COUTAU-BÉGARIE & ASSOCIÉS - Archives du baron de Breteuil

vendredi 03 juin 2022
En 1779, l’Électeur Frédéric-Auguste III de Saxe offre au baron de Breteuil (1730-1807) la célèbre table de Teschen, aujourd’hui conservée au musée du Louvre, ainsi qu’une paire de tableaux peinte par le peintre de la Cour Électorale de Saxe, Christian Wilhelm Ernest DIETRICH (1712-1774). Disparue depuis ce don en 1779, cette paire de tableaux conservée par la famille du baron depuis, constitue une incroyable redécouverte pour le marché de l’art, et plus largement pour l’Histoire de l’Art.

Au sein de la vente aux enchères que révèlera la maison Coutau-Bégarie & Associés le 3 juin à l’Hôtel Drouot, figurent d’autres oeuvres et documents clés : l’épée du baron, représentée sur son portrait par une École de Jean Laurent MOSNIER conservé au Louvre, un portrait du baron, non pas par une École mais bien par Jean Laurent MOSNIER, et certainement plus rares encore, des documents tels qu’il n’en n’existe plus aujourd’hui : des factures notamment, d’Auguste Orfèvre, de Petit ébéniste, de Beneman ébéniste, de Daguerre marchand mercier, des frères Martin Vernisseur du roi, etc. Un ensemble inédit et d’un intérêt patrimonial clef pour les arts décoratifs français.
 
       

Christian Wilhelm Ernest DIETRICH (1712-1774)
Joseph racontant ses songes ; La tunique de Joseph portée à Jacob
Huiles sur toiles ; une paire
73,5 x 62 cm
Signés et datés, en bas à droite : Dietricj, 1762
Présentés dans deux somptueux cadres, d’époque Louis XVI, dorés aux trois ors, au décor composé
de guirlandes de lauriers tombantes et rubanées, de rosaces tournantes, et sommés de rameaux d’oliviers
Estimation : 40 000 – 60 000 €


La paire de tableaux présentée aux enchères le 3 juin prochain sort d’un long sommeil de plusieurs générations. Elle fit pourtant l’admiration de la cour de Louis XVI lorsque l’Électeur de Saxe en fit cadeau, en 1779, au baron de Breteuil – ambassadeur de France – dont l’influence fut capitale pour négocier la paix de Teschen entre la Prusse et l’Autriche et dont les rivalités pouvaient embraser l’Europe.
Le cadeau « électoral » consistait en la somptueuse table orfévrée par Neuber, aujourd’hui conservée au musée du Louvre (0A12547 ; illustrée ci-dessous), accompagnée des deux tableaux, qu’un public restreint avait pu admirer dans le pavillon du Mail, à Saint-Cloud, que le baron avait reçu en cadeau de Louis XVI.

Saisis à la Révolution comme « biens d’émigré », ils trônaient dans le bureau du Secrétaire Général du Ministère des Finances, avant que la fille unique du baron, la comtesse de Matignon ne multiplie les requêtes, de 1812 à 1820, pour se les voir restituer.

Œuvres de maturité de Christian Wilhelm Dietrich, le grand peintre de la Dresde rocaille, datés 1762, ils illustrent l’Histoire de Joseph : Joseph racontant ses songes et Le manteau de Joseph porté à son père Jacob. Peintes à l’huile sur toiles, elles sont sublimées par d’importants cadres aux trois ors d’époque Louis XVI dont les décors font écho à la table de Teschen ; la paire est estimée entre 40 000 et 60 000 €.

Si Dietrich était un peintre friand des fêtes galantes de Watteau, il livre ici son admiration pour Rembrandt. Les deux tableaux font en effet écho à deux gravures de Rembrandt du même sujet et aussi conservées au Louvre.
 
   

 
Le Portrait de Louis Auguste Le Tonnelier, baron de Breteuil (1730-1807), peint à l’huile sur toile, signé et daté Mosnier, est estimé entre 10 000 et 15 000 €. Il est probable que ce portrait du baron, à l’expression digne et grave à la fois, ait été commandé en prévision du cadeau qu’il allait faire de la grande version au cardinal Etienne Charles Loménie de Brienne (1727-1794), contrôleur général des Finances et principal Ministre d’État ; laquelle est désormais conservée au musée du Louvre (RF1963 4).
 


Jean-Laurent MOSNIER (1743-1808)
Portrait de Louis Auguste Le Tonnelier,
baron de Breteuil (1730-1807)

Huile sur toile
72 x 58 cm.
Signé, en bas, à gauche : Mosnier
Estimation : 10 000 – 15 000 €

© 2012 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / René-Gabriel Ojéda

Les deux versions varient légèrement, notamment dans posture et l’expression du modèle, le tombé de son habit, la position des ordres de chevalerie. Sur la grande version, le baron est paré de l’épée que lui offrit Frédéric-Auguste de Saxe, électeur puis roi, qui sera également présentée lors de la vente. À l’époque ministre en charge de Paris, particulièrement soucieux, comme Louis XVI, d’améliorer le quotidien des plus humbles, le baron désigne, posés sur un superbe bureau Boulle, les plans de Poyet pour le nouvel Hôtel-Dieu. L’idée était, comme pour le cimetière des Innocents, de le transférer hors du centre de la capitale pour des raisons d’hygiène, projet dont l’exécution fut rendue impossible par la Révolution.

La fameuse épée, représentée dans le portrait en pied du baron de Breteuil, conservé au Louvre, est estimée entre 6 000 et 8 000 €.
 

 
Enfin, surement plus rares encore que les œuvres évoquées, figurent de nombreuses factures adressées au baron de Breteuil, détaillant des commandes passées auprès des ébénistes, orfèvres, marchands-merciers, etc., parmi les plus réputés de l’époque. Les documents seront proposés aux enchères à l’unité ou en lot, de 300 à 4 000 €.
 




Vente aux enchères publique - Hôtel Drouot - Salle 5/6
Vendredi 3 juin 2022 - 14h

Exposition publique - Hôtel Drouot - Salle 5/6
Mercredi 1er juin 2022 - 11h/18h
Jeudi 2 juin 2022 - 11h/20h
Vendredi 3 juin 2022 - 11h/12h


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