42 

TRÈS RARE PAIRE DE GOURDES EN PORCELAINE MONOCHROME BLEU, BIANHU, CHINE, DYNASTIE QING, MARQUE ET ÉPOQUE QIANLONG (1736-1795) La monture très probablement anglaise attribuée à Benjamin Lewis Vulliamy (1780-1854) La panse bombée, les deux côtés moulés en léger relief de deux larges panneaux suivant la forme du vase, flanquée de deux perroquets formant les anses, le col droit cerné d'un anneau en léger relief dans la partie inférieure, le pied à section ovale largement évasé, le dessous et l'intérieur émaillés blanc, marque à six caractères Qianlong à la base, la monture en bronze ciselé et doré, le col cerné d'une bague à motif de rinceaux stylisés, flanqué de dragons, le corps orné d'un réseau de guirlandes à cabochons et fleurons retenant un motif en entrelacs, la base ajourée d'entrelacs géométriques et scandés de motifs floraux dans des réserves ; un col restauré H. (vase) : 31,5 cm (12 ½ in.) H. (totale) : 43,5 cm (16 ¼ in.) Provenance : James de Rothschild (1792-1868) au Château de Ferrières ; Vente Sotheby's Monaco, Meubles et objets d'art provenant de l'Hôtel Lambert et du Château de Ferrières, appartenant au Baron de Redé et Baron Guy de Rothschild, les 25-26 mai 1975, lot 215 ; Vente à Paris, hôtel Drouot, Couturier Nicolay, le 16 juin 1993, lot 105 ; Collection privée puis par descendance jusqu'au propriétaire actuel. A very rare pair of ormolu-mounted blue-glazed flask-form vases, Bianhu, China, Qing dynasty, Qianlong mark and period (1736-1795), the mounts most probably English, attributed to Benjamin Lewis Vulliamy (1780-1854) Cette exceptionnelle paire de gourdes impériales d'époque Qianlong (1736-1795), est ornée d'une monture de bronze doré dans le goût Renaissance et d'inspiration sinisante. Elles illustrent parfaitement le goût de la famille Rothschild, dans les collections de laquelle nous les retrouvons pendant plus d'un siècle. Les collections d'Alphonse de Rothschild Mayer Alphonse de Rothschild (1827-1905), fils aîné du fondateur de la branche française, joue un rôle politique et économique majeur dans la seconde moitié du XIXe siècle et conforte, par son goût et son raffinement, l'héritage artistique familial. Il fera de l'ancien hôtel de Talleyrand situé rue Saint Florentin, qu'il occupe dès 1857, l'écrin somptueux de ses collections. Héritant du Château de Ferrières en 1868, il incarne parfaitement "??l'âge d'or des collections Rothschild" (1) par son intérêt pour les peintres du Nord et pour les arts décoratifs du XVIIIe siècle, avec une prédilection toute particulière pour les objets à provenance royale. Le château de Ferrières James de Rothschild, fils de Mayer Anschel Rothschild (1744-1812), crée la branche française de la famille Rothschild en venant s'installer à Paris en 1811. En 1847, sous la Monarchie de Juillet, il sera, avec le roi, l'homme le plus riche de France. En 1829 il fait appel à l'anglais James Paxton (1803-1865), l'un des architectes les plus réputés de son époque, pour concevoir le château de Ferrières qu'il édifiera entre 1853 et 1861 dans un pur style Néo-Renaissance. La décoration intérieure est confiée à Eugène Lami (1800-1890), peintre et décorateur de la famille d'Orléans. La conception du château illustre à la fois le goût pour l'anglomanie qui se répand alors parmi les élites françaises et pour le passé national par son décor inspiré de la Renaissance. Parmi les principales réalisations du célèbre architecte, rappelons les serres du château de Chatsworth, celles du Château de Pregny, autre résidence de la famille Rothschild près de Genève, et son œuvre majeure, la construction du Crystal Palace pour l'Exposition Universelle de 1851. Le Château de Ferrières reste dans la famille jusqu'en 1975 lorsque le baron Guy de Rothschild et son épouse Marie-Hélène le lèguent à la chancellerie des universités de Paris. C'est dans cette même année que nous retrouvons notre paire de gourdes dans une vacation orchestrée par Sotheby's Monaco autour du contenu du Château de Ferrières et de l'Hôtel Lambert, autre célèbre demeure de la famille Rothschild, située sur l'Ile Saint-Louis. Nous pouvons donc imaginer que nos vases demeurent à Ferrières jusqu'à cette date. Vulliamy, fournisseurs de bronze La riche monture qui orne notre paire de vases, caractérisée par un vocabulaire décoratif éclectique d'inspiration extrême-orientale, peut être attribuée à la production de la célèbre dynastie de bronziers anglaise Vulliamys. En effet, les britaniques, par l'influence d'Edmund Burke sur l'apparition du mouvement Romantique, apparaissent comme précurseurs dans l'utilisation d'un répertoire fantaisiste et éclectique dans les arts décoratifs, dont on retrouvera l'influence plus tardive en France, avec le goût pour le japonisme.

paris, Francia