École française du XVIIIe siècle d'après Michel ANGUIER (1612-1686) - Amphitrite tranquille
Bronze à patine brune
H. 43 cm sur un socle en bois noirci et bronze doré H. 7 cm
Œuvres en rapport :
Pour la grande version :
- Michel Anguier, Amphitrite tranquille, bronze, H : 53 cm, Paris, musée du Louvre, département des objets d'art, inv.OA.11897 ;
Pour la petite version :
-Michel Anguier, Amphitrite tranquille, bronze, H : 37 cm, Dresde, Grünes Gewölbe, inv.IX.62.
Littérature en rapport :
- Geneviève Bresc-Bautier, Guilhem Scherf, Bronzes français, de la renaissance au siècle des lumières, Paris, Musée du Louvre édition et Somogy, édition d'art, 2008, modèle répertorié sous le n°55, pp. 206-207.
Si Michel Anguier est l'un des dépositaires du grand style de la sculpture versaillaise insufflé par François Girardon (1628-1715), il est aussi sans doute à l'origine de la diffusion et de l'engouement pour les statuettes indépendantes jetées en bronze, typologie d'œuvres qu'il a eu l'occasion d'admirer en Italie comme le célèbre ensemble du Studiolo des Médicis à Florence.
Cet art du petit bronze pour amateur, réservé jusqu'alors aux décors d'églises, se développe en partie grâce au succès critique et commercial du fameux Cycle des dieux et des déesses, conçu par Anguier peu de temps après son retour de Rome. Le 6 mai 1690, à l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture, Guillet de Saint Georges rapporte à propos de ce cycle : «M. Anguier fut occupé en 1652 aux modèles de six figures, chacune de 18 pouces (48,8 cm se rapportant à la figure seule) qui ont été jetés en bronze et qui représentent un Jupiter foudroyant, une Junon jalouse, un Neptune agité, une Amphitrite tranquille, un Pluton mélancolique, un Mars qui quitte les armes et une Cérès éplorée ( ... )». (Mémoires inédites, 1855 p. 438).
Amphitrite tient dans son bras une écrevisse qui, selon Piganiol de de la Force, «marque l'autorité qu'elle avait sur [l'océan]». Sa tranquillité souriante, presque amusée devant les évolutions du crustacé sur son bras et son expression sereine expliquent vraisemblablement la faveur dont a joui ce modèle jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Fait inhabituel, la version en bronze a donné lieu à un agrandissement, et a servi de modèle en 1680 pour une statue en marbre réalisée par Nicolas Massé pour les jardins de Versailles (inv. MR1753, déposée au Louvre). L'attitude et le geste de la compagne de Neptune montrent la parfaite connaissance de Michel Anguier de la Flore Farnèse dont il possédait un moulage. Le visage plein et arrondi au front court, ainsi que la complexité de la coiffure ceinte par trois rubans, rappellent la formation d'Anguier auprès de Simon Guillain et évoquent la Renaissance française.
Estim. 6 000 - 8 000 EUR