ont fait la renommée des sculpteurs hemba. Elles sont rares et expriment à leur manière l’esprit des grandes familles princières qui ont quitté les zones forestières pour s’établir dans les vastes plaines de la partie orientale du Congo, le Maniema et le Katanga septentrional. Quelques ateliers des Niembo méridionaux ont atteint un niveau de perfection et d’équilibre inégalés. La sculpture présentée compte parmi les oeuvres majeures de ces ateliers. Atelier et style L’effigie, en posture debout, taillée dans un bois mi-lourd, probablement le Chlorophora excelsa, mesure 61 cm sur 19 cm de large. Elle est couverte d’une patine sombre, lustrée et ancienne. Le visage ovoïde, aux formes pleines et arrondies, met en évidence un front lisse et dégagé jusqu’au sommet du crâne. Cette pratique est signe de sagesse et d’autorité. Les cavités oculaires sont taillées en réserve dans un espace en amande, les yeux mi-clos, légèrement en biais, à la paupière supérieure plus saillante. L’expression souligne, dans ce qui a été appelé le grand art du sommeil, la vigilance de l’ancêtre dont le regard, ouvert sur un autre monde, reste attentif aux siens. L’arête nasale est fine, recourbée en bec d’aigle. Sous le filtre nasal, la bouche apparaît close, aux lèvres modelées, légèrement charnues. Le menton est arrondi. Le pavillon de l’oreille est circulaire marqué d’une pastille centrale. La coiffe quadrilobée est inclinée vers l’arrière suivant une mode caractéristique des ateliers de la Luika. Elle se noue en deux doubles tresses en demi-cercle passant sous deux tresses horizontales1. Celles-ci reposent sur le lobe arrière de la coiffure. Selon la tradition, les héros de ces familles princières y conservaient les graines à planter lors des courtes migrations de la saison sèche. Cette mode de coiffure est largement répandue dans toute la région en d’infinies variétés de formes et de positions. Sous un cou cylindrique à la pomme d’Adam saillante, le plan des épaules est doucement épannelé et amorce le volume du thorax fendu à gauche. Celui-ci se découpe du ventre bulbeux, resserré sous les bras. Ceux-ci s’écartent harmonieusement pour envelopper les côtés de la zone ombilicale, rappelant combien ce héros du clan veille sur les siens comme une mère sur l’enfant qu’elle attend. Des scarifications verticales en épi ornent l’abdomen, signe des effigies ancestrales des ateliers de la Luika. Le dos lisse et sinueux, la colonne vertébrale creusée, les omoplates modelées. Le fessier est découpé en cercle. Les membres inférieurs, dont la partie inférieure est détruite, sont fermes et arrondis autour d’un sexe vaillant et circoncis. Les rythmes isométriques accentuent le caractère stable de cette posture paisible et sereine. Cette eurythmie est particulièrement sensible dans l’expression du volume du tronc, se rétrécissant au niveau des bras, s’amplifiant au niveau du ventre, donnant à l’ensemble le mouvement curviligne d’une amphore grecque. VENDREDI 17 DÉCEMBRE 2021 43 Cette sculpture magistrale se rattache à un atelier de la Luika dont plusieurs oeuvres s’en rapprochent. Parmi celles-ci, relevons l’effigie de l’institut des Musées Nationaux du Congo (IMNC) collectée dans la zone de Mbulula2 ; celle de l’Art Institute of Chicago, collectée aux environs de Kongolo ; celle du Musée de Zurich acquise en 1940 de la collection Hans Coray, provenant de la zone septentrionale des Niembo et celle de Vranken-Hoet, Bruxelles. Dans cet ensemble, la figure ancestrale étudiée est exceptionnelle et remonte vraisemblablement au tournant du XXe siècle. Culte et fonction L’effigie d’ancêtre, apanage des grandes familles d’ancêtres, rejoint à leur manière un culte qui est rendu aux héros fondateurs et aux personnages illustres qui ont marqué l’histoire de leur clan, des Fang au nord-ouest du Gabon jusque chez les Boyo, les Tumbwe et les Bembe à l’est de la R.D.Congo. Sa fonction est d’en garder la mémoire et corrél

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