[VENTE MAINTENUE EN LIGNE] DE BAECQUE & Associés - Collection Colette Creuzevault #2
vendredi 20 novembre 2020La collection initiée par Henri Creuzevault et poursuivie par sa fille, Colette, représente un remarquable panorama de la scène artistique parisienne de l’après-guerre aux années 1990.
Un exceptionnel Max Ernst (1891-1976) et un rare Picasso (1881-1973)

Max ERNST (1891-1976)
Forêt, 1927
Toile signée en bas à droite
H. 65 cm L. 80 cm
Estimation : 300 000 / 500 000 €
Autre œuvre graphique, Tête d’homme au chapeau (1971), un dessin aux feutres de Pablo Picasso (estimation : 130 000 - 150 000 €). Toujours créatif, l’artiste insuffle une verve incroyable à ses créations. Cette œuvre sur papier, appartenant à une série initialement montrée à la Galerie Louise Leiris, témoigne de la vivacité et du dynamisme du marché de l’art parisien des années 1970.
![]() | aaa | Pablo PICASSO (1881-1973) Tête de pierrot, 1971 Dessin aux feutres noir et de couleurs, rehaussé de craie blanche sur carton gris, signé, daté 9.1.71. et numéroté III en haut à gauche, magistralement daté Samedi 9.1.71 et numéroté III au dos sur un fond esquissé au feutre rouge H. 31,9 cm - L. 22,4 cm Estimation : 130 000 - 150 000 € |
Picasso sculpteur sera aussi représenté au travers Centaure ailé au hibou (1950). Estimée 20 000 - 30 000 €, cette épreuve en bronze à patine brune fut réalisée à partir d’une terre cuite rouge exécutée à Vallauris en 1950. Ce modèle ne fut tiré qu’à deux exemplaires par le fondeur Emile Godard. Du Picasso céramiste, un Visage de face (6 000 - 8 000 €) passera aussi sous le feu des enchères. Le modèle de cette terre cuite blanche fut réalisé le 6 octobre 1960. Cette céramique porte les cachets en creux Madoura et l’empreinte originale de Picasso.
Germaine Richier (1902-1959) et Henri Creuzevault, une rencontre déterminante
Germaine Richier tenait une place particulière dans la collection initiée par Henri Creuzevault et poursuivie par sa fille, Colette. Parmi les lots phares, le collectionneur ou l’amateur retiendra notamment une œuvre maîtresse de Germaine Richier, La Vierge Folle de 1946. Cette sculpture constitue l’une des rares représentations humaines dans l’œuvre de l’artiste, et se démarque aussi de ses autres créations par sa grande taille. Réalisée tôt dans la carrière de Germaine Richier, cette pièce montre son détachement de l’influence classique. Cette fonte Susse Frères est estimée 200 000 - 300 000 €.

La Vierge folle, 1946
Bronze patiné signé numéroté 4/6
Susse Fondeur, Paris
Base en bois
H. 134 cm
Estimation : estimée 200 000/300 000 €
On ne cesse de redécouvrir l’œuvre, le talent et l’extraordinaire originalité de cette élève de Bourdelle. L’Araignée II, moyenne, 1956 (lot 3)* se voyait adjugée, en décembre 2019, 66 000 € (83 820 € avec les frais) et battait ainsi son record précédent de 2013 : 44 296 €. La Mante, moyenne, 1946 (lot 5)*, quant à elle, atteignit 180 000 € (228 600 € avec les frais).
Avec son œil précurseur, Henri Creuzevault n’hésite pas à signer un contrat d’exclusivité avec l’artiste qu’il expose magistralement au printemps 1959, événement dont un remarquable catalogue préfacé par Georges Limbour perpétue le souvenir. Le décès prématuré de celle que l’on surnommait déjà L’Ouragane en juillet de la même année, convainc absolument Henri Creuzevault qu’il a entre les mains l’œuvre d’une artiste majeure. Après avoir prolongé son contrat d’exclusivité avec la succession, le marchand d’art n’a de cesse de promouvoir l’œuvre de Germaine Richier, tant au travers d’expositions à la galerie - L’Atelier de Germaine Richier en 1960, La Grande Spirale en 1961, Triptyques et diptyques en 1963, Peintures, sculptures objets en 1964 - que par le biais de prêts aux institutions lors de différentes rétrospectives, organisées en France comme à l’étranger. La publication par la galerie en 1966 de la somptueuse monographie consacrée à la sculptrice, marque un profond attachement à l’un des œuvres les plus puissants et les plus originaux du XXe siècle. Pendant le premier volet de la Collection Colette Creuzevault, le musée Picasso d’Antibes proposait une exposition rétrospective, Germaine Richier, La Magicienne, du 6 octobre 2019 au 26 janvier 2020. La première manifestation d’importance depuis la rétrospective de la Fondation Maeght en 1996 !
12 œuvres de César
En 1957, Henri Creuzevault expose un artiste peu connu nommé César, avec lequel il a signé un contrat de deuxième vue ; le galeriste peut être considéré comme l’un des principaux instigateurs du travail de l’artiste à la fonderie. Au décès de son père en 1971, Colette, fascinée par cet univers artistique et créatif depuis sa plus tendre enfance, prend le relais et poursuit brillamment l’aventure de la galerie.
Pièce emblématique de sa série sur les empreintes, le Pouce (1964/1966), estimé 80 000 / 120 000 €, passera lui aussi sous le feu des enchères. Conçue en 1964, cette version a fait l'objet d'une édition originale en bronze de 8 épreuves seulement.
![]() | aaa | CÉSAR (1921-1998) Le Pouce, 1964/1966
Épreuve en bronze à patine dorée nuancée et poli, signée, datée 66, justifiée 1/6 et portant la marque du fondeur Blanchet en bas à l'arrière H. 90 cm - L. 47,5 cm - P. 26 cm Estimation : 80 000 - 120 000 € |
Cette vacation présente des œuvres rares de César mais aussi des pièces uniques. Trois sculptures en fer soudé figurent au catalogue : Les pieds au mur dits la Poule-paon, 1956 (estimation : 50 000 / 80 000 €), Le corbeau, 1955 (estimation : 40 000 / 50 000 €) et Echassier, 1959 (estimation : 30 000 / 50 000 €). Ces trois pièces signées sont enregistrées dans les archives de Denyse Durand-Ruel.
![]() | aaa | CÉSAR (1921-1998) Échassier, 1959 Sculpture en fer soudé, signée deux fois et datée sur la terrasse H. 27,5 cm - L. 24 cm - P. 22 cm Estimation : 30 000 - 50 000 € |
Grande amie de César, Colette Creuzevault organise au printemps 1973 la mythique exposition Tête à têtes, consacrée aux autoportraits empreints de l’artiste. Cet événement considérable, abondamment commenté, est resté dans la mémoire collective pour son extraordinaire vernissage, où les convives pouvaient déguster des autoportraits de César réalisés en pain, par son ami le boulanger Poilâne. La fidélité de Colette Creuzevault à César est exemplaire, comme en témoigne une dernière exposition hommage en 2005, Masques 1968-1973.
![]() | aaa | CÉSAR (1921-1998)
Autoportrait aux fesses Épreuve en bronze doré, signée en bas à droite, justifiée 2/2 au dos et portant la marque du fondeur Blanchet sur la tranche en bas à droite H. 45,5 cm - L. 44,5 cm - P. 12 cm Estimation : 4000 - 6000 € |
Niki de Saint Phalle (1930-2002), le grand coup de cœur de Colette Creuzevault
Au cours de la dispersion de la première partie de la Collection Colette Creuzevault, deux œuvres multiples de Niki de Saint Phalle se firent remarquer : Nana dansant, 1976 (lot 28)* coréalisée avec Jean Tinguely décrocha 26 000 € (33 020 € avec les frais) alors qu’en 2013 elle culminait à 22 568 € ; quant à Clarice, 1982 (lot 30)*, elle trouva preneur à 42 000 € (53 340 € avec les frais) alors qu’en 2017 elle avait obtenu 40 000 €.
Une famille de marchands et d’artistes
Alors qu’Henri Creuzevault commença sa carrière en tant que relieur d’art, sa fille Colette s’essaya discrètement à la peinture. Quatre œuvres de cette vacation, estimées quelques centaines d’Euros, en témoignent : ses peintures offrent une sorte de vision surréaliste. Des animaux fantastiques – ou rarement représentés – les habitent. Cependant, ces animaux énormes ne dégagent aucune agressivité et semblent dociles. Et la palette pastel accentue le caractère féérique de ces créations. Il s’agit a priori d’un travail personnel qui n’aurait jamais été présenté au public. Ces œuvres rappellent l’appétence onirique de Colette Creuzevault. Dans ces peintures, on perçoit des réminiscences de Niki de Saint Phalle ou des allusions à César. On y observe aussi l’influence d’artistes sud-américains tels Wifredo Lam ou Robert Matta aussi présents dans cette vacation.
À la génération suivante, on retrouve Sophido (née en 1963), la fille de Colette Creuzevault. Cette vente aux enchères propose quatre œuvres de la sculptrice : Chat pêcheur, 1989 (estimation : 800 / 1000 €), Chat rocker, 1989 (estimation : 1000 / 1500 €), Le chat dentelle, 1989 (estimation : 1000 / 1500 €), Les gémeaux, 1990 (estimation : 1000 / 1500 €). Ces œuvres dégagent une poésie ludique et une douceur mâtinée d’un humour subtil.
Ce second volet de la Collection Colette Creuzevault réunit 37 pièces ; ces œuvres constituent un ensemble rare, à la provenance prestigieuse. En observant cette collection, on comprend les liens étroits qui unissent les acquisitions du père et de la fille, mais également les œuvres les unes aux autres. Ces pièces témoignent aussi d’un goût et d’engagements, parfois audacieux, pris par cette famille de passionnés. Certaines acquisitions prouvent un regard précurseur et un enthousiasme pour des créations étonnantes à une époque. Les Creuzevault n’ont pas seulement défendu les artistes dans leur galerie, mais ils les ont aussi soutenus en acquérant également des œuvres pour leur collection personnelle. Outre la rareté de certaines pièces, la multiplicité des œuvres présentées pour un même artiste fait de cette dispersion un évènement exceptionnel. Elle met à l’honneur un art moins fréquent en salles des ventes : la sculpture, et apporte aussi un éclairage sur le marché de l’art de la deuxième moitié du XXe siècle.
Les œuvres d’autres artistes majeurs du XXe siècle, tels Fernando Botero, Alexander Calder, André Derain, Jean Dewasne, Alekos Fassianos, Wifredo Lam, Paul Kallos, Bengt Lindström, Roberto Matta, figurent également au catalogue.
