APONEM | SELARL DUMEYNIOU FAVREAU - Une pendule automate impériale reprend vie

mercredi 15 juin 2022
Sous du papier de soie, dans du bulle, dans une caisse, dans un entrepôt, la maison de vente Aponem découvre, il y a quelque mois, cette importante pendule. Seules les 9 fleurs dépassent de la caisse ; un soupçon - que ces 9 fleurs puissent correspondre au chiffre d'un empereur chinois - nait. Le déballage complet de l'objet et son expertise par le cabinet portier confirment l'hypothèse : il s'agit bien d'une pendule chinoise, d'époque Qianlong. Elle a l'air de pouvoir s'animer. Le cabinet Avraud, expert horloger, se déplace, l'inspecte et la remonte. Non seulement elle s'anime, en parfait état de fonctionnement, mais trois mélodies différentes émanent également de sa caisse. Une formidable redécouverte estimée entre 800 000 et 1 200 000 €, proposée aux enchères judiciaires par la SELARL Dumeyniou Favreau le 15 juin prochain à l'Hôtel Drouot.







 
CHINE ‒ ÉPOQUE QIANLONG (1736-1795)
Rare et importante pendule à automate impériale en bronze doré et incrustations de pierres, à décor de porteurs de tributs.
H. totale 85 cm
Provenance : Nezu Museum, Tokyo ; vente Christie's, Hong Kong, 27 mai 2008, lot 1508
Estimation : 800 000 - 1 200 000 €
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Les horloges occidentales arrivèrent probablement en Chine bien plus tôt qu'on ne le pense. Un document conservé au British Museum, dans lequel le roi Louis IX de France a envoyé un ambassadeur au khan de l'Empire Mongol, Möngke (1209-1259), rapporta qu'un horloger lyonnais fabriqua une « horloge ornementale mobile » pour un dignitaire chinois. C'est peut-être la plus ancienne trace d'un échange officiel entre la Chine et l'Occident concernant les horloges.

Au XVIe siècle, l'industrie horlogère européenne, représentée par l'Angleterre et la France, était très développée et ces horloges magnifiques ont été progressivement apportées en Chine par les missionnaires jésuites. À l'époque, les garde-temps chinois étaient encore des instruments traditionnels tels que les cadrans solaires et les sabliers. La différence entre ces productions et les horloges occidentales était évidente en termes d'esthétique, de taille, de portabilité et de précision. Les missionnaires espéraient plaire aux personnalités chinoises avec des « objets rares et précieux » tels que des horloges et des montres et atteindre ainsi leurs objectifs d'évangélisation. Effectivement, ils l'ont réalisé. Certains jésuites, comme Matteo Ricci (1552-1610), sont même entrés à la cour des Ming, exerçant un impact profond sur la culture et la société chinoises dans les années qui ont suivi. Certains chercheurs et historiens contemporains ont même qualifié de « diplomatie horlogère » l'introduction des horloges occidentales en Chine par les missionnaires au cours de cette période.

Les horloges occidentales étaient déjà largement connues à la fin de la dynastie Ming. Pendant la dynastie Qing, avec l'apogée de la prospérité économique, les horloges occidentales ont connu un engouement populaire. À cette époque, la plupart des horloges transmises par l'Europe aux empereurs chinois étaient dotées de nouvelles fonctions telles que des mécanismes automatiques, des figures mobiles et des boîtes musicales avec des formes plus flamboyantes et un chronométrage plus précis. L'empereur Kangxi (1654-1772), qui s'intéressait vivement à la science occidentale, a utilisé les horloges occidentales comme objets de recherche sur la technologie européenne moderne. Il a créé un « bureau des horloges à chronométrage automatique » dans la Cité interdite, a recruté des artisans qualifiés dans tout le pays, formés par le missionnaire d'origine suisse François-louis Stadlin (1658-1740). Ce bureau a non seulement assuré l'entretien courant des horloges utilisées dans la dynastie Qing, mais a également effectué des recherches et produit lui-même un certain nombre d'horloges et de montres automatiques.

L'empereur Qianlong (1711-1799), qui était passionné par les horloges occidentales, n'a pas ménagé ses efforts pour collectionner toutes sortes d'horloges rares et innovantes. Il a écrit de nombreux poèmes sur les horloges à chronométrage automatique, dont la plupart se trouvent aujourd'hui dans la collection du musée de la Cité Interdite. Selon le missionnaire Valentin Chalier (1697-1747), au début du règne de Qianlong, il y avait déjà plus de 400 horloges automatiques à la cour impériale. Le son de ces horloges pouvait être entendu dans chaque palais de la Cité interdite.

À cette période, outre les importations des horloges européennes, l'industrie horlogère a également commencé à se développer à Guangzhou dans la province de Guangdong, devenant rapidement le centre de l'horlogerie mécanique chinoise sous la dynastie Qing. Au début, les horloges produites par les artisans de Guangzhou étaient d'une qualité bien inférieures à celles produites par les horloges occidentales. Après une longue période de recherches et d'expérimentations techniques, les horlogers de Guangzhou, qui excellaient dans l'apprentissage et l'innovation, ont fait de grands progrès à partir du milieu de la période Qianlong. Diverses horloges de Guangzhou au style artistique fortement chinois et légèrement européen ont non seulement été produites à destination de la cour impériale, mais sont également apparues sur le marché et ont été très populaires. Vers 1800, les horloges produites à Guangzhou étaient considérées comme équivalentes aux horloges européennes.

L'horloge de cette vente est l'un des chefs-d'oeuvre des artisans de Guangzhou au XVIIIe siècle. Lorsque nous regardons aujourd'hui les horloges et montres de cour de la dynastie Qing, nous avons tendance à être attirés par leur décoration extravagante et leur mécanique délicate, tout en négligeant la fonction de chronométrage des horloges. En fait, le grand nombre d'horloges et de montres provenant d'Europe a non seulement satisfait la curiosité des empereurs et des dignitaires chinois, mais a également introduit progressivement le concept moderne du temps dans la Chine ancienne, ce qui a eu un impact extrêmement important sur le cours de l'histoire chinoise.

Vente aux enchères publique - Hôtel Drouot - Salle 9
Mercredi 15 juin 2022 - 14h

Exposition publique - Hôtel Drouot - Salle 9
Mardi 14 juin 2022 - 11h/18h
Mercredi 15 juin 2022 - 11h/12h

Conférence / Démonstration - Hôtel Drouot - Salle 9
Mardi 14 juin 2022 - 18h30 - sur inscription ici

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Vente : mercredi 15 juin 2022
Salle 9 - Hôtel Drouot - 9, rue Drouot 75009 Paris, France
Maison de vente
Aponem
Tél. 01 34 42 14 50