BEAUSSANT LEFÈVRE & ASSOCIÉS - Un cachet impérial sous le feu des enchères

vendredi 15 avril 2022

Expert : Cabinet Portier - Alice Jossaume

Le 15 avril à l’Hôtel Drouot, la maison de ventes Beaussant Lefèvre & Associés présentera, dans une vente d’arts d’Asie, un important sceau impérial de l’époque Qing (1644-1912) ayant appartenu à l’empereur Qianlong (1736-1795). Découvert par la maison de ventes au cours d’un inventaire, ce sceau provient d’une collection privée française, dans laquelle il est resté près d’un siècle. Sculpté en néphrite vert épinard et figurant un lion assis jouant avec une balle, le cachet est estimé entre 300 000 et 400 000 €. Ce rare objet d’art illustre à merveille la beauté et l’importance de la culture du sceau sous la dynastie Qing.
 
 

CHINE - Époque QIANLONG (1736 - 1795)
Cachet de forme carrée en néphrite vert épinard surmonté d'un lion assis, la patte antérieure gauche posée sur la balle enrubannée.
Au revers, l'inscription Qianlong qin xian zhi bao (乾隆親賢之寶): Trésor de l'empereur Qianlong, appréciatif des personnes talentueuses.
Dim. 7,2 x 8,8 x 8,8 cm.
Provenance : Collection René Georgi (1871-1961)
Estimation : 300 000 - 400 000

Au cours des dernières années, la maison de vente Beaussant Lefèvre & Associés à déjà eu l’occasion de proposer des objets impériaux en vente aux enchères à l'Hôtel Drouot. En 2009, un cachet impérial de l’empereur Qianlong en néphrite blanche, surmonté de deux dragons dos à dos, a été adjugé 1 579 890 € frais inclus tandis qu’en 2014, un sceau similaire changeait de mains pour 1 725 000 € frais inclus . Plus récemment, en juillet 2020, deux rares albums Yongle Dadian étaient adjugés 8 128 000 € frais inclus .

La culture chinoise du sceau

Pour comprendre la culture du sceau en Chine, il est important de savoir qu’apposer son cachet – sur une œuvre, un document, etc. – n’exprime pas la notion de propriété. Apposer son sceau, c’est exprimer son approbation. On retrouve ainsi parfois, sur une même œuvre, plusieurs cachets d’Empreurs successifs.

En Chine, l’usage des sceaux remonte à plus de deux mille ans. Sous les Royaumes Combattants (475-221 av. J.C.), on distingue déjà deux sortes de sceaux : les cachets officiels ou de fonction (guan xi), ou les sceaux privés ou de particuliers (si xi). Sous les Qin (221-207 av. J.C.), l’empereur réglemente le terme xi à un usage impérial. Les sceaux des particuliers prennent alors le nom de yin ou zhang et sont aujourd’hui appelés minzhi zhang (sceau de nom personnel). Et sous les Tang (618-907), on trouve les premiers sceaux de collection et d’appréciation (shoucang yin) apposés sur des peintures ou calligraphies. Le grand empereur calligraphe Taizong (598-649) ainsi que Xuanzong (685-762) utilisent des sceaux gravés de leur nom de règne.
 
      
 
Le développement de la culture chinoise du cachet a atteint son apogée au cours des dynasties Ming et Qing. Les lettrés cherchaient en effet à combiner la calligraphie, la peinture et le sceau pour atteindre la perfection dans leurs créations artistiques. Les artisans explorent alors l’utilisation de matériaux très variés : néphrite, stéatite, ivoire, bambou, cristal de roche ou encore le bronze, ainsi que des formes diverses : carrés, ronds, rectangulaires, ovales, etc. Toutes ces possibilités leur permettent de développer un nouveau moyen d’expression artistique.

Les cachets de l’empereur Qianlong

Les 1 800 cachets que possédait l’empereur Qianlong illustrent bien l’importance de cette culture du sceau de l’époque. Parmi les douze empereurs de la dynastie Qing, il est celui qui a possédé le plus grand nombre de sceaux, d’une qualité inégalée jusqu’alors. De ses 1 800 sceaux, 500 étaient utilisés couramment, répartis à travers les palais et résidences, et 1 000 sont aujourd’hui conservés au musée de la Cité Interdite de Beijing.
 

L'empereur Qianlong

 
L’historien Wei Hong (principale période d’activité : 25-57 ap. J.-C.) est cité dans Shiji Jijie (The Collected Works of the Records of the Grand Historian) comme ayant déclaré : Avant la dynastie Qin (221 av. J.-C.– 207 av. J.-C.), les ministres utilisaient l’or et la néphrite pour leurs cachets, les sculptant avec des boutons en forme de dragons et de tigres. Après la dynastie Qin, seuls les cachets des empereurs pouvaient être sculpté en néphrite, les ministres n’osaient même plus [l’]utiliser. »

Pendant des milliers d’années, la plupart des cachets importants de la cour chinoise étaient donc en néphrite, d’où le terme « cachet en néphrite » (Yu Xi) utilisé pour désigner un cachet impérial. Pendant la dynastie Qing, la plupart des cachets impériaux sont en néphrite blanc ou céladon. Après la victoire de la guerre avec Altishahr, au XVIIIe siècle, la cour utilise de plus en plus de néphrite vert épinard provenant de cette région (à l’Ouest de la Chine).

 Les cachets, précieux outils de datation

Aujourd’hui, les cachets impériaux de l’époque Qianlong constituent une base importante pour identifier l’authenticité des rouleaux et des peintures impériales Qianlong, ainsi que pour déterminer leur époque. L’utilisation des cachets impériaux de Qianlong dans la calligraphie et la peinture était étroitement liée à sa politique, à sa culture et à ses goûts littéraires. Les inscriptions, les formes, les matières de ses cachets ont évolué en conséquence d’une période à l’autre.
 

L'empreinte du sceau présenté par Beaussant Lefèvre & Associés

Chaque cachet, des 1 800 de l’empereur Qianlong, avait une signification particulière, et de fait, un usage précis. Les empreintes des sceaux sont répertoriées dans un album intitulé Manuel de cachets de l’Empereur Qianlong, dont un exemplaire est conservé au musée Guimet. Celui que présentera Beaussant Lefèvre & Associés aux enchères le 15 avril y est répertorié. L’usage de ce sceau était approbateur : l’inscription, au revers du cachet, indique Qianlong qin xian zhi bao (乾隆親賢之寶) : Trésor de l’empereur Qianlong, appréciatif des personnes talentueuses.

Comme l’écrit l’historien japonais Sugimura Yuzo dans la préface de son livre L’empereur Qianlong : La figure centrale de la Chine du XVIIIe siècle, la plus grande nation culturelle du monde, était le souverain, l’empereur Qianlong. Il est né au début du siècle et est mort à l’âge de 89 ans en 1799. Cet empereur a laissé derrière lui un héritage de grandes actions au cours de ses soixante années de règne, et la plupart des objets précieux dans le domaine de l’histoire de l’art chinois lui sont désormais associés.

Ce cachet impérial est une occasion rare d’apprécier la politique culturelle de l’empereur Qianlong.

Enfin, issus de la même collection, un ensemble d’objets sculptés dans des pierres dures seront présentés. Les plus importants sont sculptés en néphrite, à l’instar d’une importante coupe de mariage en néphrite céladon du XVIIIe siècle estimée entre 40 000 et 60 000 €, d’une chope couverte en néphrite brun noir estimée 30 000 à 40 000 € ou encore d’un poisson sculpté dans de l’aigue-marine, estimé entre 6 000 et 8 000 €.

Découvrir le sceau impérial en vidéo :
 

Vente aux enchères publique - Hôtel Drouot - Salle 4
Vendredi 15 avril 2022 - 14h

Exposition publique - Hôtel Drouot - Salle 4
Mercredi 13 avril 2022 - 11h/18h
Jeudi 14 avril 2022 - 11h/20h
Vendredi 15 avril 2022 - 11h/12h


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Arts d’Asie

Vente : vendredi 15 avril 2022
Salle 4 - Hôtel Drouot - 9, rue Drouot 75009 Paris, France
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Tél. 01.47.70.40.00