VOLTAIRE

Lettre autographe [à François de Chennevières]. [Tournay], 17 mars [1759]. 1 p. in-12. «... Je me suis toujours bien douté que les six cent millions étaient des mille et une nuit. Quelque opération qu'on imagine, il faut que le peuple la paye [allusion au coût exorbitant de la guerre de Sept ans et la pression fiscale qu'elle entraînait]. Vous faittes toujours de jolis vers. Apparemment que vous ne payez rien. Je prends la liberté de vous recommander les deux lettres cy-jointes. Vous me voyez en commerce avec un avocat au Conseil. qui terre a guerre a, et qui plume a. Mes respects à la soeur du pot...» la duchesse d'aiguillon, surnommée par Voltaire la «soeur du pot des philosophes»: Anne-Charlotte de Crussol-Florensac, épouse du duc d'Aiguillon, Armand-Louis Duplessis-Vignerod de Richelieu, soutenait les philosophes et jouait ainsi auprès d'eux un rôle de «soeur du pot», terme désignant alors une religieuse dans un hôpital, une fille de la Charité. François de Chennevières (1699-1779) fit carrière dans l'administration militaire: d'abord commissaire des guerres, puis commis et premier commis au ministère de la Guerre pendant seize ans, il fut également inspecteur général des hôpitaux et, à quatre reprises, intendant d'armée. Poète à ses heures, il fréquenta les milieux lettrés de son époque et se lia avec Voltaire. Celui-ci a dédié à Chennevières trois de ses poèmes, en 1757, 1759 et 1760. Voltaire, Correspondance (Besterman), n° 7481.