RIM ENCHÈRES - Empires et artisans dans les arts du Moyen-Orient

mardi 17 mai 2022
RIM ENCHÈRES, la première maison de ventes française entièrement dédiée aux arts du Moyen-Orient, présentera pour la première fois à l'Hôtel Drouot, le 17 mai 2022, 150 objets d’art des premières heures de l’Islam aux empires modernes d’Orient. À destination des plus fins connaisseurs et des amateurs d'objets décoratifs témoins de plusieurs civilisations, des céramiques, verres, textiles, manuscrits, calligraphies, peintures, objets précieux en or, jade, argent et tombak, dont les estimations varieront entre 80 000 € et moins de 1 000 €, seront proposés aux enchères.

La vente sera rythmée par deux thématiques : la couleur bleue et ses multiples nuances, ainsi que les avoir-faire des artisans des différents empires du monde islamique.

NUANCES DE BLEU
 
Nous avons choisi de consacrer un chapitre de cette vente à la couleur bleue, extrêmement présente dans les arts moyen-orientaux et particulièrement décorative. Peu présente dans les matières naturelles, à l’opposé du vert ou des ocres, le bleu orne pourtant nos intérieurs depuis des millénaires, une évocation inconsciente aux plus grands espaces de notre environnement : la mer et le ciel.
Rim Mezghani
 
Les dômes et les surfaces bleutés de Samarcande, la Grande Mosquée de Damas, les décors de l’architecture persane de l’époque safavide (XVI-XVIIe siècle) en Asie centrale… Le bleu n’est-il pas la couleur emblématique du Moyen-Orient ? Une sélection de pièces en céramique et en verre mettra en lumière les multiples nuances de cette couleur obtenues par l’oxydation de cobalt et de lapis lazuli.

Ce flacon en verre soufflé, réalisé entre le IXe et le XIIe siècle en Iran ou en Syrie, est l’une des pièces les plus anciennes de cette vente. Les siècles ont parsemé de zones irisées la transparence du verre bleu. Sa forme rappelle celle des flacons byzantins du monde méditerranéen oriental des Ve et VIIe siècles, tandis que le bouton qui surmonte l’anse et les filets circulaires appliqués sur l’objet évoquent une provenance iranienne islamique, dans la continuité des productions méditerranéennes post-romaines. On peut également y voir la forme des aiguières abbassides (VIII-XIIIe siècle) en métal du Khorassan, dont l'anse est agrémentée d'un poucier en forme de palmette.

Dimensions : 18.5 x 9 cm
Estimation : 5 000 - 7 000 €


Le décor de ce carreau peint à la ligne noire et au lavis de cobalt sous glaçure, se détachant sur une couverte d’un blanc éclatant, s’inscrit pleinement dans les recherches que menèrent dès le XIVe siècle les potiers du monde islamique afin d’imiter les porcelaines chinoises à décor bleu et blanc. Ces recherches trouvèrent un accomplissement certain au cours des XVIe et XVIIe siècles, notamment en Iran safavide.

Au-delà de la technique, la composition dans laquelle figurait ce carreau correspond à l’esthétique dite « hatayi ». Dérivé du  mot persan khatay (Chine), « hatayi » désigne les motifs végétaux d’inspiration chinoise, abondamment déclinés depuis le règne des Timurides (1370-1506). Nous en retrouvons ici toutes les composantes : fleur de pivoine, feuilles traitées en flammèches, corolle de lotus et fleurettes ponctuent des tiges toutes en courbes.

Un manteau de cheminée, exposé au Victoria and Albert Museum, datable du XVIIe siècle et rattaché aux fours de Kirman (Iran), présente plusieurs points communs avec l’objet : une glaçure d’un blanc profond et brillant, des motifs sinisants mis en couleurs par touches plus ou moins diluées dans ce bleu de cobalt aux nuances d’outremer.

Si les comparaisons avec la vaisselle en bleu et blanc sont nombreuses, les éléments de décor architectural de ce type sont très rares – ils furent pour la plupart détruits et remplacés lors de campagnes de restauration ou conservés dans des collections et des espaces privés.
 
Dimensions : 18,5 x 18,3 cm
Estimation : 4 000 - 6 000 €
Carreau de revêtement en deux parties
Iran, art safavide,
XVIIe siècle et plus tard
Estimation : 800 - 1 200 €

La céramique Iznik occupe une place de choix au sein des œuvres bleues de cette vente.  Cinq plats d’Iznik provenant de l’ancienne collection d’Édouard Aynard (1837-1913) seront notamment présentés. Banquier lyonnais, économiste et homme politique, ce dernier fut aussi un illustre collectionneur d’art.

Après avoir pris la direction de la banque familiale en 1861, Édouard Aynard devient Président de la Chambre de Commerce de Lyon et fonde le Musée Historique des Tissus de la cité. C’est lors d’un voyage à Istanbul dans les années 1890 qu’il acquière en une seule opération une centaine de plats d’Iznik, à la condition expresse d’acquérir simultanément un millier de bouteilles de cognac français échouées en pays musulmans et invendables sur place. La collection de l’homme d’affaires fut dispersée aux enchères après son décès, hormis quelques chatoyantes céramiques d’Iznik transmises à ses descendants, parmi lesquelles figure l’ensemble aujourd’hui proposé.
 
Plat d‘Iznik, Turquie, Iznik,
art ottoman, vers 1590
Estimation : 4 000 - 6 000 €
Plat d’Iznik, Turquie, Iznik,
art ottoman, XVIIe siècle
Estimation : 1 200 - 1 500 €
Plat d’Iznik, Turquie, Iznik,
art ottoman, vers 1590-1600
Estimation : 4 000 - 6 000 €

Expert (S.F.E.P. Art Islamique et Indien) : Laure Soustiel


Un Coran rare exécuté dans la seconde moitié du XVe siècle, au cours de la dynastie Turkmène, probablement Aq Qoyunlu, comptera parmi les pièces les plus importantes de cette vente.

Plusieurs styles calligraphiques sont réunis dans ce manuscrit. Cette pratique, appelée « juxtaposition », est observée dès le XIIIème siècle et devient populaire aux XIVe et XVe siècles, notamment en Asie centrale. Le scribe alterne trois styles d’écriture : le thuluth dans deux proportions et le naskhi. L’usage de l'encre brune et de l'or surligné de noir offre à son œuvre un équilibre parfait.

 

Dimensions : H. 23,5 cm ; L. 17 cm
Surface du texte : 16,5 x 10,5 cm
Estimation : 30 000 - 50 000 €
 
Ce coran appartient à un groupe rare de manuscrits souvent attribués aux artisans de Chiraz, Tabriz, Herat ou, plus à l'ouest, d’'Iraq. L’ensemble se caractérise par l’absence de colophons et par la singularité de ses décorations et de ses calligraphies. La découverte récente de quelques manuscrits encore dotés de leurs colophons a permis de mieux identifier ce groupe.

Postérieure, la reliure issue de l’art safavide est réalisée en Iran au XVIe siècle.



EMPIRES ET ARTISANS
 
Nous avons réuni dans cette section des céramiques, objets précieux, manuscrits, textiles et peinture qui illustrent l’extrême finesse commune aux productions des artisans du Moyen-Orient, quels que soient les époques et les territoires.
Raphaële Laxan

 
Au sein d’une sélection éclectique, une tenture, une peinture et une laque mettent en lumière l’art Qajar et le règne de Nasir al-Din Shah sur la Perse, de 1848 à sa mort, en 1896. Ces œuvres donnent l’occasion de présenter plusieurs savoir-faire ancestraux.
 
a Cette tenture royale présente un décor imprimé et peint selon la technique du qalamkar, un artisanat textile ancestral illustrant les légendes et les récits du peuple iranien sur des broderies colorées.

Réalisé à Isfahan entre 1880 et 1892, le fastueux textile mesure près de 4 mètres de long sur 2.5 mètres de large. L’arbre de vie, au centre, est flanqué de deux compositions calligraphiques en forme de lion. En Iran, l’animal participe d’une double symbolique : politique – il est un emblème du pouvoir dynastique – et religieuse car il est aussi le « Lion de Dieu », associé à ʿAli, cousin et gendre du prophète, premier des imams shiites. Les deux compositions, en miroir, contiennent les vers du Nad-i ʿAli : une prière fréquente sur les lions calligraphiés, en particulier dans l’art de l’époque qajare. 

L’inscription qu’encadrent les deux vases de fleurs sur fond bleu mentionne le nom et les titres du commanditaire, Nasir al-Din Shah Qajar, également auteur de l’un des poèmes brodés sur la tenture.

Dimensions : 394 x 245 cm
Estimations : 30 000 - 50 000 €
 


 
L’art du portrait en Iran fut porté à son apogée sous le règne de deux souverains qajars, Fath ‘Ali Shah (r. 1797-1834) et son arrière-petit-fils Nasir al-Din Shah (r. 1848-1896) qui utilisèrent leur image comme un moyen d’affirmation du pouvoir impérial.

Le règne de ce dernier correspond à une période de modernisation de l’Iran. Dans le domaine artistique, le souverain soutient un courant de peinture marqué par son réalisme, influencé par la naissance de la photographie.

Passionné par l’archéologie et l’histoire, le shah s’intéresse tôt à l’invention de la photographie. Dès le début des années 1840, des exemplaires de daguerréotypes sont présentés au Palais Royal de Téhéran. En 1942, le souverain âgé de 19 ans commande à un photographe français une série de clichés de sites et de monuments avant de s’initier lui-même à cette nouvelle technique.

Ouvert sur son temps, Nasr ad-Din est le premier souverain iranien à se rendre en Europe, visitant notamment les Expositions Universelles de 1878 et 1889. Son règne, qui conjugue continuité et innovation, sera également marqué par le développement d’échanges transnationaux entre les pays européens et l’Iran. 

Caractérisé par le réalisme de ses traits et l’usage d’un fond grisé évoquant la photographie, le portrait monumental de Nasr ad-Din présenté aux enchères incarne la modernité de son règne. Aux dimensions quasi-naturelles, le tableau est peint à l’huile sur toile en 1875-76 par Ja’far (Dâr al-Funûn à Téhéran).

À la fin des années 1970, l’œuvre entre dans la collection particulière de Dr Parviz Faraz, à Paris, avant d’’être acquise par la famille de l’actuel propriétaire.
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Dimensions : 182 x 94 cm
Estimation : 70 000 - 80 000 €


 
Vente aux enchères publique - Hôtel Drouot - Salle 6
Mardi 17 mai 2022 - 14h

Expositions publiques - Hôtel Drouot - Salle 6
Samedi 14 mai 2022 - 11h/18h
Lundi 16 mai 2022 - 11h/18h
Mardi 17 mai 2022 - 11h/12h

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Rim Enchères

Art islamique

Vente : mardi 17 mai 2022
Salle 7 - Hôtel Drouot - 9, rue Drouot 75009 Paris, France
Maison de vente
Rim Enchères
Tél. 06.76.64.49.41