DAGUERRE - Deux préemptions et un record mondial

vendredi 11 mars 2022

Vendredi 11 mars, la maison Daguerre présentait une vente de tableaux anciens, mobilier et objets d'art issus de plusieurs collections privées. Le Château de Versailles puis la ville du Havre se sont manifestés, avant qu'un nouveau record mondial ne soit enregistré pour une production de la manufacture de Chantilly.
 
La toile de Jean-Marc NATTIER (1685-1766) représentant le Portrait présumé de Mademoiselle de Beaujolais avait été largement remarqué lors des deux journées d'exposition qui précédaient la vente. C'est finalement le Château de Versailles qui eut le dernier mot vendredi, l'emportant pour 195 000 €*.

Ce tableau est une réplique autographe d’une autre version, de dimensions identiques, signée et datée de 1731 (collection particulière, op. cit., p.82, n°12). À l’origine, il était assemblé en paire avec un portrait d’une autre princesse de sang royal tenant une guirlande de fleurs, le portrait présumé de Mademoiselle de Chartres, fille du Régent (op. cit. p. 83, n°13), signé et daté à droite 1731. Un troisième exemplaire de cette composition appartenait à Karl Lagerfeld (vente de sa collection à Christie’s New York, le 23 mai 2000, n°106, comme « Nattier et atelier »). Ces trois tableaux étaient considérés tout au long du XXe siècle comme représentant Louise-Anne de Bourbon Condé, dite Mademoiselle de Charolais (1695-1758), troisième fille du duc de Bourbon.
 
 
Xavier Salmon, dans le catalogue de l’exposition à Versailles de 1999, a proposé une nouvelle identification du modèle à Philippine-Elisabeth d’Orléans (1714-1734), dite Mademoiselle de Beaujolais. Fille du Duc d’Orléans, elle est fiancée à l’infant Don Carlos, fils de Philippe V d’Espagne et de sa seconde femme, Élisabeth Farnèse. En 1725, la rupture du mariage de Louis XV avec l’infante d’Espagne entraîne la rupture des fiançailles de notre modèle avec Don Carlos. Philippine rentre en France où elle connait une fin prématurée des suite de la vérole à 19 ans en 1734. Habillée d’une robe de soie rouge, elle joue de la guitare sur une terrasse donnant sur un somptueux jardin. Une fleur de lys brodée sur l’oreiller à droite rappelle sa noble extraction. La présence, à gauche, d’un putti ailé tenant la partition donne à ce portrait réaliste les attributs d’une figure mythologique ou d’une muse. Aucun autre artiste de cette époque ne réussit mieux que Nattier à souligner le charme et la délicatesse de la beauté féminine tout en préservant la noblesse requise pour ces portraits aristocratiques. Comme sa fille écrira plus tard, il savait si bien mêler les genres du portrait et de la peinture d’histoire que le public ne savait quel aspect admirer en priorité.

Cette rare Vue de l'entrée du port du Havre d'Alexandre Jean NOËL (1752-1834), réalisée à la gouache en 1787 est un intéressant témoignage du site avant les bombardements de septembre 1944. La tour en arrière-plan, construite sur ordre de François Ier, avait été démantelée dès 1861 afin d’agrandir l’entrée du port. Seul de rares édifices antérieurs à 1945 subsistent aujourd’hui. Elle est également la seule vue connue de la ville par l’artiste. La ville du Havre n'a pas manqué l'occasion d'enrichir ses collections, préemptant le dessin pour 26 000 €*.
 
 
Sous le lot 62, était présentée une figure de magot barbu qui a suscité un engouement inattendu. La petite figurine de 23 cm. de hauteur a été produite par la manufacture de Chantilly vers 1735-1740 en porcelaine tendre. Elle représente Shou Lao vêtu d'une tunique à décor Kakiemon, assis sur un rocher et s'appuyant sur une canne. Le personnage formant pot-pourri, estimé entre 20 000 et 40 000 € a finalement changé de mains pour 338 000 €*, un record mondial pour une production de la manufacture de Chantilly
 

Enfin, deux meubles du XVIIIe siècle ont réalisé de beaux prix. Un bureau plat d'abord, estampillé Montigny et JME d'époque Transition, vers 1765-70, orné d'un décor de filets de grecques sur fond de bois de rose dans des encadrements de filets de citronnier. Richement agrémenté de bronzes doré, le bureau estimé entre 12 000 et 15 000 € a trouvé preneur pour 46 800 €*. Un autre bureau, à cylindre cette fois, estimé entre 25 000 et 30 000 € a ensuite été acquis 150 800 €*. En acajou et placage d'acajou et rehaussé de bronzes dorés, ce bureau à cylindre d'époque Louis XVI est estampillé D. Roentgen (1743-1807), reçu maître en 1780. En 1824, le bureau figure dans l'inventaire après décès de Pierre Charles Bonnefoy du Plan, le garde-meuble de la reine Marie-Antoinette et le concierge du Petit Trianon. 
 
        

 
* montants frais compris

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Daguerre

Tableaux, mobilier et objets d'art, dessins, argenterie

Vente : vendredi 11 mars 2022
Salle 4 - Hôtel Drouot - 9, rue Drouot 75009 Paris, France
Maison de vente
Daguerre
Tél. 01 45 63 02 60