AGUTTES - Un tableau de Murillo inédit aux enchères

mardi 28 juin 2022
La maison de ventes Aguttes dévoile une huile sur toile de Bartolomé Esteban MURILLO (Séville, 1617-1682) inédite, qui passera sous le feu des enchères, le 28 juin 2022 à l'Hôtel Drouot. Estimée 300 000 - 400 000 €, cette œuvre est restée, depuis 1764, dans la même collection privée française.
 
 
Bartolomé Esteban MURILLO (1617-1682)
Le Christ Bon Pasteur
Huile sur toile
165 x 112 cm
Provenance : Dans la même collection privée française depuis 1764.
Estimation : 300 000 - 400 000 euros

 
 
« Il s'agit d'une œuvre importante pour la peinture espagnole du XVIIe siècle, et elle fait partie des plus anciens tableaux espagnols conservés sur le sol français, probablement depuis la fin du XVIIe siècle. De grands noms de la peinture tels Jean-Baptiste Lebrun (1748-1813), grand marchand d'art, ou l'artiste Anne-Louis Girodet (1767-1824) le contemplèrent. »
Grégoire Lacroix, directeur du département Maîtres anciens, tableaux & dessins

Redécouverte d’un Christ Bon Pasteur de Bartolomé Esteban MURILLO (1617-1682)
Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, Bartolomé Esteban MURILLO s’impose comme l’une des figures tutélaires du Siècle d’or espagnol. Reconnu de son vivant, il continue de l’être au-delà des siècles, et demeure l’un des artistes les plus admirés en Europe. Et ce, jusque tard dans le XIXe siècle.
Élève de Juan de Castillo (1596-1628), Murillo passe la majeure partie de sa carrière à Séville. En 1650, il fait un bref séjour à Madrid et sa touche, sous l’influence de Van Dyck (1599-1641), gagne en plénitude. Contemporain de Diego Vélasquez (1599-1660) et de Francisco de Zurbaran (1598-1664), il puise son inspiration notamment dans leurs œuvres.

Œuvre conservée dans la même famille française depuis plus de deux siècles, le Christ Bon Pasteur s’inscrit dans la très riche production sévillane de Murillo. Le peintre présente ainsi un jeune Christ, vêtu simplement d’une tunique d’un rose très doux et d’une peau de bête, chaussé de sandales et tenant son bâton de pâtre. La main droite posée sur l’une de ses brebis, l’Enfant Jésus tourne son visage vers le ciel. Le traitement s’évère plein de douceur, de velouté, et les lignes se dessinent avec fluidité et souplesse. Les contours sont estompés bien que le visage paraisse plus léché. La lumière, ici, ne semble émaner que des chairs de l’Enfant, et fait émerger de l’ombre une image très pure du divin.

L’enfant saint, un topos de l’œuvre de Murillo
Ce thème de l’enfant se retrouve fréquemment dans l’œuvre de Murillo. En choisissant de peindre le Christ ou Jean-Baptiste sous des traits juvéniles, l’artiste souhaite représenter le sentiment du divin.

Dans sa gamme chromatique, Murillo prouve ses talents de coloriste et décline une palette entre bruns et bleu-gris, qui mettent en valeur les teintes pâles choisies pour le Christ. Ce dernier, une main reliée à la terre et le visage levé vers les Cieux, se fait le guide de son troupeau sur terre ainsi que le lien avec son Père et le Ciel. Alors que la figure du Christ prend place dans un paysage terrestre, la subtilité de la luminosité et l’aspect presqu’évanescent que le peintre donne à l’arrière-plan, parviennent à conférer comme une aura divine à l’ensemble.

Grâce à cette iconographie, Murillo tend à faciliter véritablement l’accès émotionnel et spirituel du fidèle dans sa relation à Dieu. Quoique présentant des compositions différentes, d’autres exemples sur le même thème sont connus, à l’instar d’un Christ Bon Pasteur conservé à Francfort (Stadelsches Kunstinstitut).

Genèse de cette huile sur toile et provenance
En 1665 se tient l’inauguration de l’église Santa María la Blanca, à Séville. Mosquée à l’origine, elle devient une synagogue en 1252 avant d’être consacrée en 1391. En 1661, l’église est intégralement détruite à l’exception d’une chapelle, seul témoin restant de ses vies antérieures. Le chantier est soutenu par le chapitre de la cathédrale, sous la supervision et grâce au financement du chanoine Don Justino de Neve (1625-1685).

À l’occasion de son dévoilement quatre ans plus tard, un autel provisoire est ainsi monté et orné par deux grandes compositions du plus renommé des peintres d’alors, Bartolomé Esteban Murillo. Chefs-d’œuvre parmi les chefs-d’œuvre de la collection de Neve qui comptait à sa mort près de quatre-vingt tableaux du maître, ces deux peintures sont typiques de la sensibilité particulière de l’artiste pour la représentation de personnages enfants. Fonctionnant en pendants, l’une dévoile un jeune Christ Bon Pasteur accompagné de ses brebis, la seconde saint Jean-Baptiste avec un agneau. Séparées par l’histoire, la première est aujourd’hui conservée dans la collection Charles Lane (Angleterre) et la seconde, à la National Gallery de Londres.

Cet Enfant Jésus apparaît sans doute comme le point de départ de la composition présentée par Aguttes, dont elle partage presque à l’identique l’iconographie et les dimensions.
Deux versions d’une même pensée, celle dévoilée par Aguttes fut acquise par un marchand du nom de Goupil à la fin du XVIIe siècle, ce dernier la transmit à sa fille avant qu’elle ne le vende, en 1764, à Paon de Monthelon (né en 1704). Elle demeure ensuite dans la même collection familiale jusqu’à nos jours.
Plus ébauchée que la version Lane, il est possible que le tableau présenté aux enchères soit resté dans l’atelier de Murillo jusqu’à son achat par Goupil.
Au fil des époques, nous savons par témoignages écrits qu’il fut admiré et copié : au début du XVIIIe siècle, il inspire Jean-Alexis Grimou (1678-1733) qui en fit une esquisse rapide, aujourd’hui conservée par la Dulwich Picture Gallery (DPG272) ; le marchand de tableaux Jean-Baptiste-Pierre Lebrun (1748-1813) l’ayant découvert au sein de la collection Paon de Monthelon, le trouva particulièrement beau et proche de sa version anglaise ; enfin, cette version fut également connue d’Anne-Louis Girodet (1767-1824) qui l’admira de même.

La notice du catalogue, rédigée par Enrique Valdivieso, auteur du catalogue raisonné de Murillo, fera l’objet d’un tiré-à-part.
 
 
Vente aux enchères publique - Hôtel Drouot - Salle 9
Mardi 28 juin 2022 - 15h

Exposition publique - Hôtel Drouot - Salle 9
Samedi 25 juin 2022 - 11h/18h
Lundi 27 juin 2022 - 11h/18h

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Aguttes

Tableaux et dessins anciens

Vente : mardi 28 juin 2022
Salle 9 - Hôtel Drouot - 9, rue Drouot 75009 Paris, France
Maison de vente
Aguttes
Tél. 01.47.45.55.55