Un carton comprenant une vingtaine de livres des éditions la Pléïade
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vingtaine de livres des éditions la Pléïade

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BAMILEKE, Ouest Cameroun. Masque "Tsema 'bu" dit "Batcham". Bois, patine naturelle et restes de fibres. 69 x 60 x 17 cm. Provenance : Succession Tourangelle. Note : La région des prairies à l'ouest du Cameroun, peuplée par les Bamiléké, est l'un des plus grands foyers d'art et de culture de l'Afrique noire, qui s'organisait selon une hiérarchie très structurée, fondée sur la royauté et les sociétés secrètes. Le masque « Tsema'bu » de la confrérie du « Msop » est communément appelé masque « Batcham ». Cette appellation est plus celle du Royaume de Batcham où fut découvert et collecté le premier de ses masques, en 1904. Notre exemplaire se rapproche des caractéristiques de la région de Bandjoun. Les masques « Tsema 'bu » sont un instrument de contrôle social, ils expriment ou représentent la puissance et la position dans la hiérarchie sociale des grands notables et du Fo' ô. Ils appartiennent au « Msop », une puissante et vieille société dont les grands initiés, seuls autorisés à le porter, sont les véritables piliers du pouvoir politique et religieux en pays bamiléké. Le « Tsema 'bu » ne sort qu'à de rares occasions, pendant les funérailles et l'intronisation du roi et des neufs notables ou des réunions de confréries. Comme on ne sait pas encore tout des rares masques Batcham, il faut les observer pour qu'ils parlent, au-delà de leur origine, de leur histoire, de leur traçabilité. Celui-ci est lumineux grâce à son bois clair, majestueux par son allure générale et iconique, par sa puissante veine expressionniste et les exceptionnelles solutions plastiques qu'il suggère, inventées par le génie créateur du maitre-sculpteur, ici, anonyme. Finement surlignés, les yeux aux multiples pupilles ont l'air de voir au-delà du réel, pour percer on ne sait quel mystère. Tout le visage tassé vers le bas et même légèrement écrasé sert de socle à une grande forme symétrique soigneusement striée qui tient du disque solaire et de la palme qui donne de l'ombre. Légèrement incurvée, elle tombe juste. Un peu plus en arrière, elle serait raide, un peu plus en avant elle serait en déséquilibre : la relation entre le plein et le vide trouve ici un juste équilibre. L'arrière du masque est également remarquable. Une crête ciselée assure l'unité, en courant sur toute la surface dont elle relie le haut et le bas. Le masque porté était ainsi un objet exaltant tout le règne végétal et animal, destiné à être regardé de tous côtés, y compris de profil. Objet royal, qui se présente sous son meilleur jour, quel que soit le point de vue. Sur le plan traditionnel, ce masque représente la tête d'un hippopotame « Dzetshe » émergeant des eaux et qui est le Pi, double animal d'un grand dignitaire ou d'un chef (Fo' ô), ce qui permet à l'individu d'avoir une double existence et de s'approprier les qualités de l'animal choisi pour agir plus efficacement dans la vie communautaire et se protéger. L'analyse de datation du bois au carbone 14 donne un résultat de 95,4% de confiance pour une datation entre (1806-1926), avec une période présumée du 19e siècle. (Rapport scientifique 0224-OA-265J, CIRAM). Cette analyse a été suivie d'une étude xylologique permettant d'identifier l'essence du bois, qui fait partie de la famille des Boraginaceae du genre Cordia et très probablement de l'espèce platythyrsa. Le nom courant est Ebe, cette essence se rencontre en Afrique tropicale, de la Sierra Léone au Cameroun. (Rapport scientifique 0224-OA-265J, CIRAM). L'abatage de ce type de bois (Ebe) était réglementé par le Fo' ô et accompagné de divers rites. En particulier, le sculpteur, gardien de la tradition, observe au cours de ses opérations une continence sexuelle et respect de tabous alimentaires. Jusqu'à ce jour, seuls une vingtaine de masques « Batcham » sont connus dans le monde et notre exemplaire est l'un des derniers masques dit de Batcham en mains privées. Contributions : -Gérard MACÉ, écrivain et poète, auteur du livre Chefferies Bamilékés. -Hugues DUBOIS, photographe. -CIRAM, laboratoire d'analyse des matériaux. Littérature : -« Batcham », sculptures du Cameroun. Nouvelles perspectives anthropologiques par Jean Paul NOTUE. Musée de Marseille, Réunion des Musées Nationaux, 1993. -« La Panthère et la Mygale », rois et sculpteurs de l'ouest Cameroun. Louis PERROIS et Jean Paul NOTUE. Éditions Karthala-Orstom, 1997. -« Chefferies Bamilékés » Gérard MACE. Éditions Le Temps Qu'il Fait, 2014. -« Les Masques dits 'Batcham' »', Pierre HARTER. Arts d'Afrique Noire, n°3, 1972. Expert : Christian NJIENSI