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mar. 18 juin

Grand peigne, Dogura ou Wedau, Région de Bartle Bay, Zone Continentale du sud de l'île Papouasie Nouvelle Guinée Racine de pandanus XX° siècle Hauteur: 41cm Provenance: Collecté dans le village de Dogura ou celui de Wedau par R. Jones entre 1924 et 1942 Vente Lawsons du 18 juin 1990 Collection Harry Beran (HB 559) Collection Marcia et John Friede. The Jolika Collection. Rye New York, USA Bibliographie: Galerie Franck Marcelin, Art Massim. Une Selection D'oeuvres Provenant De La Jolika Collection De Marcia Et John Friede, Et A Divers Amateurs, 2016, reproduit p.108 Cet élégant peigne fabriqué en racine de pandanus se compose d'une étroite poignée droite à l'extrémité arrondie, prolongée de neufs dents disposées en forme d'éventail, fixées à la base par un tressage en fils Extraits de l'écorce de l'arbre Lokua'i, évitant également à la poignée de se fendre. Cet objet constitue une magnifique métaphore de la beauté organique de l'arbre Pandanus, mettant en avant leurs similitudes et incarnant la profonde connexion des peuples de Papouasie avec leur environnement naturel. La poignée rappelle le tronc tandis que les dents évoquent l'élégance des racines aériennes caractéristiques, produisant une oeuvre emplie d'un mélange de force et de délicatesse. Le peigne était porté tant par les hommes que par les femmes comme parure de cheveux. Le Field Museum de Chicago conserve deux peignes similaires collectés par Albert B. Lewis à Wedau. (Inv 141 621-2) Le Field Museum de Chicago conserve deux peignes similaires collectés par Lewis à Wedau (Inv 141 621-2) Modèle en forme d'éventail à neuf dents séparées par des fils en fibre. La poignée au sommet arrondi. Le peigne était porté aussi bien par les hommes que par les femmes comme ornement de cheveux. Fabriqué à partir de la racine aérienne du pandanus. Une petite ficelle, extraite de l'écorce de l'arbre Lokua'i, séparait les dents du peigne et empêchait la poignée de se fendre.

Estim. 400 - 500 EUR

mar. 18 juin

Sceptre royal Baoulé Côte-d'Ivoire Bois Hauteur: 30 cm Provenance: Lot 198, vente Christie's Paris, 7 juin 2005 Collection privée française S'éloignant des représentations classiques de la statuaire colon, ce manche de chasse-mouche sculpté apparaît ici comme une véritable figure de pouvoir. L'artiste est parvenu, avec justesse et sensibilité, à transmettre un idéal d'autorité à travers de puissants symboles iconographiques. La scène sculptée en ronde-bosse représentant un homme chevauchant un léopard, reposant sur une base rectangulaire finement incisée de motifs géométriques. La figure du colon est ici traitée selon les codes consacrés, habillée à l'européenne et coiffée d'un chapeau colonial. Le casque, emblème suprême du pouvoir et de l'autorité coloniale fût adopté par les chefs et les notables locaux afin d'asseoir leur statut social tout en s'attribuant un peu du prestige occidental. Le souci de réalisme et l'importance accordée aux détails caractérisent cette composition, emplie de dynamisme, de noblesse et de dignité. Le jeu savamment maîtrisé des textures et des matières, sublimées par l'intense patine claire aux reflets brunsmiel, participe à l'harmonie générale. Aux tâches rondes finement hachurées du pelage du léopard, répondent le subtil maillage de l'uniforme et du couvrechef du personnage, ainsi que les délicates chéloïdes traditionnelles en relief ornant le cou et le visage. La symbiose des deux figures repose également sur le traitement de la posture et de l'expression. La puissance et la bravoure du léopard, campé sur ses quatre pattes, transparaît dans son regard offensif, signifié par les yeux en amande taillés à l'oblique, et dans sa gueule, grande ouverte sur des rangées de dents apparentes. Solidement accroché à sa monture, le personnage, légèrement penché en avant, affiche un visage impassible au regard figé et aux lèvres tendues, soulignant toute son assurance et sa détermination. Empruntant aux codes de la tradition et de la modernité, cet insigne autrefois porté par les dignitaires, exulte le pouvoir royal. L'artiste a réalisé une oeuvre à contrecourant, témoignant de son ingéniosité et de sa capacité à susciter des dialogues sur l'identité, le pouvoir, et l'héritage colonial. Si notre exemplaire, à travers cette double association du colon et du léopard, est unique, un chasse-mouche de dignitaire ayant appartenu à Hans Himmelheber et Egon Guenther présente également à son sommet l'iconographie, rare, du léopard. La troublante ressemblance stylistique entre les deux objets - notamment dans le traitement des tâches du pelage, nous amènerait à penser à un même atelier, voire un même artiste.

Estim. 2 000 - 3 000 EUR

mar. 18 juin

Masque facial, Aire stylistique de l'embouchure du fleuve Ramu Province de Madang, Papouasie Nouvelle Guinée Bois sculpté Epoque présumée: début XXe siècle ou antérieure Hauteur: 51cm Provenance: - Collecté in situ par Richard Aldridge, Perth - Collection Michael Hamson. USA (m0610-2) - Collection Harry Tracosas. USA (acquis du précédent en 2014) Les masques sculptés représentant des humains sont omniprésents dans les cultures matérielles de la Nouvelle-Guinée, en particulier dans la partie orientale, Sur les berges des fleuves Sepik et Ramu, dans la partie orientale de la Nouvelle-Guinée, les masques sculptés représentant des visages humains stylisés, incarnant l'esprit-ancêtre d'un membre du clan ou un esprit surnaturel sont omniprésents. Très rarement portés. Ce masque présente des percements aux niveaux des oreilles et du nez pour la fixation d'ornement. Persiste la trace de fixation d'un bâton horizontal pour la préhension du danseur, ainsi qu'une excroissance repercée, au sommet du front, permettant de fixer le masque sur un support mobile, appuyé contre une paroi, à l'intérieur de la maison cérémonielle. Des éléments indiquant qu'il aurait été porté lors de cérémonies. Selon Dorota Czarkowska Starzecka à propos d'un masque de style apparenté conservé dans les collections du British Museum, certains étaient également « utilisés dans les cérémonies d'initiation » (« Masks in Oceania » Masks: the Art of Expression, 1996, p.73). Lors de la cérémonie, la présence surnaturelle que le masque incarnait était renforcée par l'accompagnement oratoire, musical et chorégraphique caractérisant les cérémonies très dynamiques de la Nouvelle-Guinée. La couleur rouge obtenue par des applications successives de pigments, croûteuse par endroits, témoigne du grand âge de ce masque. Le visage ovale allongé est doté d'une belle expressivité, renforcée par un pourtour classique en forme de coeur englobant le regard et le nez. Les yeux de formes circulaires en relief magnifiés par de net arcades sourcilières épousant et reprenant subtilement la forme du coeur. Le nez imposant aux narines retroussées. La bouche aux lèvres en relief, aplanie esquisse un large sourire serein. Pigments, ocres, oranges, bruns.

Estim. 10 000 - 12 000 EUR

mar. 18 juin

Hache cérémonielle Population Melpa Mount Hagen, Province Ouest des Highlands, Papouasie Nouvelle Guinée Bois, rotin, pierre verte-grise (peridotite) Hauteur: 78cm, longueur: 87cm Provenance: - Collection Rainer Werner Bock. Hawaï Dénommée kenduaubu ou dikurugu, ce bel et ancien exemplaire de hache cérémonielle est formée de sa grande et fine pierre contrebalancée par une extrémité évasée en bois et magnifiquement liée au manche par un fin tressage de rotin. Les lames de hache en pierre de qualité supérieure étaient précieuses et pouvaient être échangées ou utilisées dans de nombreuses formes de paiement. Lorsqu'une grande pierre était façonnée et fixée sur une hache, elle était alors considérée comme un objet de richesse plutôt qu'un simple outil. Exprimant le savoir-faire artisanal des peuples des hautes-terres occidentales de Papouasie Nouvelle Guinée, cette hache cérémonielle kenduaubu ou dikurugu s'affirme par son impressionnante taille et la majestuosité de sa lame plane en pierre péridotite, sculptée et polie. Les lames utilisées pour ces haches provenaient de carrières principalement situées dans l'aire géo-culturelle du Mont Hagen, dans les régions de Jimi, Wahgi et Asaro. L'axe en bois sur lequel est montée la lame forme un bel arrondi, dont l'extrémité arrière présente une projection évasée faisant office de contrepoids, la surface ornée d'un beau travail de vannerie. Les haches cérémonielles telles que notre objet constituent les plus beaux exemplaires produits dans la région, se distinguant par leur élégance et par le long et minutieux travail de sculpture de la lame large et évasée au tranchant en forme de croissant. Elles étaient utilisées à l'occasion de danses mais également comme prix de la mariée.

Estim. 2 500 - 3 000 EUR

mar. 18 juin

Pilon d'un mortier à noix de bétel, Nord de l'aire Massim Papouasie Nouvelle Guinée Bois d'ébène XIX° siècle Hauteur: 23,1 cm Provenance: Collection Barbara Perry, Australie Collection Harry Beran, Angleterre (HB113) Collection John & Marcia Friede.Rye, New York, USA La mastication de la noix de bétel est une tradition ancienne dans la région Massim, faisant l'objet d'une préparation particulière nécessitant l'usage d'outils traditionnels: le mortier et le pilon. Le mortier est généralement fabriqué en bois dur et est conçu pour résister aux forces nécessaires pour écraser les noix de bétel. Le pilon est une pièce solide et lourde qui est utilisée pour écraser les ingrédients dans le mortier. Ce pilon de mortier consiste en un manche droit, s'évasant à son extrémité, surmonté d'un buste féminin taillé en ronde-bosse. L'effigie, dont l'attitude solennelle aux yeux clos et aux bras croisés et pliés en angle droit sous la poitrine, renforce le hiératisme vertical de la composition. Sculpté dans un bois d'ébène aux nuances brunes profondes, notre objet présente par endroits sur son manche une patine plus claire, témoignant de son utilisation répétée. Barbara Perry collectionna sa vie durant l'art de Papouasie Nouvelle- Guinée. La rencontre fortuite avec cet art se produisit en 1964, inspirée par les récits et les objets collectés dans la région par un ami de retour de voyage. Son mari Ron Perry décida alors de partir pour une expédition dans les Hautes Terres et le Sepik, ramenant des objets qui lancèrent le commerce d'artefacts du couple. Barbara se rendit pour la première fois en Papouasie Nouvelle-Guinée quatre ans plus tard, explorant aux côtés de Ron, de Madang à Wewak, Angoram, remontant le fleuve Sepik jusqu'à Ambunti. Après leur divorce, à la fin des années 1970, elle constitua une grande collection d'art de Papouasie Nouvelle-Guinée et d'art aborigène à Abbotsford, puis à Melbourne

Estim. 500 - 700 EUR

mar. 18 juin

Rhombe kaiaimunu, Golfe de Papouasie Papouasie Nouvelle Guinée Bois de black palm, rehauts de chaux Hauteur: 47 cm Provenance: Lewis Wara Gallery, Seattle Collection privée, Nevada Les rhombes kaiaimunu sont des objets sacrés utilisés dans les rituels et les traditions des peuples autochtones de certaines régions de la Nouvelle-Guinée, notamment dans le delta de la rivière Purari. Ces objets sont généralement fabriqués à partir de lamelles de bois oblongues, avec une corde attachée à l'une des extrémités - comme en témoigne la présence d'un trou dans la partie supérieure, afin de le faire tournoyer rapidement sur son axe dans les airs et de produire un son sourd. Se détachant en haut-relief sur la partie supérieure de la planche, une figure est représentée, les contours esquissés sommairement par des tracés sinueux, joliment soulignés par la patine plus claire du bois. Les rhombes kaiaimunu étaient considérés comme des instruments de communication avec les esprits, des entités puissantes incarnées dans de grandes effigies en osier représentant des animaux monstrueux. Ces effigies étaient conservées dans des maisons cérémonielles et étaient utilisées lors de divers rituels et cérémonies, y compris les initiations masculines et les funérailles d'hommes importants. Lorsqu'ils étaient joués, les rhombes émettaient un son sinistre et profond, censé représenter la voix des esprits. Ils étaient utilisés pour invoquer ces forces surnaturelles lors de rituels spécifiques et pour communiquer avec le monde spirituel. Ces objets étaient considérés comme des objets hautement sacrés et étaient réservés à un groupe restreint d'hommes initiés, qui étaient responsables de leur fabrication, de leur conservation et de leur utilisation lors des cérémonies traditionnelles.

Estim. 1 800 - 2 000 EUR

mar. 18 juin

Tapa maro, Lac Sentani Papouasie occidentale, Indonésie Ecorce de bois battu. Hauteur: 74 cm Longueur: 50 cm Provenance: Collection H. Heynes Collection Loed Van Bussel Amsterdam (Inv ZM035) The Jolika collection de Marcia & John Friede, USA. Traditionnellement fabriqués et portés autour de la taille par les femmes mariées, les pagnes d'écorce peinte symbolisaient le passage à l'âge adulte dans les sociétés du Lac Sentani. Le tissu d'écorce maro provient de l'écorce d'un Ficus. Sa couche externe est retirée afin de conserver la bande d'écorce interne, qui sera battue sur une enclume en pierre afin d'aplanir les fibres. Le morceau de tissu ainsi créé, lisse et uniforme, est trempé dans l'eau puis séché. Notre exemplaire, de forme rectangulaire, dont la polychromie est magnifiquement conservée, est décoré d'une répétition de motifs typiques en spirales (fouw). Il s'agit du motif originel, présent sur les tout premiers maro avant l'apparition de dessins plus figuratifs mettant en scène des créatures aquatiques telles que des poissons, des tortues ou des lézards, ou des références à l'art de la pêche. Les pigments naturels appliqués sur l'écorce sont mélangés à de l'eau et de la résine végétale. Le noir (nokoman), fabriqué à partir de suie ou de charbon de bois, est utilisé pour le tracé des motifs spiralés, se détachant sur un fond d'un rouge profond (nime-nime ou mélé), obtenu à partir de terre ou de pierre rouge. Des touches de pigments blancs (kéléuman) fabriqués à partir de chaux, apportent de l'éclat à l'ensemble de la composition. La grande fascination exercée par le maro sur les artistes occidentaux dans les années 1930, s'explique par le lien étroit qui unissait Jacques Viot, auteur et marchand d'art, au cercle artistique surréaliste. Grand voyageur amateur d'exotisme, profondément anti-colonialiste, il ramena en Europe, pour le compte du galeriste parisien Pierre Loeb, auprès duquel il s'était endetté, de nombreux objets ainsi que de surprenants tapa maro collectés près du lac Sentani, un territoire de Nouvelle- Guinée fortement emprunt d'influences indonésiennes. D'importantes collections d'art océanien furent alors constituées par Loeb et André Breton, faisant l'objet d'expositions à Paris et New York, initiant certains artistes tels que Ernst, Miró, ou Matisse à ces tissus d'écorce peints, dont ils firent l'acquisition. Répondant à la quête Surréaliste d'exploration du monde onirique, union suprême de l'art et du rêve, cette forme artistique apparaît comme la révélation d'un « état magique », d'une « vision de l'au-delà de ce que l'oeil peut percevoir ». (Webb, V.-L., Ancestors of the Lake, Art of Lake Sentani and Humboldt Bay, New Guinea, 2011). Henk Heynes, premier acquéreur de cette oeuvre, fut, dans les années quarante, le fondateur et le directeur de l'école Technique à Hollandia, la capitale de la province de Papouasie - renommée Jayapura en 1968.

Estim. 1 500 - 2 000 EUR

mar. 18 juin

Appui tête, Peuple Iatmul. Papouasie Nouvelle Guinée Bois sculpté, pigment noir, fibres. Longueur: 39cm. Littérature: Anthony JP. Meyer. «Appuie-nuque océaniens» Page 29 n°18 Cet appui-nuque de forme oblongue à l'assise légèrement incurvée, reposant sur un double piètement consolidé de ligatures en rotin, présente de belles extrémités sculptées en forme de têtes de crocodiles stylisés. Cet objet appartenant à un homme, investi de la protection spirituelle des figures de crocodiles sculptées, permettait de garder intacte sa coiffure durant son sommeil. Animal totémique de la société Iatmul installée sur les rives du fleuve Sepik, le crocodile est le créateur suprême qui donna naissance au monde. Cette divinité aurait été une entité double qui, en se déplaçant dans la boue, aurait fait surgir les premières terres en utilisant sa queue. Cette croyance demeure fondamentale dans la structure sociale actuelle des villages iatmul, composée de deux factions: les Nyawinemba, les «individus du lever du soleil» (nyawi), et les Nyamenemba, les «personnes de la terre-mère» (nyame). Le corps humain, la maison cérémonielle et l'organisation du village sont appréhendés à l'image du corps de l'animal. Sa représentation investit chaque moment de la vie quotidienne, apparaissant sur les proues des pirogues, les tambours, les crochets de suspension, ou encore, comme ici, les appui-nuque. Les esprits ancestraux des eaux wagan s'incarnent à l'occasion de rites d'initiation masculine, créant un lien unique entre le crocodile et l'initié, d'où l'expression de « société des hommescrocodiles ». La rareté de l'iconographie zoomorphe, soulignée par Anthony Meyer dans son catalogue sur les appuienuques océaniens, souligne toute l'importance de notre objet, qui peut être rapproché de l'appuie-nuque ayant appartenu aux collections Roy, Meyer, et Pujol, et reproduit dans cette même publication (Galerie Meyer, Appuie-nuque océaniens, 2004, n°18, p.29)

Estim. 500 - 800 EUR

mar. 18 juin

Sommet de canne Dogon Mali Bois Hauteur: 24,1 cm Provenance: Sotheby's Londres, 8 juillet 1969, lot 168 Collection Christophe Tzara, Paris Collection Egon Guenther, Johannesburg Sotheby's New-York, « African Art from the Egon Guenther Family Collection », 18 novembre 2000, lot 36 Collection privée, acquis lors de cette vente Constituant l'extrémité d'une canne, dont la forme recourbée permettait d'être portée sur l'épaule, cette sculpture articulée sur un axe étroit et vertical, dont la composition témoigne d'un équilibre fragile mais maîtrisé, présente une figure hermaphrodite. La figure en ronde-bosse assise fièrement sur un tabouret. À sa position, assise attestant de l'importance du personnage représenté, défiant les lois de la physique, s'ajoute l'impression de flottaison du personnage, comme en suspension, rendue par l'espace ajouré formé entre les jambes et la hampe, symbolisant la transcendance de l'être mythique. Autorité et dignité s'expriment dans l'immobilité de la pose, conférant pouvoir et prestige à cet élément de canne. Les traits et les contours, bien qu'atténués par le temps et adoucis par l'ancienne patine croûteuse, brillante sur les parties saillantes, rendent compte d'une puissance sculpturale caractéristique de la statuaire Dogon, aux volumes anguleux et exacerbés. La fertilité, la fécondité manifestées à travers sa poitrine exagérée, fortement projetée dans l'espace, et son abdomen bulleux au nombril saillant. Présentant des attributs à la fois féminin - la poitrine, et masculin - le collier de barbe, l'effigie, par sa nature hermaphrodite, représenterait un ancêtre mythique, reflétant l'ambivalence et la dualité des genres dans la cosmologie Dogon. Selon les croyances, Amma, le dieu créateur, et Nommo, l'ancêtre primordial, possèdent tous deux des caractéristiques à la fois féminines et masculines, l'hermaphrodisme jouant ainsi un rôle important dans la représentation des principes de la création et de la complémentarité des forces dans l'univers. Pâte brun-rouge incrustée de la mention « EG », écrite en pigment blanc sur la face inférieure. Rare dans le corpus, ce sommet de canne est à rapprocher de l'exemplaire de la collection Peter et Veena Schnell, sculpté d'une figure hermaphrodite de même facture. La photo montre le sommet d'une canne Dogon de la collection Gunther. La photo sera offerte à l'acheteur.

Estim. 3 000 - 5 000 EUR

mar. 18 juin

Statue assise, Baulé, Côte d'Ivoire Bois, tissu, pierre et trois pépites d’or sur le front Hauteur: 47,5 cm Provenance: Collection Patrick Girard, Lyon, acquis ca. 1980 Collection Richard Vinatier, Avignon (inv. n0 607) Célébrée reconnue et élevée au rang d'arts premiers les plus appréciés des occidentaux, la statuaire Baoulé a su conquérir les esthètes du monde entier pour sa symbolique, sa délicatesse de modelé, sa paisibilité dont elle est animée. Parmi les modernistes Vlaminck fut l'un des premiers à y succomber. A sa saisissante « réflexion introspective » (Vogel, Baulé: African Art, Wester Eyes, 1997, p. 28) répond sa rare, remarquable et intrigante posture assise, accentuant sa quiétude et lui conférant une allure méditative. A la surface de cette figure féminine dont la gestuelle est empreinte de délicatesse, apparait une patine crouteuse, et quelques traces de kaolin, permettant de l'identifier à un asie usu. Elle serait la représentation dictée par le devin (le komyienfwé), « d'un génie de la brousse » sous la forme et les traits d'un humain correspondant aux critères iconographiques classique de beauté Baoulé. Intermédiaires avec les forces naturelles et surnaturelles, conçues comme un réceptacle, un lieu de résidence pour les esprits, les asye usu permettaient aux hommes, et au devin lui-même, de les apaiser, de les honorer et de communiquer avec eux. Incarnant l'esprit de la nature, l'art remplissait une fonction supérieure destinée à: « surmonter l'instinct, l'irrationnel, dépasser le désordre du monde pour inscrire dans des plans nets, des contours précis, un équilibre, pour dominer l'impulsivité, immobiliser l'esprit volatile, lui fixer la contrainte d'une mesure, d'une musicalité. [...] Imposer à un être indocile et turbulent une architectonique, une densité, des lignes harmonieuses, doucement incurvées » (Boyer, Baulé, 2008, p. 33-34). Les coiffures élaborées, ici constituée de fines rangées de nattes tressées ainsi que les scarifications raffinées animant le buste et le ventre, et le visage de cette figure féminine assise, elles étaient selon Susan Vogel « signes de la personne civilisée » exprimant le fait que « les énergies autrefois sauvages et destructives travailleront désormais pour le bien de leur hôte humain. » (Du visible à l'invisible, p.237). A la force de la symbolique répond la beauté, plus la statue était belle, plus l'esprit était bienveillant. Ses formes se complètent, se reflètent dans une harmonie parfaite. Les lignes anguleuses; des seins pointus et fins, des genoux et coudes pliés, contrastant savamment avec la douceur de l'ovale du visage, avec la rotondité du ventre exacerbée, sur lequel ses mains sont soigneusement posées suggérant ainsi la fertilité, contribuent au rythme de la composition. Par sa posture assise avec fierté et dynamisme conjugués (les jambes fléchies exprimant une énergie concentrée), par son allure majestueuse et l'exaltation d'une beauté parfaitement maîtrisée, cette statue reflète avec force la démarche des devins komyen les plus puissants qui, pour assoir leurs pouvoirs, commanditaient les sculptures les plus éloquentes. Aborder, admirer, l'art baoulé c'est considérer la culture visuelle particulière et spécifique de cette société. Nian dan, signifiant regarder fixement une oeuvre, est socialement inacceptable, « dans la pratique visuelle des Baoulé le fait de regarder une oeuvre d'art, ou des objets ayant une signification spirituelle est la plupart du temps un privilège et un danger potentiel. » (Susan Vogel, du visible à l'invisible, art et culture visuelle, page 110.) Cette oeuvre par la rareté de la femme représentée assise comme le soulignent, Boyer (in Joubert, 2016, p.136), pour qui seulement 5% des exemplaires sont représentés en position assise, et Bernard de Grunne (In Fischer & Homberger, 2015, p.84) référençant les statues assises à 14% sur 1300 exemplaires résume avec délicatesse la conception esthétique Baoule. Par sa beauté, sa puissance symbolique sacrée, sa rare posture assise sur un tabouret elle unit l'objet sacré à l'objet usuel, deux conceptions Selon la tradition orale, les Akan venus du Ghana auraient introduit l'art de l'orfèvrerie en Côte d'Ivoire au XVIII° siècle. Au coeur de la mythologie akan, les êtres et les objets qui peuplent l'univers sont des créatures d'Odumankaman et de l'homme. Odumankaman a créé des êtres et des objets non matériels et crée des êtres et des objets matériels. Dans le premier groupe, les Akan rangent la parole, les esprits, les génies et l'air. Dans le second, ils mentionnent l'eau, la terre, la pierre, les métaux, les éléments de la flore, les éléments de la faune et les humains. L'artisan de l'Univers a aussi créé des êtres animés et des êtres inanimés. Toutes ces créatures ont vu le jour avant l'homme, et toutes ces créatures sont des

Estim. 30 000 - 50 000 EUR